Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


samedi 10 décembre 2022

 

Le vent se lève aussi à l’Est

(éditorial de PES n° 88)

 

Alors même qu’un tourbillon soulève toujours le peuple iranien contre la mollahcratie, un vent frais de liberté atteint la masse chinoise, tout en se transformant en vent mauvais pour l’autocratie du PCC, le Parti du Capitalisme Chinois.

 

Tout est parti le 22 novembre de Zhengzhou, ville où la plus grande usine chinoise, comprenant 200 000 ouvriers et employés, fabrique 70 % des iphone pour le monde entier. A Fox.com, confinés, alors que la promesse d’une prime n’était pas honorée, des milliers d’ouvriers révoltés ont manifesté. Matraqués le 1er jour par la police, les jours suivants, armés de barres de fer, ils ont fait fuir, après deux jours d’affrontements violents, les sbires du régime.

 

Puis, un 2ème évènement fut l’étincelle qui embrasa toutes les grandes villes chinoises. Le symbole est remarquable : à Urumqi, la capitale du Xinjiang, cette région en majorité musulmane, stigmatisée et « rééduquée » massivement dans des camps, à Urumqi donc, un immeuble a pris feu. Les pompiers n’ont pu facilement y accéder du fait des mesures drastiques de confinement imposées. 10 morts. Des images brisant la censure et un immense soulèvement de solidarité avec les Ouïgours.

 

L’encadrement du PCC (parti comptant 96 millions de membres), la censure (200 000 personnes y seraient affectées rien que pour le contrôle d’internet), la propagande diffusant la peur du virus mortel, tous ces dispositifs n’ont pas suffi à empêcher le raz-de-marée et le retour du refoulé.

 

Raz-de-marée de critiques à en juger par les slogans qui, de Pékin à Shanghai, de Nankin à Canton, du Xinjiang au Tibet, traversant les universités, furent scandés : Liberté d’expression et de la presse !, avec, en mains, une feuille blanche symbole de dénonciation de la censure, Nous n’oublions pas Tienanmen !, Xi Jing Ping démission ! Non à la présidence à vie ! Nous n’avons pas besoin d’empereur ! Et, plus inattendus, pour la presse occidentale, ces protestations en foules compactes, ces défilés brandissant des drapeaux rouges, citant Mao : Une étincelle peut mettre le feu à toute la plaine ! Laissez le peuple s’exprimer, le ciel ne s’effondrera pas ! et entonnant l’Internationale ou le chant révolutionnaire chinois dont les premières paroles sont emblématiques : Debout ! Les gens qui ne veulent plus être des esclaves ! Comble de paradoxe, la censure supprima cet hymne circulant sur les réseaux sociaux.

 

Retour du refoulé. Ces Chinois que les médias occidentaux décrivaient en sujets obéissants et apathiques semblent se souvenir, malgré l’occultation historique de la révolution culturelle si controversée où Mao avait dit qu’il fallait chercher la bourgeoisie en formation dans le Parti lui-même et avait martelé : On a raison de se révolter contre les oppresseurs !  Et, s’interrogeant publiquement sur le modèle stalinien à l’œuvre également en Chine, déclarait : Je ne vois aucune différence d’organisation entre les usines capitalistes et les usines chinoises (!). Il semble que les Chinois se souviennent à la fois de l’appel Que cent fleurs s’épanouissent ! et à la fois des dazibaos, ces journaux muraux qui se répandaient dans toute la Chine, malgré les exactions qui ont marqué la période maoïste. Même après l’échec de la Révolution culturelle, la mise au pas de la Commune de Shanghai s’inspirant de la Commune de Paris (1), cette liberté d’expression était toujours vivace. Le couperet est tombé lors de la répression sanglante de Tienanmen (1980), commanditée par Deng Xiaoping, mise en œuvre par Li Peng, surnommé en Chine « le boucher ». La restauration du capitalisme déjà bien entamée fut conduite par le machiavélique Jiang Zemin dès 1989. Celui que l’on surnomma le « crapaud » organisa l’entrée de la Chine à l’Organisation Mondiale du Commerce, fit modifier les statuts du PCC afin de permettre aux entrepreneurs et patrons privés d’y adhérer… La boucle semblait bouclée. Pas tout à fait : dans l’histoire du PCC, la tradition de la bataille d’idées et des courants persistait malgré la répression contre les maoïstes (la bande des quatre, d’abord…). Xi Jing Ping allait mettre fin (momentanément ?) à la contestation possible de son pouvoir absolu après une purge de grande ampleur précédant le dernier Congrès, celui de son intronisation à vie.

 

Certes le pouvoir a déjà lâché du lest : une prime de 11 000 yuans, représentant 2 mois de salaire, a été octroyée aux ouvriers de Fox.com, le confinement est assoupli ; dans la propagande, le virus omicron est déclaré moins pathogène, la vaccination va s’amplifier par l’éducation des personnes âgées réticentes. Mais la carotte de l’apaisement est assortie du bâton de menaces potentielles : les protestations sont qualifiées « d’illégales et de criminelles ».

 

Autrement dit, « l’entrée dans une nouvelle phase » semble augurer des lendemains difficiles pour maître Xi, le promoteur de la pensée de Confucius, pourfendue pendant la révolution culturelle comme philosophie justifiant le féodalisme des empereurs de Chine qui avaient besoin des mandarins lettrés pour maintenir leur pouvoir.

 

Le peuple chinois, à qui [comme Guizot sous la Monarchie de juillet (1830)] on promettait l’enrichissement à condition de ne pas s’en prendre au régime, en a ras-le-bol : corruption, inégalités criantes et désormais, avec la baisse de la croissance, le zéro covid d’enfermement, la crise de l’immobilier, un chômage de masse pour les jeunes (20 %). Cette révolte marque l’impossibilité (malgré le recours à la censure, à l’idéologie patriotique et aux nouvelles technologies) du contrôle des esprits. A l’apparente apathie succèdent les inévitables soulèvements. A bien y regarder, face à la situation dramatique que connaissent nombre de pays, du fait de la conjonction des crises économique et écologique, il va falloir être attentif à la tectonique des plaques. Les éléments déclencheurs semblent disséminés partout sur la planète, tout comme les retours de flammes répressives, voire guerrières.

 

GD le 6.12.2022

 

(1) lire avec la distance critique nécessaire, le livre La Commune de Shanghai et la commune de Paris de Jiang Hongsheng, préface d’Alain Badiou, la Fabrique, 2014, 15€

 

La page des poèmes

 

Pas de fumée sans feu

 

Ne rate pas le train de l’espoir

Méfie-toi il est déjà entré en gare

Viens avec nous changer l’Histoire

Il est temps de ranger ta pétoire

De laisser tomber ton vin ton pinard

Regarde la pauvreté s’étaler sur les trottoirs

 

Hassen

 

 

Possession nuancée

 

il y a les peuples

il y a les pays

il en est des pays

il en est des peuples

il en est des paysages

des arbres

des ciels des cieux des dieux

des mots et des langues et des langages

divers diversement sentis

il y a des êtres des hommes des femmes des enfants

qui chantent pleurent aiment haïssent

avec des mots dissemblables

des êtres

avec des mains des yeux des vies

pour se dire

que la Terre

elle

notre Terre la nôtre

est la même partout semblable

et pourtant unique

 

celle de l’autre

 

Pedro Vianna

Brisures, 12.IX.1984

http://poesiepourtous.free.fr

 

 

Israël. Apartheid

 

Ce qui se passe en Palestine-Israël n’est que l’image déformée, jusqu’à la caricature, de l’évolution de notre monde : l’articulation chaotique semble mêler soulèvements face à l’oppression et répressions, comme un retour du refoulé autocratique. La rage et la résistance des « Lions » en cage se heurtent à l’immonde qui côtoie l’ignoble.

