Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


vendredi 31 août 2018


 Grèves simultanées des travailleurs d’Amazon en Europe

Le 17 juillet 2018, 80 % des travailleurs avec contrats fixes suivaient l’appel à la grève au dépôt d’Amazon à San Fernando de Henares (aux environs de Madrid). Les unités antiémeutes intervenaient aussitôt, faisant plusieurs blessés et deux arrestations. C’est ainsi que s’est déroulé le Prime Day « épique » d’Amazon (période de 2 jours au cours desquels Amazon offre des réductions sur les commandes). Les grévistes de Madrid ont été rejoints par des grèves dans sept centres logistiques en Allemagne auxquels se sont ajoutées des actions en solidarité en Pologne. Les protestations, internationalisées ont été amplifiées par leur écho sur les réseaux sociaux : des milliers de personnes ont appelé au boycott et condamné la répression policière. Les travailleurs ont réussi à gâcher la fête du Prime Day de Jeff Bezos (le patron d’Amazon dont Forbes estime la fortune à 151 milliards de dollars).
Cette multinationale du commerce en ligne est la plus importantes au monde, avec 80 dépôts dans divers pays. On peut y acheter de l’électroménager, des diamants, de la nourriture pour chats, des accessoires pour moto ou des romans policiers… presque tout ce qui est imaginable. Avec un stock constitué à grande échelle, la firme promet une livraison rapide des commandes à n’importe quel point de la planète. Le secret d’Amazon ne réside pas seulement dans son réseau logistique sans précédent, mais aussi dans la précarisation énorme du statut de ses travailleurs. Elle utilise cette structure globale pour limiter l’impact des grèves. Lors de conflits du travail en Allemagne, l’entreprise peut rediriger certaines commandes vers différents dépôts, surtout en Pologne ou en France. Dans chaque centre, Amazon emploie une proportion importante de main-d’œuvre temporaire pour diviser le personnel et rogner sur ses droits.
Pour mettre en échec un géant comme Amazon les syndicats affirment avoir besoin d’une stratégie à l’échelle de l’Europe pour aboutir à des actions syndicales unitaires. Harper, délégué des Commissions ouvrières (CC.OO) à San Fernando affirme que les grèves ont pour objectif l’unification de la classe laborieuse, nécessaire pour dépasser la concurrence des uns contre les autres imposée par le capitalisme. Les travailleurs ont en moyenne 24 ans, ils n’ont pas de conscience syndicale enracinée mais ils comprennent la lutte et la nécessité de la solidarité. En Allemagne Ver.di et à Madrid, la CGT vont dans le même sens « le monde est toujours plus petit. Le capital franchit les frontières facilement. Nous devons faire de même ! ». Adieu au prolétariat ? Non, bienvenue classe ouvrière !
Paru sur le site de A l’Encontre  alencontre.org
Sur les conditions de travail à Amazon, lire En Amazonie de Jean-Baptiste Malet, et l’article qu’il en a tiré pour le Monde Diplomatique (novembre 2013)