Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


vendredi 31 août 2018


Les Bio’Jours 2018 en Franche-Comté - 15ème foire éco-bio festive
Face à la course à la croissance, épuisant nos Biens communs (eau, air, terre, biodiversité…), face aux risques climatiques, aux catastrophes dites « naturelles », que faire ? Comment préserver la nature et l’homme ?
Les Amis de l’Emancipation Sociale, les Amis du Monde Diplomatique Nord Franche-Comté et l’association TERRES vous invitent à cette réflexion à partir de trois thèmes :

L’éolien, pari gagnant ou grande arnaque ?
Lure, vendredi 7 septembre au cinéma Méliès à 20h30 (3€)
Pas res nos arresta (Rien ne nous arrête)
Documentaire du Collectif l’Amassada, sur la lutte emblématique, en Sud-Aveyron, contre le projet industriel de 1000 éoliennes et son méga transfo à St Victor. Suivi d’un débat en présence de militants d’associations concernées par des projets locaux d’implantation d’éoliennes.

Faucogney et-la-Mer, dimanche 9 septembre  (salle culturelle municipale)
11h  - documentaire Pas res nos arresta
15h30/17h30 – conférence-débat en présence de  Grégoire SOUCHAY
journaliste – auteur du livre
Les mirages de l’éolien
L’éolien ? Oui, comme une des réponses aux besoins locaux en énergie alternative. Non pour des méga projets considérant les secteurs ruraux comme des espaces de production d’électricité dédiés à l’extension des métropoles. L’éolien peut-il être autre chose que la poursuite du monde industriel fondé sur la croissance, la consommation et la marchandisation du bien commun ? Cette question crée des tensions entre pro et anti-éoliens révélant, au fond, deux visions de l’écologie : celle d’un développement durable acceptant un capitalisme dit « sobre » et celle de l’émancipation sociale et économique, libérée des pouvoirs de l’argent. En débattre est essentiel.

Accidents nucléaires et normes alimentaires
Faucogney et-la-Mer, dimanche 9 septembre (salle culturelle)
14h/15h30 - Conférence-débat
En cas d’accident nucléaire en France ou en Europe,
les normes concernant nos aliments nous protègent-elles ?
en présence de Danièle COUR
CRIIRAD Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité

Et si l’écologie s’appliquait aussi à l’être humain ?
Faucogney et-la-Mer, dimanche 9 septembre
17h30/19h30 - conférence-débat
Réflexions libres sur la biodiversité humaine
en présence de  Josef SCHOVANEC
Chercheur en philosophie et sciences sociales, spécialiste de l’autisme. Parrain des Bio’Jours


 Entrées gratuites (sauf au cinéma Méliès). Participation « au chapeau » selon vos moyens
Contact : aesfc@orange.fr   03.84.30.35.73


PES n° 46 est paru
Ci-dessous l'édito 

Après nous le déluge ou le désert ?

Que l’on suffoque, ici, par l’augmentation de températures caniculaires, ailleurs, par les incendies de forêts ou que l’on survive à la terreur et à la désolation suite aux inondations, tempêtes, ouragans, tous ces drames ne semblent pas vraiment affecter les grands et ultra-riches du monde. Certes, périodiquement, il y a bien ces grand-messes médiatisées où ils pérorent en alignant fortes promesses, certifiant tous, ou presque, qu’ils vont s’attaquer au réchauffement climatique. Et ce, sans grands effets à part ceux de nous rendre passifs ou culpabilisés. Ces promoteurs de la logique capitaliste qui « détruit l’homme et la nature » tentent surtout de faire prévaloir une égo-écologie où chaque individu serait responsable. S’il est vrai que 10% de la population mondiale émet le plus de gaz à effet de serre et des montagnes de déchets et peut se protéger par l’air conditionné, l’isolation des bâtiments ou en mangeant bio, il n’en est pas de même pour les 90% restant, en particulier les plus démunis. L’été qui s’achève est pourtant des plus alarmants.

Des températures avec des pointes de 43,5° en Argentine, de 59,5° au Pakistan, de 40° en Californie, de 42° à Tokyo, en France, 59 jours au-dessus de 25° depuis le début de l’année. Et Jean Jonzel, célèbre climatologue, de nous annoncer que, si rien ne change, nous connaîtrons des pointes à 50° en 2050. Ces sécheresses caniculaires se traduiront par des pertes de récoltes, des difficultés d’approvisionnement en eau, voire des famines. En outre, le pic de 30° au cercle polaire (!) confirme que le réchauffement climatique est deux fois plus rapide dans l’Arctique. Il fragilise la calotte glaciaire et, par voie de conséquence, participe au réchauffement des océans et à la montée des eaux.

Pires, pour le maintien de l’écosystème, sont les incendies de forêts. Pendant que Trump jouait au golf en Floride, 121 000 hectares brûlaient en Californie et, simultanément, au Colorado, en Arizona, dans l’Oregon et même en Alaska. 650 000 ha cramés en plus. L’Amazonie, ce poumon de la planète, connaît également des incendies dévastateurs : 272 000 répertoriés depuis 1999. L’Europe (comme l’Australie) n’est pas épargnée. En Grèce, en Espagne, au Portugal, 1 million d’hectares de forêts ont été détruits, de même en Suède et en Finlande ( !).

Tous ces phénomènes qui résultent de l’augmentation de l’effet de serre, provoquée tout particulièrement par l’émission de CO2, déréglementent le climat. L’on connaît de plus en plus de pluies extrêmes, d’inondations, de glissements de terrain catastrophiques, d’ouragans dévastateurs. La croissance du nombre des réfugiés climatiques, parqués dans des camps, est pour demain. Et l’on peut ajouter à cette vision apocalyptique la disparition d’espèces, l’appauvrissement de la diversité biologique et l’arrivée de plantes invasives (!).

De fait, la planète est au bord de la rupture. Ce 1er août fut le jour où l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la nature peut régénérer en un an. Ce jour de dépassement est de plus en plus précoce : 1975, le 1er décembre, 1995, le 1er octobre. Les grands prédateurs ont encore de la marge pour dire « après nous, le déluge ».

Faut-il, pour autant, céder au fatalisme avant qu’il ne soit trop tard ? Ce dont nous avons besoin, ce sont d’hommes et de femmes issus des profondeurs des sociétés qui s’organisent par en bas et prônent la rupture avec le système capitaliste, pour faire prévaloir une économie de sobriété énergétique, décentralisée, une société démocratique, égalitaire et de justice sociale. Il ne suffit pas de « regarder ailleurs quand la maison brûle » ou de chercher de boucs émissaires qui exonèrent les castes dominantes.

Gérard Deneux, le 27.08.2018  





Respect

L’eau a plus de valeur que la convoitise de l’or
C’est bien plus qu’un trésor
Ne lui jetons pas un sort
Ne transformons pas notre décor
Par pollution de l’esprit et du corps
Redoublons d’effort
Pour préserver notre essor
Ne causons pas plus de tort
A notre mère, à notre port
Sois du voyage, prends ton passeport
Pour cultiver ce qu’il y a de plus fort
Notre nature est notre ressort
Ne restons plus en dehors
Multiplions nos efforts
Pour lui rendre son confort

Hassen


Joinville lave plus propre !