 

Un nazi juif pour conforter Netanyahou, le voyou

 

La colonisation israélienne semble ne pouvoir se maintenir qu’au prix de l’appui d’une force génocidaire contre les Palestiniens. Ben Gvir et son parti ont obtenu 10 % des voix lors des dernières élections, permettant ainsi à Netanyahou de maintenir au pouvoir un gouvernement de droite extrême. Ce corrompu peut ainsi être blanchi avec la peste brune. Exagéré ?

 

Qui est donc Ben Gvir, cet homme adulé par les colons ? Ce suprémaciste juif, violent, homophobe, antidémocrate, est à la tête de la 3ème force politique israélienne. Pour lui, n’existe que la loi divine, celle de la Torah, du peuple élu de Dieu de retour en Judée-Samarie, une terre sans peuple (arabe) qui doit être réoccupée entièrement par ceux de confession judaïque. Il croit à la loi du talion, à la vengeance contre les Arabes et les non-Juifs qui violent la terre sacrée (on se croirait en Arabie Saoudite à l’entendre !). Ce juif, originaire du Kurdistan irakien, qui a côtoyé la Ligue de la Défense Juive, classée terroriste par les Etats-Unis, a déjà nombre de faits d’armes à son actif. Lors de l’assassinat d’Yitzhak Rabin signataire des accords d’Oslo (qui de fait n’ont été qu’un leurre), il s’écrie « Nous l’avons eu ! ». Lui, ce fier à bras, qui s’est fait dispenser du service militaire, épaulé de ses sbires, multiplie à Hébron les provocations brutales contre les Palestiniens, l’armée israélienne toujours à proximité pour le protéger. Considéré comme le « héros des colons », avec le groupe Lehava, il mène la chasse aux couples mixtes, en Cisjordanie, à Jérusalem. Il est, en effet, un adepte affirmé de la « guerre raciale », promoteur de l’expansion de la « Terre sainte » et de l’expulsion des Palestiniens. Pas d’état d’âme, aucunement, pour défendre en tant qu’avocat « les jeunes colons des collines », ces deux adolescents fanatiques, accusés d’avoir brûlé vif un couple palestinien et leur bébé (!).

 

Son projet immédiat, s’il obtient comme il l’exige les postes de ministres de la sécurité publique et de la Défense, est d’écraser les Palestiniens, les soumettre pour les expulser… Pour ce réactionnaire, les  LGBT doivent se cacher, plus strictement encore que les femmes qui, elles, doivent éviter la sphère publique. Ces postures n’empêchent pas ce nazi d’apparaître débonnaire dans des émissions de télévision pour faire la promotion de la cuisine juive. Le vrai visage de l’apartheid est masqué par une façade de bonhommie comme ceux des nazis allemands qui se présentaient en tant que bons pères de  famille…

 Mais la poursuite de la colonisation se heurte à l’aspiration à la liberté. 


 Oppressions, soulèvements, répressions

 

Depuis janvier, 170 Palestiniens ont été tués par les forces d’occupation. Malgré les harcèlements, les agressions, les assassinats ciblés, les soulèvements succèdent aux périodes d’abattement des humiliés. Que les colons et l’armée s’en prennent aux paysans palestiniens et aux volontaires israéliens et étrangers qui viennent les aider lors de la récolte des olives, que les incursions militaires traquent les résistants dans les camps de réfugiés, que l’aviation bombarde Gaza en août (48 morts dont 17 enfants), la révolte, prétendument étouffée, resurgit. On assiste d’ailleurs, en Cisjordanie, à une intifada larvée.

 

Les « Lions » se sont levés. Même si ce jeune mouvement de résistance armé a été momentanément partiellement brisé, il a suscité une effervescence populaire qui n’est pas prête de retomber. Cette volonté d’œuvrer à l’union de toutes les factions palestiniennes indépendamment de leurs directions politiques sclérosées, leur réseau clandestin s’appuyant sur 180 000 abonnés sur telegram, tout cela nourrit la colère du désespoir.

 

Tout a commencé en novembre 2021, lorsqu’un commando de la police israélienne, infiltré incognito, a procédé, à Naplouse, à 3 assassinats ciblés de jeunes militants se réclamant des Lions ; ce commando a agi au sein même de la zone administrée par l’Autorité Palestinienne (selon les accords d’Oslo) en toute impunité et sans protestation de la part de Mahmoud Abbas ! De mars à mai, les Lions ont riposté : 18 morts en Israël.

 

Depuis, la répression sioniste est féroce : raids militaires contre la population civile en Cisjordanie, ratissage dans le camp de Jénine pendant 4 jours, là où vivent 60 000 Palestiniens ; du 4 au 12 octobre, blocus de Naplouse (200 000 habitants), surveillance par drones armés… Les Lions ont appelé à la solidarité, à la grève, puis l’autorité palestinienne de collaboration a arrêté un combattant à Naplouse. Les « Lions ont rugi » affrontant à balles réelles les forces de sécurité agissant au profit d’Israël. Dénonçant cette chasse au mouvement de résistance, ils ont appelé à monter, la nuit, sur les toits pour chanter leur soutien aux Lions. Ces mots d’ordre ont été largement suivis de Jérusalem à Ramallah, de Jéricho à Bethléem.

 

Lorsque le leader Wadih AliHouh et ses 4 camarades ont été tués par les forces d’occupation, des milliers de Palestiniens leur ont rendu hommage. Malgré le vol noir des corbeaux sur la plaine du Jourdain, d’autres Lions sortiront de l’ombre.

 

Et si ce n’est déjà le cas, l’Autorité Palestinienne apparaîtra pour ce qu’elle est réellement, une « putain respectueuse » (1) qui fait tout pour sauver l’assassin sioniste et finit par condamner le peuple palestinien. Le ver était dans le fruit depuis les accords d’Oslo qui devaient prétendument garantir la coexistence de deux Etats. En fait, depuis l’origine, le sionisme, même dit de gauche, était à l’image de l’Union Générale des Israélites de France qui a facilité les basses œuvres des nazis et de la police de Vichy (2). Exagération que cette comparaison ? Mieux vaudrait-il s’en tenir aux propos d’Elie Barnavi. Mais que dit ce Juif, né à Bucarest en Roumanie en 1966, émigré en Israël en 1976, ancien ambassadeur à Paris : « Nous allons vers l’abîme de l’apartheid et la guerre civile ethnique et religieuse, vers des lois de plus en plus liberticides ». « Nous nous sommes laissé contaminer par le messianisme irrationnel ». (3)

 

Y a-t-il une issue pour sortir de ce cauchemar ?

