PES n° 46 est paru
Ci-dessous l'édito
Après nous
le déluge ou le désert ?
Que
l’on suffoque, ici, par l’augmentation de températures caniculaires, ailleurs,
par les incendies de forêts ou que l’on survive à la terreur et à la désolation
suite aux inondations, tempêtes, ouragans, tous ces drames ne semblent pas
vraiment affecter les grands et ultra-riches du monde. Certes, périodiquement,
il y a bien ces grand-messes médiatisées où ils pérorent en alignant fortes
promesses, certifiant tous, ou presque, qu’ils vont s’attaquer au réchauffement
climatique. Et ce, sans grands effets à part ceux de nous rendre passifs ou
culpabilisés. Ces promoteurs de la logique capitaliste qui « détruit l’homme et la nature » tentent
surtout de faire prévaloir une égo-écologie où chaque individu serait
responsable. S’il est vrai que 10% de la population mondiale émet le plus de
gaz à effet de serre et des montagnes de déchets et peut se protéger par l’air
conditionné, l’isolation des bâtiments ou en mangeant bio, il n’en est pas de
même pour les 90% restant, en particulier les plus démunis. L’été qui s’achève
est pourtant des plus alarmants.
Des
températures avec des pointes de 43,5° en Argentine, de 59,5° au Pakistan, de
40° en Californie, de 42° à Tokyo, en France, 59 jours au-dessus de 25° depuis
le début de l’année. Et Jean Jonzel, célèbre climatologue, de nous annoncer que,
si rien ne change, nous connaîtrons des pointes à 50° en 2050. Ces sécheresses
caniculaires se traduiront par des pertes de récoltes, des difficultés
d’approvisionnement en eau, voire des famines. En outre, le pic de 30° au
cercle polaire (!) confirme que le réchauffement climatique est deux fois plus
rapide dans l’Arctique. Il fragilise la calotte glaciaire et, par voie de
conséquence, participe au réchauffement des océans et à la montée des eaux.
Pires,
pour le maintien de l’écosystème, sont les incendies de forêts. Pendant que
Trump jouait au golf en Floride, 121 000 hectares brûlaient en Californie
et, simultanément, au Colorado, en Arizona, dans l’Oregon et même en Alaska.
650 000 ha cramés en plus. L’Amazonie, ce poumon de la planète, connaît
également des incendies dévastateurs : 272 000 répertoriés depuis
1999. L’Europe (comme l’Australie) n’est pas épargnée. En Grèce, en Espagne, au
Portugal, 1 million d’hectares de forêts ont été détruits, de même en Suède et
en Finlande ( !).
Tous
ces phénomènes qui résultent de l’augmentation de l’effet de serre, provoquée
tout particulièrement par l’émission de CO2, déréglementent le climat. L’on
connaît de plus en plus de pluies extrêmes, d’inondations, de glissements de
terrain catastrophiques, d’ouragans dévastateurs. La croissance du nombre des
réfugiés climatiques, parqués dans des camps, est pour demain. Et l’on peut
ajouter à cette vision apocalyptique la disparition d’espèces, l’appauvrissement
de la diversité biologique et l’arrivée de plantes invasives (!).
De
fait, la planète est au bord de la rupture. Ce 1er août fut le jour
où l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la nature peut régénérer
en un an. Ce jour de dépassement est de plus en plus précoce : 1975, le 1er
décembre, 1995, le 1er octobre. Les grands prédateurs ont encore de
la marge pour dire « après nous, le
déluge ».
Faut-il,
pour autant, céder au fatalisme avant qu’il ne soit trop tard ? Ce dont
nous avons besoin, ce sont d’hommes et de femmes issus des profondeurs des
sociétés qui s’organisent par en bas et prônent la rupture avec le système
capitaliste, pour faire prévaloir une économie de sobriété énergétique,
décentralisée, une société démocratique, égalitaire et de justice sociale. Il
ne suffit pas de « regarder ailleurs
quand la maison brûle » ou de chercher de boucs émissaires qui
exonèrent les castes dominantes.
Gérard
Deneux, le 27.08.2018