Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


lundi 26 février 2018



le n° 41 de PES est paru
Editorial (ci-dessous)

Comme l’Allemagne, la chancelière chancelle

La puissance de l’Allemagne en Europe et dans le monde s’est bâtie sur l’exploitation de la main d’œuvre à bas coût à l’est et l’austérité imposée par le social-démocrate Schröder au sein même de la société allemande.

Les échanges inégaux avec la Pologne, la Tchéquie, la Slovaquie…, les délocalisations de proximité à coups de sous-traitance et de main basse sur les entreprises privatisées ont provoqué la révolte nationaliste réactionnaire de « l’arrière-pays » de l’empire industriel allemand. En Slovénie, en Croatie, en Roumanie, les salaires moyens représentent 1/10ème de ceux pratiqués à Berlin de 1990 à 2010. Il semble que l’orgie de profits se termine, à preuves : la grève de l’entreprise géante Volkswagen à Bratislava où les ouvriers ont obtenu 16% d’augmentation et la constitution de bourgeoisies qui « s’insurgent » : « Nous sommes devenus une colonie allemande ».

Quant à l’austérité imposée, elle a profondément divisé la société allemande et permis l’émergence d’une extrême droite fascisante. D’un côté, les précarisés à temps partiel contraint avec un salaire moyen horaire à 9€, de l’autre l’aristocratie ouvrière contrainte par le blocage des salaires mais encore préservée par des conventions collectives au rabais. Et ce fut cette grève inattendue de 250 entreprises de la métallurgie et de l’électronique. Ils ont obtenu 4,3% d’augmentation et la possibilité de travailler 28H/semaine avec compensation partielle. Que l’on ne s’y trompe pas, les patrons ont la possibilité d’imposer les 40H au lieu des 35, à leur convenance, selon leurs carnets de commandes. Il n’empêche, cette poussée revendicative pourrait bien s’étendre à la fonction publique, aux industries chimiques…,leurs conventions collectives contraignant la « paix sociale » viennent à expiration.

Reste l’allié étatsunien qui n’en peut plus de se voir tailler des croupières : de 2009 à 2015, les exportations allemandes vers les USA ont bondi de 28 à 75 milliards pour atteindre 114 milliards en 2016. « Déséquilibre nuisible » avait dit Obama, « intolérable » dit Trump, maintenant « c’est chacun pour soi » et la guerre commerciale.

Les classes dominantes allemandes devraient donc en rabattre, l’Etat fédéral en finir avec ses excédents budgétaires (38,4 milliards€) et lâcher du lest pour financer les infrastructures en désuétude et mettre fin au « diktat austéritaire ». Pas si sûr !  

Après avoir étranglé la Grèce, la réduisant à un protectorat, favorisé le Brexit et la montée de l’extrême droite partout en Europe, le doute s’est insinué. Si l’Allemagne face à son déficit démographique a besoin de main d’œuvre étrangère pour peser encore plus sur les salaires, nombre d’Allemands y rechignent et sont tentés par le vote d’extrême droite.

Et les castes régnantes hésitent, tergiversent, les deux grands partis de collaboration vont-ils finir par s’entendre face à leurs bases électorales réticentes ? De son piédestal Merkel vacille, Schultz se renie, le SPD se divise. Après des nuits de conciliabules à droite toute (avec les libéraux extrêmes du FPD), puis les tractations nocturnes pour reconduire la « grande coalition » en déconfiture, tout, pour eux, doit être fait pour éviter de nouvelles élections, voire un gouvernement minoritaire. Dès le 26 février prochain, date des élections au sein du SPD dont le but proclamé par les apparatchiks est d’approuver le contrat avec Merkel, on connaîtra le degré de fracture entre ceux qui veulent y aller et ceux qui refusent d’aller gouverner pour qu’à peu près rien ne change. D’autant qu’au programme s’est substituée une lutte des places de ministrables qui provoque des poussées d’urticaire de la base. L’empire allemand serait-il en train de vaciller ?

En tout état de cause, mis à part le frêle mais intempestif bonaparte français, plus nombreux sont ces pays tentés par une Europe de l’échangisme sans contrainte, soit le chacun pour soi.

GD le 22.02.2018

Au sommaire
- Carrière de Ternuay, où en est-on ? (voir ci-dessous)
- Contrôle, tri, expulsion. Collomb le "nettoyeur" (voir ci-dessous)
- Moyen-Orient. guerres et (ou) révolutions (ci-dessous)
- 1947, 1967 après 1897 et 1917. Pas d'oubli
- Guatemala-Israël ou une amitié intéressée
- Catalogne. (ci-dessous)
- La violence morale, pathologie du libéralisme (ci-dessous)
et nos rubriques : Ils, elles luttent  et Nous avons lu  

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