se battre
pour ne pas se débattre
éperdu dans le maquis
des non-dits
des mal-dits
des faux-dits
des mé-dits
des re-dits et dé-dits
à l'infini
des fantasmes
adossés aux piliers des frustrations
des maudites ambitions
du paraître
Pedro Vianna
Livre XLII :combats,
Paris, le 1.04.2012
http://poesiepourtous.free.fr/
Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.
Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.
Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité
vendredi 26 février 2016
Verts de rage. Ici et ailleurs
Notre
Dame des landes.
Les paysans et occupants de la ZAD attendent de pied ferme l’expulsion
annoncée ! Hollande décrète un référendum. Valls trépigne : « Je ne change pas, nous ne changeons pas de
position… le projet de transfert de l’aéroport de Nantes sur le site de NDDL
est un projet important pour le développement économique et urbain de ce
territoire, ainsi que pour la réduction des nuisances subies par les habitants
de la métropole de Nantes et pour la
préservation de l’environnement…. »
Frappés d’amnésie, tous. Ils ont
oublié les conclusions du rapport, resté secret jusqu’à ce que Le Canard mette le bec dessus(1)… et
pour cause ! La DREAL (direction régionale de l’environnement, de
l’aménagement et du logement) du Pays de Loire
rend le 10 novembre 2014 son rapport, suite à la commande du Préfet de
Région, sur une extension éventuelle de la piste de Nantes-Atlantique à la
place de la construction de NDDL. Calamiteux… pour Hollande…L’étude démonte
point par point les arguments invoqués
pour ne pas réaliser une extension de l’aéroport actuel, et par là-même donne
raison aux opposants au projet NDDL. Impact
concernant les survols nuisibles pour le lac ? Néant : même
les gros avions qui utiliseraient cette piste plus longue ne voleraient pas
au-dessous des 300 m, l’altitude minimale de protection de la réserve
naturelle. La menace pour les oiseaux ? Néant aussi ! Les
atterrissages au ralenti et les décollages rapides perturbent même moins
qu’un évènement imprévisible, comme le bruit d’un coup de fusil. Le péril sur
les zones humides en bout de piste ? Néant, encore ! Cet impact sera
très minime en comparaison de ceux qui sont issus de l’urbanisation prévisible...
La DREAL conclut que c’est plutôt ce « déménagement,
l’urbanisation de ces terres et leur imperméabilisation qui seraient
préjudiciables aux équilibres écologiques de la réserve ». Exactement
l’inverse ! Cette étude n’a jamais été rendue publique.
(1)Paru dans le Canard Enchaîné du 24.02.2016
Vers
un NDDL en Crète ?
En pleine série de grèves générales en
Grèce depuis le 12 novembre, de manifs fleuves en meutes assourdissantes, du
blocage des ports à celui des grandes routes principales, des actions de
sabotage dans les administrations qui collaborent avec la Troïka à la chasse
aux CRS par les paysans crétois au cœur d’Athènes, le gouvernement Tsipras
vient de confirmer que l’aéroport d’Héraklion en Crète serait prochainement
fermé et remplacé par un nouvel aéroport flambant neuf, un peu plus loin, à
Kastelli. Le projet est colossal : la longueur des pistes se situerait entre
3.2 km et 3.8 km et une grande route serait également construite pour s’y
rendre. Le dépôt des candidatures pour la construction et l’exploitation
confirme que le nouvel aéroport serait bel et bien construit, avec l’accord
unanime de la troïka et le soutien de la Banque Européenne d’Investissement
pour financer les 850 millions d’euros minimum que devrait coûter ce projet
(sans doute le double).
Le favori parmi les candidats est… le
tandem Vinci-Ellaktor ! Le PDG de Vinci, Xabier Huillard, s’était même
déplacé avec Hollande en octobre dernier pour rencontrer Tsipras. Le 19 février,
le ministre adjoint des affaires étrangères, Dimistris Mardas arrive à Paris
pour poursuivre le programme de privatisation en Grèce (50 milliards d’euros),
Mardas, l’un des instigateurs de la trahison du mandat du référendum du 5
juillet 2015, lui qui est chargé de brader le bien commun grec. Avec qui ?
Les représentants d’Alstom, club Med, Suez environnement, Thales, Total et
Vinci…
Les rapaces sont dans la place pour se
répartir le gâteau grec…
La rue gronde à Athènes…
Par Yannis Youlountas, le
19.02.2016 http://blogyy.net/
Rouges de colère !
Toujours plus en moins !
Moins
d’Etat,
moins de protection sociale, moins de droits syndicaux, moins de règles pour les entreprises, moins de contrôle public… Avec Hollande
et ses sbires, c’est Toujours plus
en moins pour « ceux d’en bas ».
Si ! C’est la « Gauche » qui est au pouvoir. D’ailleurs Le Foll,
tel M. Coué, le confirme(1) : « Nous
sommes la Gauche », « Dans
la Gauche, il faut porter des valeurs », « Est-ce qu’on a remis
en cause le modèle social ? Est-ce qu’on a pris des mesures
d’austérité ?». Hollande a un programme « Il y a ceux qui n’attendent plus rien… je fais en sorte de leur
apporter ce qu’ils attendent »(2).Jusqu’à quand allons-nous tout
avaler ?
Macron
- acte 1
- le « chéri » des patrons, des banquiers, « connaît l’entreprise, l’économie, la
mondialisation et il est pragmatique. Cela donne de l’espoir pour la France »
(Gattaz). « Sa » loi est adoptée en août 2015 « pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances
économiques » = libéralisation du transport de passagers par
autocar, travail du dimanche pour les commerces, déréglementation des
professions réglementées… Il trépigne, le temps presse, il faut s’attaquer aux
35h, aux heures supplémentaires « trop payées », aux procédures de
licenciement trop compliquées. A l’université du Medef, il déclare « la Gauche a pu croire, il y a longtemps, que
la France pouvait aller mieux en travaillant moins. Tout cela est désormais
derrière nous » et à Davos : il y a « nécessité d’accélérer et d’amplifier les
réformes en France ». Hollande tempère la fougue dangereuse (pour lui)
de ce jeune ministre et fait appel au vieux Badinter, l’abolisseur de la peine
de mort qui prépare l’abolition des droits du travail. Les « principes
essentiels » développés dans son rapport renvoient presque tout à la loi
pour «protéger les salariés tout en permettant aux entreprises d’affronter la révolution numérique et l’irrésistible mondialisation des échanges ». Gattaz, ravi (tu
m’étonnes !) approuve ce rapport « pour remettre le code du travail au service de l’emploi ». Parce
que, vous les 6 millions de chômeurs, si vous ne trouvez pas de boulot, c’est
parce qu’il « faut lever la peur d’embaucher des patrons » !
Acte
2 – Mme El Khomry
(toute fraîche dans son poste), à peine l’encre du rapport Badinter est-elle
sèche, nous pond un avant-projet de loi « visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections
pour les entreprises et les actifs », à soumettre au Conseil des
ministres le 9 mars, puis aux assemblées parlementaires en avril. C’est t’y pas
efficace, ça ? Sitôt fuité, cet avant-projet a donné les premiers frissons
aux frondeurs et autres élus « socialistes ». C’est qu’elle a du
« charisme » la dame : si ça
risque de ne pas passer, elle menace, déjà, d’un passage en force avec le 49.3 par lequel le
1er ministre peut engager la responsabilité du gouvernement ! Serait-ce le
nouveau modèle de démocratie à la « socialiste » ?
