Sortir de la crise
Edito de Jean-Louis Morel.
Secrétaire Général CGT 70
paru dans le lien 70 des militants CGT Haut-Saônois nov. Déc. 2012
Sortir de la crise nécessite des prises de décision
rompant avec les politiques libérales qui sont à l’origine de cette crise
d’abord financière, puis économique et maintenant sociale.
Le changement promis par la nouvelle majorité pouvait
laisser entrevoir, puisqu’il était porté par une majorité de français qui n’en pouvaient plus de la politique
ultralibérale, un changement radical.
La politique socio-libérale que mène le 1er ministre
Ayrault, porte fusible du Président de la République, laisse la place à la
concurrence entre les entreprises privées, à l’individualisme et aux intérêts
particuliers. Les droits des travailleurs, leur protection sociale, le service
public sont mis à mal et l’intérêt collectif n’a plus de sens pour le
gouvernement qu’à travers les nouvelles hausses de taxes pour la population au
profit des intérêts privés.
L’adoption du traité européen, préparé par le couple
Sarko-Merkel à la virgule près, avait annoncé un renoncement politique. Les
deux dernières décisions du gouvernement illustrent bien l’abandon politique de
ceux qui ont encore l’audace de se présenter comme des hommes de gauche !
D’abord le vote d’un crédit d’impôt financé par une
hausse de la TVA, qui va peser lourd pour de nombreux ménages, et une baisse
des dépenses publiques qui va se traduire par des coupes sombres dans les services
publics, ressemblent à s’y méprendre à la TVA sociale de Sarkozy. Le tout
destiné, selon François Hollande, à faire baisser le coût du travail !
N’est-il pas déjà scandaleux en soi de parler de coût du travail et de désigner les
cotisations sociales comme étant responsables du manque de compétitivité
des entreprises ? Si l’on doit parler de trahison, en voici une, celle du
programme du Conseil National de la Résistance, fondement même de notre Constitution.
20 milliards ajoutés aux 172 milliards engloutis dans des exonérations au
profit du capital qui n’ont pas servi l’emploi et la croissance, ça commence à
faire lourd comme addition. Ouvrons donc le débat sur le coût du capital !
Ensuite, vient la décision pour le moins controversée du
désaveu du ministre du redressement productif et de sa proposition de
nationalisation temporaire d’ARCELOR MITTAL FLORANGE au profit d’un pseudo
accord, sans engagement ferme, avec Lakshmi Mittal, financier sans scrupule qui
va encore se gaver d’aides publiques pour un seul intérêt, le profit ! Il
serait temps d’élever le débat et de parler de ceux qui subissent ces choix
politiques et économiques, les salariés d’Arcelor, ceux de la sous-traitance
mais aussi les emplois induits dans le territoire, temps de parler de politique
industrielle durable, de partage des richesses et de pouvoir d’intervention des
salariés.
En bon Franc-Comtois, je ne peux m’empêcher, pour
illustrer le changement maintenant, à ce fabricant de cancoillotte qui
conditionne maintenant son produit en « tube » ! Pas de changement
pour ce qui concerne le contenu, juste une fabrication un peu différente pour
permettre la sortie du produit ! Il en va de même sur les choix politiques
du gouvernement, dans tous les domaines, par rapport à la politique libérale du
précédent gouvernement.
Le salut viendra de la mobilisation, sur les lieux de travail, les bassins d’emploi et de vie, c’est incontournable. Les attaques actuelles du MEDEF dans les négociations notamment contre le contrat à durée indéterminée, pour une simplification du licenciement doivent être combattues au plus près des travailleurs et avec eux. Le débat sur ces questions doit s’installer maintenant pour préparer la riposte et ramener le gouvernement à la morale politique qu’il a perdue.
Exprimer nos besoins à ceux qui les ignorent m’amène à
conclure cet édito sur une phrase de Pierre Joseph Proudhon : « Il faut avoir vécu dans cet isoloir qu’on
appelle Assemblée Nationale, pour concevoir comment les hommes qui ignorent le
plus complètement l’état d’un pays sont presque toujours ceux qui le représentent ».