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Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


dimanche 5 mai 2019


Soudan, Algérie… Révoltes des peuples

Assiste-t-on à la naissance d’une deuxième séquence des révoltes arabes, au vu des mobilisations populaires monstres qui affectent les régimes en place en Algérie et au Soudan ? Mis à part en Tunisie, où tout avait démarré en 2011 (ce que les médias ont appelé les printemps arabes), les pays concernés ont été l’objet, soit d’une restauration dictatoriale (Egypte, Bahreïn), soit ont basculé dans des guerres civiles attisées par les interventions étrangères (Syrie, Yémen, Libye). Au-delà des mouvements anti-Béchir et anti-Bouteflika, l’aspiration à la liberté et à la démocratie traverse le Proche-Orient et l’Afrique du Nord avant, demain, de se répandre sur tout le continent africain ? Depuis une soixantaine d’années, les indépendances accaparées ou octroyées n’ont permis que l’installation de systèmes de prédation, d’économies rentières et d’Etats militaro-policiers gangrenés par la corruption. Les révoltes n’ont pas manqué, sauf dans les pétromonarchies gorgées de pétrole qui sont, jusqu’à présent, à l’abri des secousses telluriques déstabilisant les tyrannies. Partout, le feu couve sous la braise, même dans les régions dont on ne parle pas (Rif marocain, Bassora dans le sud de l’Irak). En s’attardant plus sur la situation au Soudan, on voudrait ci-après montrer que les convulsions présentes ne sont qu’un avant-goût des révoltes à venir, scandées par des répressions et des interventions étrangères pour maintenir ou restaurer l’ordre tyrannique qui, en dernière instance, satisfont les grandes puissances et les sous-impérialismes régionaux.

1 - Soudain, le Soudan

Tout a commencé, en apparence et à bas bruit médiatique, le 19 décembre 2018, après une longue impatience du peuple : les classes moyennes sont, depuis 8 ans, laminées par une crise économique qui a débouché sur une hyper inflation (officiellement 70 %). Le régime d’oppression et de surveillance d’Omar El Bachir reposant et imposant une vision rétrograde de l’islam au moyen d’une armée et de milices omniprésentes, ne peut, dans un premier temps, se maintenir à flot qu’avec l’aide des pétromonarchies qui le renflouent, en se payant sur la spoliation de terres agricoles et en chair à canon pour la guerre au Yémen, menée par l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis contre la rébellion houthiste. Mais, désormais, malgré tous les artifices, les caisses de l’Etat sont pratiquement vides, les banques n’ont plus de liquidités, les distributeurs automatiques sont vides.

Suite à l’appel lancé par la « déclaration pour la liberté et le changement », le peuple est dans la rue et prétend imposer, pacifiquement, la fin du régime. Avant d’examiner les caractéristiques de ce mouvement populaire massif, une rétrospective s’impose.

Du colonialisme à l’indépendance marquée par des guerres internes

Il y a plus de 130 ans, les forces anglo-égyptiennes interviennent pour mater la révolte du Mahdi (le sauveur) qui entend se débarrasser de l’oppression ottomane. Le Royaume Uni, qui prétend que ses intérêts ( !) sont menacés, prend Khartoum, avant de subir, après un siège d’une année (1884-1885), une défaite cinglante. La deuxième intervention anglo-égyptienne prend la forme d’une vengeance sanglante contre les troupes du Mahdi, lui-même est décapité en place publique.
Colonie britannique dès 1896, l’indépendance du Soudan est octroyée en 1953. Le pays est marqué à la fois par le tiers-mondisme de Nasser et surtout par l’influence de l’islam. En fait, ce sont des cliques militaires qui vont se succéder jusqu’au coup d’Etat d’Omar El Bachir qui ravit le pouvoir à l’occasion du mouvement populaire de 1985 et de l’influence de son mentor, le cheikh prêcheur Tourabi, prônant un islam rétrograde antioccidental. La junte militaire islamiste qui s’installe en 1989, non seulement va héberger des terroristes, Carlos et Oussama Ben Laden, et pour ce dernier jusqu’au moment de son départ en Afghanistan (1996), mais surtout, va mener des guerres impitoyables contre son propre peuple. Dès 2003, ses milices janjawids opèrent au Darfour (est du Soudan) un véritable génocide (300 000 morts), puis c’est la région la plus pauvre, la plus abandonnée de Kordofan au sud du Nil, puis la guerre contre le Soudan du sud qui parvient, au prix d’effroyables souffrances et de divisions ethniques, à obtenir son indépendance en 2013. Dans la même période, se succèdent les répressions contre les révoltes populaires en 1995, 2011, 2013. Ce qui vaut, surtout pour le nettoyage ethnique au Darfour, au dirigeant El Bachir, d’être accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, sans pour autant être déféré devant la Cour Pénale Internationale, malgré les méthodes employées : « tuer, brûler, violer, piller, mutiler, affamer et recommencer ».