Le centre d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure n’est pas encore décidé que, déjà, des projets « connexes » voient le jour. Ainsi, du projet de blanchisserie nucléaire que l’américaine UNITECH veut implanter dans la Marne, à 21 kms de Bure, à Joinville. Il s’agirait, à l’horizon 2020, de traiter environ 1 000 à 1 500 tonnes de linge (plus ou moins contaminé), la proximité de Cigéo pour la décontamination et de Soulaines et Morvilliers pour le renvoi  des déchets étant très opportune. Pour atteindre une activité « intéressante », Unitech envisage d’exercer ses « talents » pour l’Allemagne, la Suisse et la Belgique et d’installer d’autres activités de décontamination (containers, maintenance des protections au plomb, etc.). Voilà qui promet un cocktail fumant : Césium 137, Césium 134, Cobalt58, Cobalt60,Fer59, Manganèse54, Strontium90… auxquels il faut ajouter des tombereaux de détergents et autres tensio-actifs : de l’ordre de 100 à 300 milliards de Becquerels sur 2 ans. Unitech a l’intention de diluer ce cocktail dans les eaux de la Marne, accessoirement de l’évaporer dans l’air. Trente millions de litres d’eau à l’arrivée, 100 m3 de rejets par jour d’une eau chaude, salée, polluée, dans la rivière, tête du bassin parisien.
Tout cela s’organise en catimini avec l’aval d’AREVA qui supprime 24 emplois en fermant sa blanchisserie de la Hague. Les élus, quant à eux, de la  communauté de communes du Bassin de Joinville, ont donné leur accord sur la base de la simple promesse de la création d’une quarantaine d’emplois supposés. Comme à Bure, les risques sont tenus secrets et les habitants se sont organisés pour s’opposer à cette implantation.
Ils sont d’autant plus inquiets que le lourd passé de la société Unitech aux USA a été révélé : elle a dû démanteler, en 1991, son usine à Santa Fe pour avoir violé les lois américaines sur la pollution de l’air, avec de plus, des rejets radioactifs avérés dans le système d’épuration. Idem à Lillyhall, en Grande-Bretagne, en 2014, où elle diluait ses rejets dans les eaux de la mer et dans l’air, entraînant de graves problèmes environnementaux.
L’opposition s’organise autour de l’association Joinville lave plus propre, le CEDRA, EODRA, FNE-Grand Est, Gudmont dit non, Réseau sortir du nucléaire, etc… Une procédure devant le Tribunal administratif est en cours, la communauté de communes refusant de communiquer la convention signée avec Unitech, suite à la vente d’un terrain de 19 000 m2 sur la base de 9€ le m2 au lieu de 20€
Mensonges, tromperies, exigences non garanties, petits arrangements entre élus, corruption, tel est monnaie courante dans le monde nucléocratique ! Les opposants à la nucléarisation de ce territoire ne baissent pas la garde. La lutte continue.
Soutenez Joinville lave plus propre en signant la pétition sur https://www.change.org/p/   
Pour plus d’infos : https://cedra52.jimdo.com
. .      


 Grèves simultanées des travailleurs d’Amazon en Europe

Le 17 juillet 2018, 80 % des travailleurs avec contrats fixes suivaient l’appel à la grève au dépôt d’Amazon à San Fernando de Henares (aux environs de Madrid). Les unités antiémeutes intervenaient aussitôt, faisant plusieurs blessés et deux arrestations. C’est ainsi que s’est déroulé le Prime Day « épique » d’Amazon (période de 2 jours au cours desquels Amazon offre des réductions sur les commandes). Les grévistes de Madrid ont été rejoints par des grèves dans sept centres logistiques en Allemagne auxquels se sont ajoutées des actions en solidarité en Pologne. Les protestations, internationalisées ont été amplifiées par leur écho sur les réseaux sociaux : des milliers de personnes ont appelé au boycott et condamné la répression policière. Les travailleurs ont réussi à gâcher la fête du Prime Day de Jeff Bezos (le patron d’Amazon dont Forbes estime la fortune à 151 milliards de dollars).
Cette multinationale du commerce en ligne est la plus importantes au monde, avec 80 dépôts dans divers pays. On peut y acheter de l’électroménager, des diamants, de la nourriture pour chats, des accessoires pour moto ou des romans policiers… presque tout ce qui est imaginable. Avec un stock constitué à grande échelle, la firme promet une livraison rapide des commandes à n’importe quel point de la planète. Le secret d’Amazon ne réside pas seulement dans son réseau logistique sans précédent, mais aussi dans la précarisation énorme du statut de ses travailleurs. Elle utilise cette structure globale pour limiter l’impact des grèves. Lors de conflits du travail en Allemagne, l’entreprise peut rediriger certaines commandes vers différents dépôts, surtout en Pologne ou en France. Dans chaque centre, Amazon emploie une proportion importante de main-d’œuvre temporaire pour diviser le personnel et rogner sur ses droits.
Pour mettre en échec un géant comme Amazon les syndicats affirment avoir besoin d’une stratégie à l’échelle de l’Europe pour aboutir à des actions syndicales unitaires. Harper, délégué des Commissions ouvrières (CC.OO) à San Fernando affirme que les grèves ont pour objectif l’unification de la classe laborieuse, nécessaire pour dépasser la concurrence des uns contre les autres imposée par le capitalisme. Les travailleurs ont en moyenne 24 ans, ils n’ont pas de conscience syndicale enracinée mais ils comprennent la lutte et la nécessité de la solidarité. En Allemagne Ver.di et à Madrid, la CGT vont dans le même sens « le monde est toujours plus petit. Le capital franchit les frontières facilement. Nous devons faire de même ! ». Adieu au prolétariat ? Non, bienvenue classe ouvrière !
Paru sur le site de A l’Encontre  alencontre.org
Sur les conditions de travail à Amazon, lire En Amazonie de Jean-Baptiste Malet, et l’article qu’il en a tiré pour le Monde Diplomatique (novembre 2013)


Que révèle la barbouzerie de l’Elysée ?

Il ne s’agit pas ci-après de revisiter tous les méandres de « l’affaire Benalla » mais plutôt d’éclairer les angles morts de cette guignolesque péripétie. On peut pour le moins en tirer 4 leçons.
Le pouvoir prétend ne tolérer aucune manifestation qui ne serait au préalable encadrée et se prépare à l’utilisation de rafles et de violences policières pouvant échapper à tout contrôle. Deuxièmement, le césarisme macronien, outre la com dégoulinante en faveur de son héros, tente d’instituer une police parallèle tout en se heurtant à d’autres corps de l’Etat. Troisièmement, l’élite au pouvoir, derrière son chef, a (avait ?) pour objectif de réduire à la portion congrue les partis parlementaristes et les déposséder du peu de pouvoir qui leur reste dans le cadre de la Constitution de la 5ème République. Enfin, le grand déballage benalliste, qui n’est pas terminé, complique la tâche de cette fraction dominante du Capital que représente Macron, vis-à-vis des ailes plus libérales (au sens états-unien) qui, pour la défense de leurs propres intérêts, y compris électoraux, souhaitent préserver une façade démocratique décente, à défaut d’être « exemplaire ».
Pour traiter du premier point, il faut revenir sur les circonstances de la répression du 1er mai, à la Contrescarpe et au jardin des Plantes.

