Guyane en
lutte
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sur la mobilisation d’ampleur et la grève générale exemplaires qui ont marqué
la Guyane de la mi-mars au 21 avril 2017, semble d’autant plus indispensable
qu’elles ont été peu médiatisées, voire occultées. Qui plus est, ce mouvement
populaire a été de fait méprisé, la proximité des élections présidentielles
n’excusant en rien l’absence de solidarité syndicale et politique et encore
moins le silence assourdissant de l’ex-ministre Taubira. Dans ce confetti de
l’ex-empire colonial, grand comme le Portugal, les populations qui y vivent ont
su surmonter les divisions racistes entretenues par des politiciens médiocres.
Rejetés par une nouvelle génération allergique aux vieux crocodiles politiques
et aux bureaucrates ainsi qu’à toute compromission, ils sont parvenus à
arracher, par leur détermination une victoire éclatante contre les politiques
austéritaires. C’est cette leçon qu’il faut retenir bien que la spécificité de
la situation ne soit pas transposable. Plus qu’un mouvement gréviste, cette
lutte s’est dressée contre le sous-développement néocolonial qui caractérise la
Guyane cf encart 1 – spécificités néocoloniales de la Guyane).
L’histoire
(cf encart 2 quelques repères historiques) de ce département dit français en
atteste, tout comme l’ampleur de la pauvreté actuelle qui le caractérise. Cette
crise sociale n’est pas intervenue dans un ciel serein, elle a d’ailleurs été
précédée de coups de colère et de promesses non tenues qui ont fait surgir une
détermination sans pareille (cf encart 3 une situation sociale intenable). Les
tergiversations du pouvoir finissant Hollande/Cazeneuve, tout comme leurs
manœuvres n’y ont rien changé. L’Etat néocolonial a dû céder. Reste à l’inepte
Macron à mettre en œuvre et à honorer la signature de ses prédécesseurs, lui,
l’énarque qui a prétendu que la Guyane était une île. Il avait pourtant, en
2015, lorsqu’il était ministre de l’économie, apporté son soutien aux
multinationales canadienne (Columbus Gold) et russe (Nord Gold) pour exploiter
l’or dans la forêt amazonienne.
Ce
sont tous ces aspects largement méconnus que ce dossier souhaite éclairer en
retraçant les moments incroyables de cette mobilisation et, à l’aide d’encarts,
en évoquant la lamentable histoire coloniale et sociale de ce pays. Sources
pour les articles qui suivent : le
Monde, Politis, le quotidien de l’écologie http://reporterre.net
Le
déroulement d’une mobilisation exemplaire, d’une unité populaire sans faille
Tout commence à bas bruit, dans les syndicats, les associations, les collectifs
de citoyens. Quoique, le collectif des
500 frères cagoulés est déjà bien visible, constitué lors de l’assassinat
de trop d’un habitant de Cayenne, tué par arme à feu pour avoir résisté à un
voleur ; cette association de lutte contre la délinquance a déjà fait
parler d’elle. Pacifistes, ils ont décidé de rompre avec les marches blanches à
répétition. Hyper-organisés, ils défient les autorités qui, face au trafic de
drogue (cocaïne), à la misère sociale et psychologique, ne réagissent pas. Le 16 mars, le mouvement est lancé ;
le 20 mars, une énorme manifestation bloque le centre spatial de Kourou. Le
lancement de deux satellites est reporté. Avec une grande désinvolture, le
gouvernement consent à envoyer une équipe de hauts fonctionnaires qui
débarquent le 24 mars. Ils n’apportent qu’une vague promesse de 600 millions
d’euros pour redresser l’hôpital de Cayenne lourdement endetté. Le 27 mars, la grève générale est
déclarée, des barrages routiers sont autant de lieux de rassemblement avec AG,
prises de paroles, repas avec grillades, démonstrations d’artistes locaux.
Toutes les administrations, entreprises, écoles, les ports de commerce, aéroports
sont fermés, toutes les activités sont bloquées. 13 des 27 maires convoqués par
les hauts fonctionnaires refusent de se rendre à cette concertation
institutionnelle. Albert Darnal, l’un des leaders du mouvement, dirigeant de
l’Union des Travailleurs Guyanais UTG-EDF, déclare : « Nous dénonçons les élus et nous leur disons
aujourd’hui qu’ils doivent se mettre en arrière de la mobilisation ».