 

Ce qui se passe en Israël est de fait, vécu, pour ce qui reste de la gauche israélienne, comme un péril existentiel. Il y a les nostalgiques des kibboutz. Ils sont âgés et leurs enfants dépolitisés, individualistes, ne rêvent que de réussite financière dans la High-tech. Le parti travailliste, marginalisé, néolibéral, centriste, ne compte que 4 députés sur les 120 de la Knesset. Le Meretz, fondé en 1992, est ce qui reste, à l’état marginal de la gauche laïque. Quant aux partis arabes israéliens, malgré l’importance de leur électorat (20 % de la population), ils sont divisés. Il semble néanmoins que, face à la droite extrême, aiguillonnée par les suprémacistes d’extrême droite, ces partis marginaux aient décidé de se rencontrer pour contrer la menace d’un apartheid encore plus prononcé.

 

Reste le fossé des divisions à franchir : reconnaître qu’il n’y a pas de différences entre les colonies bâties durant les premières années du sionisme, lors de la guerre d’expulsion de 1948 (la Nakba), et celles nées après la guerre de 1967, semble pour l’heure insurmontable, non seulement pour les forces palestiniennes de résistance mais également pour les partis arabes. En outre, les Palestiniens eux-mêmes, dans leur lutte contre l’occupation-colonisation, sont encore loin d’avoir rejeté l’Autorité Palestinienne et les idéologies religieuses qui les entravent. Pourtant, à l’origine de l’Organisation de la Libération de la Palestine (OLP), l’objectif n’était-il pas la création d’une Palestine laïque et démocratique, regroupant les Palestiniens et les populations se réclamant du judaïsme ?

 

La sortie du cauchemar dépend, de fait, non seulement de la conjoncture interne (inflation, vie chère, inégalités…) mais surtout de l’évolution des rapports de forces mondiaux. Si l’Iran des mollahs est affaibli, voire renversé, le bellicisme de « l’Etat juif » ne peut plus s’exercer de la même manière. De même, le rapprochement de l’Etat sioniste avec les pays du Golfe, Emirats Arabes Unis aujourd’hui, demain avec l’Arabie Saoudite, réduit à la portion congrue le recours au sunnisme afin de « justifier » la lutte contre l’occupation…

 

Ces bouleversements positifs sont en apparence encore loin de pouvoir se matérialiser mais… les soubresauts historiques peuvent toujours nous surprendre.

 

 

Gérard Deneux, le 30.11.2022   

 

(1)   La putain respectueuse est une pièce de théâtre de Jean-Paul Sartre. On pourrait qualifier l’Union européenne de la même manière, elle qui jette un voile pudique sur les exactions sionistes… tout en (re)finançant les destructions-reconstructions perpétrées lors de bombardements par l’armée israélienne, en particulier dans la bande de Gaza

(2)   voir dans la rubrique Nous avons lu : Des Juifs dans la collaboration de Maurice Rajsfus

(3)   lire à ce sujet les livres de Shlomo Sand, en particulier Comment le peuple juif fut inventé (Fayard), Comment la terre d’Israël fut inventée. De la Terre Sainte à la mère patrie (Flammarion)

 

Pour en savoir plus,

-        sur la « société » palestinienne, les inégalités et la caste bourgeoise entretenue Ramallah Dream de Benjamin Barthe (la Découverte),

-        sur l’histoire du peuple palestinien,  A la recherche de la Palestine. Au-delà du mirage d’Oslo, de Julien Salingue (Cygne) 

 

 

 

Nous avons lu

 

Des Juifs dans la collaboration. UGIF 1941-1944

 

L’auteur, juif lui-même, mais athée, devenu historien, militant contre toutes les formes de répression et contre les violences policières en France, fait, dans cet ouvrage, apparaître sous leur vrai jour une part d’évènements longtemps occultés. Celui qui échappe à l’âge de 14 ans à la rafle du Vel d’Hiv, celui dont les parents arrêtés périssent dans les camps de la mort, révèle l’impensable : de 1941 à 1944, les notables juifs français, bien assimilés, ces grands bourgeois qui n’avaient que mépris de classe pour leurs coreligionnaires étrangers, ces « métèques » venus de l’Est, de la Pologne, des pogroms, ont accepté de collaborer avec les nazis dans l’entreprise antisémite d’élimination, dans l’espoir insensé, de protéger les leurs, bien français, bien installés et,  pour certains, bien décorés lors de la guerre 14-18. C’est cette déplorable histoire, appuyée sur de nombreuses sources, archives, témoignages, que met au jour celui qui avait déjà rendu compte de l’épopée résistante des communistes juifs, ces « métèques » dont certains d’entre eux figurent sur l’Affiche rouge les dénonçant. Instrumentalisés par le PC, ils croyaient en « l’an prochain la Révolution ». Ce n’était pas le cas de ceux qui acceptèrent, à la demande des autorités pétainistes, de créer l’Union Générale des Israélites de France. Sous couvert d’une philanthropie affichée, d’une compassion de bon aloi, sous l’alibi de la bienfaisance, ils entreprirent de ficher, de spolier les Juifs facilitant ainsi les rafles et les convois vers l’extermination. Au prétexte d’une politique du moindre mal, ils organisèrent des camps de travailleurs agricoles dans les Ardennes, le regroupement d’enfants avant qu’ils ne soient jetés dans des wagons à bestiaux pour leur destination finale. Dans ce grand livre, préfacé par l’historien Pierre Vidal-Naquet, l’auteur met également le doigt sur l’ambiguïté dont firent preuve les sionistes… GD

Maurice Rajsfus. (1ère édition 1980), réédition Détour 2021 (même éditeur pour L’an prochain la Révolution dont nous avons déjà rendu compte, 24.70€

 

Immigration.

Darmanin veut « sa » loi

 

Au moment où les médias nous abreuvaient de commentaires nauséabonds à la fois sur le meurtre odieux de Lola et sur les 234 migrants de l’Ocean Viking tournant en rond en Méditerranée avant d’être autorisé à accoster à Toulon, Darmanin faisait la promotion de « sa » loi Immigration préparant les esprits au débat du Parlement en 2023. Ce sera la 22ème loi sur l’immigration et l’asile depuis 1990. Celle-ci permettrait de réduire l’immigration, d’expulser tous ceux qui sont « illégalement » en France… En tout cas, tous les ingrédients sont là pour alimenter les polémiques sur l’inefficacité des mesures d’éloignement du territoire français, sur les migrants, majoritairement suspectés de devenir des meurtriers, sur l’impossibilité pour la France d’accueillir, voire même de secourir, ceux qui tentent de trouver une terre d’asile, poussés par la misère, la guerre ou les dérèglements du climat. Les chiffres, sans distinction, sont balancés dans les médias, pour prouver à l’extrême droite que ce gouvernement sera « gentil avec les gentils et méchant avec les méchants ». Darmanin a d’ores et déjà relancé la chasse aux migrants « illégaux », tous ceux qui n’ont pas quitté le pays alors même qu’ils en avaient l’obligation. Comment s’y retrouver, au-delà des polémiques et des effets de tribune ?