Ampleur et dérives de la répression lors du 1er mai

En dehors de la manifestation autorisée, cadrée, du 1er mai, un appel lancé sur les réseaux sociaux invite à se rassembler à la Contrescarpe à Paris pour un « apéro géant ». Cette initiative est relayée par les Insoumis et des groupes dits d’extrême gauche. Cette volonté d’échapper au cadre corporatiste syndical, le pouvoir ne peut l’admettre, au risque de voir revenir sur la scène publique l’évènement Nuit debout.

Vers 20 H, plusieurs dizaines de personnes se rassemblent à la Contrescarpe, d’autres sont présentes au jardin des Plantes et, face à eux, une armada de CRS. Brusquement, ce rassemblement « bon enfant », selon les journalistes, est chargé par les pandores et les rafles commencent. C’est dans ce cadre que Benalla et son compère Crase, prêtent main forte, jouent de la castagne avec entrain… et interpellent un couple qui osait protester. Ces deux prétendus « hystériques », aux dires du barbouze en chef, jettent une bouteille et font un bras d’honneur. Cette péripétie, qu’au demeurant le procureur reconnaîtra, bien plus tard, qu’elle n’a « pas provoqué de violences contre les CRS », occulte la réalité suivante bien plus significative : 283 personnes arrêtées, 109 placées en garde à vue, 15 déférées en comparution immédiate et 44 interpelées, relâchées aussi vite… dont le couple agressé par Benalla et son compère ( !). Il s’agit là d’une véritable rafle, de fichage et d’intimidation en vue… d’utilisations ultérieures, dûment préparées.

Si l’on met ces faits en relation avec l’enquête de la CNIL (1) qui dénonce l’ampleur de la surveillance par « l’usage immodéré des caméras », on est fixé : à Paris, 2 739 caméras sur voie publique, 3 340 dans les centres commerciaux, gares, musées, métro. Cette intrusion massive dans la vie privée fait, qui plus est, l’objet d’un archivage clandestin. Les vidéos sont conservées illégalement au-delà de 30 jours et ce, en l’absence de réquisition judiciaire. Non seulement, la Préfecture de Police de Paris ignore la loi mais, comme pour s’en excuser, déclare qu’il s’agit d’une pratique qui concerne toutes les directions de la préfecture. Bref, tous les abus de droit doivent être couverts, comme doivent être étouffées les violences des sbires de la chefferie macronienne.

La chefferie élyséenne et ses barbouzes

L’ambitieux Macron, l’ex-banquier de chez Rothschild introduit par Attali, qui a surgi lors de l’effondrement du parti socialiste et de la décrépitude affairiste de la droite empêtrée dans l’affaire Fillon, ne dispose que d’une garde rapprochée. Son nouveau parti en marche n’a en effet ni assise territoriale, ni racine idéologique. Au « 1er de cordée », il fallait, par conséquent, une Task Force pour faire valoir la « verticalité » de son pouvoir.

Au sommet de l’Etat élyséen, un petit cercle d’inconditionnels, composé de technos dévoués, est sous la houlette de Kohler, secrétaire général de la présidence ; ce « 2ème cerveau de Macron » possède, à sa main, ses « mormons » (ils se désignent ainsi), mais également une cohorte de communicants et de gardes-chiourmes pour ses basses œuvres. Pas moins de 50  conseillers com d’une part, pour leurrer « en même temps » le populo sur l’austérité et sur l’apparence de social tronqué, et d’autre part, des gros bras recrutés pendant la campagne présidentielle.  

Benalla (et d’autres) intime du Président et de sa Brigitte, ce personnage trouble issu d’un sous-prolétariat (2), adepte de la baston, n’a cessé d’accompagner son chef qui, du Touquet au Louvre lors de l’intronisation de Zeus, puis après le 1er mai alors qu’il était soi-disant mis à pied, au Panthéon le 1er juillet, au défilé du 14 juillet, puis, lors du retour en fanfare des footeux pour leur intimer l’ordre reçu directement de Macron, d’aller parader médiatiquement devant le grand chef. Cette mascarade sur l’Olympe jupitérienne a tourné court. Après l’ivresse de l’altitude vint la profondeur des turpitudes macroniennes : révélations du Monde le 18 juillet, suite à la diffusion de la Benalla-baston, le 19 juillet ouverture d’une enquête « pour violences, usurpation de fonction et de signes réservés à l’autorité publique » puis placement en garde à vue avant mise en examen le 22 juillet. Sans cette intervention de la presse, « la grosse bêtise » serait restée étouffée, tout comme les armes dont il disposait.

En outre, la transmission au mis en cause, pour… mieux se défendre, de la vidéo dont disposait la préfecture de police, et la décision qu’il a bien fallu prendre, à savoir la suspension de 3 hauts fonctionnaires préfectoraux qui s’étaient prêtés à la manoeuvre, révèlent tout autre chose : leur servilité vis-à-vis du pouvoir en place, et, en même temps ( !) les rapports de pouvoir conflictuels au sein de l’appareil répressif de l’Etat. Qui donc doit avoir la prééminence, la police dépendante du ministère de l’Intérieur, la gendarmerie ou la milice en formation près du Président ? L’affaire n’est pas nouvelle (cf encart 1), encore moins le « copinage malsain », tout comme la guerre des polices au sommet de l’Etat et l’opacité des conflits de pouvoir. En effet, le Groupe de Sécurité de la Présidence de la République (GSPR) est composé de 80 policiers et gendarmes issus des ministères de l’Intérieur et des armées. Et, bien qu’ils soient en dehors de tout contrôle, les conflits de prééminence sont fréquents. Une réflexion était engagée à laquelle participait le gorille Benalla qui, nommé lieutenant-colonel, disposant d’un appartement de fonction et plus de 8 000€/mois, était pressenti pour prendre la tête de cette garde prétorienne « rationnalisée ». En fait, il s’agit, outre de réduire les pouvoirs de la préfecture de Paris, cet « Etat dans l’Etat », d’éviter les fuites organisées par le syndicat de police. L’éviction de ce corps d’Etat au profit de militaires habitués à la fermer, devait colmater en toute opacité ces brèches mal venues. FO Police ne s’y est pas trompé lors des révélations de l’affaire, en dénonçant la « milice privée » en formation, sur la voie publique.

Ce nid de barbouzes, découvert, a fait déraper Jupiter : « Benalla n’est pas mon amant » même si je lui adressais des « notes confidentielles », « le responsable, c’est moi », « qu’ils viennent me chercher » ces « journalistes qui racontent n’importe quoi ». Ce qui est sûr, c’est que ce montage de police parallèle est pour l’heure compromis, tout comme la tambouille constitutionnelle qui est en passe de provoquer des indigestions parlementaristes.

