Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


dimanche 6 décembre 2020

 

L’insubordination qui vient

Editorial de PES n° 68

 

 

En cette fin d’année, l’on peut tenter de regarder dans le rétroviseur pour mieux voir au-delà de l’horizon. Le rejeton adultérin de Rothschild et de Hollande prétendait rattraper le retard de la France dans l’application du néolibéralisme. Promu par ses parrains, Arnaud Lagardère, Xavier Niel… il pensait pouvoir, à lui tout seul, incarner l’UMPS - tant décriée par la Pen - après l’effondrement de ses deux partis concurrents, ainsi qu’une orientation thatcherienne. Soutenu par une majorité recrutée sur curriculum vitae, il entama son détricotage encore plus prononcé du code du travail et du régime des retraites. Il lui fut opposé, comme de tradition, des luttes défensives face à ses contre-réformes. Persuadé que son autisme allait épuiser l’énergie des manifestants, il en rajouta une couche avec la taxe renchérissant le prix de l’essence, pour apparaître plus vert. Mal lui en prit.

 

Dans les profondeurs de la société, et surtout dans la périphérie, surgirent les Gilets Jaunes. Cette irruption des classes populaires, non encadrées, va troubler le jeu. Il avait osé prétendre, face à certaines récriminations : « Qu’ils viennent me chercher ! ». Les Gilets Jaunes le prirent au mot « On est là » et on veut aller à l’Elysée. Il ne s’agissait plus de demander seulement l’annulation de la taxe mais le renvoi du petit roi, sa démission. A la sempiternelle manifestation de la Bastille à la Nation, ils préféraient s’inviter dans les lieux de pouvoir et de résidence de la haute bourgeoisie. Cette effervescence populaire avec assemblées citoyennes, et dans l’action, délepenisa très rapidement quelques esprits qui subissaient cette influence, tout en produisant des revendications propres à déligitimer le régime. Et ça dura. Le pouvoir utilisa une méthode déjà expérimentée contre la ZAD de Notre Dame-des-Landes et les manifestations de la COP 21. De samedi en samedi, les Gilets Jaunes étaient toujours là. Malgré les éborgnés, traumatisés, blessés et enfermés (plus de 6 000 arrestations !). Et le petit Bonaparte dut ôter un habit trop large pour lui, céder sur la taxe et lancer quelques miettes. Le mouvement persévérant, il dut sortir de son palais, se produire en province, pour un grand déballage de bons sentiments démocratiques. On était loin de la start-up nation et de son souhait que « des jeunes aient l’ambition de devenir milliardaires ».

 

Après tout ce bla-bla, souhaitant conquérir une partie de l’électorat vert, face aux Marches pour le Climat qui s’imposaient dans le paysage, il réunit une Convention Citoyenne, tirée au sort, pour se mettre une nouvelle épine dans le pied. Cette dernière aboutit, en effet, à nombre de revendications qui ne pouvaient pas être mises en œuvre dans le cadre du néolibéralisme. Après de chaudes salutations, elle fut enterrée. L’on peut penser que les traces jaunes des Gilets, celles vertes de ceux qui s’en prennent au capitalisme mortifère pour l’écosystème, resteront des marqueurs indélébiles dans l’histoire récente.

 

Puis vint le Covid-19. Malgré les informations, provenant de Chine et même d’Italie, puis d’Alsace, l’on assista à une succession de mensonges d’Etat visant à camoufler l’irresponsabilité crasse de ce gouvernement et des précédents. Buzyn déclara « Nous avons des dizaines de masques en stock » puis, face à la pénurie, on décréta en haut lieu que « les masques étaient inutiles » puis, dans la panique, des stocks provenant des pays étrangers nous parvinrent. L’on assista, dès lors, à une gestion calamiteuse de la crise sanitaire où se succédèrent des injonctions contradictoires, confinement et reconfinement, avec de telles inégalités de traitement  que le pouvoir se caractérisa par l’art de hérisser les couches sociales qui lui étaient acquises. Entre temps,  il fallut faire appel aux derniers de corvée pour assurer un minimum de fonctionnement de l’économie et l’on vit nombre des premiers de cordée se réfugier en province. Puis l’argent magique - introuvable jusqu’alors - fut déversé à flots « quoiqu’il en coûte ». Toutefois, cette pandémie accrut le nombre de pauvres de 1 million de personnes, s’ajoutant aux 9 millions déjà dans la panade, ainsi que 800 000 chômeurs de plus.

 

Malgré les interdictions de se rassembler, la peur répandue, les manifestations se succédèrent contre le racisme, pour la défense du service public de santé… La répression policière, commanditée par Darma-le-nain, se déchaîna, en particulier, contre les migrants.