 

Amalgames et mensonges

 

Manipuler les chiffres ou n’utiliser que ceux qui servent la cause à défendre, est un procédé assez classique, pas très honnête, dont Darmanin use sans vergogne. Il affirme que « 7 % d’étrangers en France représentent 19% des actes de délinquance ». Y inclut-il les délinquants fiscaux ? Quand il déclare que la France va bientôt atteindre la limite d’accueil des étrangers, soit 10 % de la population, de qui parle-t-il ? Des étrangers européens libres de circulation, de tous les immigrés, à savoir toute personne née étrangère à l’étranger et résidant en France ? De tous ceux qui fuient guerre, misère, sécheresse et cherchent refuge ? Comment mettre en œuvre une telle mesure ? Qui fixe les limites ? Au regard de quels critères ? Les phénomènes de migrations sont inéluctables dans la dynamique mondiale des échanges et des communications entre les pays et les gouvernements successifs n’ont jamais réussi à ralentir les mouvements de population.   

 

En France, depuis 2000, la part d’immigrés dans la population a augmenté de 36 % (représentant 10.3 % de la population). C’est peu face aux + 181 % de l’Europe du Sud, aux + 121 % des pays nordiques aux + 100 % du Royaume Uni et de l’Irlande, ou aux + 75 % de l’Allemagne et de l’Autriche (1). On est loin d’être les « champions » de l’accueil !

 

Si l’on examine cette évolution en fonction des titres de séjour délivrés, Darmanin peut affirmer qu’ils ont augmenté de 37 % entre 2005 et 2021. Mais il doit préciser que les titres de séjour comptabilisent 54 % de migration estudiantine, 27 % de migration de travail et seulement 24 % de migration de refuge. Ce type de basse manœuvre lui permet de stigmatiser ceux qu’il nomme les « illégaux », ceux qui n’ont obtenu ni statut, ni titre de séjour par le travail ou encore pour regroupement familial. Là encore, laisser hurler le RN contre l’appel d’air que serait le regroupement familial sans préciser qu’il ne représente que 12 000 personnes par an (soit 4 % des titres délivrés) relève de la manipulation de l’opinion.

 

La France, qui revendique d’être « le pays des droits de l’homme »  est loin d’être la meilleure au palmarès  de l’asile. En additionnant les demandes d’asile et les relocalisations et en faisant l’hypothèse que tous les déboutés sont restés, en 7 ans (2014/2020), la France aura accueilli 36 900 Syriens, 14 100 Irakiens et 49 300 Afghans, soit respectivement 3 %, 4% et 8 % des demandes en Europe pour ces trois pays, contre 53%, 48 % et 36 % pour l’Allemagne. Et si la France a enregistré 18 % des demandes d’asile déposées en Europe par des exilés d’autres pays notamment d’Afrique, d’Asie ou  d’Europe Centrale, les ¾ de ces demandes ont été rejetées.  Le tsunami annoncé par Le Pen n’a pas eu lieu !

 

Bref, pour Darmanin, la France accueille trop. Il sera donc répressif face aux « illégaux », « délinquants » à ses yeux, ceux qui n’ont pas quitté le territoire alors qu’ils en ont reçu l’obligation (OQTF – obligation de quitter le territoire français). Il promet d’être généreux en créant un nouveau titre de séjour pour les « métiers en tension ».   

 

Affichage et réalité

 

Les demandeurs d’asile et les déboutés du droit d’asile n’ont pas l’autorisation de travailler. Quand, à l’issue de leur procédure, ils n’obtiennent pas de statut, ils se retrouvent sans ressources, sans logement, sans minima sociaux, sans droit au travail. Le travail au noir est leur seule solution et les patrons en profitent largement dans les métiers du bâtiment, des travaux publics, de l’hôtellerie restauration, des services mais aussi les plateformes comme Uber… Les patrons recrutent sous de faux noms, les autorités institutionnelles ferment les yeux. A force d’exploitation, un certain nombre de sans-papiers ont constitué des collectifs de défense, soutenus par des syndicats (CGT et SUD Solidaires, CNT notamment) et ça commence par faire désordre. Darmanin peut difficilement fermer les yeux sur les patrons délinquants. Impossible, toutefois, de les fâcher. Il propose, en conséquence, dans la loi à venir, un titre de séjour « pour métiers en tension ». Ne nous y trompons pas, il ne s’agit pas de la régularisation des sans-papier (qui ferait crier au loup les xénophobes et racistes de tous poils) mais de régulariser les recrutements en autorisant les patrons à embaucher une main d’œuvre soumise à un système conditionnant le renouvellement de leur titre de séjour. De fait, ces travailleurs immigrés en acceptant les travaux pénibles, sous-payés participent malgré eux au fractionnement de la société et permettent au capitalisme de pratiquer un dumping social, au risque, s’ils revendiquent trop, d’être jetés.

 

Parallèlement, le ministre de l’intérieur veut donner la preuve à la droite et à l’extrême droite mais aussi aux élus Renaissance, qu’il tient les rênes avec rigueur et fermeté. Il va expulser plus, renvoyer les « illégaux ». Les préfets vont devoir réaliser un suivi de toutes les personnes sous OQTF et  « veiller à leur rendre la vie impossible par exemple en s’assurant qu’elles ne bénéficient plus de prestations sociales ni de logement social »(2). Faire monter l’angoisse chez les exilés au moyen de la panoplie que sont : OQTF, assignation à résidence et emprisonnement en CRA (centre de rétention administrative). Ces méthodes se répètent à l’infini : les gendarmes emmènent, à l’aube, de préférence un week end, les familles désignées (enfants en bas âge compris) pour les placer en CRA où ils ont 48 h pour déposer un recours s’ils ont la chance de pouvoir être entendus par le juge des libertés ou d’avoir eu temps de déposer un recours à la CEDH (Cour Européenne des Droits de l’homme). C’est Sarkozy (ministre de l’intérieur) qui créa, en 2006, l’OQTF pour éloigner de manière contrainte un étranger à la suite d’une décision de refus de titre de séjour et de rejet d’une demande d’asile. Elle est devenue automatique, à tel point que cela engendre une inflation d’OQTF passant de 60 000 en 2011 à 122 000 en 2021. La France est l’un des premiers pays producteurs de mesures d’éloignement mais elle en exécute très peu (14 %). Pour prouver son efficacité à tous ceux qui dénoncent la non-exécution des mesures, il exigera des préfectures un suivi rigoureux du fichier des personnes recherchées et proposera la réduction des catégories de recours, l’accélération des procédures d’examen des demandes d’asile…. Il a d’ores et déjà ouvert la chasse aux « illégaux ». Le porte-parole du gouvernement Véran vient à son secours et affirme (sans le prouver) que « l’immense majorité des personnes placées en CRA ont commis des délits » !!! Même les enfants de 4 ans ? Au mépris de leur dignité, ces personnes sont emprisonnées pour être embarquées dans un avion, dans des conditions traumatisantes et inhumaines. Que la CEDH ait dénoncé à plusieurs reprises de telles pratiques contraires à la convention européenne des droits de l’homme, ils s’en contrefoutent ! Les préfets sont si zélés qu’il n’y a pas assez de places en CRA, Darmanin prévoit d’en construire d’autres ! Il est vrai qu’entre les exilés qui gagnent leurs recours, les sans-papiers qui se multiplient suite aux rejets des ¾ des demandes d’asile, les OQTF tombent comme à Gravelotte, dès le rejet du recours en CNDA (Cour Nationale du Droit d’Asile). Par ailleurs, les pays d’accueil ne sont pas toujours enclins à délivrer les laissez-passer consulaires pour accueillir leurs ressortissants ou mettent un temps infini à le faire et… il faut remplir les avions ! Cela fait beaucoup d’aléas et de risques d’échec pour le vibrionnant, présomptueux ministre qui a omis de chiffrer le coût de toutes ces opérations d’expulsion ratées !