Le projet de verticalité du pouvoir mis à mal

Le chambard des révélations successives, les mensonges, omissions, contradictions des protagonistes de l’affaire Benalla, les protestations ampoulées des commissions d’enquête parlementaires, leurs relais médiatiques, ont revigoré les oppositions parlementaires et repoussé, voire compromis en partie… la réforme constitutionnelle de l’illuminé de l’Elysée (3). Certes, la tambouille des modifications à introduire dans le régime de la 5ème République, pas encore suffisamment bonapartiste au goût de Macron, portait sur des aspects qui avaient le goût du public. En même temps en effet, en s’appuyant sur l’antiparlementarisme ambiant, il s’agissait de s’assurer une popularité à bon compte. Trop d’élus qui coûtent trop cher et, tout à trac, de supprimer la Cour de Justice de la République qui les protège et, dans la même élan, d’introduire la spécificité de la Corse, de modifier le peu de pouvoir dont dispose le Conseil Economique et Social ainsi que le Conseil Supérieur de la Magistrature., le tout assorti d’une pincée de proportionnelle.

Pour réduire la minorité des voix discordantes, quoi de mieux que de supprimer le nombre de parlementaires, quitte à les affronter devant l’opinion publique ? Et l’on pouvait, entretemps, par la séduction pouvoir compter sur la veulerie d’un certain nombre de sénateurs, voire de députés d’opposition, prêts à changer de camp. Patatras ! Vint l’affaire Benalla démontrant les turpitudes autoritaristes peu reluisantes du « nouveau monde ». Face à la caste dominante derrière Macron, qui est persuadée que l’alternance ne fonctionne plus, les alliés et opposants  incrédules faisant fi de leurs divisions revêtirent l’habit de la défense intransigeante de la façade parlementariste du régime présidentialiste. Peut-on recourir à une loi organique sans passer par la réunion du Congrès qui nécessite l’impossible majorité des deux Chambres  et prendre le risque d’un désaveu constitutionnel ? Celui de bafouer l’article 61 de la Constitution qui donne pouvoir aux parlementaires (60 députés et 60 sénateurs) de déposer un recours devant le Conseil Constitutionnel ?

Le coup de force est-il possible à l’approche des Européennes ? Tel est le dilemme provoqué par la bronca Benalla. Bon ! S’asseoir à l’aise sur les lois est de pratique courante : l’article 40 du Code de Procédure Pénale qui enjoint tout fonctionnaire de dénoncer tout crime ou délit, sans délai, auprès du Procureur de la République, ne serait, pour les proches du Prince qu’une procédure superfétatoire, propre à la « rigidité (intolérable) du droit ». De même pour les casseroles délictueuses qui s’accumulent pour les Kohler, Nyssen, Pennicaud après les Ferrand et autres bien en cours. La démagogie sur l’exemplarité rencontre ses limites. Et Macron de s’en émouvoir, sa com ne suffit plus « la presse s’est substituée à la justice » (sic), « le pouvoir médiatique veut devenir un pouvoir judiciaire ? ». Diantre ! En Macronie, les belles images sur papier glacé sont froissées. Certes, l’histoire de l’effritement du pouvoir macronien reste à écrire mais les retombées grandguignolesques de l’affaire Benalla se poursuivent et ne sont pas du meilleur effet.

« C’est arrivé demain. Attendez-vous à savoir »  (4)

La perquisition et ses suites dans l’appartement de Benalla valent d’être contées : les flics n’ont, dans un premier temps, pu y procéder. Ils n’en possédaient pas les clés et Benalla non plus ( !). Ils sont revenus le lendemain pour constater… qu’entretemps, une armoire forte avait disparu, celle où le gorille avait déposé ses armes. Dissimulation de preuves ? Nenni, le scotch symbolisant les scellés n’avait pas été brisé. L’amateur de castagne d’affirmer qu’il avait confié les clés à un(e) ami(e), la poulaille omettant de lui en demander l’identité et l’adresse… L’affaire suit son cours : aux dernières nouvelles, le téléphone portable de Myriam, sa concubine disparue, aurait été logé dans le 16ème arrondissement. Dans les prétoires demain, peut-être on en saura plus…

Dans les sommets du pouvoir en revanche, c’est bouche cousue sur ce « dossier » et la fuite en avant pour ne pas se dédire. Le missionné du CAC 40 a fort à faire, lui qui se voyait déjà en futur chef de l’Europe libérale maintenue face à l’affaiblissement de Merkel, doit encore gagner en crédibilité austéritaire. Lui qui rêvait d’une grande coalition française où n’existeraient plus contre lui que les Insoumis et les néo-fascistes nationalistes et xénophobes doit déchanter. Les élections européennes, tout comme les municipales qui suivront, sont autant de taches sur sa zenitude. Qui plus est, ce chantre de l’Europe, malade du Brexit, fracturée par les gouvernements italiens, polonais, hongrois… et la guerre commerciale menée par son « ami » Trump, est bien à la peine. Et que dire de son propre camp, les ambitieux qui attendent leur heure, ceux qui se défaussent, prennent déjà leur distance et tous ces novices de LRM croyants mais déçus ?

Toutefois, il peut toujours compter sur l’apparente apathie des classes ouvrières et populaires et sur les couches moyennes et supérieures qui rêvent d’enrichissement rapide, de toujours moins d’impôts et de charges inacceptables pour elles. A moins de l’avènement d’un évènement beaucoup plus destabilisateur que les succédanés benallistes, le fringant Macron plein de morgue pourra se maintenir dans son Olympe, y compris en recourant à plus de répression si nécessité l’y oblige.

Gérard Deneux, le 26.08.2018




(1)    La CNIL - Commission Nationale de l’informatique et des libertés – chargée… en principe, de protéger la vie privée. Autorité pseudo-indépendante créée en 1978, elle ne donne que des avis. Elle dispose d’un budget de plus de 17 millions d’euros… Excusez du peu.
(2)    Benalla fut d’abord recruté par le PS (Martine Aubry)  puis, il créa des sociétés privées de surveillance, avec son compère Crase
(3)    L’illuminé de l’Elysée – référence à sa volonté d’être un président jupitérien, puissant parmi les puissants, écrasant la pogne de Trump, toisant Poutine, baisant la bague du pape François. Lors de la campagne présidentielle, ses envolées mystiques, les bras en croix, font de cet évangéliste des marchés, un cas. Faut-il rappeler sa grand’messe au château de Versailles et son homélie devant les 900 parlementaires venus pieusement l’écouter…
(4)    Allusion aux chroniques de la journaliste Geneviève Tabouis qui, dans les années 50, scandait ses rubriques de ses tendances prévisionnistes.  


Encart 1

Benalla et ses précédents

La 5ème République est coutumière des polices parallèles. De Gaulle avait ses barbouzes du « Service d’Action Civique », les hommes de l’ombre de Foccart dans la Françafrique.  Mitterrand, parvenu au pouvoir installa les siens, les Prouteau, Barril et autres sbires qui eurent autant d’éclats nauséabonds : l’écoute téléphonique de personnalités, la protection du secret de Mazarine et surtout l’affaire des Irlandais de Vincennes et le coulage du Rainbow Warrior. Dans le 1er cas, il s’agissait (1982) d’introduction d’armes, lors d’une perquisition sans titre, et de condamner comme terroristes des réfugiés irlandais ; dans le 2ème cas, de couler le navire de Greenpeace, en route vers Mururoa, pour protester contre les essais nucléaires dans cet archipel.
Au sommet de l’Etat, cette tentation perdura. En 1982, Mitterrand s’entourait uniquement de gendarmes, Chirac revint à la mixité police-gendarmerie, Sarko après son passage au ministère de l’Intérieur, ne faisait confiance qu’aux policiers, Hollande revint à la mixité et Macron tente un retour à l’ère de Mitterrand. Le groupe de sécurité de la Présidence de la République n’en finit pas de connaître des soubresauts en dehors de tout contrôle et en toute opacité.