Nous voulons des ministres pour que des décisions soient prises. De Paris, la
ministre de de l’Outre-mer, Ericka Bareigts lui répond : « Ce n’est pas la place de la ministre d’aller
sur place à chaud, faute d’identification des revendications ». De
fait, le pouvoir prend peur, il veut éviter « la prise d’otage » à
laquelle fut confronté Bayrou en 1996, venant présenter un plan de rattrapage
scolaire qui ne vit jamais le jour, et la répression violente du mouvement qui
s’en était suivie.
Cazeneuve
commence néanmoins à prendre la mesure de l’immense colère sociale. Il promet
que « plusieurs ministres se
rendront en Guyane en fin de semaine » mais pose des conditions.
"Le dialogue doit se faire
sans cagoule, dans le respect de l’ordre républicain et il appelle au
calme » les manifestations pacifiques, y compris dans les villages les
plus reculés.
La
ministre Bareigts supervisée par le ministre de l’intérieur Fekl, arrivés en
Guyane, s’apprêtent à recevoir une délégation du Collectif.
Le 28 mars,
le jour où tout a basculé
La
délégation d’une trentaine de membres, escortée par plus de 100 000
manifestants déterminés, est reçue. Immédiatement, elle demande que la presse
puisse assister à la négociation. Refus de cette transparence. Suspension. La
délégation revient avec une nouvelle proposition : la presse doit pouvoir
rester 30 minutes pour entendre les déclarations du Collectif. Nouveau refus.
Suspension. Le ton monte, les manifestants sont au contact des garde-mobiles.
Matignon, par téléphone, donne son accord. L’une des déclarations met la
pression : « Mme la ministre,
le peuple guyanais vous demande de vous excuser (pour avoir tardé à venir).
Nous pouvons comprendre la bêtise mais pas le mépris ». La ministre
s’excuse devant la délégation. Ça ne suffit pas, elle est obligée de renouveler
ses excuses au balcon de la préfecture, un mégaphone lui est prêté à cet effet.
Il paraît que Cazeneuve, apprenant ce geste qui met en cause « l’autorité de
l’Etat » ( !) fut « fou de rage », pour lui « ces excuses sont calamiteuses ». En
tout état de cause, la délégation a bien remis à la Ministre le cahier de 400
pages de revendications, élaborées par l’ensemble des membres du Collectif et
rendez-vous fut pris pour en discuter. Et la délégation de rejoindre les
manifestants pour une grande marche dans Cayenne, les Amérindiens en tête du
cortège. « Du jamais vu ».
Echec des
manœuvres et des premières négociations
Le vendredi 31 mars, comme pour couper court à toute division et
instrumentalisation institutionnelle du mouvement, élus, députés et sénateurs,
conseillers territoriaux, maires, se rendent à la préfecture avec une corde
symbolique au cou pour signifier qu’ils « remettent les clefs » de la
négociation au seul Collectif.
Le 2 avril, le gouvernement, par l’intermédiaire des deux
ministres, fait connaître son « plan d’urgence » chiffré à 1,085
milliard. Le collectif s’indigne, c’est insuffisant. Il exige 2,5 milliards de
plus, « c’est pas négociable ». Il appelle à intensifier le
mouvement, les barrages, y compris aux abords de la base spatiale. Au
rond-point qui y donne accès est édifiée une immense sculpture : un poing
levé. Quant aux ministres, ils repartent, penauds, à Paris.
Dans
les jours qui suivent, la marche sur Kourou est emblématique de la situation
néocoloniale : le centre spatial est occupé aux cris de « vos fusées décollent et la Guyane est au sol ».
La radio associative qui relaie depuis le début les événements voit son
audience exploser.
Le 6 avril, le Medef local, pour briser le mouvement, appelle à
lever les barrages. Le président de l’Union des transporteurs lui répond :
« Nous maintenons le barrage ».