 

La rapidité est la clé de la réussite, dit-il, « Il ne faut pas laisser le temps de créer des droits qui viendraient contredire des décisions prises légitimement par les préfectures » et pour plus d’efficacité, il veut que le même ministère (l’Intérieur) ait la maîtrise de toute la procédure. Déjà d’autres ministères ont été poussés dehors. L’OFPRA (Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides) l’organisme qui accorde ou non le statut, relevait des affaires étrangères, aujourd’hui de l’Intérieur ; les médecins accrédités par le ministère de la santé pour diagnostiquer un malade placé en CRA par ex., sont nommés désormais par l’Intérieur via l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII). Les CRA dépendent de la police des frontières, donc du ministère de l’Intérieur. Les autorisations de travail traitées par la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (ministère du travail) sont soumises à la décision du préfet. Reste encore sous tutelle de la Justice, la CNDA (Cour Nationale du droit d’asile) qui examine les recours. Darmanin la verrait bien tomber dans son escarcelle. Aller plus vite, pour lui, ça signifie limiter les recours, accélérer la procédure en éliminant des « contraintes » comme la collégialité en passant de 3 magistrats à un juge unique à la CNDA, élargir les audiences par visioconférence. Il a même pensé à automatiser l’OQTF dès le rejet OFPRA, pour expulser avant le recours auprès de la  CNDA. Droits de l’homme et Macron/Darmanin à n’en pas douter, c’est incompatible !

 

Que faire ?

 

Mobiliser les solidarités

Heureusement, il existe des conventions relatives aux droits de l’homme, même si elles n’ont que peu de pouvoir sur les Etats signataires. Il existe des droits à la défense et au recours contre des décisions iniques et inhumaines qui s’imposent aux institutions étatiques et il faut les sauvegarder. Ces moyens sont des grains de sable dans le système autoritaire que représente Darmanin. Mais ils seraient vains s’ils n’étaient relayés par les associations de défense des exilés qui déploient une immense solidarité et dénoncent inlassablement les méthodes policières. Ainsi, celles et ceux qui aidaient à la reconstruction d’abris après la destruction systématique, quotidienne des campements dans la région de Calais et à Paris. Tous et toutes participent à faire vivre la fraternité et sont un rempart contre la barbarie « républicaine » exercée par le gouvernement de Macron.

 

Dénoncer l’innommable

Ocean Viking. La procédure idéale imaginée par le ministère « s’est échouée dans un chaos feutré le 17 novembre ». Après 3 semaines d’errance en Méditerranée, la France a accepté « à titre exceptionnel » de laisser débarquer le 11 novembre à Toulon, sur la presqu’île de Giens, les 234 rescapés du navire humanitaire, tout en précisant que ces « migrants ne pourront pas sortir du centre administratif de Toulon » où ils seront placés et qu’ils  « ne sont donc pas légalement sur le territoire national ». A cette fin, une zone d’attente a été créée en urgence où les personnes ont été enfermées. Le gouvernement avait prévu que la France ne garde sur son sol qu’environ un tiers des passagers dont 40 seraient reconduites dans leurs pays, les autres devant être autoritairement relocalisés dans 9 pays de l’UE. Le plan des autorités préfectorales consistait à maintenir les 177 adultes pendant 20 jours maxi (évitant une entrée officielle sur le territoire français). C’était sans compter sur la loi obligeant, au bout de 4 jours, à demander une prolongation de maintien en zone d’attente auprès d’un juge des libertés. Les juges entamèrent un intenable marathon pour examiner les 177 dossiers au cas par cas. Le tribunal, submergé par le flot des 177 dossiers vécut une journée de chaos, dans des conditions incroyables : interprètes anglais pour les Pakistanais, une femme de ménage du commissariat de Toulon réquisitionnée comme interprète de langue arabe, entretiens confidentiels tenus dans les couloirs…. La décision de libérer les migrants a été prise pour plus d’une centaine de dossiers. Résultat piteux dont Darmanin ne s’est pas vanté, fiasco dénoncé par LR. Dès lors, le gouvernement doit composer avec 26 des 44 mineurs isolés partis volontairement des lieux où le conseil départemental du Var les avait placés, des décisions judiciaires contraires à ses intentions initiales permettant de placer en centres d’accueil la plupart des adultes et de potentiels refus de relocalisations en Europe. Les expulsions depuis la zone d’attente se comptent sur les doigts d’une main. Il fanfaronne moins, Darmanin !

 

Claire Rodier (3) dénonce « l’accueil » réservé par la France à celles et ceux qu’elle désigne comme « migrants » des femmes, des enfants et des hommes qui, après avoir fui la guerre, la misère, l’oppression et pour beaucoup subi les sévices et la violence du parcours migratoire ». Elle rappelle qu’il y a moins d’un an quand plusieurs millions d’Ukrainiens fuyaient l’invasion russe, la France a su mettre en place en quelques jours un dispositif à la hauteur de cette situation imprévu, allant jusqu’à créer un statut provisoire de protection immédiate donnant droit au travail, à un logement et à un accompagnement social. On n’a pas manqué de se féliciter de l’élan formidable de solidarité et d’humanité, qui semblent aujourd’hui oubliées. « Parce qu’ils sont d’emblée qualifiés de « migrants », les passagers de l’Ocean Viking, sans qu’on ne connaisse rien de leurs situations individuelles, sont traités comme des suspects, qu’on enferme, qu’on trie et qu’on s’apprête, pour ceux qui ne seront pas expulsés, à « relocaliser » ailleurs, au gré d’accords entre gouvernements, sans considération de leurs aspirations et de leurs besoins… Cette hospitalité à deux vitesses est la marque du racisme sous-jacent qui imprègne la politique migratoire de la France, comme celle de l‘UE ».  

 

Il a été prouvé que des solutions étaient possibles pour les Ukrainiens. Pourquoi pas pour tous les autres exilés ? Ce sera l’une des revendications le 18 décembre, lors de la journée internationale des migrants-e-s. Une centaine d’associations, de syndicats ont signé l’appel de la Marche des Solidarités et des Collectifs de Sans-papiers et Migrant(e)s : Contre Darmanin et son monde : Solidarité, Liberté, Egalité, Papiers !

 

Odile Mangeot, le 25.11.2022

 

(1)   François Héran, le Monde (10.11.22)

(2)   entretien du Monde (03.11.22) avec Darmanin et Dussopt

(3)   membre du Gisti – groupe d’information et de soutien des immigrés - et du réseau Migreurop. liberation.fr 15.11.22

 

 

Nous sommes du même pays

 

Nous sommes tous des étrangers.

Nous sommes du même pays.

Quel est celui qui a choisi

Le coin de terre où il est né ?

Et qu’il soit blond ou basané,

Cheveux blonds ou cheveux frisés,

Qu’il vienne me jeter la pierre

Celui qui les a désignés,

Ces deux êtres brûlants de fièvre

Que le hasard a rassemblés.

Ces deux corps qui se sont unis

Pour un instant ou pour la vie,

Pour le plaisir ou par amour

Et qui lui ont donné le jour.

Au diable toutes les frontières,

Au diable tous les barbelés.

Nous sommes tous des étrangers,

Citoyens de la terre entière.