L’ESTELADA fait grise mine !
Reportage - Chronique d’un été en Catalogne : juillet 2018

Nous passons la frontière franco-espagnole, pardon franco-catalane au Col du Perthus. La soirée est douce, la route serpente entre les chênes lièges, tout est calme et serein. Quelques kilomètres plus loin, tout change…. Nous arrivons à La Jonquera. A droite, des milliers de camions stationnés, des stations-service sur des kilomètres. A gauche, de gigantesques hypermarchés ouverts jusque tard dans la nuit, regorgeant de cigarettes et d’alcools. Derrière ces hyper, des maisons de passe, des cabarets, des night-clubs. Au bord de la route, voire au milieu, des dizaines de prostituées très jeunes, très défoncées, très exploitées.

Toujours la même question : comment le peuple catalan, qui a toujours eu une attitude pacifiste, raisonnable et humaniste au cours de son histoire, (qui interdit la corrida sur son territoire, qui boycotte la fête nationale espagnole « Fête de l’Hispanisation », appelée en Catalogne « Fête du Génocide »), peut-il supporter toute cette exploitation, cette misère humaine sur son territoire ?
Toujours pas de réponse.

Quelques centaines de mètres plus loin, nous sommes à nouveau sur une petite route de montagne, seuls pour rejoindre le village de notre amie. C’est un gros bourg qui accueille un camp militaire important. Nous l’avons quitté avant le référendum du 1° octobre 2017. Il était alors décoré de nombreux drapeaux indépendantistes catalans, L’ESTALADA. Ce soir, il n’en reste que quelques-uns, déchirés, usés par le vent de l’hiver. En revanche, les drapeaux espagnols sont apparus aux fenêtres de certaines maisons. J’en parle avec notre amie qui est très attachée à la culture catalane mais farouchement anti-indépendantiste. Pour elle la situation est redevenue normale. L’irresponsable et stupide poussée indépendantiste est arrivée à une impasse, les leaders « bobos », quasiment tous profs à l’université de Barcelone ne vivant pas dans la vraie vie, sont en prison pour les plus stupides ou en exil pour les plus courageux. Pour elle, le symbole de cette « caste politique » est Ana Gabriel, leader de la CUP (Parti ultra-indépendantiste) qui parlait des expériences vénézuéliennes, colombiennes et équatoriennes lors des campagnes électorales et qui est partie en exil… en Suisse ! Pour notre amie, le bilan du référendum et la déclaration d’indépendance sont désastreux. Cela  a créé de multiples conflits dans les villages, dans les familles, et cela a affaibli la Catalogne.

Le lendemain, nous partons en balade en traversant quelques villages de montagne. Là, en revanche, les drapeaux indépendantistes sont toujours là et les routes sont couvertes de cravates jaunes, symbole du soutien aux prisonniers politiques. Dans ces zones très rurales, le mouvement indépendantiste y est toujours très majoritaire et très dynamique, mais dès qu’on s’approche  des zones touristiques, tout disparaît. Le business doit continuer…. !

Puis nous partons à la rencontre de nos autres amis.
 Le 1° couple vit isolé dans la montagne. Catalanistes fervents mais pas militants, ils ont voté OUI au référendum. Ils sont abattus car un projet d’une grande ferme à cochons (3000) est prévu à quelques dizaines de mètres de chez eux. Lucette tente de les distraire en leur conseillant de regarder le reportage d’Envoyé Spécial  «  La Catalogne, la guerre  des mots » abordant les problèmes de l’usage du catalan dans l’enseignement. Notre ami passe alors de 8 de tension à environ 30 arguant que le catalan est la langue d’usage des Catalans depuis environ 2000 ans et que les nouveaux arrivants doivent s’adapter et pas le contraire. Cette règle devant s’imposer surtout aux Espagnols. Il ajoute que ce n’est pas la télévision française, pays ultra-centralisé, qui méprise les minorités qui risque de le faire changer d’avis…

Visite à un autre couple d’amis : elle est catalane, lui est andalou, arrivé en Catalogne depuis de nombreuses années. Son fils est un haut gradé de la Guardia Civil (espagnole donc) ;  depuis qu’il a voté OUI au référendum, les liens avec son fils se sont étrangement distendus. Elle nous parle de sa grand-mère, à qui le franquisme a interdit l’usage du catalan, seule langue qu’elle connaissait, et de sa mère qui a copié des centaines de fois à l’école : je ne dois pas parler catalan. Pour elle, la poussée indépendantiste de 2017 est la conséquence des refus systématiques des dialogues de la part de Madrid. Et le point positif de cette période est que la langue catalane est encore plus utilisée qu’avant. Concernant sa vie professionnelle, elle ne se fait aucune illusion, elle travaille pour 6,15 euros/h et si  l’indépendance arrivait, elle n’attend aucune amélioration de ses conditions de travail et de son salaire.

3° couple d’amis : totalement engagés dans le mouvement indépendantiste, ils  animent la section locale de l’Assemblée Catalane.
Surprise : le mari fatigué a levé le pied. Il s’est épuisé dans la préparation des référendums et des élections du 21 décembre 2017. Il est très déçu par les conséquences : région mise sous tutelle, responsables en prison ou en exil, et par le manque de soutien international, surtout français.
Son épouse tient le coup : elle sait que l’Indépendance n’est plus d’actualité et poursuit le combat surtout pour soutenir les prisonniers politiques. Elle nous informe que chaque mardi, devant la prison de Figueras, où est détenue Dolores Bassa, syndicaliste UGT et ex- conseillère aux affaires sociales et familiales dans le gouvernement de Carles Puigdemont, est organisée « una cena » pique-nique de soutien.. A savoir que les mêmes actions se déroulent à Tarragona et à Manresa où sont détenus les 8 autres prisonniers politiques, incarcérés depuis novembre 2017 pour certains. Nous nous y rendons sans attendre, plus de 2000 personnes, très contents de voir des Français, manifestent pacifiquement, musicalement et  bruyamment. Ces 2000 personnes sont encadrées par 4 policiers catalans (les Mossos) ! Les portes de la prison s’ouvrent parfois pour laisser entrer ou sortir un véhicule et  personne n’en profite pour s’y introduire et faire un « buzz » médiatique. Cela nous surprend, nous en parlons autour de nous. On nous répond que « les Catalans sont un  peuple pacifique, un peuple du Nord qui vit au Sud », et qu’ils réunissent régulièrement un million de personnes et qu’aucune vitrine de magasin n’y a jamais été cassée. Quelques personnes nous font remarquer qu’à être trop pacifiques et pacifistes, on n’est parfois pas pris au sérieux.
Je suis surpris par la composition du public, beaucoup de personnes âgées, des enfants, des familles de classes moyennes supérieures, mais très peu de représentants des classes ouvrières. La volonté d’indépendance est très forte chez les anciens, chez les jeunes et dans les classes aisées et très faible dans la classe ouvrière qui a bien compris que l’indépendance catalane de 2018 est une indépendance dans le cadre du système capitaliste, qu’ils n’ont pas grand-chose à y gagner et ont surtout peur de ce qu’ils pourraient y perdre. La Catalogne est très éloignée du Rojava.

