Ce 16 décembre 2018, rassemblement en soutien des exilés et migrants
face à la politique de rejet du gouvernement Macron, et au-delà, de l'Europe forteresse prête à tout arrangement inacceptable pour "contenir" celles et ceux qui cherchent refuge,
au mépris des Droits de l'Homme.
Ce rassemblement a eu lieu à Champagney (Haute-Saône), devant la maison de la Négritude.
Gérard Deneux est intervenu au nom des Amis de l'Emancipation Sociale,
Nous sommes
aujourd'hui, ici, pour que l’on ne puisse pas dire demain
que l’on ne
savait pas
ce qui se
passait hier et aujourd’hui, ici et ailleurs
La
Maison de la Négritude de Champagney témoigne de l’irréparable,
de
cette tache indélébile de la mise en esclavage.
Elle
est aussi le symbole que la liberté défie toujours les pires oppressions.
Ces
nègres que l’on disait marrons, se révoltaient, fuyaient la
répression
pour
constituer des communautés précaires de liberté.
Pourchassés,
repris, enchaînés, par leurs complaintes, encore, ils résistaient.
Ce
passé qui ne passe pas, plus jamais cela, disait-on,
et
pourtant il revient
et
sous d’autres formes, le marronnage est de retour en ces temps.
Nous sommes
aujourd’hui, ici, pour que l’on ne puisse pas dire demain
que l’on ne
savait pas
ce qui se
passait hier et aujourd’hui, ici et ailleurs
En
ces temps de guerres, de misères, d’inégalités galopantes,
de
politiques de ventes d’armes, d’accaparement de terres,
Des
hommes, des femmes, des enfants sont des errants,
à
la recherche d’un refuge qu’on leur refuse.
Ils
sont frappés, torturés, mis en esclavage en Libye
Mais,
jamais, leur énergie ne s’use
Parvenus
à Calais, aujourd’hui, lorsqu’ils dorment à terre,
on
les chasse à coups de gaz lacrymogènes,
leurs
piètres biens conduits à la décharge.
D’autres,
cloîtrés dans des hébergements où leur avenir est limité
persistent
à espérer, confortés par la solidarité d’une trop étroite minorité.
Nous sommes
aujourd’hui, ici, pour que l’on ne puisse pas dire demain
que l’on ne
savait pas
ce qui se
passait hier et aujourd’hui, ici et ailleurs
Ceux
de Navenne et d’Echenoz, venus d’ailleurs,
du
Tchad, du Soudan, de l’Erythrée, de Guinée et d’ailleurs,
sont
comme leurs ancêtres,
des
nègres marrons à la recherche d’une
communauté de liberté.
Et
l’on voudrait que l’on ne sache pas le pourquoi du comment.
Pourquoi
ces guerres d’invasion, d’interventions en Irak, en Libye ?
Pourquoi
hier Saddam Hussein, ami de la France ?
Pourquoi
hier Ben Ali encensé, Kadhafi reçu en grandes pompes à l’Elysée ?
Et
demain peut-être, Bachar Al Assad, le boucher, réhabilité ?
Comment
l’accaparement des matières premières, des terres en Afrique
par
les multinationales, les Villegrain, Bolloré… réduisent les paysans à la
misère ?
Et
l’on voudrait que l’on ne sache rien
des
pires liaisons troubles, corruptrices, des chefs d’Etats occidentaux
avec
ces tristes sires, ces dictateurs corrompus, instrumentalisés
du
Tchad, du Mali et d’ailleurs.
Nous sommes
aujourd’hui, ici, pour que l’on ne puisse pas dire demain
que l’on ne
savait pas
ce qui se
passait hier et aujourd’hui, ici et ailleurs
Ceux
qui nous gouvernent voudraient que l’on reste indifférent,
Mais,
peut-on l’être vis-à-vis des « dublinés »,
menacés
d’être renvoyés en Italie, pour être expulsés ?
Peut-on
ignorer, rester indifférent face à la circulaire Collomb/Macron ?
Cette
volonté, venue d’en haut, cette volonté d’intrusion
dans
les centres d’hébergement,
qui
veut obliger les ONG, du Secours Catholique, d’Emmaüs, de la Cimade…
les
obliger à la délation
et,
ainsi, mieux expulser ceux qu’ils jugent indésirables,
les
contraignant ainsi à la rue, aux squats, à l’errance
Aujourd’hui,
ici, nous devons refuser le retour de l’irréparable,
Le retour
des nègres marrons.
Ces
étrangers, ces Africains venus d’ailleurs
pour trouver
refuge, ici,
qui veulent
vivre, ici
Il est de
notre devoir d’être avec eux activement solidaires
face aux
menaces réelles qui pèsent sur eux.
Gérard
Deneux, AES, le 16 décembre 2017 à Champagney