Pour l'Emancipation Sociale (PES)
Le n° 21 est paru
édito
A défaut de redresser
la courbe du chômage,
Hollande soigne
sa courbe d’impopularité
Décidément,
rien n’y fait. Il aura pourtant tout essayé. Du « normal », il a viré
pathologique. Et pourtant, que de cadeaux au patronat pour tenter la relance de
la croissance et de l’emploi, et maintenant, le détricotage des droits du
travail et des 35 H avec El Khomri aux avant-postes. Gattaz, évidemment, salue
le courage du président, bien décidé à enterrer le PS.
Il
y avait pourtant crû à l’inversion de la courbe du chômage et se trouva tout
penaud dans le tréfonds sondagier de la courbe de l’impopularité. Il s’était
pourtant vu en homme providentiel, au-dessus de la mêlée de droite et de
gauche, lui qui prétendit revêtir la toge de l’union sacrée, face aux attentats
terroristes. Il en a pourtant fait une tonne : surfant sur la peur et
l’émotion, déclarant l’état d’urgence, en s’appuyant sur les godillots des deux
côtés de l’hémicycle parlementaire. Et tous heureux de célébrer le général
d’opérette et de surenchère, qui, monsieur 5% de bombardements en Irak et en
Syrie, assura qu’il allait éradiquer l’Etat Islamique. Lui qui, face aux
réfugiés, n’a que le bidonville de
Calais à proposer et mégote sur les menues places que pourrait offrir la 5ème
puissance mondiale ! Le grand prêtre de l’Etat d’urgence et de la
déchéance de nationalité trouve ce peuple bien versatile.
Lui,
le croyant dans l’Europe libérale, a beau se prosterner devant les marchés,
rajouter 2 milliards pour caser les chômeurs en formation, fourguer des apprentis
sous-payés au patronat, rien n’y fait ! Il y a toujours une catégorie de
plaintifs qui lui gâchent sa jovialité apparente : les taxis, les
agriculteurs et, surtout, ces irréductibles de Notre-Dame-des-Landes. Avec le
référendum dégainé comme ultime arme contre ces récalcitrants et avec les coups
de menton de Valls, il pensait avoir trouvé la parade ; mais quel
périmètre à cette consultation dont personne ne veut ? Et que dire de ce
rapport(1) qui affirme que l’agrandissement de l’aérodrome existant est
possible ? Le général d’opérette risque de s’embourber dans ce terrain
humide.
Il
a pourtant largué les amarres de Taubira pour soigner sa droite, attiré dans
ses filets Cosse l’écologiste, pour mieux diviser son propre camp et donner une
leçon à l’ingrate Duflot. Il a pourtant récupéré Ayrault pour calmer son
amertume frondeuse, appelé le supplétif Baylet qui affichait des intentions
belliqueuses s’il n’obtenait pas un maroquin ministériel. Il a bien rameuté
quelques femmes pour les caser dans des sous-secrétariats d’Etat comme celui,
hautement symbolique, de l’égalité réelle ! La com’, il connaît. Mais rien
n’y fait ! Le replâtrage du remaniement apparaît pour ce qu’il est, un
reniement supplémentaire.
Alors,
la messe est dite ? Non ! Il faut encore un Te Deum : plier le
genou devant Cameron et Merkel, essayer encore et toujours des petits calculs
politiciens tout en brandissant l’arme du 49.3 pour mettre au pas les
frondeurs. Et puis après, quitter la scène comme le Badinguet ?(2) L’année
2016 pourrait être l’année où le général Hollande rend les armes comme Napoléon
III à Sedan. Cambadelis s’apprête déjà à organiser la primaire sans lui. A
défaut d’être réjouissant, on nous imposera le spectacle affligeant, à gauche
comme à droite, de la lutte des égos.
(1) Cf article dans ce numéro
(2) Badinguet, surnom donné à
Napoléon III qui, s’enfuyant du fort de Ham où il avait été enfermé suite à sa
conspiration, emprunta les habits du maçon Badinguet, surnom satirique dont
l’affublèrent tous ses opposants.