Au cours de ce rassemblement, nous apprenons que la croissance est forte en Catalogne, plus forte que dans les régions espagnoles et que la fuite supposée des entreprises n’était que de la propagande du gouvernement madrilène. Nous en profitons pour demander si l’arrivée du parti socialiste (PSOE) avec Pedro Sanchez va changer quelque chose. La réponse est sans appel : Nada (rien !). Ses positions sont les mêmes que celles du parti populaire (PP). Ces manifestations ne sont pas annoncées ni couvertes par la télévision catalane qui semble subir une tutelle très stricte.

Le faible soutien du monde ouvrier à l’indépendance, nous allons le vérifier en rendant visite à un autre couple d’amis dans un quartier populaire de Figueras. Aucun drapeau indépendantiste aux balcons, seulement des drapeaux espagnols. Les amis nous disent que, dans le quartier, la langue catalane n’est pas utilisée et beaucoup de gens regrettent que l’enseignement se fasse dans cette langue car disent-ils : «  le catalan, on ne peut l’utiliser qu’en Catalogne, alors que l’espagnol (le castillan) on peut l’utiliser dans toute l’Espagne et en Amérique du Sud et Amérique Centrale ». Dans ce quartier ouvrier, on ne s’est pas précipité pour aller voter le 1° octobre 2017.

Nous sentons nos amis, tous,  un peu «  sonnés » par l’année 2017 : le référendum, les violences policières, la déclaration d’indépendance, la suspension de l’indépendance, la mise sous tutelle, l’emprisonnement de leurs leaders, l’exil des autres….et aspirant au retour d’une vie démocratique plus sereine.

La situation politique actuelle les y aide bien, c’est le calme plat. Il y a un parlement indépendantiste, un président Kim Torra qui ne siège quasiment pas et qui est sous la tutelle intransigeante de Madrid. Le camp indépendantiste se concentre sur le soutien aux prisonniers politiques et aux 6 responsables exilés et se fait très discret pour le reste. Carles Puigdemont, Président en exil, est très apprécié par les militants. Pour eux, il a sacrifié sa vie personnelle afin de poursuivre la lutte depuis l’étranger. Le sort de ceux qui sont en prison, et qui y resteront peut-être très longtemps, est vécu comme une énorme injustice. Alors que d’anciens franquistes et de nombreux hommes politiques ayant détourné de l’argent public coulent des jours paisibles en famille, des gens qui ont seulement appliqué le programme pour lequel ils ont été élus démocratiquement,  sont incarcérés dans des conditions très dures.

Les anti-indépendantistes, eux se font plus présents, n’hésitant pas à arracher les symboles indépendantistes affichés dans des lieux publics, ce qui provoque régulièrement des joutes verbales de haut vol quand les partisans de chaque camp se retrouvent au même endroit, au même moment. Les Catalans sont vraiment pacifiques et pacifistes dans l’âme car il n’y a eu jusqu’ici que des mots échangés, et pas de maux !

Nous quittons la région en repassant par La Jonquera à l’aube pour rester sur la vraie image de la Catalogne.

Jean-Louis, le 27.08.2018.



Trump s’en va-t-en guerre

Bluff d’un farfelu ou méthode de businessman ? Trump met en œuvre sa devise  « America First » en pratiquant  des coups de force, ça passe ou ça casse. Un certain nombre de son entourage proche ont été démissionnés ou sont partis, en désaccord avec les fourberies de Trump, avec les procédés de ce bonhomme qui n’a vraiment pas l’air très sérieux. Trump, lui, a l’air de s’en foutre. Il dirige. Les Etats-uniens diront mi-novembre, lors d’élections de mi-mandat, s’ils sont d’accord avec lui ou non.
 L’hyperpuissance étatsunienne serait-elle en désarroi ? Victime de la doctrine du libre-échange qui l’a rendue maître du monde en imposant aux autres puissances son rythme de croissance, ses règles d’échanges arrimées au puissant dollar ? En perte de vitesse pour maintenir sa suprématie économique ?
Trump a ouvert la guerre commerciale avec la Chine, refermant la période des grands marchés transatlantiques en cours de discussion avec l’Union Européenne. Il réinstaure les vieilles mesures protectionnistes et, en même temps, il profite des divisions de l’Europe pour l’affaiblir, voire la faire éclater.  
Cette course en tête, il la mène en reniant les accords signés par son prédécesseur (accords de Paris, de Vienne). Est-il en capacité de la tenir, alors même que dans le marigot des grands, des alliances se constituent sur fond de guerres, contraignant les Etats-Unis à maintenir leur présence dans des territoires où ils se sont enlisés. Là encore, il est surtout question de garder des avant-postes au Moyen-Orient, pour y tenir une place stratégique et économique primordiale.
Cette politique trumpienne est-elle tenable ? Ou est-on en train d’assister au basculement du monde (cf éditorial PES  n° 45) ?       


Affaiblir, diviser encore plus, l’Union Européenne

Théresa May est empêtrée dans un soft Brexit, alors que Nigel Farage (UKIP – parti europhobe), défenseur du hard Brexit crie à la trahison des électeurs. Trump l’a soutenu et clame : « divorcez de l’Europe » et signez un accord bilatéral avec les Etats-Unis. Angela Merkel est politiquement affaiblie. Les politiques anti-immigration l’emportent dans les pays de l’Est européen, mais aussi en Italie, permettant la présence de l’extrême-droite dans les gouvernements (en Hongrie, en Autriche, en Italie…). Le vibrionnant Macron, en montant sur la scène européenne, prétend qu’il va « refonder » l’UE, accueillant Trump avec force poignées de mains viriles,  bourrades dans le dos, gesticulations… inutiles. Trump, fidèle à lui-même, assène, lors du G7 les 8 et 9 juin 2018 « Il y a trop de Mercedes à New York et si peu de Chevrolet en Europe » comme un avant-goût de son America First.  Il n’a pas lâché sur son retrait de l’accord de Paris (climat) ni de l’accord de Vienne (nucléaire iranien), ni sur la taxation des produits européens importés par les Etats-Unis, à savoir + 33% sur l’acier et + 30% sur l’aluminium. Macron, fier de ses formules managériales (la « start-up nation France ») a trouvé à qui parler, un businessman sans principes (cf encart 1), imposant son unilatéralisme brutal, se moquant des six autres pays du G7, partisans zélés de tous les accords de libre-échange.

Il veut maintenir son pouvoir aux Etats-Unis et, dans son pays, use de démagogie xénophobe pour rallier les « blancs en col bleu », les ouvriers de la « ceinture de la rouille », cette région industrielle sinistrée qui va de Chicago aux côtes atlantiques en longeant les grands lacs. Trump y avait raflé la mise lors des élections. Pour rallier ces électeurs, il n’hésite pas à tonitruer : « l’UE est une ennemie, avec ce qu’ils nous font dans le domaine du commerce ! ». Au-delà du style outrancier et imprévisible de Trump, il faut y voir la dénonciation du système multilatéral de domination du capitalisme financiarisé, qui ne profite pas assez aux Etats-Unis, selon lui ; c’est la remise en cause de l’OMC, de la Banque mondiale et sa volonté de casser l’UE, déjà bien fragile.