De l’avis du NPA (3), « le
premier inventaire est terrifiant ». Voyons donc.
En
matière de temps de travail : la durée hebdomadaire maxi pourrait aller
jusqu’à 60h (au lieu de 48h) sur 16 semaines (au lieu de 12), le temps de repos
minimum descendre sous les 11h, le temps de travail maxi journalier passer à
12h (10h actuellement) et les astreintes prises sur le temps de repos ;
les apprentis pourraient travailler jusqu’à 10h/ jour ( au lieu de 8h) et 40h/
semaine (au lieu de 35h), le forfait-jour serait applicable dans les
entreprises de moins de 50 salariés sans accord d‘entreprise. Il serait
possible de diminuer la rémunération des HS jusqu’à 10% (au lieu de 25%) et
pour en neutraliser le déclenchement, l’annualisation ça ne suffit pas, le
temps de travail pourrait être tri-annualisé (calculé sur 3 ans) ! Adieu
les 35 H !
Les
accords d’entreprise. Pour faciliter la dilapidation les droits du
travail et écarter les syndicats combatifs, le projet prévoit des accords par
entreprise, la modification des règles de la négociation collective et d’accord
majoritaire : 50 % des suffrages exprimés des organisations
représentatives (au lieu de 30%), excluant les suffrages des autres syndicats,
et la suppression du droit d’opposition.
En cas de blocage, le référendum auprès des salariés est institué :
des consultations posant l’alternative entre fermeture d’un site ou acceptation
d’un certain nombre de reculs sont des faux-semblants de démocratie. Ainsi, un accord d’entreprise pourrait être
validé même si les syndicats représentant 70% des salariés s’y opposaient. Les « accords de développement de
l’emploi » pourraient permettre
l’augmentation du temps de travail des salariés sans contrepartie (même
en l’absence totale de difficultés économiques de l’entreprise), des
licenciements et une baisse des rémunérations en cas de reconnaissance des
difficultés économiques temporaires de l’entreprise : une baisse de
commandes sur plusieurs trimestres deviendrait suffisante pour motiver des
licenciements économiques. En conséquence, un salarié refusant la modification
de son contrat de travail serait licencié pour motif personnel, sans
possibilité d’en contester la cause réelle.
Conseils
des Prud’hommes. Pour
l’heure, ils ne sont pas supprimés mais, ils semblent être dans le collimateur ;
ils dysfonctionnent, dit-on, les délais des jugements sont
« irraisonnables » : cette réalité est due aux décisions de
l’Etat ayant consisté à diminuer leurs nombres et leurs moyens(4). On voudrait
les faire disparaître que l’on ne s’y prendrait pas autrement. D’ailleurs, ces juridictions
spécifiques, paritaires, composées d’employeurs et de salariés élus, n’existent
pas dans le rapport Badinter, l’art. 59 évoque : « les litiges en matière de travail sont
portés devant une juridiction composée de juges qualifiés dans le domaine du
droit du travail ». Et le projet El Khomri leur retire déjà leurs prérogatives
d’appréciation de la réalité du préjudice subi, puisqu’il plafonnerait les
indemnités dues à des salariés licenciés
abusivement, en fonction de l’ancienneté dans l’entreprise, allant de 3 mois de salaire si le salarié était employé
depuis moins de 2 ans jusqu’à 15 mois de
salaire pour une ancienneté de plus de 20 ans. Ces montants seraient nettement
inférieurs à la moyenne obtenue dans les tribunaux actuellement.
Il
ne peut être question de laisser passer un tel projet de régression
des droits du travail. Cette fois, c’est une attaque globale entreprise par
Hollande/Valls. Le dernier exemple de régression en la matière (Sarkozy, 2008)
concerne la rupture conventionnelle pour soi-disant « fluidifier les relations sociales », « gérer la situation de manière adulte »(5).
Loi régressive fut saluée par la CFDT, son n° 2, Mme Descaq : « Avant, il fallait procéder à des transactions sources de contentieux ou
alors les patrons exerçaient des pressions sur les salariés, parfois même du harcèlement
moral ! ». Aujourd’hui, c’est plus simple et efficace(6) et ça
permet aux patrons de « dédramatiser
la rupture du contrat de travail » (5)
Une seule riposte unitaire, rapide, regroupant
partis, syndicats, associations, citoyens, celle du monde du travail doit être
à la hauteur : dans la rue et par la grève (3). Du côté des syndicats, si FO s’indigne et parle de « tsunami libéral » qu’il faut
combattre, si la CGT dénonce un retour au « 19ème siècle » inacceptable, et si Solidaires
s’indigne de voir le code du travail passé à « la broyeuse », la CFDT, adepte des compromissions, annonce « ne pas être d’accord » mais qu’il ne faut pas « crier au loup sur toutes les dispositions… ».
C’est Berger qui le dit, espérons qu’il ne nous prenne pas pour des
moutons ! Sur une action collective « la
CFDT n’est pour autant pas opposée à agir avec d’autres ». Difficile
de voir là un appel franc et massif à descendre dans la rue
immédiatement !
Alors,
serons-nous des grenouilles ? A l’image de cette grenouille placée
dans un bain d’eau froide sous lequel le feu couve, qui se laisse cuire
insensiblement ou de celle jetée dans une bassine d’eau bouillante qui s’en
extrait d’un bond ?
Odile Mangeot, le 19.02.2016
(1) Grand
rendez-vous Europe 1, le Monde, I-Télé du 31.01.2016
(2) Grand prix
2015 du Presse Club, Humour et Politique,
attribué à Hollande pour ses « hollanderies »
(3) communiqué du
NPA du 18.02.2016
(4) Créés le 18
mars 1806 (Napoléon 1er), remaniés sous la 2ème
République (27 mai 1848) avec l’institution du paritarisme (employeurs et
salariés rendant ensemble des décisions juridiques), généralisés par la loi
Boulin en 1979, on en comptait 271 en 2008, 61 ont été supprimés suite à la
mise en œuvre de la réforme de la carte judiciaire (Sarko/Dati en 2008).
(5) Propos des
patrons et du Medef
(6)
Cf article l’urgence
sociale à agir dans ce numéro, précisant qu’au 3ème trimestre
2014, les ruptures conventionnelles ont représenté 17.9% des fins de CDI pour
licenciement, rupture conventionnelle ou démission (sur un total annuel de
920 000) (chiffres de la Dares)
Au sommaire du PES n° 21 (février 2016)
- L'Amérique Latine survolée
- Au Togo, écologie rime avec tuerie
- L'urgence sociale à agir
- Des solutions pour sortir de la précarité, du chômage...
- Rouges de colère ! Toujours plus en moins !
- Verts de rage. Ici et ailleurs
- Voiture électrique ! mensonges et contre-vérités
- Quelques brèves de nos abonnés
- Ils, elle luttent,
- Nous avons lu
- mais nous ne lirons pas
Pour l'Emancipation Sociale (PES)
Le n° 21 est paru
édito
A défaut de redresser
la courbe du chômage,
Hollande soigne
sa courbe d’impopularité
Décidément,
rien n’y fait. Il aura pourtant tout essayé. Du « normal », il a viré
pathologique. Et pourtant, que de cadeaux au patronat pour tenter la relance de
la croissance et de l’emploi, et maintenant, le détricotage des droits du
travail et des 35 H avec El Khomri aux avant-postes. Gattaz, évidemment, salue
le courage du président, bien décidé à enterrer le PS.
