Nous avons lu...
Le fond de l’air est jaune
Ce livre est le recueil de nombreuses
contributions (Sophie Wahnich, Ludivine
Bantigny historienne, David Graeber, Alexis Spire, Etienne Balibar…),
autant d’analyses à chaud de l’avènement d’un évènement impensable avant son
déclenchement. Accompagné de photos, de slogans, de l’appel de Commercy, de
textes des Gilets Jaunes, il insiste sur deux facteurs essentiels : la
violence symbolique du pouvoir macronien à l’encontre des classes subalternes
et le « rejet d’un monde où la pauvreté
et la précarité côtoient la richesse éhontée, où la concurrence et le marché
saccagent l’environnement, épuisent à petit feu les classes populaires ».
Ce mouvement a déjà réussi ce que 30 ans de luttes sociales et écologiques
n’étaient pas parvenues à faire : s’en prendre au pouvoir lui-même et non
composer avec lui. En investissant les Champs Elysées, interdits de
manifestations depuis le 6 février 1934, et les beaux quartiers bourgeois, il
s’en est pris à l’oligarchie régnante et à son commis, Macron. Face aux
politiques néolibérales des partis dominants de droite et de gauche, les
ronds-points investis sont les lieux où des gens qui s’ignoraient apprennent à
échanger et à se connaître. Cette repolitisation par en bas, cette demande de
justice sociale, fiscale, environnementale, manifeste également une volonté de
démocratie sociale, une réappropriation du pouvoir par le peuple. En l’absence
de convergence des luttes, le « retour à l’ordre » peut
finalement s’imposer mais la continuité des politiques d’austérité ne peut
que provoquer à terme, une nouvelle vague de mobilisations plus importante et
encore plus cohérente. C’est ce qui semble se dessiner après les appels et
rassemblements à Commercy et à Saint-Nazaire. Un mouvement social et politique
peut-il en naître ? La réponse est inscrite dans l’histoire présente et à
venir. A lire de toute urgence pour « comprendre
une révolte inédite ».
Collectif, Seuil, janvier 2019, 14.50€