Certes, les USA ont une balance commerciale déficitaire de 150 milliards de dollars avec l’Europe, ils importent plus qu’ils n’exportent. Par ailleurs, ils doivent se plier aux règles de l’OMC, institution contestée par Trump. En gros, il veut décider seul de ce qui est bon pour l’Amérique. Les accords multilatéraux qui le contraignent, ça ne lui plaît pas. Ainsi, les Etats-Unis taxent les importations automobiles à 2,5% alors que les Européens taxent les importations automobiles à 10% pour le reste du monde. Ainsi, la condamnation par l’UE de Google à une amende de 5 milliards de dollars pour abus de position dominante. En rétorsion, Trump a envisagé début juillet de taxer les importations automobiles de 20 à 25%. Juncker, qu’il qualifie de « tueur brutal » a temporisé cette surenchère. Armistice de façade : la taxation des automobiles européennes serait mise en sommeil contre l’achat par l’UE de plus de soja et de gaz naturel US…

Face à ces attaques, Angela Merkel appelle à renforcer l’autonomie européenne, prônant un « partenariat équilibré », n’acceptant pas les décisions prises par les USA à l’insu de l’Europe. L’UE doit former un contrepoids quand les USA « dépassent les lignes rouges » dit-elle, évoquant la sortie américaine de l’accord sur le nucléaire iranien. Pour les firmes européennes, le coup porté par Trump est cruel, il impose sa loi au monde en décidant des sanctions américaines aux entreprises commerçant avec l’Iran ; les entreprises françaises (Total notamment) ont tété sommées de choisir entre un marché prometteur en Iran et le risque d’être bannies du marché US (encart 2). Renforcer l’autonomie signifierait, entre autres, pour Merkel déployer l’Europe de la défense avec des dépenses militaires en augmentation, définir une taxe numérique sur les bénéfices des géants américains de l’internet, créer un fonds monétaire européen, une alternative au réseau international Swift (cf encart 3), etc. Le chef de la diplomatie allemande appelle au-delà de l’Europe à une « alliance pour le multilatéralisme (Japon/Corée du Sud/Canada) ». (cf encart 4). Panique et discordes dans le bateau européen.

Les positions de Trump contre l’OTAN font aussi partie de sa stratégie de diviser l’Europe, en faisant alliance avec Poutine sur cette question. Il veut augmenter la contribution financière des Etats membres et imposer l’achat de matériels de guerre étatsuniens, refusant toute préférence européenne. 

Son pari de déstabiliser l’UE pourrait être gagnant, tant celle-ci est déjà divisée, sans politique étrangère commune ni de défense européenne, sans politique financière et économique cohérente, sans politique d’immigration, etc. Le soutien de Trump aux nationalismes xénophobes en Europe fragilise les partis traditionnels ; ses attaques contre l’OMC et autres institutions internationales, visent à revenir à un protectionnisme sélectif pour endiguer le déclin de la domination mondiale des USA.

L’UE ne fait pas le poids face à l’encore « géant » américain. Par contre, son « ennemi » chinois est sans doute plus dangereux aux yeux de Trump.

Attaques commerciales contre la Chine

En décembre 2017, un rapport de la National Security Strategy définissait la Chine comme un « rival stratégique » des Etats-Unis. C’était le début de l’offensive américaine.

Les USA sont en déficit commercial avec la Chine : en 2017, la Chine a importé 130 milliards de dollars de marchandises US et les Etats-Unis ont importé 505 milliards de produits chinois, soit un déficit de 375 milliards. Pour pousser Pékin à corriger le déséquilibre de la balance commerciale entre les deux pays et mettre fin à des pratiques qui défavoriseraient les entreprises US, Trump attaque sur le front commercial : il décide d’élever à 25 % les droits de douane sur un certain nombre de produits made in China, représentant un montant de 34 milliards de dollars. Le 22 août, nouvelle escalade : quelque 16 milliards de dollars d’importations chinoises supplémentaires sont taxées à 25%. La Chine riposte et annonce une taxe de 25% sur une liste de 106 familles de produits américains importés (petits avions, soja, voitures…) représentant 16 milliards de dollars.

Et ce n’est pas tout. Bluff ? Washington planche sur un prochain train de taxes douanières qui devrait frapper pas moins de 200 milliards de dollars d’importations chinoises. Si elles devaient entrer en vigueur, la Chine ne pourrait plus répliquer dans les mêmes proportions, faute de nouveaux produits américains à taxer. Pour Trump, le risque est grand car une hausse des droits de douane sur des produits made in China rendra plus onéreux des produits fabriqués aux USA avec des conséquences sur le pouvoir d’achat des ménages américains. Dès les premières mesures de taxations, les conséquences étaient d’ores et déjà perceptibles sur l’évolution du Dow Jones comme sur l’économie réelle. La baisse d’un quart des cours du soja depuis avril affectait 300 000 producteurs américains. Les entreprises perdent de l’argent, les mesures douanières augmentent les délais de livraison, contraignent à des contrôles, la circulation des capitaux ralentit. Les Etats-Unis ne réussissent plus à exporter leurs amandes, citrons, cerises de Californie et de Floride. La Chine décide de s’approvisionner en Australie et en Afrique… Bref, Trump ne peut surtaxer les importations à souhait sans créer du mécontentement dans une fraction des classes dominantes états-uniennes.   

Sur le front industriel, Trump a envisagé de freiner les avancées chinoises en faisant obstacle aux transferts de technologie s’opérant par les investissements directs étrangers (IDE) vers la Chine. La Chine est l’un des premiers pays hôtes des investissements étrangers en Chine permettant aux entreprises états-uniennes de dégager suffisamment de bénéfices pour accepter de céder leurs technologies. Ouvrir ce front affecterait plus l’économie américaine que les hausses tarifaires, provoquant une baisse plus forte des entrées d’investissements étrangers, tout en affectant l’économie chinoise qui connaît une phase de ralentissement. En 2017, General Motors a vendu plus de voitures en Chine qu’aux USA. Pour les transnationales, l’évolution du marché chinois est un enjeu plus important que celle du marché américain.

Enfin, sur le front financier, la Chine a l’arme de ses créances sur le Trésor américain. Elle est le premier créancier étranger de l’Etat US, avec un peu plus de 1 000 milliards de dollars en mai 2018 ; mais elle ne détient que 5% de la dette publique états-unienne, (celle-ci s’élevant à 21 000 milliards de dollars) portée à plus de 70% par les institutions fédérales US, la sécurité sociale, les banques, les entreprises, les ménages), ce qui ne donne pas à la Chine le pouvoir d’influencer la gestion économique US.

Trump pourra-t-il contenir la marche en avant de la Chine, en passe d’être la  première puissance mondiale d’ici 2050 ? Sa « nouvelle route de la soie », et ses projets titanesques, court sur presque sur tous les continents, en développant des infrastructures « démesurées ». La Chine très présente en Afrique et en Amérique du Sud va renforcer son influence économique en Asie et augmenter la vente des produits chinois vers d’autres pays que les USA, y compris en Europe. Elle facilite les échanges avec la Corée du Sud, l’Inde, le Sri Lanka, le Bengladesh, en abaissant les droits de douane de leurs produits. Depuis les années 70, les exportations US dans le monde ont reculé. L’Asie capte une part toujours plus importante du commerce mondial au détriment des USA et de l’Europe.    