Il
y avait pourtant crû à l’inversion de la courbe du chômage et se trouva tout
penaud dans le tréfonds sondagier de la courbe de l’impopularité. Il s’était
pourtant vu en homme providentiel, au-dessus de la mêlée de droite et de
gauche, lui qui prétendit revêtir la toge de l’union sacrée, face aux attentats
terroristes. Il en a pourtant fait une tonne : surfant sur la peur et
l’émotion, déclarant l’état d’urgence, en s’appuyant sur les godillots des deux
côtés de l’hémicycle parlementaire. Et tous heureux de célébrer le général
d’opérette et de surenchère, qui, monsieur 5% de bombardements en Irak et en
Syrie, assura qu’il allait éradiquer l’Etat Islamique. Lui qui, face aux
réfugiés, n’a que le bidonville de
Calais à proposer et mégote sur les menues places que pourrait offrir la 5ème
puissance mondiale ! Le grand prêtre de l’Etat d’urgence et de la
déchéance de nationalité trouve ce peuple bien versatile.
Lui,
le croyant dans l’Europe libérale, a beau se prosterner devant les marchés,
rajouter 2 milliards pour caser les chômeurs en formation, fourguer des apprentis
sous-payés au patronat, rien n’y fait ! Il y a toujours une catégorie de
plaintifs qui lui gâchent sa jovialité apparente : les taxis, les
agriculteurs et, surtout, ces irréductibles de Notre-Dame-des-Landes. Avec le
référendum dégainé comme ultime arme contre ces récalcitrants et avec les coups
de menton de Valls, il pensait avoir trouvé la parade ; mais quel
périmètre à cette consultation dont personne ne veut ? Et que dire de ce
rapport(1) qui affirme que l’agrandissement de l’aérodrome existant est
possible ? Le général d’opérette risque de s’embourber dans ce terrain
humide.
Il
a pourtant largué les amarres de Taubira pour soigner sa droite, attiré dans
ses filets Cosse l’écologiste, pour mieux diviser son propre camp et donner une
leçon à l’ingrate Duflot. Il a pourtant récupéré Ayrault pour calmer son
amertume frondeuse, appelé le supplétif Baylet qui affichait des intentions
belliqueuses s’il n’obtenait pas un maroquin ministériel. Il a bien rameuté
quelques femmes pour les caser dans des sous-secrétariats d’Etat comme celui,
hautement symbolique, de l’égalité réelle ! La com’, il connaît. Mais rien
n’y fait ! Le replâtrage du remaniement apparaît pour ce qu’il est, un
reniement supplémentaire.
Alors,
la messe est dite ? Non ! Il faut encore un Te Deum : plier le
genou devant Cameron et Merkel, essayer encore et toujours des petits calculs
politiciens tout en brandissant l’arme du 49.3 pour mettre au pas les
frondeurs. Et puis après, quitter la scène comme le Badinguet ?(2) L’année
2016 pourrait être l’année où le général Hollande rend les armes comme Napoléon
III à Sedan. Cambadelis s’apprête déjà à organiser la primaire sans lui. A
défaut d’être réjouissant, on nous imposera le spectacle affligeant, à gauche
comme à droite, de la lutte des égos.
(1) Cf article dans ce numéro
(2) Badinguet, surnom donné à
Napoléon III qui, s’enfuyant du fort de Ham où il avait été enfermé suite à sa
conspiration, emprunta les habits du maçon Badinguet, surnom satirique dont
l’affublèrent tous ses opposants.
lundi 1 février 2016
PES - Pour l'émancipation Sociale - n° 20 est paru
Au sommaire :
l'édito (ci-dessous)
Que pasa en Espagna ? (ci-dessous)
2016. que peut-il advenir ? (ci-dessous)
De l'état d'urgence à l'état d'exception permanent
COP21. L'accord de Paris ignore l'état d'urgence climatique
Inde et COP 21 : un pays émergent face à son développement
Goodyear et meilleurs voeux. Pour la justice de classe
et nos rubriques :
Ils, elles luttent, Nous avons lu
Pour vous abonner :
adresser une demande à Gérard Deneux, 76 avenue Carnot 70200 Lure
en joignant un chèque à l'ordre de PES
de 18€ pour 10 numéros (5€ pour faibles revenus)
ou de 5€ pour abonnement courriel
EDITO
Contorsions jusqu’à la déraison
Instrumentalisant l’émotion
réprobatrice suscitée par les tueries terroristes de novembre 2015, Hollande a
cru ruser avec l’opinion pour restaurer son estime en miettes : instauration
de l’état d’urgence, promotion d’une loi liberticide et déchéance de nationalité
à l’encontre des binationaux auteurs ou complices de crimes de masse. Alors
qu’il suffisait d’appliquer la loi de 1955 instituée pendant la guerre
d’Algérie, le monarque républicain, jouant de malignité, s’est mué en jusqu’au-boutiste.
La tactique dite de triangulation
consistant à piocher arguments et mesures dans le camp de la droite extrême du
FN, était censée couper l’herbe sous le pied aux adversaires, en l’intronisant
grand mamamouchi protecteur de la nation en danger. Mal en prit à François IV
le petit (1), ce coup-là s’apparente à la strangulation. Pour le moins,
Monsieur s’est pris les pieds dans le tapis ; les polémiques enflent dans
son propre camp et le voilà bien empêtré pour 2 voire 3 mois au moins, pour
obtenir au Congrès les 3/5ème des voix requises de droite et de
« gauche ». Car le cadavre du PS bouge encore et lui crie : casse-cou, tu nous plombes ! Et ses
proches godillots de tenter de trouver des artifices de langage pour faire
passer l’amère pilule de la remise en cause de l’égalité des citoyens :
déchéance pour tous ? Non. Indignité nationale ? Non. Déchéance
nationale qui y ressemble ? Non. Renvoyons les conditions d’application à
une loi…à venir. A droite, c’est la surenchère embarrassante, elle dénonce ces
contorsions qui ne sont pas de saison et promettent de faire durer ce débat de
déraison jusqu’à plus soif.
Ah ! Ce François, il aura joué
tous les rôles sans qu’aucun ne lui convienne : le « normal » au
casque à scooter, l’aveugle ennemi de la finance, le communiant s’agenouillant
devant Merkel qui ne lui concéda aucune modification des traités européens.
Puis, il endossa les habits dispendieux de l’arroseur du patronat : 43 milliards
contre 1 million d’emplois… promis, mais la courbe du chômage ne frémit même
pas. Alors, il se fit chef de guerre, VRP des marchands de canons, éradicateur
de Daech et ce furent les attentats de janvier et de novembre. Alors, protecteur
de la nation, il agita le drapeau, invoqua la république, la patrie, puis fut grand
metteur en scène du sauvetage de la planète à la COP 21.
S’apercevant que tous ces costards
sont mal taillés à son insignifiance populaire, le voilà à nouveau promouvant
l’assistanat au patronat : 2 milliards de plus, de la formation tous
azimuts pour, en un tour de passe-passe statistique, faire passer nombre de
chômeurs de la catégorie A trop voyante à celles plus dissimulées B et C. Ses
colistiers s’apercevant que tout est plié, Valls le caudillo et Macron le
fringuant libéral, entrent en concurrence pour lui ravir la candidature présidentielle. Une primaire à
gauche ? Une primaire à droite ? Le bal des ego de la caste contre
l’épouvantail Le Pen est ouvert… Sarko a déjà entonné ses lamentos « Je n’aurais pas dû mais je reste le meilleur
à coup sûr ». D’autres vont suivre en proclamant : « Je peux mieux faire », pour que
rien ne change sinon plus de régressions sociales, de racisme et
d’islamophobie.