Le 7 avril, le Collectif se présente à la préfecture entouré d’une foule de
manifestants. Le Préfet refuse de le recevoir. Colère… un commissaire et
plusieurs policiers sont blessés mais les affrontements sont évités. Il faut
ternir les barrages et bloquer Kourou. La grève s’installe malgré les pénuries,
la solidarité tient.
Le 11 avril, des patrons qui travaillent à la base de Kourou
tentent « de libérer la circulation ».
L’UTG EDF ne cède pas « On est
certainement proche du but, ce n’est pas le moment de capituler ».
D’ailleurs on attend un « plan de convergence » annoncé dans le cadre
de la loi sur l’égalité réelle ! Et puis « rien à foutre de la campagne présidentielle »… bien que l’on
soit à 8 jours du 1er tour ! Cazeneuve qui a joué le
pourrissement s’inquiète, les panneaux électoraux sont vides, le matériel
électoral n’est pas acheminé…
Le
gouvernement aux abois, cède
Le 18 avril, alors que les barrages maintenus se durcissent
encore, le Collectif précise « pour
l’éducation, l’eau potable, la santé, nous exigeons 2,1 milliards de plus et
l’abandon des poursuites entamées contre des manifestants » et appelle
à une nouvelle journée villes mortes.
Alors
que Cazeneuve avait jugé cette somme irréaliste, il cède. Le 21 avril, l’accord est signé pour un total d’engagements à
hauteur de 3.185 milliards, avec la construction immédiate de 5 lycées, 10
collèges, d’une cité judiciaire, d’infrastructures routières et la cession
gratuite de 400 000 hectares aux populations amérindiennes. Promesse est
signée d’un examen prioritaire de dépenses de 2.1 milliards dans un « plan
additionnel ». La rétrocession totale du foncier détenu par l’Etat à la
collectivité territoriale de Guyane est renvoyée aux futurs Etats généraux de
Guyane qui détermineront le statut d’autonomie de ce département français. La
relation avec les pays voisins, tout particulièrement le Brésil, y serait
discutée.
Davy
Rimane, l’un des responsables du Collectif, n’est pas dupe : « le salut ne viendra pas des urnes, la
mobilisation doit se maintenir, le travail ne fait que commencer » (cf
encart 4 élections législatives en Guyane). L’unité populaire, malgré quelques
réserves de fin de parcours des 500 frères,
a été faite entre Créoles, Blancs, H’mongs, Haïtiens, Amérindiens et Noirs Marrons
(anciens descendants d’esclaves en fuite) (cf encart 5 populations guyanaises.
Elle n’est pas prête de se défaire. C’est ce à quoi Macron va être confronté
dans les semaines et mois à venir d’autant qu’il a pris des engagements
contraires sur l’exploitation aurifère sur le territoire des Amérindiens (cf
encart 6 - les engagements avec les multinationales).
Pour ne pas
conclure
Les
Guyanais ont pris au mot la loi abstraite de l’égalité réelle afin d’en
concrétiser la dimension affichée. Le niveau de détermination dont ils ont fait
preuve, l’unité des organisations qu’ils ont construite, l’état de préparation
souterraine que cela a nécessité, démontrent que ce soulèvement n’avait rien de
spontané. Certes, il s’est appuyé sur un ras-le-bol des promesses non tenues et
sur une situation néocoloniale intenable. Mais, le cahier de revendications chiffrées
qu’ils ont déposé, (tout comme les formes de luttes massives utilisées) indique
un degré de maturité politique que l’on est loin d’atteindre en métropole
Force
est de constater que les organisations syndicales françaises n’ont (pour le
moins) pas été à la hauteur : aucune déclaration de leaders syndicaux,
aucun mouvement de solidarité. L’inexistence d’un internationalisme contre le
néocolonialisme révèle un mépris de classe et de race pour ces… étrangers.