Qu’au-delà de ces murs de pierres,

De colère montent nos cris,

Ou bien que montent nos prières,

Quel que soit le Dieu que l’on prie,

Nous sommes tous des étrangers.

Nous sommes du même pays.

Au diable toutes les frontières

Et ceux qui nous les font dresser

Au nom de notre liberté

Pour mieux nous enfermer derrière.

 

Roland Massebeuf,

OS Peugeot-Sochaux, 1987

Poésie en bleu, ed. St-Germain des prés

(transmis par Bébert)

 

 

Nous avons entendu

 

Le nouveau partage du monde

 

Savoir ce qui se passe dans le monde, c’est bien mais comprendre ce qui s’y passe, c’est mieux,  pour le transformer afin que l’on y vive mieux ensemble. Telle est la raison d’exister  du Canard Réfractaire. Nous assistons, dit-il, à un nouveau partage du monde, entre celui qui était organisé par les USA avec le soutien du FMI et de l’OCDE et celui de la Chine devenue une puissance économique mondiale. Nous sommes dans une nouvelle phase politique et économique, dans laquelle les Etats-Unis sont en perte de vitesse. Rien de mieux que des « petites » guerres, comme celle de la Russie en Ukraine, permettant la récupération par les USA du marché du gaz, l’affaiblissement de l’Allemagne et la fragmentation de l’UE... Ce faisant la Russie est coupée du bloc occidental et se tourne vers la Chine. Pour comprendre les évènements, il faut articuler les deux piliers impérialistes, sachant que la guerre permet de changer les règles économiques. OM.

A écouter sur Le canard réfractaire  https://www.youtube.com

 

 

Face à l’ordre des médecins, des patriciens en dissidence

 

Une dizaine de médecins d’Ariège et Loire-Atlantique sont en conflit avec l’Ordre des médecins. Cet organisme privé (ce n’est pas un syndicat), créé par Pétain (Conseil supérieur des médecins), est chargé d’organiser la profession. L’adhésion et la cotisation de tous les médecins sont obligatoires. Ceux qui ont refusé de la payer se retrouvent au tribunal. Les « dissidents » accusent l’Ordre de prendre des positions politiques réactionnaires à l’encontre de l’intérêt des patients (par ex. non prise en compte des plaintes contre les médecins pour agressions sexuelles). Ils se réfèrent à un contrôle de la Cour des comptes sur l’Ordre, ses conseils départementaux et régionaux, dont les conclusions sont accablantes : gestion peu rigoureuse, opaque, des indemnités aux 16 membres du bureau bien éloignées du « bénévolat ». Un ordre qui dépasse ses prérogatives en prenant des positions politiques et défendant une ligne socialement conservatrice : il s’est opposé en 2015 à l’élargissement du tiers-payant mais défend les dépassements d’honoraires alors qu’il traîne des pieds pour veiller à l’accès aux soins pour les patients CMU ou AME.  Il n’a jamais défendu les droits des femmes et a pris position contre la suppression de la clause de conscience des médecins refusant de pratiquer des IVG. Récemment, il s’est opposé à une obligation de signalement par les médecins des enfants victimes de violences sexuelles. Des syndicats de médecins, des associations féministes et de patients et des collectifs ont appelé à la dissolution de l’Ordre des médecins (promise de Mitterrand en 1981 !). Le Syndicat de la médecine générale appelle la société entière à s’emparer du sujet car « le pouvoir médical ne peut pas s’exercer au détriment de la santé publique » et conseille  aux personnes qui ont à se plaindre de médecins de se tourner vers la justice de droit commun plutôt que vers l’Ordre décrié. https://basta.media    

 

De COP en COP, la température monte

 

La COP – Conférence of the parties – désigne la réunion annuelle d’Etats signataires de la convention cadre des Nations Unies. La, ou plutôt les COP apparaissent dans le domaine environnemental après le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992. COP sur la diversité, COP sur la lutte contre la désertification et, la plus connue, COP sur les changements climatiques.

 

L’objectif initial de la COP Climat est de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). En effet, depuis plusieurs années le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) alerte sur le lien entre la production des GES et le réchauffement climatique constaté, et surtout sur celui prévisible qui pourrait d’après lui, atteindre 3 ° à l’horizon 2050. Il est prévu que les COP se réunissent chaque année, dans un pays différent. Qu’en est-il des résultats de leurs travaux ?

 

De la COP 1 au protocole de Kyoto

 

 La COP 1 sur le climat eut lieu en 1995 à Berlin. Dès cette première édition, la COP, qui devait être une réunion de travail, devient beaucoup plus. L’Allemagne, en l’accueillant, veut construire son influence. Réunifiée depuis peu, elle veut affirmer sa place dans le concert des grandes nations. Le mieux, pour elle, serait d’obtenir un siège de membre permanent au Conseil de Sécurité des Nations Unies. Elle ne l’obtint pas mais hérita du secrétariat de l’ONU sur le climat, chargé d’organisé les futures COP. L’organisation de ces conférences permet de mettre en valeur, de faire connaître ceux qui s’y distinguent. La « maîtresse de cérémonie » de cette COP 1 était la ministre de l’environnement de la République fédérale allemande, une certaine Angela Merkel. 160 pays plus l’Union Européenne y participèrent. La France était représentée par Michel Barnier. Dès cette COP 1, la réunion de travail d’experts en climatologie devint un espace médiatique où il faut se montrer.

 

En 1997, la COP se déroule à Kyoto au Japon. Elle aboutira aux accords du même nom. Ceux-ci visent à encadrer les émissions de CO2 de plus d’une centaine de pays. Les objectifs sont chiffrés : réduire les GES de 5.2 % au niveau mondial d’ici 2020 (l’année de référence étant 1990). Ils sont fixés pour chaque pays : pour l’UE, la baisse devait être de 8 %, USA 7 %, Japon 6%... et des mécanismes de flexibilité sont prévus pour pouvoir aider les Etats, en particulier ceux en voie de développement, à atteindre leurs objectifs. Parmi ces mécanismes, un va poser problème : le permis d’émission. Il donne la possibilité aux Etats de vendre ou d’acheter des droits d’émettre des GES. Ce sont en fait des droits à polluer qui vont profiter aux pays déjà industrialisés.

 

Pour que le protocole de Kyoto puisse entrer en vigueur, il fallait que 55 pays le ratifient. Ce sera chose faite en 2002, et le traité sera officiellement ratifié en 2005 lors de la COP 11 à Montréal. Il aura donc fallu 8 ans pour que ce traité soit en œuvre et ceci sans les principaux émetteurs de GES : Etats Unis, Inde et Chine. La Chine et l’Inde étant considérés comme des pays en voie de développement, ne sont pas tenus de baisser leur production de GES ! Les Etats-Unis refusent de ratifier le protocole car les pays en voie de développement (la Chine et l’Inde) n’ont pas d’engagements quantifiés de réduction de leurs émissions. Ils craignent donc une forme de concurrence déloyale et ne veulent surtout pas qu’une instance extérieure, fut-elle de l’ONU, vienne contrôler, commenter, contraindre sa politique économique. Le Canada se retirera du protocole en 2011, considérant que les efforts demandés entraveront son développement. A noter qu’il était prévu dans l’accord qu’un pays puisse le quitter à tout moment, sans aucune conséquence pour lui. En matière de contrainte, on a déjà vu mieux ! L’Australie, quant à elle, signera les accords mais, comme les USA, ne les ratifiera pas. C’est également le cas de la principauté de Monaco…

On parle souvent des accords de Kyoto, il vaudrait mieux plutôt parler des désaccords de Kyoto ou de l’auberge espagnole de Kyoto : aucune contrainte, aucune obligation, aucun contrôle, chacun fait quasiment  ce qu’il veut et surtout ce qui lui est profitable.