L’overdose risque de tourner à la
tragi-comédie d’un système à bout de souffle.
(1) Titre du livre
de Patrick Rambaud, éditions Grasset. A lire et à recommander pour rire de la
déraison ambiante.
2016. Que peut-il advenir ?
Tenter de discerner, à partir de
grandes lignes de forces caractérisant la période actuelle, ce qu’il peut
advenir est un exercice périlleux.
L’Histoire, en effet, dément le plus souvent les meilleures analyses, surprend
toujours les observateurs les plus avisés.
Ils étaient peu nombreux ceux qui,
lors de la séquence dite de la « mondialisation heureuse », avaient
pu imaginer la naissance d’un mouvement altermondialiste d’ampleur mondiale,
pour finalement s’échouer sur la croyance infondée d’une possible
transformation des institutions internationales (FMI, OMC)
Ils étaient encore moins nombreux ceux
qui prédisaient la crise de 2007-2008, le sauvetage des banques et de la
finance, les politiques d’austérité et de régression drastiques.
Rares étaient ceux susceptibles d’entrevoir que les
dictatures arabes allaient être ébranlées…
Reste que, dans la dernière période,
bien des certitudes largement admises se sont effritées et qu’il est toujours
utile de pointer les fissures du système-capitalisme.
1 – L’ébranlement de la domination du capitalisme
financiarisé va se poursuivre
La crise de 2007-2008 et les
pseudo-remèdes administrés pour tenter de relancer la « croissance »
par l’injection de liquidités n’ont rien réglé. « L’argent facile »,
la planche à billets sous forme de rachats de dettes par la BCE ou la FED
américaine, ont surtout profité aux banques et aux transnationales. Le capital
fictif (1) n’a guère servi à surmonter la baisse des commandes et du pouvoir
d’achat des ménages. En revanche, la spéculation et les inégalités ont
désormais atteint des niveaux inégalés(2). La crise de surproduction, qui a
pris la forme d’une crise financière de spéculation immobilière, est toujours
là. Les médias en parlent de manière euphémisée en invoquant des
« surcapacités » dont on ne nous dit pas d’où elles proviennent… La
crise qui vient pourrait faire bien plus de dégâts.
Entretemps, le paysage politique s’est transformé
dans de nombreux pays pour le pire
et parfois le meilleur. En Grèce, en Espagne, notamment, les vieux partis
traditionnels d’alternance ont reçu les coups de boutoirs des mouvements
populaires défensifs contre les politiques d’austérité. De nouvelles formations
politiques ont surgi, y compris des mouvements nationalistes, identitaires et
xénophobes. Les volontés de sauvegarder les « acquis » sociaux durant
des Trente Glorieuses, de préserver
l’environnement, tout comme les réflexes de repli face à la concurrence des
pays tiers, laissent penser que ce clair-obscur va persister. L’expérience
grecque s’est traduite par un échec face aux diktats de Bruxelles et à la
« trahison » de Syriza. En Espagne, le jeu reste ouvert mais Podemos
semble encore moins « radical » que Syriza…(3). Quant aux forces
xénophobes, elles ont le vent en poupe, notamment dans les pays de l’Est
(Pologne, Hongrie…).
Au
Moyen-Orient,
les soulèvements populaires, appelés improprement « printemps
arabes », ont ébranlé les dictatures. Les classes dominantes ont vite
repris le dessus dans ces sociétés marquées par la culture islamique. La
contre-révolution à l’œuvre a opposé, et oppose encore, les forces libérales
corrompues aux partis islamistes conservateurs, voire réactionnaires. En
Egypte, l’armée a pris le pouvoir pour consolider les premières, alors qu’en
Tunisie une coalition improbable de ces deux forces tente de se maintenir au
pouvoir. L’Arabie Saoudite, cette pétromonarchie féodale et théocratique, a
tout fait pour maintenir les forces dominantes au pouvoir (aide aux militaires
en Egypte), lutter contre les Frères Musulmans concurrents, et remettre au pas le
Qatar. Elle n’a pu, en revanche, contrer l’influence grandissante de Daech et la
persistance d’Al Qaïda qui contestent la légitimité des pétro-monarques.
Au demeurant, la contre-révolution n’a
provoqué que l’extension de la guerre sous la forme d’une opposition
irréductible entre les tenants de l’islamisme rétrograde, des pétromonarchies,
de l’Iran chiite et du régime turc dont les visées hégémoniques sur cette
partie du territoire persiste, malgré les revers subis par les Frères Musulmans.
En outre, la misère sociale, les taux de chômage ahurissants, les inégalités pharaoniques,
se sont accrus, laissant persister la possibilité de la reprise de mouvements
populaires d’ampleur (Tunisie, Egypte…).
Autrement dit, les impérialismes,
parrains des régimes, qu’ils soient occidentaux ou russes, ont de moins en moins
de prise sur eux. Aucun d’entre eux n’a réussi, pour l’heure, à restaurer son
hégémonie.
En
Europe,
les diktats de Bruxelles et de la Troïka auront désormais de plus en plus de mal à s’imposer. On imagine mal la
reconduction de cette même coalition au sein de l’Euro-groupe pour imposer,
comme elle l’a fait en Grèce et à Chypre, des mesures draconiennes d’austérité
à l’Espagne, à l’Italie… En effet, l’Europe, telle qu’elle s’est construite,
entre dans un processus de déconstruction. Outre la fin de Schengen avec
l’afflux des réfugiés fuyant la guerre et la misère, une sourde guerre
souterraine pour s’accaparer des parts de marchés ou les protéger de la
mainmise des grands groupes capitalistes, font surgir autant de réflexes
nationalistes, heurtant les puissances dominantes. Le mythe de l’Europe
harmonieuse et de la paix s’étendant à l’Est, semble avoir vécu : les
concurrences sociales, fiscales, les tentatives de leadership allemand l’ont
fragilisé à un point tel qu’elles menacent l’unité même des Etats (Ecosse ou
Royaume Uni, Catalogne en Espagne, Belgique et même la Corse en France).
Toutes les castes politiciennes au
pouvoir, en alternance, se raidissent, se hérissent de ne plus pouvoir
maîtriser les situations qu’elles ont elles-mêmes peu ou prou provoquées à coups
d’austérité, d’inégalités sociales et territoriales. La commission européenne
et le FMI en viennent timidement à proposer aux Etats de promouvoir une
politique de la demande contre celle de l’offre qu’ils ont préconisée
jusqu’ici. En d’autres termes moins obscurs, il s’agirait de relancer des
grands travaux, d’augmenter la masse salariale globale… tout en continuant à
réduire l’endettement, donc à supprimer les dépenses sociales jugées trop
onéreuses. C’est la quadrature du cercle ! Car quoiqu’on laisse penser,
les créanciers, les banques, les assurances, les fonds spéculatifs ne veulent
pas en démordre (y compris les Etats prêteurs et les institutions financières) :
remboursez, y compris les intérêts !
La renégociation de la dette promise à Tsipras, le grec, pourrait bien se
révéler un mirage. D’ailleurs, les Grecs semblent l’avoir compris, les
protestations populaires face à la contre-réforme du régime des retraite et
contre les privatisations-spoliations, reprennent.