Au nom du Make America great again, la guerre économique de Trump déconstruit l’architecture de l’ordre mondial que les USA ont bâti à la fin de la 2ème guerre mondiale, il lui substitue un nouvel ordre dans lequel, l’Amérique, comme le Royaume Uni du 19ème siècle, n’aura ni allié éternel ni adversaire perpétuel, mais seulement des intérêts. Ce qui était envisageable au temps de la pax Britannica (lorsque l’Empire britannique possédait la suprématie sur les routes maritimes) ne l’est plus dans un monde multipolaire(1).

Le basculement du monde semble en marche, de l’ouest vers l’est de la planète. Pour autant, la mondialisation et le libéralisme financiarisé, version USA ou version Chine n’est pas le rêve que nous formulons. Il maintient le même système économique basé sur la production, la consommation, la croissance. Il nous mène à la catastrophe sociale et écologique, voire financière à la hauteur de la crise de 2008 si la situation s’envenimait entre les Etats-Unis et la Chine (encart 5). C’est bien d’un projet totalement opposé à ces « modèles » que nous avons à défendre.   

Odile Mangeot

(1)    Alternatives économiques (blog du 6.07.2018)

Encart 1

Le « négociateur » Trump
Donald Trump a bâti sa carrière sur le principe que tout est renégociable. Une fois un immeuble terminé, le promoteur invoquait la piètre qualité des travaux pour éviter d’honorer ses engagements. Il imposait alors de nouvelles conditions aux divers corps de métier… Ceux qui refusaient sa proposition n’avaient qu’à le traîner devant les tribunaux, prenant ainsi le risque de procédures judicaires coûteuses et à l’issue incertaine face à des avocats aussi retors que coriaces… Ses procédés de mauvais payeur étaient bien connus des fournisseurs et des banquiers, dont beaucoup refusaient de traiter avec lui… Il dit aimer « écraser l’autre camp et encaisser les profits » et bien se moquer des banquiers qui ont perdu les sommes qu’ils lui avaient avancées. « C’est leur problème : pas le mien. Je leur ai dit qu’ils n’auraient pas dû me les prêter »… On estime qu’il a été impliqué, comme plaignant ou comme accusé, dans plus de 3 500 procès.
Novice en politique, M. Trump avait promis de mettre ses talents de « plus grand négociateur de l’histoire » au service de l’Amérique…
le Monde Diplomatique juin 2018 « Le diktat iranien de Donald Trump » par Ibrahim Warde  

 Encart 2
L’attaque contre l’Iran

Le Plan d’action global commun, relatif au nucléaire iranien, a été signé à Vienne le 14.07.2015 par l’Iran et les 5 membres du Conseil de Sécurité de l’ONU (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume Uni) ainsi que par l’Allemagne. La levée des sanctions économiques a permis d’augmenter les échanges avec l’Iran. En France elles ont triplé atteignant 1,5 milliard en 2017.
Le 8 mai dernier, Trump reniait l’accord sur le nucléaire signé par Obama, au mépris du droit international et décidait de rétablir les sanctions à l’encontre des entreprises commerçant avec l’Iran. Dès le 7 août, les transactions financières sont bloquées les importations de matières premières dans le secteur automobile et l’aviation commerciale sont interdites. En novembre, suivra un embargo sur le pétrole. Peugeot et Renault qui avaient réinvesti en Iran ont décidé de stopper leur production, Airbus va suspendre les transactions en cours, Total a quitté le pays. Par contre, les entreprises chinoises, indiennes ou turques restent.
A l’avertissement de Rohani de « ne pas jouer avec la queue du lion », Trump menaçait « Nous ne sommes plus un pays qui supporte vos paroles démentes de violence et de mort. Faites attention ! ». On reconnaît bien là l’art du négociateur !       
Trump espère solder définitivement le régime des Ayatollahs et ouvrir un retour en force des intérêts US. Ce coup de poker est risqué. Il conforte l’anti-américanisme là-bas ainsi qu’en Afghanistan et en Irak, d’autant que les exigences de Trump sont intolérables pour l’Iran (retrait des milices iraniennes en Syrie et en Irak, fin du soutien au Hezbollah et au Hamas…).
Trump veut punir les pays qui continueront à acheter du pétrole iranien pour étrangler l’Iran et réinstaurer la suprématie américaine. Cet unilatéralisme américain peut-il tenir au risque de générer des tensions avec ses alliés et menacer le libre-échange international que les Etats-Unis prônent depuis des décennies ? Russie, Chine… laisseront-elles faire ? Des convergences sont prévisibles pour contourner l’embargo et les sanctions et… augmenter le cours du pétrole. 
Ce sujet mérite un article complet dans PES. A suivre.

Encart 3
Swift ? C’est quoi ça ?

C’est un service de messagerie installé en Belgique utilisé par la plupart des banques pour les transferts de paiements. Washington fait planer la menace de sanctions unilatérales contre cette institution si elle n’exclut pas les banques iraniennes d’ici novembre. Gesticulations ? Si Trump décidait de sanctionner Swift, ce serait aussi au détriment d’importantes banques US (JP Morgan, Citigroup notamment)

Encart 4
Connaissez-vous le JEFTA ?

Le TAFTA ayant été bloqué par Trump, l’UE libérale se tourne vers l’Est (bien entendu en secret comme cela s’est produit pour le TAFTA ou le CETA) pour négocier le JEFTA, le plus gros accord de libre-échange au monde entre le Japon et l’UE. Il doit entrer en application en 2019 après vote au Parlement européen. Il représente 1/3 du PIB mondial et 600 millions de consommateurs
Ses objectifs :
-         Diminuer les derniers droits de douane pour intensifier le commerce de fromage, vin, viandes de bœuf et médicaments contre voitures et pièces auto japonaises
-         Supprimer les « obstacles inutiles aux échanges »
-         Ouvrir les marchés de services aux multinationales en interdisant « toute discrimination déloyale » visant à protéger une entreprise locale
On connaît la chanson !!!


Encart 5
A quand la prochaine crise ?

Pour l’heure, c’est l’euphorie à Wall Street. Le S&P 500 (indice de référence des investisseurs à la Bourse de New York) a franchi le record du plus long cycle de hausse sans krach = 325% entre le 6 mars 2009 et le 22 août 2018. La politique de la Banque centrale de taux bas a incité les actionnaires et les spéculateurs à prendre des risques, la réforme fiscale favorable aux entreprises de Trump, les baisses d’impôts, ont pour résultat l’excès de trésorerie pour les groupes financiers américains… qui se remettent à pratiquer le rachat de leurs propres titres puis à les supprimer afin de faire progresser le bénéfice par action. Les firmes américaines pourraient cette année racheter 1 000 milliards de dollars de leurs propres actions ! Un record absolu !
Jusqu’à quand ? La leçon de 2008 n’aura pas suffi ! Des tensions commerciales, notamment avec la Chine, devraient pourtant inciter à la prudence…
Le Monde 24.08.2018