 

Un bilan officiel est pourtant tiré en 2014 et, surprise, grande victoire pour le climat et les signataires du traité : la production de GES a baissé de 24 %. Sauf que, après tous les départs, seuls 15 % de la production des GES est concernée par les accords. En réalité, si on prend en compte la production de tous les pays, elle a augmenté de 6 % entre 1990 et 2014. De plus, l’effondrement du bloc soviétique et la chute de sa production industrielle a fait baisser les GES sans qu’il s’agisse d’une volonté de respecter les accords de Kyoto. Par exemple, en Roumanie, entre 1990 et 1997, ils ont chuté de 50 %, en Lettonie de 60 %...

 

En vertu de l’accord, il est prévu que chaque pays doit déterminer et planifier ses contributions et en rendre compte régulièrement. Mais aucun mécanisme n’oblige un pays à fixer des objectifs spécifiques ; il est prévu que chaque nouvel objectif doit aller au-delà des précédents… Quelle logique et quelles contraintes pour les signataires ? Présenter les accords de Kyoto comme une (grande) avancée dans le domaine de la réduction des GES est quelque peu fallacieux, voire mensonger. On l’a vu, le chiffre de 24 % de baisse est une manipulation. La production a réellement augmenté de 6 %.

 

Paris, vitrine de la COP 21

 

La COP 21 se tient à Paris en 2015. C’est toujours un barnum médiatique, le festival de Cannes de la bonne conscience écologique, où il faut se montrer, s’y faire photographier, quitte à faire un aller-retour en jet privé…

 

Cette COP va accoucher d’un nouvel accord visant à remplacer celui de Kyoto et à éviter les pièges, notamment en ne mentionnant pas les objectifs par pays signataire. Ne reste qu’un objectif global de maintien de la hausse des températures à moins de 2 °C par rapport aux niveaux de l’époque préindustrielle formulé ainsi : les émissions devront être réduites dès que possible et atteindre le niveau net zéro dans la deuxième partie du siècle. Contrairement à Kyoto, ces accords ne distinguent pas les pays développés et les pays en voie de développement, de sorte que ces derniers devront eux aussi se plier sans sourciller aux non contraintes d’un accord auquel il est possible d’adhérer sans le signer !!!

 

A cette coquille creuse, sont ajoutées quelques phrases de pure novlangue, comme : « rendre les flux financiers compatibles avec un profil d’évolution vers un développement à faible émission de GES et résilient aux changements climatiques ». Au passage soulignons l’attitude hypocrite et la mauvaise foi de Madame Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, qui signe l’engagement pour la France alors qu’elle fait exactement le contraire quand elle fait transiter de l’argent venant de l’industrie pétrolière de son père à ses enfants vers des paradis fiscaux !  Saluons également son haut niveau de cynisme,  elle qui n’hésite pas à dire aux Français de ne pas trop se chauffer et de faire des efforts de sobriété pour sauver la planète ! On peut imaginer qu’elle participera à cet effort collectif en partageant son patrimoine immobilier de 1 730 000€ (déclaré par elle-même à la Haute Autorité pour la Transparence de la vie publique) avec les SDF !

 

Dans cette course à l’indécence, un autre homme politique s’est particulièrement distingué dans le cadre des accords de Paris, c’est ce « pauvre » Laurent Fabius qui s’est dépensé sans compter pour faire croire que ces accords sont contraignants, ce qui aurait été une première… sauf que cet avis ne semble pas être partagé par tout le monde. « Dans cet accord il n’y a rien de contraignant, il n’y a pas de sanction donc les Etats font ce qu’ils veulent. Si demain matin un Etat qui a signé ces accords a envie de partir dans une toute autre direction, rien ne peut l’en empêcher » (JF Julliard directeur de Greenpeace France. « Tout l’enjeu de la transparence est de permettre la confiance et le dialogue entre les pays, afin de s’encourager mutuellement à augmenter leur ambition » (Mathieu Wemaere, avocat) « La règle du « name and shame » (montrer du doigt) fait office de punition et peut encourager les Etats à respecter leurs promesses. Sans quoi, la déception de la société civile face à un accord qui ne serait pas respecté pourrait se traduire par une judiciarisation des questions climatiques et des condamnations des Etats par des juges nationaux » (Laurent Neyret, juriste). Les signataires doivent trembler face à de telles menaces de sanction !

 

En conclusion, les accords de Paris, peut-être encore plus que ceux de Kyoto, sont une coquille vide qui ont surtout permis aux dirigeants politiques et institutionnels de se montrer, de laisser penser qu’ils oeuvrent sans relâche pour le bienfait de « leurs » peuples. Tel ce « cher » Fabius, harassé de fatigue, au bord des larmes, devant les caméras de télévision, annonçant la signature de l’accord qui allait sauver le monde… Peut-être ces larmes étaient-elles de joie, à l’idée qu’il pourrait continuer à aller passer les vacances d’hiver à Zanzibar, comme à Noël 2012, et ce sans déroger aux accords, puisque le transport aérien, comme maritime, n’étaient toujours pas pris en compte dans les accords de Paris.

 

La même hypocrisie a régné sur les COP suivantes

 

Ce cirque médiatique et polluant a continué son trajet : Marrakech 2016, Bonn 2017, Katowice 2018, Madrid 2019, Glasgow 2021. A Glasgow, les organisateurs ont été moins discrets que leurs prédécesseurs sur les moyens de déplacement des « grands » de ce monde. On a ainsi appris que 400 jets privés ont rallié la ville écossaise, dont le Gulfstream jet de Jeff Bezos, PDG d’Amazon, première personne à dépasser les 200 milliards de dollars de fortune personnelle. Jeff Bezos se rendait à Glasgow pour sauver le monde, annonçant vouloir lutter (de toutes ses forces) contre le changement climatique en y consacrant 10 milliards de sa fortune personnelle (soit 5 % de celle-ci). Ce prince de l’hypocrisie oubliait par contre d’annoncer qu’Amazon, source principale de cette fortune, produisait en 2021, 71,5 tonnes de CO2 soit 18 % de plus qu’en 2020 et 40 % de plus qu’en 2019. Ces émissions sont équivalentes à 180 centrales électriques au gaz.