Qui plus est, confrontée aux
conséquences imprévues (pour l’UE) des guerres successives d’Afghanistan,
d’Irak, de Syrie et l’afflux des réfugiés qu’elles engendrent, la
« solidarité » européenne n’est plus de mise. Elles confortent ainsi
les mouvements xénophobes, y compris en Allemagne. En Grande-Bretagne, le
Brexit, suite au référendum prévu cette année, pourrait inaugurer la
déconstruction de l’UE. Pour l’heure, les classes ouvrières et populaires ne
semblent guère se doter « d’outils » collectifs à la mesure des
contraintes qu’elles sont amenées à subir.
Aux
USA.
Le faible frémissement de l’économie US ne repose que sur le sauvetage des
banques, l’injection massive de liquidités par la banque fédérale (la FED) sans
que l’on n’assiste, pour autant, à une croissance fiable. Celle-ci ne s’appuie
que sur la reprise fragile de l’endettement des ménages, ce recours au crédit
qui, précisément, a provoqué la crise de 2007-2008. La production intensive de
pétrole et de gaz de schiste a certes joué un rôle de stabilisateur mais, pour
combien de temps et au prix de quels dégâts environnementaux ? La société
états-unienne reste marquée par de profondes inégalités, le racisme et les
peurs de la majorité blanche déclinante (4). Les humeurs néoconservatrices et
impériales sont de retour sous les formes les plus caricaturales dans le parti
dit Républicain (Donald Trump). Elles laissent augurer un remake de l’ère
bushienne. Certes, les jeux ne sont pas faits. Les traités de libre-échange
transpacifique et le TAFTA avec l’Europe sont susceptibles de redonner du
lustre à l’impérialisme US. Il n’empêche, l’aggravation brutale de la situation
économique mondiale peut tout bouleverser… et conférer à l’élection
présidentielle prochaine un tour abracadabrantesque sur fond de mobilisation
politicienne à coups dantesques en milliards. La ploutocratie états-unienne est
en effet caractérisée par des luttes de clans où le carnet de chèques est décisif !
Au demeurant, ces guerres picrocholines ne doivent pas masquer
l’essentiel : le recul de la superpuissance US. Obama, empêtré dans les
guerres au Moyen-Orient, n’a guère réussi son « pivot » vers l’Asie
afin de contrer l’influence de la Chine dans cette partie du monde. La montée
des nationalismes en Asie (Chine, Japon…), la forte présence de populations
musulmanes travaillées par l’idéologie wahhabite (Indonésie, Malaisie) et
l’irréductibilité de la Corée du Nord ne lui facilitent pas la tâche et ce,
malgré le nombre de bases militaires installées dans la région. Bien des
« dérapages » sont possibles.
En
Amérique latine.
Les gouvernements « progressistes », issus des mouvements de
contestation du « libre-échange » imposé par les Etats-Unis (ALENA)
et de la volonté de se soustraire à l’endettement, sont soit renversés
(Argentine) soit en grande difficulté. Les droites libérales reviennent au
pouvoir dans une situation de marasme économique et de protestation des classes
moyennes. Les équipes « progressistes » (d’autres diraient
populistes), bien qu’affirmant leur volonté de se soustraire à la tutelle
états-unienne, de promouvoir des mesures sociales y compris en faveur des
peuples autochtones, ont révélé leur propre incapacité à construire une économie
diversifiée répondant aux besoins des populations. Elles ont tout misé sur la
rente (pétrole, matières premières) et ne se sont pas attaquées aux classes
dominantes compradores, corrompues, voire maffieuses. Le très mal nommé Parti
des Travailleurs au Brésil a sombré dans le marigot des affairistes, tout comme
les péronistes argentins. D’autres résistent encore sur des bases fragiles
nationalistes, développementistes (Equateur, Bolivie…), coincés qu’ils sont par
la domination du capitalisme financiarisé, voire par leur propre endettement.
Le ralentissement économique de la Chine (voir plus loin) provoque déjà
l’affaiblissement de l’exportation des matières premières et la fuite des
capitaux. Dans ce continent, marqué par de puissants mouvements de luttes d’ouvriers
et de sans-terre, le « socialisme bolivarien » pourrait bien
connaître des rebondissements inattendus.
La mondialisation du capitalisme
financiarisé ébranlé possède toutefois un ennemi qui le conforte. La guerre
contre le terrorisme inauguré par Bush n’a pas fini de produire ses effets.
2 – Vers l’extension du domaine de la guerre et
ses conséquences
En période de crise, « le
capitalisme porte la guerre comme la nuée porte l’orage » disait à peu
près en ces termes, Jean Jaurès. Dans l’état de rivalité entre puissances
impériales, rien ne laisse supposer que les guerres en Syrie, en Irak et
désormais en Libye et au Yémen pourraient se clore en 2016. Avec les interventions
russes et iraniennes d’une part, et, d’autre part, les soutiens occidentaux et
des régimes du golfe persique aux différents protagonistes, le régime du
boucher Assad risque de perdurer et l’EI se perpétuer. La contre-révolution
dans ces pays qui se déchirent entre ailes rétrogrades obscurantistes et
dictatoriales, qui, en termes d’influence régionale, va l’emporter, de l’Iran
ou de l’Arabie Saoudite ? Qui des Russes et des Etats-uniens, flanqués de
leur sergent- chef Hollande comme force supplétive, tirera son épingle du
jeu meurtrier pour assurer la « reconstruction-construction » de ces
sociétés délabrées et disloquées ? On voit mal l’Irak conserver son unité
alors même que les Kurdes possèdent leur autonomie au nord, que les Chiites ont
leur gouvernement à Bagdad et que les Sunnites sont sous la coupe de Daech.
Quant aux Kurdes syriens, les seuls
jusqu’à présent à avoir fait reculer l’Etat Islamique, ils ne sont pas en
mesure de s’allier avec la plupart des groupes anti-Assad dont nombre d’entre
eux sont sous la coupe des pays du Golfe. Enfin les
« révolutionnaires-démocrates » syriens, qui avaient animé les
manifestations pacifistes avant leur transformation en guerre civile, sont soit
noyés dans la masse des groupes rebelles islamistes, soit exilés dans des camps
ou « parqués » en Europe. Les haines recuites dans ce bourbier ne
sont pas prêtes de s’éteindre et les frappes aériennes (tout comme l’armement
des parties opposées) ne font que les attiser. Qu’il est loin le rêve bushien
du grand Moyen-Orient libéralisé sous la coupe des Etats-Unis !
La Turquie elle-même, malgré la
prégnance du régime despotique d’Erdogan est en voie de déstabilisation :
le flot des réfugiés sur son sol, la reprise de la guérilla kurde et sa
répression, le muselage de la presse, l’incarcération de journalistes et
d’opposants, sont autant de divisions internes attisées, tout comme les
attentats terroristes de Daech qui n’admet pas le revirement du gouvernement
turc. En effet, « l’autoroute des djihadistes » permettant le recrutement
d’Occidentaux et de Caucasiens, si elle se ferme, va inciter Daech à multiplier
des attentats meurtriers. Nombre de cellules dormantes terroristes sont présentes
sur le sol turc. Daech, dont on voit mal « l’éradication » survenir
en 2016, va continuer à produire et à étendre ses nuisances mortifères sur fond
de misère sociale, de désarroi et de repli à caractère tribaliste.