Toutefois, la décennie 1999-2011 s’apparente à une période de paix relative et de prospérité. Le boom pétrolier rapporte des devises, le pouvoir semble changer de cap, il s’aligne de fait sur le néolibéralisme. Il obtient ainsi la levée des sanctions américaines et des fonds de sociétés étrangères. Les entreprises publiques sont privatisées et cédées à des proches du pouvoir, incompétents et corrompus. Sous couvert d’un discours islamiste, c’est une politique ultralibérale qui est menée. Les obligés du pouvoir d’El Bachir s’enrichissent par spoliation. Le secteur minier de l’or passe sous le contrôle des services de renseignements et des milices. Bien que ce pays soit le 3ème producteur mondial derrière l’Afrique du Sud et le Ghana, le peuple n’en bénéfice pas. Qui plus est, l’exploitation de ce minerai a un impact environnemental catastrophique, tout particulièrement dans les zones agricoles où il pollue les eaux du Nil. La classe moyenne est spectatrice de ce gâchis et de ce pillage. Quant aux plus pauvres, ils en subissent les conséquences. La donne change avec la sécession du Soudan du sud où s’effectuent les ¾ de la production pétrolière. Les compensations, prévues lors de l’indépendance de ce nouveau pays, ne seront jamais versées et pour cause, la guérilla se scinde en deux fractions qui se livrent une guerre meurtrière, résultant pour partie des divisons ethniques qu’avait instrumentalisées Khartoum. C’est à l’issue de cette période que date la prise de conscience du peuple sur la nature des guerres menées par le pouvoir : « Nous sommes en train de récupérer notre histoire ».

La révolte populaire, son organisation, sa nature et sa détermination

Contrairement à ce qui se passe en Algérie, la révolte semble organisée. Le triplement du prix du pain fut l’occasion saisie par la coalition, que semble diriger le syndicat alternatif Association des professionnels soudanais (SPA), pour lancer son appel à manifester le 18 décembre 2018. Outre le syndicat, cette structure regroupe ce qui reste des groupes armés du Darfour, du Kordofan, de l’Etat du Nil bleu et même des Frères musulmans. Les têtes de la contestation, dont certains sont en prison depuis 4 mois, sont dans la clandestinité.
Le programme de ce regroupement, outre la paix, veut instaurer un gouvernement provisoire de techniciens ( ?) pendant 4 ans, dont la tâche serait d’instaurer une économie de transition, de rallier une partie au moins de l’armée et de mettre fin à la corruption. Les consignes de la SPA semblent suivies avec la constitution des comités de quartier, de rassemblement dans des lieux différents, donnés en dernier moment, et de fusion des manifestants. En tout état de cause, depuis décembre 2018, le peuple n’a cessé de descendre dans la rue. Face à cette déferlante qui touche toutes les villes du Soudan, le pouvoir semble pris au dépourvu, divisé sur les mesures à prendre. Ce n’est que le 22 février qu’El Bachir décrète l’état d’urgence, sans d’ailleurs que cela ait un impact sur la détermination des manifestants. Au contraire, leur nombre ne cesse de s’accroître. Les 6 et 7 avril, des centaines de milliers convergent vers le quartier général de l’armée de l’air et de la marine et appellent à la fraternisation. Rien ne les arrête malgré les ponts bloqués, les violences, les tirs. Et tout commence à basculer : les forces dites de sécurité ont tenté d’attaquer les manifestants mais les militaires ont pris parti pour les manifestants et ont ouvert le feu sur les forces répressives. La  Force de réaction rapide du colonel Daglo Hemetti se trouve face à l’armée. Le 9 avril, c’est une foule immense qui se retrouve de nouveau devant le quartier général de l’armée comme pour fêter une première victoire après plus de 60 morts. La dualité entre les forces armées permet de rendre compte de cette première brèche : fraternisation avec les simples soldats et officiers de rangs intermédiaires face aux armées bis d’Omar El Bachir de 30 000 hommes, mieux dotées mais elles-mêmes divisées et réparties sur tout le territoire, y compris aux frontières pour empêcher l’émigration. En effet, nombre de milices et de Janjawids ont été, avec  les deniers de l’Europe, reconvertis en garde-frontières quand ils ne sont pas allés, comme chiens de guerre, combattre au Yémen.

