Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


vendredi 31 août 2018


PES n° 46 est paru
Ci-dessous l'édito 

Après nous le déluge ou le désert ?

Que l’on suffoque, ici, par l’augmentation de températures caniculaires, ailleurs, par les incendies de forêts ou que l’on survive à la terreur et à la désolation suite aux inondations, tempêtes, ouragans, tous ces drames ne semblent pas vraiment affecter les grands et ultra-riches du monde. Certes, périodiquement, il y a bien ces grand-messes médiatisées où ils pérorent en alignant fortes promesses, certifiant tous, ou presque, qu’ils vont s’attaquer au réchauffement climatique. Et ce, sans grands effets à part ceux de nous rendre passifs ou culpabilisés. Ces promoteurs de la logique capitaliste qui « détruit l’homme et la nature » tentent surtout de faire prévaloir une égo-écologie où chaque individu serait responsable. S’il est vrai que 10% de la population mondiale émet le plus de gaz à effet de serre et des montagnes de déchets et peut se protéger par l’air conditionné, l’isolation des bâtiments ou en mangeant bio, il n’en est pas de même pour les 90% restant, en particulier les plus démunis. L’été qui s’achève est pourtant des plus alarmants.

Des températures avec des pointes de 43,5° en Argentine, de 59,5° au Pakistan, de 40° en Californie, de 42° à Tokyo, en France, 59 jours au-dessus de 25° depuis le début de l’année. Et Jean Jonzel, célèbre climatologue, de nous annoncer que, si rien ne change, nous connaîtrons des pointes à 50° en 2050. Ces sécheresses caniculaires se traduiront par des pertes de récoltes, des difficultés d’approvisionnement en eau, voire des famines. En outre, le pic de 30° au cercle polaire (!) confirme que le réchauffement climatique est deux fois plus rapide dans l’Arctique. Il fragilise la calotte glaciaire et, par voie de conséquence, participe au réchauffement des océans et à la montée des eaux.

Pires, pour le maintien de l’écosystème, sont les incendies de forêts. Pendant que Trump jouait au golf en Floride, 121 000 hectares brûlaient en Californie et, simultanément, au Colorado, en Arizona, dans l’Oregon et même en Alaska. 650 000 ha cramés en plus. L’Amazonie, ce poumon de la planète, connaît également des incendies dévastateurs : 272 000 répertoriés depuis 1999. L’Europe (comme l’Australie) n’est pas épargnée. En Grèce, en Espagne, au Portugal, 1 million d’hectares de forêts ont été détruits, de même en Suède et en Finlande ( !).

Tous ces phénomènes qui résultent de l’augmentation de l’effet de serre, provoquée tout particulièrement par l’émission de CO2, déréglementent le climat. L’on connaît de plus en plus de pluies extrêmes, d’inondations, de glissements de terrain catastrophiques, d’ouragans dévastateurs. La croissance du nombre des réfugiés climatiques, parqués dans des camps, est pour demain. Et l’on peut ajouter à cette vision apocalyptique la disparition d’espèces, l’appauvrissement de la diversité biologique et l’arrivée de plantes invasives (!).

De fait, la planète est au bord de la rupture. Ce 1er août fut le jour où l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la nature peut régénérer en un an. Ce jour de dépassement est de plus en plus précoce : 1975, le 1er décembre, 1995, le 1er octobre. Les grands prédateurs ont encore de la marge pour dire « après nous, le déluge ».

Faut-il, pour autant, céder au fatalisme avant qu’il ne soit trop tard ? Ce dont nous avons besoin, ce sont d’hommes et de femmes issus des profondeurs des sociétés qui s’organisent par en bas et prônent la rupture avec le système capitaliste, pour faire prévaloir une économie de sobriété énergétique, décentralisée, une société démocratique, égalitaire et de justice sociale. Il ne suffit pas de « regarder ailleurs quand la maison brûle » ou de chercher de boucs émissaires qui exonèrent les castes dominantes.

Gérard Deneux, le 27.08.2018