Dans les couloirs des palais des
grandes puissances occidentales, on parle désormais de la nécessité de frappes
aériennes dans la Libye divisée en deux gouvernements hostiles et dans laquelle
prospère l’influence territoriale de ceux qui se revendiquent de Daech. Et l’on
pourrait continuer cette énumération dans les pays africains du Sahel (Mali,
Mauritanie, Centre Afrique…).
La seule éclaircie possible résulterait
de la conjonction, improbable pour l’heure, de nouveaux soulèvements populaires
en Tunisie, en Egypte… avec un mouvement antiguerre dans les pays occidentaux.
3 - Vers une accélération du chaos ?
La mondialisation financière s’est
construite sur l’exportation des capitaux, la délocalisation d’entreprises dans
les régions à bas coût de main-d’œuvre. Ce fut le moyen de surmonter la crise
des années 70 et la baisse des taux de profit. « L’ouverture » de la Chine en a été le pivot essentiel. Cet
« atelier du monde » connaît désormais les affres du capitalisme. La
crise de 2007-2008 a provoqué dans les pays occidentaux, stagnation, déflation,
et la récession menace. Le renflouement des banques, l’injection de capital
fictif ne permettent pas de relancer la croissance d’autant que les politiques
d’austérité sont des facteurs asphyxiants. La Chine ne parvient plus, comme avant,
à exporter ses marchandises dans des économies plombées par l’endettement et
toujours tentées par la spéculation, que la préservation des paradis fiscaux
favorise.
La prospérité relative de la Chine
reposait sur ses énormes capacités d’exportation de marchandises qui se
heurtent désormais à l’affaiblissement de la demande occidentale. La
surproduction renforcée par le volontarisme industriel et immobilier se traduit
par la surabondance d’infrastructures et une pollution insoutenable. La
construction de tours et d’immeubles, favorisée par la spéculation immobilière,
ne rencontrant plus les acheteurs nécessaires, tout comme la fin de l’exode
rural intensif, laissent présager la fin d’un cycle et la possibilité d’une
crise économique et financière de grande ampleur. Déjà, la déroute boursière
que ne parvient pas à contenir le PCC (que nous appelons Parti du Capitalisme
Chinois, dirigiste) en est le signe le plus apparent. L’injection de liquidités
démesurées, 512 milliards de dollars en 2015, pour la contenir ne suffit pas.
Le pouvoir semble tenté par la dévaluation compétitive du yuan qui relancerait
les exportations à bas coût et freinerait les délocalisations d’entreprises
(Vietnam…) et de capitaux. Il compte surtout, suite à l’entrée de la Chine à
l’OMC, sur la suppression des barrières douanières à l’horizon 2017 pour
inonder les marchés, détruisant par là-même les tissus industriels persistants
dans les pays occidentaux.
Si la Chine, comme nombre de facteurs
le laissent supposer, devait « dévisser » (ralentissement de son taux
de croissance, éclatement des bulles boursières et bancaires), l’ensemble des
pays en serait affecté. C’est déjà le cas. Les pays exportateurs de matières
premières, dont l’empire du Milieu était friand, sont déjà touchés. Ainsi en
est-il du Brésil comme de nombreux pays dont l’économie repose sur cette rente.
Autre facteur qui risque d’accroître
le chaos à venir, la baisse du prix des hydrocarbures, suite à la politique
menée par l’Arabie Saoudite. Pour contrer le pétrole de schiste US, affaiblir
l’Iran, et, par voie de conséquence, la Russie, la théocratie saoudienne a
inondé le marché de pétrole faisant drastiquement baisser le coût du baril. Il
est passé sous la barre des 30 dollars ! Ce régime ploutocratique, malgré
ses énormes réserves, se déstabilise lui-même ; en 2015 son budget a été
voté en déficit ( !). Les dépenses d’armement, la guerre menée contre le Yémen,
la lutte des clans tribaux et familiaux au sein du pouvoir, portent à penser
que ce régime réactionnaire pourrait bien, à terme, rejoindre les poubelles de
l’Histoire. Mais bien avant cette fin souhaitée, d’autres régimes sont sur la sellette :
l’Algérie, le Venezuela… et surtout la Russie. La puissance poutinienne, face à
la récession qui l’étreint, pourrait bien devenir encore plus agressive pour se
maintenir, et le conflit ukrainien reprendre pour contenir l’expansion de l’Union
Européenne et de l’OTAN…
Autre impensé, en termes de conséquences
dramatiques, malgré la grand’messe médiatique de la COP 21 : l’impossible
mutation du capitalisme productiviste, extractiviste, drogué à la finance, à la
recherche erratique du maintien d’un taux de profit à 2 chiffres. Outre les
déplacements brutaux de capitaux vers des actions rentables, le dérèglement-réchauffement
climatique va se poursuivre malgré les promesses invoquées(5). Les catastrophes
humaines engendrées, famines et destructions, susciteront un flot incontrôlable
de réfugiés climatiques. Certes, le pire n’est jamais certain mais les
« maîtres du monde » réunis à Davos semblent s’en soucier comme d‘une
guigne. Verra-t-on, comme souhaité, la convergence nécessaire des luttes
écologiques et sociales pour mettre, pour le moins, un coup d’arrêt aux
processus destructeurs et, pour le plus, l’apparition de mouvements politiques
prônant un éco-socialisme démocratique tourné vers la satisfaction des besoins
des peuples ? Pour 2016, rien n’est moins certain.
Et la France. Que faire ?
L’état d’urgence prolongé, c’est un
état d’exception permanent(6). Outre la lutte contre le terrorisme, dont on a
pu mesurer l’inefficacité patente, les mesures liberticides inscrites dans la
Constitution serviront à mater les mouvements sociaux. C’est déjà d’ailleurs le
cas (7) et la classe dominante et ses représentants de « gauche » et
de droite s’y préparent. Ils savent : la désindustrialisation, suscitant
un cortège de licenciements et de luttes défensives, va se poursuivre. La
fragilité d’une agriculture productiviste tournée vers l’exportation provoque
déjà des mouvements de colère. La caste politicienne, dans ses différentes
composantes, va poursuivre ses surenchères à l’approche des
présidentielles : toujours plus de
libéralisations-privatisations-régressions promettant ainsi de reconquérir le
marché sur ses voisins européens. Il s’agit là d’un jeu à somme nulle sur fond
de stagnation économique. Faute de mouvements sociaux d’ampleur, reconfigurant
le paysage politique, le coup de Jarnac à la Chirac pourrait bien se
reproduire : un candidat de la caste, quel qu’il soit, contre
l’épouvantail Le Pen au 2ème tour des présidentielles. Sauf que, cette
fois, la farce électorale risque de tourner à la tragi-comédie : un fort
taux d’abstention et une montée inégalée du FN. L’élite politicienne, largement
désavouée, ne pourrait alors se maintenir que par la répression.
Ce que l’on peut espérer de mieux, c’est
un bouillonnement social tel, qu’il fasse surgir une force de transformation
sociale et politique venue d’en bas comme en Espagne, et ce, sans se faire d‘illusions
sur les raccourcis car les chemins à parcourir restent semés d’embuches.
Reste pour l’heure, dans l’attente de
ce qui peut advenir, à diffuser, à contre-courant, les idées d’émancipation
sociale, d’éclairer autant que nous le pouvons, la réalité mouvante dans laquelle
nous sommes insérés. A nous souvenir également que la puissance médiatique n’a
pu contrer les mouvements de 1995 ou les mobilisations contre le CPE ou contre
le Traité Constitutionnel Européen. Quand le « peuple » veut, tout
est possible.