Ce
constat vaut pour la Guadeloupe, pour l’ensemble des confettis de l’ex-empire
colonial et pour les interventions militaires en Côte d’Ivoire, au Mali, en
Centre Afrique. La libération sociale et politique des classes ouvrières et
populaires, en France, ne peut se réaliser si elles dominent d’autres peuples. Cf
encart 7 – Pour que la Guyane décolle
Gérard
Deneux, le 11 juin 2017
Encart 1 - Spécificités
néocoloniales de la Guyane
La loi de 1905 (séparation de l’Eglise et de l’Etat) ne s’applique
pas. Ce pays est toujours régi par l’ordonnance royale datant de Charles X
(1828) ! Le clergé catholique est salarié par l’Etat. Les autres religions
ne bénéficient pas de ce régime (protestants, juifs, hindouistes, musulmans…)
qui n’a toujours pas été aboli.
Département militarisé. 2 800 soldats dont la légion étrangère, le
régiment d’infanterie de marine, une base aérienne, une base navale… et Kourou
(enclave)
Carences de la justice et de la police sur fond de misère sociale :
-
Trafic illicite
de cocaïne en provenance du Surinam. 9 policiers spécialisés y sont affectés…
-
Délinquance,
vols, en 2016 : 42 homicides
-
Commissariat de
Cayenne. En deux ans, les effectifs ont fondu de 66 à 45. Sur tout le
territoire, vétusté des locaux, du matériel, des voitures en mauvais état…
-
2001 : la
promesse d’un nouveau Palais de Justice et du renforcement des effectifs
(magistrats…) est tombée dans les oubliettes. Délais de jugement très longs
-
Octobre
2016 : Cazeneuve promet 60 policiers de plus, dont… la moitié au rabais
(adjoints de sécurité). 2017 : les Guyanais n’ont obtenu que 15 policiers
supplémentaires ( !)
-
La Guyane
comprend 22 communes subdivisées en villages
-
Les politiciens
locaux, loyalistes, se répartissent en trois tendances : Républicains, le
Parti Socialiste guyanais et Forces démocratiques de Guyane. Ils ont chacun
pour leur part attisé les divisions raciales entre les « Guyanais de
souche » (les créoles) et les étrangers. Ils se sont montrés
particulièrement zélés pour appliquer les mesures d’austérité. Ils sont
largement discrédités sur place, y compris Taubira.
Aberration : La Guyane se doit d’appliquer les
réglementations de l’Union Européenne. Sa spécificité géographique n’est pas
reconnue et lui interdit de fait de commercer avec ses voisins d’Amérique
latine. Ainsi, elle ne peut importer de viande brésilienne, etc. tout doit
provenir de la métropole.
Encart 2 - Quelques
repères historiques sur la Guyane
1643 – la France prend possession de Cayenne en vue d’en faire une colonie
esclavagiste. Echec des premières implantations de colons
1794 – 1ère abolition de l’esclavage
1797 – La Guyane devient une colonie pénale. Un réseau de camps de travaux
forcés est mis en place. Pour renforcer la colonisation agricole (canne à
sucre, bananes, riz, manioc, maïs, tabac) des travailleurs européens sont
« engagés » pour une durée de 56 mois et attachés par contrat à leur
« maître ». Le quasi esclavagisme est un échec : manque de
volontaires et fuite des « engagés ». Napoléon ayant rétabli
l’esclavage, ils sont remplacés par des Noirs subissant la loi du « Code noir »
(instauré en 1685). Des noirs « marrons » (des fuyards) se réfugient
dans la forêt amazonienne.
1848 – abolition définitive de l’esclavage
1855 – ruée vers l’or (10 000 chercheurs). Coup d’arrêt des activités
agricoles. Second Empire : Napoléon III. Des opposants politiques, des
intellectuels, des délinquants sont déportés à Cayenne
1894 – Affaire Dreyfus (déporté à perpétuité à l’île du Diable en Guyane)
1946 – La Guyane devient département français. A la suite des articles de
dénonciation des bagnes par Albert Londres, ils furent définitivement fermés.
45 survivants furent rapatriés.
1965 – implantation du centre spatial à Kourou en remplacement de la base
saharienne d’Algérie
1985 – Mitterrand « On ne lance pas des fusées sur fond de
bidonvilles ». 32 ans plus tard, il y a toujours nombre de logements
insalubres autour de Kourou
1992 – 1ère mobilisation de colère sociale
2008 – mouvement contre la vie chère. Des promesses, rien de significatif.
