Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mardi 14 mai 2019


Macron, en mal de convalescence de la jaunisse

Cette grande annonce attendue, révélée, puis différée, pour cause d’incendie de Notre Dame de Paris, se devait de clore, voire enterrer la mobilisation des Gilets Jaunes dans laquelle Macron est empêtré depuis de bien trop longues semaines. La séquence des élections européennes devait ouvrir de nouveaux horizons politiciens. C’est encore raté.

Et pourtant, le roitelet de l’Elysée y avait cru. Plus gaullien en apparence que dans les faits, pendant 2h30 devant les journalistes complaisants, il avait péroré ; certes, ses propositions étaient vagues, mais c’était la 2ème fois qu’il lâchait du lest, pour tenter de s’échapper de la nasse des Gilets Jaunes : baisse des impôts sur le revenu, conseil de Défense ( !) écologique, maison des services au public dans chaque canton…

Lui qui s’occupait de tout dans les détails déléguait au gouvernement le soin de la mise en œuvre de ses orientations. Le séminaire qui s’ensuivit est vite apparu laborieux ; ça patinait. Ce n’était pourtant pas si difficile d’implanter, par exemple, 200 maisons de services au public, puisqu’il en existe déjà 1 340 ! « On va en construire 500 d’ici la fin de l’année » a dit Macron. Plus fort que la réhabilitation de Notre Dame de Paris ?

Puis, comme en son temps Sarko, Macron nous a chanté « J’ai changé ». Il allait désormais « mettre l’humain au centre », « au cœur du projet », « écouter les gens » pour faire de la pédagogie plus adaptée, bref, construire de nouvelles entourloupes. Buzyn, pour faire le buzz, d’ajouter : « je prends le sujet des déserts médicaux à bras le corps ». Ce n’est pas très propre cette calinothérapie… Et patatras, ce fut ce 1er mai qui ne parvint pas à se couler dans le rituel des déambulations traîne-savates.

Passe encore que les syndicalistes soient gazés, matraqués, que certains plient bagages et banderoles, mais Castaner, avec l’épisode de l’hôpital de la Salpêtrière « nous a gâché la semaine », lança Macron furieux face à l’outrance de son ministre du désordre public. « L’attaque » se convertit en « intrusion violente » alors que les images diffusées démontraient que l’hôpital ne fut qu’un lieu de refuge face à la violence policière. Mais comment étouffer ces 230 plaintes pour violences policières, qui risquent de tout gâcher dans les semaines à venir ? Castaner va-t-il ordonner le refus de les enregistrer ? Et Macron de s’en prendre à la presse : « Qu’on arrête cette querelle de mots ». Cocasse ! Lui qui en abusait contre ces « Gaulois réfractaires », ces fainéants qui refusent de traverser la rue pour trouver du boulot, « ces gens qui ne sont rien » et ces retraités qui n’ont « pas le droit de se plaindre ».

Et cette campagne électorale qui patine, qui ne démarre qu’à grand’ peine. Cette Loiseau, à la tête de la liste LRM qui a tellement appris à marcher au pas, qu’elle ne s’envole pas : elle est en perdition. Macron se voyant obligé, pour tenter de racoler des écolos, de descendre de nouveau dans l’arène pour défendre la vie sauvage, sauvegarder les espèces en voie de disparition, bien qu’il nous assure qu’il manque d’espèces budgétaires. Ce sursaut écolo, malgré le glyphosate prolongé et le Hulot perdu, la démago peut-elle faire illusion ?

Pire, semble-t-il, rien ne va plus, la marche prend des allures de débandade. Il ne peut même plus compter sur LRM. Une dizaine de ses salariés, sur 90, veulent bénéficier ( !) d’une rupture conventionnelle ; ils digèrent très mal leurs salaires « inférieurs de 20 à 30 % à ce qu’ils pourraient obtenir dans le privé ». Refus de la DRH ! Vont-ils rejoindre les ronds-points ? D’autres se sont fait la malle dans le privé, comme la directrice de la Com,  Pettavino ; ses fonctions sont, depuis, externalisées, l’agence Havas fera l’affaire. En outre, le recrutement de Paul Midy, ancien patron de livraisons de repas Frichti, est censé faire prendre la mayonnaise LRM…

Reste que Macron espérait avoir rallié les juppéistes, et bien, là aussi, ça ne marche qu’à reculons. Certains l’ont lâché pour faire liste à part, d’autres, ces grands maires qu’il a tant soignés, ont rejoint Bellamy/Wauquiez, le reste se fait très discret et évite de se mouiller : les ingrats ! Alors, Macron de tonner « il faut maintenant les prendre les uns après les autres pour qu’ils traduisent leur soutien en acte ». Vaste programme.

Sans compter l’abstention, arriver en 2ème place, derrière la liste lepéniste serait du plus mauvais effet pour la suite du mandat macronien. La désertion du premier cercle, ses conseillers, pourrait s’amplifier. Jouer au grand fédérateur de l’Europe néolibérale n’engendrerait que rires sardoniques. Pire ! Les élections suivantes ne pourraient plus permettre à LRM, ce parti hors sol, de s’implanter dans les territoires.

Enfin, il y a tous ces partis de l’ancien monde qui jouent maintenant au  plus protectionniste que moi tu meurs ! Qu’ils soient verts, solidaires, made in France, tous les néolibéraux s’y mettent. « L’Europe macronienne qui protège », les Français n’y croient plus ; un nouvel assaut démago n’y changera rien. Qu’importe que ces clameurs soient incompatibles avec les traités européens, le chapitre XV de la Constitution, et qu’en Europe, une grande partie des pays émettent une opposition farouche à toute limitation du libre-échange. Racoler le populo reste la règle politicienne.

Bref, comme disait Chirac, pour Macron « Les emmerdes volent en escadrilles ». La dernière en date risque de lui pourrir la vie jusqu’en 2020. Les Gilets Jaunes ont donné du courage à 248 parlementaires d’opposition, pour lui polluer sa fin de mandat. Cette alliance contre nature, inédite, a reçu l’aval du Conseil constitutionnel : proposition de loi référendaire contre la privatisation des Aéroports de Paris, malgré (ou à cause !) du vote par le Parlement de la loi Pacte, dans laquelle, elle est inscrite… mais dont les décrets d’application ne sont pas parus. Ça n’a pas marché assez vite ! Et le gouvernement est obligé d’annoncer le report de la privatisation et les recettes envisagées pour satisfaire Bruxelles, avant le décret gouvernemental, dans le délai d’un mois maxi, afin de s’engager dans la collecte, pendant le délai de 9 mois, de 4 717 396 signatures. Va falloir également mettre en place un site informatique spécial pour les saisir. Ensuite, le Parlement aura à se prononcer dans un délai de 6 mois. Si l’une des deux Chambres refuse, ce sera… enfin ! Le référendum. Macron, qui proposait de simplifier le RIP (Référendum d’initiative populaire), risque d’être ripoliné en jaune pendant toute cette période agitée. Bref, malgré toutes ses contorsions, pas moyen pour le 1er de cordée de se guérir de cette jaunisse…

On peut toutefois espérer que la séquence qui va s’ouvrir dissipera les brumes confusionnistes de l’Europe néolibérale en accentuant ses propres contradictions. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres tant que résonnent les bruits de bottes sécuritaires, xénophobes. Qui plus est, les illusions électoralistes persistent. Jusqu’à preuve du contraire, il faut s’en tenir au bon mot de Coluche : « Si voter changeait quelque chose, il y a longtemps que ça serait interdit » !

GD le 12 mai 2019