Alertes
écologiques
« La maison brûle » sous l’effet de l’empreinte carbonée du mode
de production, d’échange et de consommation. Outre l’exploitation humaine, le
recours intensif aux énergies fossiles (charbon, pétrole) et à l’extractivisme
minier devient insupportable. Depuis des lustres, le réchauffement climatique
est avéré, les catastrophes se multiplient (ouragans, inondations…). Qu’importent
les alertes scientifiques répétées, les grandes messes médiatisées mettant en
scène les « grands » de ce monde pour nous rassurer. Et ce, en
prônant une écologie punitive (taxe carbone) assez dérisoire par rapport aux
enjeux : ceux du saccage de la planète, de la destruction de la
biodiversité et de la vie humaine. Que Trump se retire de l’accord non
contraignant sur le climat et permette l’accélération de l’extraction effrénée
du gaz et du pétrole de schiste, ou que Bolsonaro, au Brésil, autorise le
défrichage intensif de la forêt amazonienne, tout en organisant la chasse aux
Indigènes… ne font guère sourciller les gouvernants qui « regardent ailleurs ». Ils pointent
du doigt les consommateurs et les incitent à faire de petits gestes, tout en
les ponctionnant. Les mobilisations en cours et à venir, comme celle qui s’est
produite dernièrement au quartier financier de la Défense à Paris, ont désigné
les vrais pollueurs, en particulier Total.
Pour
illustrer ce propos général, le recul des glaciers, l’exploitation minière en
Norvège, la privatisation prévue des barrages hydroélectriques en France, sont
autant d’exemples significatifs.
La ressource
en eau qui fond… dans la mer
Une
équipe internationale de chercheurs a rendu le verdict après avoir notamment
examiné 19 000 glaciers dans le monde et en comparant les photos
aériennes et satellites au cours des 50 dernières années : 9 600
milliards de tonnes de glace ont disparu. Le phénomène s’est accéléré au cours
de la dernière décennie (2006-2016), occasionnant la perte de 335 milliards de
tonnes de glace chaque année, soit 3 fois le volume de glace de l’ensemble des
Alpes européennes. Cette fonte se produit aussi bien en Alaska qu’en Patagonie.
Le plus alarmant, pour les populations qui y vivent, c’est l’état dégradé des
glaciers dits tropicaux dans la cordillère des Andes, en Equateur, au Pérou, dans le
Caucase ou les Alpes. Si le rythme actuel de réchauffement et de fonte se
maintient, nombre d’entre eux disparaîtront d’ici la seconde moitié du 21ème
siècle, diagnostiquent les chercheurs. On imagine déjà les conséquences, pour
l’agriculture et les hommes, de l’amenuisement de cette ressource en eau qui,
via les fleuves, se déversera dans la mer.
Demain, des
Lapons intoxiqués
La
société NUSSIR vient d’obtenir, en Norvège, l’autorisation d’exploiter en
Laponie, le plus gros gisement de cuivre, d’or, d’argent, de platine. Elle
compte extraire 6 500 tonnes de minerai par jour. Elle a prévu de déverser
dans un fjord à proximité, les boues toxiques chargées de produits chimiques et
de métaux lourds. Tant pis pour le saumon sauvage qui s’y trouve et les terres
traditionnelles d’élevage de rennes. Les Sami, ces populations qui en vivent, se
mobilisent. Le ministre leur a répondu que c’était pour la bonne cause de la transition
écologique : « Les matériaux
seront utilisés pour les panneaux solaires, les éoliennes et les voitures
électriques ». Le même type d’argument pour un pétrole propre et moins
cher avait déjà été utilisé pour l’exploitation de l’or noir dans l’Arctique.
Bientôt… la
grande braderie es barrages
La
France est mise en demeure par la Commission européenne : la privatisation
des barrages, par mise en concurrence des prétendants, doit être réalisée d’ici
fin 2019. Fillon en a fait la promesse en 2010. Edouard Philippe a répondu que
son gouvernement y travaillait et que 150 barrages étaient concernés. Total, la suédoise Vattenfall, le finlandais Fortum,
à l’affût, sont autant de rapaces qui piaffent pour s’accaparer ces actifs
rentables, financés par les contribuables. Las, il faut compter avec les Gilets
Jaunes et, pour la privatisation des aéroports de Paris qui provoque des
haut-le-cœur, sur les critiques virulentes de la CGT, de SUD et des experts.
Les barrages hydro-électriques ne produisent pas seulement de l’électricité à
bas coût, mais aussi de l’eau pour les agriculteurs, les bases de loisirs, et
refroidissent également les centrales nucléaires. Pour les gouvernants, il ne
faut donc pas « agir trop vite » et attendre les européennes pour les
brader…
Serge
Victor