Gérard Deneux, le 23.01.2016
(1) Cf article
« Capital fictif, évasion fiscale et
spéculation » dans PES n° 13 (avril 2015)
(2) « 62 personnes possèdent autant que la moitié
de la population mondiale » article Oxfam National sur https://www.oxfam.org/fr
(3) Cf article
dans ce numéro « Que pasa en
Espana ?»
(4) Lire à ce
sujet Un nouveau rêve américain de
Sylvain Cypel (éditions Autrement), qui montre, entre autres, que les minorités
« afro-américaines, latino, asiatiques) sont en passe de devenir
majoritaires, ce qui provoque la « rage blanche » et laisse présager,
selon l’auteur, une démocratisation des USA( ?). Pour l’heure, c’est
un rêve.
(5) Cf article
dans ce numéro « COP 21. L’accord de
Paris ignore l’état d’urgence climatique »
(6) Cf article
dans ce numéro sur l’état d’urgence
(7) Cf article
dans ce numéro «Goodyear et meilleurs
vœux »
Quelle
histoire ?
Comment
peut-on rester
à
côté de la pure vérité ?
Pendant
toutes ces années,
L’histoire
s’est cristallisée
Nous
nous sommes aveuglés
Au
lieu de nous méfier
De
cette industrie mondialisée.
Cela
passe aussi par la pensée
qui
s’est consumée
Nous
nous sommes mis à marcher
là
où on ne devrait pas aller.
Ils
nous ont condamnés
sur
la voie des damnés
Uniquement
pour nous entretuer.
Ils
se sont organisés dans le plus pur respect
à
dévaloriser toute l’humanité,
La
nature de leurs politiques acharnées
a
dénaturé le monde et ses beautés
L’homme
et la voiture ont été transformés
L’origine
s’est fait brutaliser
Nos
racines ont été brûlées
Notre
histoire nous a été volée
Pour
être falsifiée
C’est
la haine qu’ils ont cultivée
En
déformant la réalité
Nous
nous sommes fait manipuler
Pour
nous faire exploiter.
Hassen
Nous
publions, ci-après, le travail de réflexion mené par le groupe des Amis de
l’Emancipation Sociale(1) de Lure, qui s’est attaché à comprendre la
spécificité de l’évolution de la société espagnole. Le retour sur l’Histoire du
peuple espagnol, la sortie de l’ère franquiste puis l’instauration d’une
démocratie contrôlée aboutissant à son entrée dans l’UE s’apparente à celle de
la Grèce après la fin de la dictature des colonels. De même, la crise de
2007-2008 a profondément bouleversé leurs économies tournées vers le tourisme
et la spéculation immobilière. Toutefois, l’émergence de Syriza en Grèce et
celle de Podemos est différente. Il serait intéressant de poursuivre cette comparaison…
d’autant que le fonctionnement de Podemos n’est guère différent des autres
partis. Toutefois, la poussée du mouvement des Indignés et des associations et autres groupes
politiques laisse penser que le bouleversement du paysage politique espagnol
n’a pas fini de nous étonner. La crise politique en germe (absence de gouvernement
volontés indépendantistes et autonomistes, remise en cause de la royauté)
contient en elle-même la possibilité de transformations plus profondes. Toutefois,
et il faut le souligner, Ciudadanos, parti fondé de toutes pièces (sonnantes) par
un banquier, apparaît comme la solution de remplacement que se donnent les
classes dominantes, tentant de rallier les couches moyennes pour marginaliser
le mouvement populaire et Podemos. Mais cette nouvelle droite libérale,
soutenue par les médias, se heurte aux volontés d’autonomie des régions. Cette
spécificité espagnole se traduira-t-elle en un système fédéral
stabilisateur ? Ou bien à l’image de cette déconstruction de l’union
libérale de l’Europe (Ecosse, Brexit, Grexit, montée des nationalismes) ? Assistera-ton
à l’éclatement de l’unité de l’Espagne ? Sachant que le mouvement
indépendantiste en Catalogne, bien qu’il ait évincé Arthur Mas, ce dirigeant de
la droite libérale catalane, lui substitue un nouveau leader issu de la même
formation politique… et ce, sous la pression d’un parti d’extrême gauche. DP.
Qué pasa en Espana ?
A travers cet article, nous allons
tenter de répondre à 4 questions concernant la situation actuelle en Espagne.
Question 1 : Comment un NOUVEAU
parti politique, enregistré le 11/03/2014, peut-il, un an plus tard, remporter
les villes de Madrid et Barcelone aux élections municipales et obtenir 21% des
voix aux élections législatives un an après ?
Question 2 : Pourquoi l’Espagne
se trouve-elle aujourd’hui, le 19/01/2016, sans gouvernement ?
Question 3 : Où est l’équivalent
espagnol du Front National français ?
Question 4 : La Catalogne
sera-t-elle indépendante en 2017 ?
1ère partie - Petit rappel historique
L’Espagne a connu la dictature de F.
FRANCO, de 1936 à 1975, et donc pas de problèmes électoraux à cette époque !!!
Se doutant qu’il allait mourir un jour, Franco choisit, forma, éduqua, son
successeur en la personne de Juan CARLOS, surnommé alors « le pantin de Franco ». Mais, à la
surprise générale, et non sans un certain courage, Juan Carlos, nommé roi le
22/11/1975, quelques jours après la mort du Caudillo, convoqua un groupe
d’experts afin de préparer une Constitution instituant la démocratie en
Espagne : la Constitution de 1978 prévoyait en effet l’élection au
suffrage universel, tous les 4 ans, d’un Parlement qui désigne un premier
ministre chef du gouvernement.
Le 1er gouvernement de
SUAREZ, centriste, connut le coup d’Etat de 1981, pendant lequel des militaires
putschistes prirent en otage l’Assemblée Nationale espagnole durant 17 heures,
n’hésitant pas à faire usage d’armes à feu.
Juan Carlos intervint à la télévision
pour demander à l’armée de soutenir le gouvernement légitime et le coup d’Etat
échoua. Commença alors une alternance entre deux partis hégémoniques le
PSOE, parti socialiste ouvrier espagnol (gauche) et le PP, parti populaire
(droite).
Scores
électoraux
1982/1996 : Felipe Gonzalés, PSOE
1996/2004 : J M Aznar, PP, 44%
2004/2011 : JL Zapatero, PSOE,
43%
2011/
: M. Rajoy, PP, 45%
Ces scrutins se déroulent à la
proportionnelle par circonscription en un seul tour. Ces scores sont donc à
comparer au 1er tour des
élections françaises.
On peut s’étonner que les Espagnols se
soient contentés, durant ces années, d’une offre politique si pauvre, mais ils
avaient une bonne raison : ILS CONSOMMAIENT. Après la dictature, l’Espagne
s’ouvrait à nouveau aux capitaux, aux industries, aux touristes… Les Espagnols
avaient du travail et, en confiance, n’hésitaient pas à s’endetter pour acheter
des maisons, des biens de consommation, dont ils avaient été privés sous
Franco.
Le PIB fut multiplié par 8 (4 pour la
France)
L’entrée dans l’Union Européenne, en
1986, dopa encore la croissance. En effet, l’Espagne bénéficia de subventions
européennes en matière d’infrastructures (transport, agriculture, énergie…). Entre
2005 et 2008, la croissance en chiffres cumulés fut de 11,1% (6,4% pour la
France).
