Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


dimanche 5 mai 2019


Ripolinage et gazage en même temps
(Editorial de PES n° 53 - parution début mai)

Durant 1h30, le discours-bavardage de Macron devant la cohorte de journalistes et de courtisans-ministres bien alignés, a révélé l’état de fébrilité du pouvoir, obligé de multiplier les actes de contrition. Pensez donc, Jupiter face aux coups de boutoir des Gilets Jaunes « a beaucoup appris ». Il a découvert l’injustice régnante, le sentiment d’abandon, l’existence de familles monoparentales, les handicapés délaissés, les retraités modestes et même l’état lamentable des EHPAD. Pour ripoliner la façade craquelée de ce pouvoir lézardé, la pommade acide qu’il administre sur les plaies sociales consiste à mieux y enfoncer les clous de l’austérité, en les enrobant de baumes démagogiques : « je crois qu’il faut continuer comme avant », tout en jetant pour les Gilets Jaunes des amuse-gueules de proportionnelle à venir, de réduction du nombre de parlementaires, d’initiatives référendaires bien encadrées et à parsemer de quelques citoyens, tirés au sort, ce Conseil économique et social dont on n’entend guère la voix.

Il s’agit, en fait, de gagner du temps, en espérant apaiser les déshérités de ce régime, pour mieux faire accepter les souffrances à venir. On ne fermera plus d’écoles mais… des classes, plus d’hôpitaux… mais des services. On supprimera l’énarchie pour la voir renaître sous le sigle de l’ISF – Institut Supérieur de la Fonction Publique. On répondra aux plaintes de la ruralité par de pauvres maisons de services publics cantonaux… Les concessions de pure forme pour les retraités pauvres, notamment via la ré-indexation des pensions, se mesureront à la décote qui va leur être imposée, les obligeant à travailler au-delà de 62 ans.
Quant à l’écologie, elle vaut bien un comité Théodule, un Conseil de la Défense ( !), pour affirmer qu’il est urgent d’attendre.

Pour tenter de reconquérir une popularité en berne, il fallait bien quelques badigeons de baisses d’impôts sur le revenu, en attendant l’augmentation des taxes. De même, flatter les maires s’imposait afin que, demain, responsables, ils assument une nouvelle dose de décentralisation qui s’annonce, sans fric. Quant au grisbi du profit, pas touche, à moins que, selon leur bon vouloir, les actionnaires consentent à verser quelques primes dérisoires.

Tout ça, parce que le roitelet de l’Elysée n’est que le serviteur zélé de la politique économique de Bruxelles, celle définie par les traités européens et, désormais, depuis Sarko, fixée dans le marbre de la Constitution, en son chapitre XV. Afin que l’on ingurgite la dose de précarité maintenue, quelques placebos de « patriotisme » dit « inclusif », tout en agitant le spectre de l’islamisme dans les quartiers, devraient faire l’affaire, du moins pour tenter de reléguer en deuxième position le lepénisme aux prochaines élections.

Mais, ce 1er mai, les Gilets Jaunes ont continué de chanter « On est toujours là. Pour défendre les salariés, les retraités » et avec les syndiqués. Et ce dont Macron a évité de parler, les violences policières, de redoubler : charges et gazages n’épargnant aucun d’entre eux. Martinez exfiltré, les manifestants se réfugiant dans l’hôpital de la Salpêtrière…Tous les matraqués ne se satisferont pas de l’excuse de la présence des Black Blok. Il en faudra plus... pour croire Macron qui prétend « mettre l’humain au centre » tout en contournant les ronds-points.

Quant à la scène électorale, elle risque d’être largement désertée. Certes, des strapontins peuvent être réservés pour ceux qui vocifèrent contre les étrangers, les macroniens pur jus et ceux voulant faire entendre une voix différente, s’époumoneront, impuissants dans ce Parlement sans pouvoir réel, à faire croire que « Bouge l’Europe » serait possible, comme le préconisait Robert Hue, de triste mémoire.

Reste que cette deuxième partie du quinquennat risque d’être bien agitée. Le ripolinage et le gazage ont encore de l’avenir.

GD, le 3 mai 2019