Les prix sont dopés pour le plus grand profit du capital commercial. Des
produits sont 10 fois plus chers qu’en métropole.
2013 – Hollande promet un « pacte d’avenir » et la mise en œuvre
du plan de rattrapage scolaire promis antérieurement par Bayrou et qui n’a
toujours pas été signé
19 janvier 2014 – loi sur « l’égalité réelle » pour
l’Outre-mer. Des principes sans effets notoires…
2015 – mise en place d’une collectivité unique (CTG). Enfumage
institutionnel…
2017 – sous le calme apparent, les syndicats préparent la mobilisation.
Albert Darnal de l’Union des Travailleurs Guyanais est à la manœuvre, lui qui
avait soutenu la lutte des Guadeloupéens, comme Elie Domota, pense que
« les racines du mal.., c’est la domination coloniale ». Face à la
délinquance et à l’absence de structures pour les jeunes, le mouvement des 500 frères se constitue fin février…
Encart 3 - Une situation sociale intenable
-
Kourou, symbole
du caractère colonial. Salariés français « détachés ». Accès aux
services publics sur la base spatiale
-
Revenu moyen des
habitants : inférieur de 40% à celui de la métropole
-
Une famille sur 2
sous le seuil de pauvreté (40% des enfants)
-
40% des jeunes
sortent du système scolaire, sans diplôme. 5 000 enfants sont non
scolarisés
-
50% des jeunes au
chômage. Taux de 25% pour l’ensemble de la population active
-
15 000
familles en attente de logements. Coupures d’électricité à répétition, loyers
inabordables. Logements insalubres. Difficulté d’accès à l’eau potable
-
Mortalité
infantile : 551 pour 100 000 par an. Métropole : 152/100 000
-
47 médecins pour
100 000 habitants (2 fois moins qu’en France)
-
Projet de
privatisation de l’hôpital de Kourou. Colère des habitants et du personnel
soignant. Marisol Touraine retire son projet.
-
Délinquance :
14 fois plus qu’en métropole. Immigration importante en provenance du Brésil,
du Surinam, d’Haïti
-
Infrastructures
routières insuffisantes, vétustes ou précaires
-
12 000
hectares de forêts détériorés. Pollution au mercure. Exploitation sauvage des
mines d’or.
Encart 4 - 1er
tour des législatives en Guyane
Dans
la 2ème circonscription : Davy Rimane – porte-parole du
Collectif, secrétaire général de l’UTG – s’est présenté en candidat indépendant
aux législatives : 20.3% des voix. Il sera présent au 2ème tour
face à Lénaïck Adam – République en Marche – 36.4%
Dans
la 1ère circonscription, le sortant PS Gabriel Serville (29.77%) est
en ballotage avec Joelle Prévot Madère (LRM) 29.58%
Avec un taux d’abstention de
75.41% !!
Encart 5 -
Populations guyanaises
La
Guyane compte 250 000 habitants (30 000 en 1960). Le territoire équivaut
à la superficie du Portugal. L’immense majorité des populations se répartit sur
la côte et le long des estuaires et des fleuves
Les Créoles (40% de la population). Guyanais dont la langue se
serait constituée au XVIIIème siècle (« mélange » de français,
d’anglais, d’espagnol, de portugais et de langues amérindiennes). Ils sont les
descendants métissés des colons français. Leurs représentants ont monopolisé le
pouvoir politique institutionnel local. Mais le réel pouvoir est détenu par les
« métros » (métropolitains) qui séjournent quelques années et
détiennent le pouvoir administratif, militaire et les réseaux d’échanges
commerciaux
Les Français métros (12% de la population). Ils détiennent les postes clés
Les Amérindiens (2.2%) se répartissent en différentes ethnies.
10 000 vivent dans la partie amazonienne. Le droit de propriété sur leurs
terres n’est toujours pas reconnu. Ils parlent 6 à 7 langues différentes.
Les « noirs marrons » sont les descendants des anciens esclaves en fuite.