 

Ainsi, après le 65ème démantèlement d’un campement d’exilés à Saint-Denis, les sans-toits et sans-papiers se regroupèrent place de la République avec le soutien des organisations de défense de leur cause. C’était là une injure à la République bourgeoise qui ne saurait admettre de voir tous ces pauvres hères démunis, au sein de la capitale dite des Droits de l’Homme ! La hargne policière était à son comble, les coups se mirent à pleuvoir, les toiles de tente furent confisquées et les migrants, éparpillés, durent quitter, comme ils purent, le centre de Paris sans solution d’hébergement. Face à ce déchainement de racisme et de violence, que l’on ne pouvait cacher, vu les images qui circulaient, plus particulièrement sur les réseaux sociaux, que l’on ne pouvait nier, la langue de bois pâteuse fut répandue, pour tenter de ripoliner l’image de ces spadassins. Castaner l’avait déclaré : « Je ne vois aucun policier qui ait attaqué les Gilets Jaunes », Macron à l’ego boursouflé, lui, ne voyait que des « infiltrés » qu’il fallait réprimer. Son injonction  d’interdiction de parler de « violences policières » fut adressée aux  journalistes. Face à ces successions de bobards, le pouvoir en vint à parler qu’il y avait bien quelques « brebis galeuses » dans la police, ce qui expliquait quelques bavures, mais le « bon peuple » face à leurs successions commença à trouver qu’il s’agissait d’un troupeau bien vérolé. Surtout parmi les BAC et autres Brigades d’Intervention Rapide,  dont certains agissaient cagoulés. Malgré tous les discours se voulant apaisants, paternalistes, qui infantilisaient la population, la colère ne s’apaisait pas. Ne restait dès lors qu’à produire des lois encore plus liberticides que celles qui avaient été mises en œuvre jusqu’à présent.

 

Et ce fut la proposition de loi « Sécurité globale » où il s’agit essentiellement de protéger la police, dernier rempart du pouvoir, et de bâillonner la presse. Alors même que l’on avait assisté à un matraquage de manifestants, c’est l’intégrité physique et psychique des policiers qui devait être assurée ! Il faut dire que la pression débridée de syndicats de police d’extrême droite avait poussé le pouvoir, affolé, à en remettre une couche et à cajoler sa garde prétorienne. Les agressions de journalistes, notamment lors de la Marche des Libertés, laissaient apparaître que ce cache-sexe de la brutalité répressive  faisait surgir une indignation encore plus prononcée. Dans le secret du palais de l’Elysée et du Conseil de Défense, l’on cherche une vaine parade, en particulier pour une réécriture brouillonne de l’article 24, de cette législation déjà votée à l’Assemblée Nationale, alors même qu’elle doit passer au Sénat !  Et les députés « en Marche » de tituber pour chercher un chemin dans cette impasse. Sans conteste à leur secours, les chefferies éditoriales tentent de rassurer l’opinion pour occulter leurs propres turpitudes.

 

En effet, le pouvoir ne peut plus guère compter sur l’apathie, l’atomisation des masses populaires, le rôle des réseaux sociaux, des journalistes indépendants, vient troubler la pensée molle déversée par les boutiquiers des médias dominants. Inverser la réalité, travestir les faits, éructer leur mépris de classe vis-à-vis des humiliés et des exploités, devient de plus en plus difficile. Les cerveaux sont de plus en plus indisponibles à leurs commentaires sentencieux. Sont-ils en train de perdre la bataille de la communication propagandiste du  pouvoir ? Et pourtant, tout a été essayé pour construire l’ennemi intérieur qui, au fil des séquences, change de visage pour répandre la peur. Après les musulmans, ce seraient les infiltrés de l’ultra gauche qui commanditeraient un séparatisme factieux. Comme au temps de Marcellin « la matraque », le pouvoir prétend qu’il y aurait un chef d’orchestre clandestin. Incapable en effet depuis des années  de s’en prendre, de manière ciblée, aux salafistes et aux terroristes, dans la mesure même où il cajole les pétromonarchies wahhabites, il sème le racisme antimusulman et la peur d’une ultragauche fantasmée. Le petit roi est nu. Faut-il rappeler à cette caste au pouvoir, certaines leçons de l’histoire ? En 1789, le peuple s’est armé de piques et a brûlé les châteaux sans qu’on lui en donne la consigne.