 

Ces avions ont rejeté, pour transporter leurs « illustres » passagers 13 000 tonnes de CO2 soit l’équivalent de ce que produisent annuellement près de 2 000 Ecossais. Rappelons que cette COP 26 faisait suite à la pandémie de coronavirus, pendant laquelle le télétravail, le travail en visioconférences étaient imposés à nombre de travailleurs…

 

En 2022, la COP 27 de Charm el-Cheikh

 

En matière d’hypocrisie, on va atteindre des sommets. Tout d’abord dans le choix de la ville d’accueil : station balnéaire au sud du Sinaï, elle est actuellement l’eldorado des oligarques russes, l’Egypte n’ayant pas suivi les sanctions européennes contre la Russie. Dans cette ville, aucune chance de voir une manifestation populaire anti COP. Les seuls Egyptiens présents sont les amis de Moubarak ou de Sissi ou les femmes de ménage des hôtels de luxe. Charm et-Cheikh est une ville à l’occidentale vivant du tourisme de luxe et de la présence d’une base navale militaire égyptienne. [Le Comité de rédaction de PES a envisagé, dans un premier temps, afin de bien s’imprégner de l’ambiance de cette COP, de s’y rendre mais il restait seulement quelques chambres au Hilton Sharks Bay Resort Hôtel à 2 138 €/nuit… sans vue sur la mer… Nous avons donc renoncé) !!!]   

 

Hypocrisie toujours concernant les principaux sponsors de la COP. En premier lieu, Coca Cola qui, en 2019, a vendu son ignoble breuvage dans 100 milliards de bouteilles plastiques (dont 9 % seulement sont recyclées), a émis 15 millions de tonnes de CO2 (équivalent à la production de 3 millions de Français pendant un an), a consacré, en 2019, 11 millions de dollars dans des actions de nettoyage dites environnementales (plage propre, village propre…) et 4 milliards dans des campagnes de publicité. Pour la petite histoire, avant cette COP, des armées de bénévoles ont nettoyé la ville, pour accueillir les « grands » de ce monde, ramassant des milliers de bouteilles de Coca Cola abandonnées par les touristes, quelques autres milliers de bouteilles ayant été distribuées gratuitement aux participants de la COP…

 

Concernant les autres sponsors, que des entreprises vertueuses en matière d’écologie : Total, Microsoft, IBM, General Motors, Egypt Air… Malgré tous les efforts de ces sponsors, les conditions de travail des conférenciers n’étaient pas optimales. Audrey Garrie (journaliste au Monde) rapporte que les participants ont souffert du… froid (à cause d’une climatisation trop forte) et étaient souvent interrompus par les passages des avions, le nombre de jets privés s’étant rendus à cette COP, n’ayant pas changé depuis Glasgow.

 

Concernant le fond, cette COP 27 s’est achevée sur un bilan considéré comme « mitigé ». En clair, cela signifie que cette grande kermesse du climat, organisée par Coca Cola, n’aura pas servi à grand-chose, si ce n’est à fournir des images, telle celle de Macron, en bras de chemise, expliquant à de jeunes gens qu’il faut absolument agir, comme il le fait de toutes ses forces… pour sauver la planète, alors que l’Etat français vient d’être condamné par le Tribunal administratif de Paris pour son inaction climatique. Entre 2015 et 2018, la France a produit 15 millions de tonnes de GES de plus que ce à quoi elle s’était engagée dans le cadre des accords « historiques » de Paris, alors qu’elle subventionne toujours des énergies fossiles et qu’elle vient de rouvrir une centrale électrique à charbon…

 

Les médias nous ont abreuvés d’informations sur l’accord historique qui avait été adopté concernant la question des pertes et dommages. Un fonds dédié au financement des conséquences du dérèglement climatique subies par les pays du sud, alors qu’ils n’en sont pas responsables. On a même entendu parler de « pas de géant vers plus de justice climatique » ! Chers amis agriculteurs du Sahel ou du Pakistan, ne sautez pas de joie… D’une part, cet accord n’est pas financé, ce sont seulement des mots. De plus, n’oubliez pas que ce mécanisme va être organisé, supervisé par des responsables politiques des pays du nord, comme par exemple, pour la France, Madame Pannier Runacher…Vous l’avez compris, malgré le matraquage médiatique dont vous êtes victimes, il vaut mieux ne compter que sur vous-mêmes.

 

« L’ambition climatique était insuffisante avant la COP, elle n’a pas bougé d’un pouce… Dans le contexte de crise climatique qui touche toutes les régions du monde, cette occasion manquée est dramatique » Arnaud Gilles, responsable énergie climat pour WWF, résume assez bien cette COP 27.

 

Elle a permis

-        à des chefs d’Etats, des négociateurs, des experts, de passer un peu de bon temps en Egypte.

-        à des hommes politiques de se montrer, de laisser penser à « leurs peuples » qu’ils se battent bec et ongles pour les défendre (ce qui n’est que très rarement la vérité)

-        à des firmes polluantes, malfaisantes, de se donner une image positive

-        de signer un accord qu’ils qualifient (à nouveau) d’« historique ».

 

Et pendant ce temps-là, on « fonce » allègrement vers un réchauffement de 3, 4, voire 5 °C à la fin du siècle. Cet été, on a pu se rendre compte des dégâts d’une hausse de 2 ° C.

 

Alors, ne nous laissons pas berner par ces kermesses médiatiques, indécentes, immorales. Les prochains déplacements, en jets privés, de « nos » responsables politiques, économiques, après être allés se faire filmer et photographier à Charm El-Cheikh, consisteront à aller « cirer les pompes » des esclavagistes qataris organisateurs de la coupe du monde de foot. Pour ceux qui ont encore un peu d’espoir dans les COP, sachez que la 28ème du nom, aura lieu à …Dubaï, aux Emirats Arabes Unis, encore, un haut lieu de démocratie, de respect des droits de l’homme, et d’humanisme… un pays de l’extraction de pétrole, de gaz et du tourisme de luxe… Les participants à la COP 28 ne seront pas dépaysés.

 

Seule petite lueur d’espoir à Charm El-Cheikh : certains responsables des pays victimes du réchauffement climatique ont osé hausser un peu le ton. Comme Mia Mottley, avocate, 1ère ministre de la Barbade (qui s’est déclarée République en 2021) qui appelle à une taxation des profits des sociétés pétrolières et gazeuses, à une refonte massive des prêts de développement internationaux, à des compensations financières de la part des nations industrialisées,  pollueurs historiques : « Le système conçu au sortir de la 2ème guerre mondiale, à une époque où les empires coloniaux prospéraient et pensaient sans les pays en développement, est devenu caduc au 21ème siècle ». « Le monde en développement n’a pas été suffisamment entendu et doit trouver sa place ». Il faudra beaucoup de conviction et de courage à cette dame pour faire changer les choses car si des sourires de façade accueillent son discours, les puissances économiques qui profitent du système ne lui feront pas de cadeau. Comme Coca Cola, par exemple dont le chiffre d’affaires de 2021 et de 38 milliards de dollars, soit 7 fois supérieur au PIB de la Barbade. Bon courage Madame Mottley.

 

Jean-Louis Lamboley, le 2.12.2022

  

 

 

GES – Petit rappel

L’effet de serre est vital pour la vie sur terre. Sans celui-ci on vivrait (ou plutôt on ne vivrait pas) comme sur la lune. La température moyenne serait de – 18 °C (au lieu de + 14 °C aujourd’hui). Le problème actuel est l’augmentation de cet effet de serre. Les principaux GES sont :

-        la vapeur d’eau sur laquelle les activités  humaines n’ont que très peu d’influence

-        le dioxyde carbone (CO2) dont la concentration a augmenté de près de 50 % depuis le 18ème siècle

-        le méthane dont le potentiel de réchauffement est 30 fois supérieur au CO2, ce qui le rend dangereux malgré le fait qu’il persiste moins longtemps dans l’atmosphère