à lire... Le grand manipulateur. Les réseaux secrets de Macron
Journaliste d’investigation, Marc Endeweld révèle les moyens dont a pu
disposer l’ambitieux Macron. Certes, ce Rastignac a pu bénéficier d’une
conjoncture favorable. Le calamiteux quinquennat de Hollande, les postes (SG de
l’Elysée puis ministre de l’économie) et la fonction qu’on lui octroya, et puis
la dégringolade de Fillon empêtré dans ses scandales et ses mensonges. Il a été
également propulsé par de grands patrons, Bernard Arnault, Xavier Niel, pour ne
citer qu’eux, et soutenu par nombre de néolibéraux qui ne croyaient plus à ce
régime d’alternance « gauche », droite à bout de souffle. L’apport de
l’auteur consiste surtout à nous faire découvrir les réseaux utilisés par
Macron « séducteur », « sans affect, cynique et
calculateur ». Le banquier d’affaires de chez Rothschild au-delà de sa
« chance insolente », ses trahisons de Hollande, Valls et Cie, a
utilisé des lobbys, des hommes de l’ombre, des communicants, des barbouzes, des
barons locaux qui se sont mis à son service. En l’absence d’un parti politique,
il a fait appel à de vieux réseaux plus ou moins avouables du grand commerce
international en passant par ceux de la Françafrique, de l’industrie d’armement
jusqu’aux services de renseignement et de
« boîtes » de sécurité privées. Mieux, en quelques mois, réunissant
une brigade de jeunes gens affamés de pouvoir, il a constitué son mouvement
hors sol, sélectionnant ses affidés et ralliant dans la dernière ligne droite
de la course présidentielle, les politiciens en quête de places. Ce que révèle
le financement de la campagne, c’est
l’importance des grands donateurs à hauts revenus. Il y eut en outre le dîner à
Londres organisé par le directeur général de la banque HSBC (870 000
euros), puis le cocktail dinatoire préparé par le directeur général de la
banque Rothschild, le déplacement à New York du 4 au 6 décembre 2017… Restait
encore à trouver 11 millions et la plupart des banques se « faisaient
tirer l’oreille » avant de se raviser au vu des sondages et de la visite
d’assureurs qui s’étaient déguisés en courtiers de l’ambitieux. Ceci évoqué, il
y a bien d’autres informations succulentes dans ce livre où le grand
bonimenteur a ses adeptes, telle Sibeth Ndiaye (« j’assume parfaitement de
mentir pour protéger le président ») et ses détracteurs de plus en plus
nombreux aujourd’hui ; un de ceux qui l’a connu à l’ENA le définit comme
« la réussite d’une synthèse entre les turpitudes de la Sarkozie et de
Strauss Kahn ». Et, si tout ceci n’était qu’un château de cartes… GD
Marc Endeweld, ed Stock, 2019,
20.50€