Ils sont environ 4 000 et parlent 6 langues différentes
Les H’mongs. Indochinois des montagnes, ils ont été supplétifs des
armées française et américaine. Déportés, ils sont arrivés en 1977 (2% de la
population)
Autres : Chinois, Libanais, Haïtiens…
Encart 6 - Macron
et la méga-mine d’or industrielle
2011. L’Etat octroie 8 concessions de prospection
à la multinationale canadienne Colombus Gold, alors même que des milliers
d’orpailleurs clandestins pourrissent les eaux de la Guyane depuis des
décennies.
Découverte
de la « montagne d’or » dans l’ouest de la Guyane au sein de
l’Amazonie
Septembre 2016. Bercy reçoit Igor Klimanov, directeur de Nord Gold
pour l’exploitation du site. Il
réclame des infrastructures routières et la pose d’une ligne électrique aérienne
de 120 km, en capacité de transporter 20 000 mégawatts, soit l’équivalent
de la consommation annuelle de Cayenne : coût estimé à 60 millions
d’euros… à la charge du contribuable. En contrepartie, l’Etat prélèvera une
taxe minière de 2%. Le projet est soutenu par Attali qui siège… au conseil consultatif de la Colombus Gold.
21 février 2017. Présentation du projet à Cayenne avec ( !)
« étude d’impact et étude de faisabilité ». Hélène Sirder,
Vice-Présidente de la collectivité territoriale de Guyane (CTG), déléguée au
développement durable, soutient « la
valorisation des ressources du sous-sol ». L’Etat prétend que
1 000 emplois seront créés en phase de construction et 800, ensuite, pour
l’exploitation.
Juppé, en tournée en Guyane, déclare « on ne veut pas que les lobbies écologistes viennent contrecarrer un
projet créateur d’emplois ». Effectivement, les Amis de la Terre, les Ingénieurs
Sans Frontières et … la fondation Nicolas Hulot s’y opposent, sans compter les
Amérindiens.
Le
projet est démentiel, « c’est un tsunami
affairiste » (Fabrice Nicolino). Outre la destruction de la forêt
primaire dans la zone, et au-delà (pistes), il nécessite le creusement d’une
fosse de 25 km de long, de 600 à 800 mètres de large, d’une profondeur de 250
mètres. Les futurs mineurs concasseront à cette profondeur et utiliseront des
intrants chimiques notamment du mercure, et ce, sous les pluies souvent
diluviennes, respireront des poussières nocives. Et il faudra entreposer des
volumes colossaux de terres stériles… et éviter leur éboulement. Développement
durable, vous dis-je !
Macron, qui s’est rendu sur le futur chantier, n’en doute pas.
Il a vanté « l’excellence du projet ». « Columbus Gold (qui n’exploitera pas) est l’un des fers de lance de la mine responsable ». Et puis,
comme l’affirme l’un des représentants de cette entreprise « c’est loin dans la forêt, tout le monde s’en
fout ». A voir !
Encart 7 -
Pour que la Guyane décolle
Eléments
les plus significatifs du « cahier de revendications » du mouvement
qui concerne plus généralement l’éducation, la santé, des revenus décents, la
lutte contre la délinquance… On peut citer :
-
La construction
de 5 lycées, 10 collèges, 500 classes primaires
-
Le refus de la
privatisation des centres de Santé et des hôpitaux
-
Des emplois et
des revenus décents, pour tous, notamment pour les petits paysans ;
déblocage des aides européennes les concernant, soutien aux filières locales de
circuits courts.
-
Baisse du prix de
l’essence (imposé par l’Etat via Total). Possibilité de s’approvisionner auprès
des voisins (Venezuela…)
-
Recrutements sur
les postes vacants pour l’électrification, la voirie et autres investissements.
-
Recrutement de
travailleurs sociaux et éducateurs de rue. Création de structures dans
l’ouest ; application des lois nationales pour protéger les enfants et la
jeunesse
-
Le conseil des
populations amérindiennes et noirs marrons demande la cession des terres
communautaires, dénonce le projet de cession-accaparement de 200 000
hectares de forêt au profit de la
multinationale Nord Gold (extraction d’or)