Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mercredi 14 août 2019


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Un peuple en révolution.
 Portugal. 1974-1975
Ça semble déjà si loin. C’est pourtant si proche pour les plus âgés d’entre nous qui ont suivi cette Révolution des Œillets. Ce que l’on en retient, c’est le plus souvent ce que les dominants nous ont inculqués. Cette révolution commencée par un putsch d’officiers, las des guerres coloniales meurtrières qu’ils savent perdues, bouleverse le pays. Le peuple portugais, après l’effondrement de la dictature de Salazar, prend au mot les promesses de liberté, de justice sociale. Il prend en mains ses propres affaires : travail, logement, relations entre les sexes, culture… Entre avril 1974 et novembre 1945, il semble proche de renverser le capitalisme. Face au Mouvement des Forces Armées (MFA), au Parti communiste et au Parti socialiste qui ont investi l’Etat, il développe un pouvoir parallèle par en bas. Neutralisations, normalisations par en haut ne suffisent pas, dans un premier temps à briser les commissions ouvrières, l’élan des paysans et des intellectuels. Mais ce pouvoir éclaté ne parvient pas à se coordonner. La tentative de coup d’Etat de la droite extrême contre la généralisation des phénomènes d’autogestion fournit l’occasion au parti socialiste, à l’UGT qui lui est liée, au parti populaire dont les banquiers favorisent l’armature, de ramasser la mise. La « paix sociale » entre les classes doit prévaloir pour s’intégrer dans l’Europe capitaliste. Les contestataires, les révolutionnaires, sont à contre-emploi vis-à-vis du mouvement historique de l’époque. Le mouvement n’a pu assumer sa pleine autonomie stratégique. Il n’a pas eu le temps de se construire contre les appareils politiques qui récupèrent, en les dévoyant, les aspirations populaires.
Cet ouvrage novateur fait découvrir les réalités des mouvements sociaux de la révolution portugaise. Il nous intéresse, non pas pour son actualité mais surtout pour les leçons à en tirer : la seule rébellion, voire l’institution de pouvoirs parallèles sont une impasse si elles ne parviennent pas à briser l’appareil d’Etat capitaliste. GD
Raquel Varela,  Agone, 2018, 24€