Coup de théâtre en deux temps le 11 avril. Le fusible El Bachir est débarqué… en prison. L’instauration d’un conseil militaire dit de transition semble être un coup d’Etat dans l’Etat. Il interdit d’être dans les rues de 22 heures à 4 heures du matin. Les manifestants n’obtempèrent pas. Le quarteron de 10 officiers et généraux, ayant à sa tête Ibn Auf, ministre de la défense depuis 2015, celui qui a attisé une guerre fratricide au sud, armé des groupes de pillards qui ont commis des atrocités contre la population, ainsi que le général Salah Gosh, chef du service de renseignement, entendent mener une transition pour que rien ne change afin de préserver leurs intérêts. Le second semble avoir le soutien de l’Egypte, des USA, de l’Arabie Saoudite et d’une partie des pétromonarchies. Malgré la décision prise de libérer les prisonniers politiques, les manifestants continuent d’exiger la chute du régime.

Entre compromis, restauration et libération ?

Pour l’heure, un compromis entre les aspirations du peuple et le replâtrage du régime semble impossible,  compte tenu, surtout, de la nature du mouvement et celle des forces répressives. Ceux qui manifestent pacifiquement ne peuvent oublier la répression qui s’est abattue sur eux de décembre à février. Des centaines, puis des milliers d’arrestations ont rempli les prisons où la torture est parfois pratiquée jusqu’à la mort (60 décès comptabilisés au 6 avril) et toutes les mains brisées à coups de crosse ou de tuyau. Ils ne peuvent « pardonner » les coups de fouet, de bâton, les tirs de kalachnikovs. Car « ce n’est pas juste la peur qui s’en est allée, c’est le droit de vivre qui nous est revenu ». Plus fondamentalement, outre la misère effrayante, c’est la composition des manifestations qui est significative : les femmes sont les plus nombreuses. Elles en ont marre du régime islamiste et des interdictions qui les brident : les vérifications de la « décence » de leurs tenues, l’interdiction du pantalon, la vérification de ceux qui les accompagnent, surtout en  voiture, et cet article 152 du code pénal qui permet de les arrêter, de les condamner à être fouettées et de se voir infliger de lourdes amendes. Et comme dit l’une d’entre elles « la liberté vaut la peine d’aller mourir dans la rue » », et ce, à l’instar d’Alaa Salah, cette icône du mouvement. Elle n’hésite pas, le 8 avril, depuis le toit d’une voiture à haranguer la foule et à entonner des chansons à la gloire de la « révolution » en cours. Autre particularité du même ordre, dans les universités, les femmes représentent 76 % des étudiants. La contestation, de fait, est partie des classes moyennes éduquées avant d’entraîner le grande masse du peuple, surtout dans les villes. Et comme dit la sœur d’Alaa « on ne veut pas changer de dictateur, on veut changer le monde, la façon dont nous vivons ».