Bref, les Espagnols avaient du
travail, s’équipaient et la politique était le cadet de leurs soucis. Cette
indifférence permit au PP et au principal syndicat l’UGT, proche du PSOE, de
prospérer en toute quiétude, de
s’affranchir parfois de règles légales.
Ce rappel historique a pour but de
montrer que l’Espagne et la France abordent différemment la crise de
2008 : la France connut les Trente
Glorieuses puis une croissance faible, l’Espagne, une stagnation puis une
croissance très forte.
2° partie - Réponse à la question n° 1
La crise de 2008 et la naissance du parti PODEMOS
La crise de 2008 transforma en France
une croissance faible en une stagnation. Nous l’avons pourtant tous ressentie concrètement
(retraite, Sécurité Sociale, conditions de travail, salaires,…). La croissance
passa de 6,4% (chiffres cumulés) entre 2005 et 2008 à 0,9% entre 2009 et 2013.
En Espagne, on passa de 11,1 % à
-5,8%. L’Espagne connut une réelle récession.
La France a ralenti, l’Espagne, elle, a frappé un mur et est
repartie en arrière. Le taux de chômage atteignit 25% en 2013 (50% pour les
moins de 25 ans). De plus, pour sauver les banques espagnoles, l’UE octroya au
pays un prêt de 41 milliards d’euros, assorti de l’obligation de coupes
budgétaires sanglantes et de taux d’intérêts peu amicaux.
Ce séisme économique fit voler en
éclats les pactes tacites entre gouvernement et syndicats et mit à jour moult
affaires de corruptions, détournant de la classe politique traditionnelle un
grand nombre d’Espagnols.
Entre 2008 et 2014, de nombreuses
associations, collectifs citoyens virent le jour pour lutter contre les effets
de cette crise. De nombreuses expériences de micro-économies solidaires se
créèrent et engendrèrent de grands mouvements sociaux, « marées
vertes » dans l’éducation, « marée blanche » dans la santé, « mouvement
des indignés », l’Espagne populaire et solidaire était en ébullition.
Dans ce contexte se créa à Madrid un
collectif de professeurs de l’Université de Complutence en pointe sur le problème
des expulsions, dont faisait partie un certain Pablo Iglésias, professeur de
communication économique. Ce collectif en a fédéré de nombreux autres qui souhaitaient
poursuivre la lutte sociale sur le plan politique.
C’est ainsi que fut enregistré le
11/03/2014 un nouveau parti politique : PODEMOS (Nous pouvons).
En mai 2014, son score aux européennes
est de 8%. Aux municipales, Podemos gagne la ville de Madrid (Manuela Carmena)
et Barcelone (Ada Colau).
En décembre 2015, Podemos fait 21% aux
élections législatives.
C’est donc par l’engagement citoyen,
hors des partis traditionnels, à travers des collectifs, des associations et la
présence d’un leader fédérateur que Podemos a pu aussi rapidement obtenir de
telles victoires électorales.
3° partie : Situation actuelle
A partir de 2013, les élections ne se
jouent plus à deux partis mais à trois, voire à quatre ; car un autre
parti apparaît également. Ce parti est né en Catalogne en 2005. C’est un parti
anti-indépendantiste, libéral, qui va servir de support au plan national à des
candidats libéraux venant de la société civile. Ce parti s’appelle :
CIUDADANOS (citoyens) dont le leader s’appelle Albert Rivera.
En décembre 2015, les élections
législatives se déroulent donc avec ces 4 principaux partis et le résultat
fut :
1 : PP 28% 123 députés
2 : PSOE 22% 90 députés
3 : PODEMOS 21% 69 députés
4 : CIUDADANOS 14% 40 députés
5 : divers 15% 30 députés
Majorité absolue 176 députés.
Sachant
-
que
Ciudadanos refuse de s’allier avec les partis traditionnels (PP, PSOE),
-
que
Podemos, lui, est prêt à des alliances à condition que le Parti concerné organise
un référendum d’auto-détermination en Catalogne et au Pays Basque (ce que refusent tous les autres partis),
-
et que l’alliance PP/PSOE apparaît
actuellement comme une alliance contre-nature,
vous obtenez la réponse à la question
n° 2 : l’Espagne n’a pas de gouvernement car aucun parti n’a la majorité
absolue et aucune alliance ne se dessine actuellement. Ces alliances pouvant
atteindre la majorité absolue grâce aux voix des députés « divers » négociés
à travers des accords individuels locaux.
La réponse à la question n°3
concernant le Front National espagnol est rapide. En effet celui-ci n’apparaît
pas en tant que parti mais les idées d’extrême-droite sont défendues par une
partie du PP qui « phagocyte » ce mouvement.
4° partie : la Catalogne
On dit généralement que la Catalogne
souhaite son indépendance car c’est une région riche qui refuse de payer pour
les régions pauvres d’Espagne. Ce n’est pas faux mais c’est loin d’être la
seule raison.
Quelques
rappels :
La langue officielle en Catalogne est
le catalan. Les enfants suivent leur scolarité en catalan et apprennent
l’espagnol (castillan) en 2° langue.
La Catalogne possède une police
catalane (los mossos de Escuadra) qui
a toutes les compétences (excepté celles concernant la police des frontières).
Elle possède plusieurs chaînes de TV
en langue catalane (privée, publique).
Les Catalans parlent exclusivement
entre eux en catalan (langue totalement différente du castillan)
La corrida, symbole de l’Espagne est
interdite en Catalogne depuis 2010.
Le mouvement indépendantiste y est
très présent (drapeaux aux fenêtres, tags pro-indépendantistes nombreux…)
Les Catalans ne se sentent pas
culturellement espagnols.
On aurait donc pu s’attendre à un raz-de-marée
indépendantiste aux régionales de 2015. Pourtant, ce mouvement n’obtint que 48%
et, grâce ou à cause du système électoral (élection proportionnelle par
circonscription), a obtenu la majorité absolue au parlement catalan (72 sièges
sur 135).
Il semble donc que la population catalane
soit divisée en deux parties quasiment égales, l’une souhaitant une véritable
indépendance et l’autre une autonomie plus grande au sein de l’Espagne. La
Catalogne se trouve donc dans la pire situation : chaque camp revendiquant
la victoire.
Le parlement a donc mis en route le
processus d’indépendance avec la majorité des sièges mais sans la majorité des
voix. La détermination totale dans la voie de l’indépendance est confirmée par
l’élection du nouveau président du Parlement catalan M. PUIGDEMONT, indépendantiste
intransigeant de la première heure, qui promet l’indépendance pour 2017 au plus
tard.
Remarque : cette
volonté pourrait inciter, au niveau national, le PP et le PSOE à s’allier pour
ne pas laisser la voie libre à l’Indépendance catalane.
A la question n°4 : La Catalogne
sera-t-elle indépendante fin 2017, le groupe des AES de LURE apporte une
réponse unanime, claire et précise : on ne sait pas !!
Jean-Louis, Lucette, Danièle, Fabrice,
Evelyne – groupe des AES de Lure, le 19.01.2016
Les Amis de
l’Emancipation Sociale
(une
association du Nord Franche-Comté et au-delà)
sont tous
ROUGES de colère car les classes populaires ne
doivent pas payer la crise du capitalisme
VERTS de rage contre le productivisme qui détruit
l’Homme et la planète
NOIRS d’espoir pour une société de justice sociale
et d’égalité
que nous
voulons multicolore, multiculturelle et solidaire
Les AES, c’est
Informer pour se libérer
Se libérer pour agir
Agir en s’auto-organisant
S’auto-organiser dans l’égalité
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