PES - Pour l'émancipation Sociale - n° 20 est paru
Au sommaire :
l'édito (ci-dessous)
Que pasa en Espagna ? (ci-dessous)
2016. que peut-il advenir ? (ci-dessous)
De l'état d'urgence à l'état d'exception permanent
COP21. L'accord de Paris ignore l'état d'urgence climatique
Inde et COP 21 : un pays émergent face à son développement
Goodyear et meilleurs voeux. Pour la justice de classe
et nos rubriques :
Ils, elles luttent, Nous avons lu
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EDITO
Contorsions jusqu’à la déraison
Instrumentalisant l’émotion
réprobatrice suscitée par les tueries terroristes de novembre 2015, Hollande a
cru ruser avec l’opinion pour restaurer son estime en miettes : instauration
de l’état d’urgence, promotion d’une loi liberticide et déchéance de nationalité
à l’encontre des binationaux auteurs ou complices de crimes de masse. Alors
qu’il suffisait d’appliquer la loi de 1955 instituée pendant la guerre
d’Algérie, le monarque républicain, jouant de malignité, s’est mué en jusqu’au-boutiste.
La tactique dite de triangulation
consistant à piocher arguments et mesures dans le camp de la droite extrême du
FN, était censée couper l’herbe sous le pied aux adversaires, en l’intronisant
grand mamamouchi protecteur de la nation en danger. Mal en prit à François IV
le petit (1), ce coup-là s’apparente à la strangulation. Pour le moins,
Monsieur s’est pris les pieds dans le tapis ; les polémiques enflent dans
son propre camp et le voilà bien empêtré pour 2 voire 3 mois au moins, pour
obtenir au Congrès les 3/5ème des voix requises de droite et de
« gauche ». Car le cadavre du PS bouge encore et lui crie : casse-cou, tu nous plombes ! Et ses
proches godillots de tenter de trouver des artifices de langage pour faire
passer l’amère pilule de la remise en cause de l’égalité des citoyens :
déchéance pour tous ? Non. Indignité nationale ? Non. Déchéance
nationale qui y ressemble ? Non. Renvoyons les conditions d’application à
une loi…à venir. A droite, c’est la surenchère embarrassante, elle dénonce ces
contorsions qui ne sont pas de saison et promettent de faire durer ce débat de
déraison jusqu’à plus soif.
Ah ! Ce François, il aura joué
tous les rôles sans qu’aucun ne lui convienne : le « normal » au
casque à scooter, l’aveugle ennemi de la finance, le communiant s’agenouillant
devant Merkel qui ne lui concéda aucune modification des traités européens.
Puis, il endossa les habits dispendieux de l’arroseur du patronat : 43 milliards
contre 1 million d’emplois… promis, mais la courbe du chômage ne frémit même
pas. Alors, il se fit chef de guerre, VRP des marchands de canons, éradicateur
de Daech et ce furent les attentats de janvier et de novembre. Alors, protecteur
de la nation, il agita le drapeau, invoqua la république, la patrie, puis fut grand
metteur en scène du sauvetage de la planète à la COP 21.
S’apercevant que tous ces costards
sont mal taillés à son insignifiance populaire, le voilà à nouveau promouvant
l’assistanat au patronat : 2 milliards de plus, de la formation tous
azimuts pour, en un tour de passe-passe statistique, faire passer nombre de
chômeurs de la catégorie A trop voyante à celles plus dissimulées B et C. Ses
colistiers s’apercevant que tout est plié, Valls le caudillo et Macron le
fringuant libéral, entrent en concurrence pour lui ravir la candidature présidentielle. Une primaire à
gauche ? Une primaire à droite ? Le bal des ego de la caste contre
l’épouvantail Le Pen est ouvert… Sarko a déjà entonné ses lamentos « Je n’aurais pas dû mais je reste le meilleur
à coup sûr ». D’autres vont suivre en proclamant : « Je peux mieux faire », pour que
rien ne change sinon plus de régressions sociales, de racisme et
d’islamophobie.
L’overdose risque de tourner à la
tragi-comédie d’un système à bout de souffle.
(1) Titre du livre
de Patrick Rambaud, éditions Grasset. A lire et à recommander pour rire de la
déraison ambiante.