Face à ces aspirations, l’appareil d’Etat, quoique divisé, est intact. A sa tête demeurent les responsables des exactions et de l’incurie du régime. Leur plan : sauver les intérêts de la caste, y compris le haut commandement de l’armée. Ils trouveront, à coup sûr, le soutien des dictateurs et des pétro-monarques qui veulent à tout prix éviter la propagation dans leurs pays de cette insurrection iconoclaste, à leurs yeux. Tout est possible mais rien n’est encore joué. La coalition autour de l’Association des Professionnels parviendra-t-elle à entraîner une partie de l’armée, à organiser la prise de pouvoir et nettoyer les écuries d’Augias ? Cette interrogation traverse de nombreux pays du Moyen Orient et du Maghreb. Jusqu’ici la restauration, y compris par la guerre civile, a permis aux prédateurs de conserver le pouvoir. La voie révolutionnaire est souvent étroite et le pire est toujours possible.

2 – De l’Algérie en passant par la Libye, le Yémen et l’Afghanistan

On ne peut, ici, qu’évoquer les situations différentes de ces pays, sans souligner la mise en garde des Egyptiens solidaires du peuple soudanais : « Ne laissez pas l’armée confisquer les fruits de votre combat » (Gamel Eid). Cette sentence vaut notamment pour les Algériens.

Le mouvement populaire de grande ampleur qui secoue leur pays, tous les vendredis, a commencé par le refus de la candidature de Bouteflika pour un 5ème mandat, sur fond de ras-le-bol d’une situation sociale douloureuse, marquée entre autres par le chômage abyssal de la jeunesse. Le mort-vivant qui n’apparaissait plus qu’en photo dans son cadre fut l’humiliation de trop. La détermination du peuple, malgré les exactions policières, le 12 avril, a contraint la clique au pouvoir de se débarrasser de cette figure conspuée. Mais ce qui s’est mis en place, à savoir la continuité des « 3 B » d’un côté, et de l’autre le général de l’armée Gaïd Salah, démontre les tiraillements qui secouent l’appareil d’Etat. Ce dernier en se démarquant de la police à l’égard des manifestants le 12 avril, réaffirme qu’en dernière instance (et ce, depuis, de fait, 1962), c’est l’armée qui dirige. Quant aux obligés de Bouteflika, Belaiz, le président du conseil constitutionnel, Bensalah, le président par intérim ou Bedoui, le 1er ministre, ils sont renvoyés à leur rôle de marionnettes transitoires. Pour le pouvoir maffieux, qui vit de l’accaparement de la rente pétrolière depuis des décennies, il s’agit de sauver l’essentiel, leurs intérêts, quitte à exfiltrer quelques têtes. Face à l’exigence populaire « Qu’ils partent tous », le général, ex-bras droit de Bouteflika l’a assuré : « Il serait déraisonnable de gérer la période de transition sans les institutions qui organisent cette opération ». Autrement dit, les organisateurs de la fraude électorale pourraient toujours sévir, d’autant que les candidats de la campagne électorale et son financement remettraient, sur le devant de la scène, les mêmes… Pas si simple, « ce piège à cons » doit être mis en œuvre pour le 4 juillet prochain, date fixée pour l’échéance électorale. En effet, nombre de maires ont refusé d’organiser cette consultation… Le mouvement peut-il prendre de l’ampleur, les manifestations monstres se poursuivre ? En tout état de cause, il semble que le général Gaïd Salah anticipe un arrêt de la mobilisation. A la différence de la situation soudanaise, le mouvement spontané algérien ne semble pas en état, pour l’heure, de se doter d’une organisation d’opposition.

En Libye, ce pays qui a sombré dans la guerre civile, après l’intervention franco-anglaise appuyée par les USA, ne semble pas prêt d’en sortir. Deux gouvernements se font face. L’un, reconnu initialement par ladite communauté internationale, siège à Tripoli. A sa tête, un dénommé Sarraj, débarqué pour réaliser une union nationale des différentes milices. L’autre, qui s’est imposé en Cyrénaïque (Est libyen), a obtenu le soutien et l’aide militaire de l’Egypte d’Al Sissi, de l’Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis. Aux commandes de ce gouvernement autoproclamé, le général Haftar, ancien cacique de Kadhafi, récupéré par la CIA, puis résident aux Etats-Unis avant de reprendre du service. Il est parvenu à occuper les champs pétroliers au sud et menace désormais Tripoli. L’attaque surprise, le 4 avril, vers Tripoli, a fait plus de 200 morts, 800 blessés et provoqué le déplacement de 25 000 personnes. Macron soutient de fait cet « homme providentiel » et, au grand dam de l’Italie, prétend avoir sa part de gâteau sur les ressources pétrolières. Quant aux migrants, piégés, ils seraient 810 000 dont nombre d’entre eux pourrissent dans des camps. L’un d’entre eux aurait été pris par les troupes d’Haftar et leurs « résidents », enrôlés de force. Les soutiens d’Haftar n’ont qu’un souhait, évacuer le fief de Benghazi, de ces miliciens « révolutionnaires » sous influence des Frères musulmans et étouffer toute velléité d’aspirations démocratiques. Elles étaient fragiles dans ce pays, malgré la volonté manifeste en son temps, de se débarrasser du dictateur Kadhafi. Les subsides distribués par la manne pétrolière, cette « merde du diable », comme disent certains Africains, ainsi que le recours à de la main d’œuvre étrangère, avaient dissipé les faibles lueurs démocratiques sous le poids des grilles de lecture religieuses.

Il en est de même, sous d’autres formes, au Yémen et en Afghanistan.

Le Yémen est coupé en deux suite à l’intervention militaire de l’Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis et de la rébellion houthiste qui ont étouffé les aspirations démocratiques, les transformant en guerre civile alimentée notamment par les terroristes et milices islamistes. Inconcevable pour les pétromonarchies wahhabites que les Houthistes prennent le dessus : ceux qui se réfèrent à une religion s’apparentant au chiisme iranien. D’où le blocus du port d’Hodeïda, visant à affamer la population. Quant à la France, elle est à la manoeuvre : les Mirage 2000, les blindés Leclerc, l’artillerie Caesar (42 km de portée) et autres hélicoptères, frégates et corvettes, sans compter les armes US, prouvent s’il en est besoin que l’industrie de la mort tourne à plein régime. Hollande puis Macron ont en effet décidé de continuer de livrer du matériel militaire à l’Arabie Saoudite et aux EAU. Que des journalistes français viennent révéler qu’il en est bien ainsi, est considéré comme un « crime » leur valant les foudres de la DGSE qui leur intente un procès pour violation du secret-défense. Ainsi va ce pays à la dérive. Contre toute attente, malgré les 24 000 bombardements, les Houthistes résistent. Il n’empêche, force est de constater que l’intervention étrangère n’est guère source de progrès, au contraire.    

Pour s’en convaincre, si nécessaire, il n’est que de se référer à l’Afghanistan. Les successives interventions militaires de l’URSS, puis des USA, y compris l’ingérence du Pakistan, n’ont guère permis d’avancer vers la paix. A moins que, de guerre lasse, Trump ne retire ses troupes, comme il l’a annoncé, suite aux négociations plus ou moins secrètes avec les talibans. En tout état de cause, la Cour Pénale Internationale, sous pression états-unienne, vient d’annoncer qu’elle renonce à enquêter sur les crimes de guerre commis par les Etats-Uniens, les talibans et le gouvernement de Kaboul. Que l’on ne parle plus à Trump des tortures à Abou Graib, à Guantanamo, ni dans les prisons secrètes de la CIA en Pologne, en Roumanie, en Lituanie ou en Egypte… La justice des vainqueurs ne le permet pas.

Tout ceci pour constater que la longue marche des peuples pour la liberté et l’égalité se trouve entravée par les interventions étrangères, les appareils d’Etat oppressifs et les grilles de lecture archaïques de leur propre oppression et exploitation. Il n’en demeure pas moins qu’en Afrique et au Moyen-Orient, l’importance de la jeunesse, y compris celle qui s’exile, porte les combats à venir. Elle se laissera de moins en moins manipuler.

Gérard Deneux, le 27 avril 2019