 

En tout état de cause, le mal est profond. A vouloir à tous crins assurer le paradis des riches, construit sur l’enfer des pauvres, le pouvoir révèle sa propre nature. Désormais, la crise du néolibéralisme et ses conséquences provoquent une crise du consentement. Ce qui vient n’est guère rassurant pour cette ploutocratie : l’économie droguée aux crédits fait exploser le surendettement global ; rien qu’en France, en 2007, il représentait 1.7 fois le PIB et en 2017, 2.7 fois. Il paraît évident que la crise sanitaire va faire exploser ces chiffres. Demeure, en outre, comme horizon, l’écocide en cours de la planète qui constitue, comme la finance débridée, le terreau des luttes à venir.

 

Certes, la peur du déclassement, de la précarisation, des faillites, peut tétaniser, tout comme le surgissement des classes dites « dangereuses » des quartiers populaires. Et l’on va assister au déversement de propos faisandés qui seront autant de déballages de bons sentiments pour rassurer la classe moyenne ébranlée. Il faut bien continuer à masquer l’impudence des 1 %, cette nouvelle classe privilégiée, où la corruption est généralisée. Qui peut douter qu’avec les moyen des paradis fiscaux, de la fraude et de l’optimisation fiscales, on a à faire à une véritable maffiacratie qui a besoin, pour dominer, d’une caste de charlatans et de bonimenteurs pour maintenir sa suprématie ?

 

Et, dans ces circonstances, le pouvoir ne peut que s’ensauvager, tout en tentant de diffuser une pensée épicière, capable encore de capter une clientèle sur le marché électoral.

 

Au-delà de l’horizon immédiat, se dressent les prochaines vagues de révoltes qui continueront à effriter la falaise des dominants. En effet, les luttes de la dernière période prouvent que l’aquoibonisme est en recul malgré la répression et l’on voit s’agréger, dans les manifestations, des secteurs qui n’avaient guère l’habitude d’y participer (petits commerçants, restaurateurs, artisans…). Le pouvoir peut craindre que la jeunesse étudiante et des quartiers populaires, fasse irruption. Elle commence déjà à être de plus en plus présente (sur le climat, le racisme, les violences policières). L’époque qui s’ouvre pourrait bien être l’ère d’une succession de révoltes inter-réagissant d’un pays à l’autre. Toutefois, la convergence des luttes, l’émergence d’un projet politique de transformation sociale ne sont pas encore à l’ordre du jour malgré les pas faits en ce sens par les Gilets Jaunes. Un autre aspect de la réalité à venir doit être pris en compte, à savoir la campagne électorale présidentielle qui s’annonce. Les Insoumis pourraient infuser parmi les classes populaires, des mesures alternatives au système contribuant à les politiser. Il n’empêche, même s’il apparaît probable que Mélenchon puisse être présent au second tour des présidentielles, rien ne sera réglé pour autant : obtenir une majorité à l’Assemblée nationale ce ne sera pas une mince affaire, qui plus est, face à un Sénat très droitier, et ce, sans compter sur l’acharnement médiatique qui tentera de flétrir cette candidature. En tout état de cause, ce seront les luttes populaires qui permettront de casser, pour le moins, les politiques néolibérales. « Dès qu’il y a la volonté, il y a un chemin ».

 

GD, le 01.12.2020     

 

Quand la tempête se déchaîne

le discours tangue défie la langue

s’égare dans le maquis des tours acquis

patauge dans l’océan des lieux communs

dérive au fil des canaux de l’incompréhension

communie à l’égarement général

et finit par abattre des lions de plâtre

au nom de la survie de la république

 

Pedro Vianna livre XLIX Climats

Paris, 8.VIII.2016  http://poesiepourtous.free.fr/  

 

Nous avons lu…

 

Généraux, gangsters et djihadistes

Pour saisir la raison de la contre-révolution arabe, l’auteur analyse d’abord les constructions historiques qui ont prévalu lors des indépendances arabes : des cliques putschistes se sont emparé du pouvoir, accaparant les ressources, développant la corruption, utilisant les rentes, notamment pétrolières, pour édifier une domination mamelouk suscitant une dynamique maffieuse.

Pour l’auteur, la « guerre globale contre la terreur » menée par les Etats-Unis et ladite communauté internationale, fut une aubaine : les menaces djihadistes justifient les répressions multiformes (arrestations, tortures, disparitions…) et les guerres en Syrie, en Libye, au Yémen… Le chapitre consacré à l’Egypte et au coup d’Etat d’Al Sissi est particulièrement instructif sur la manipulation des manifestations contre le gouvernement Moubarak, puis celui issu d’élections (Mohamed Morsi). Il révèle par quel processus les aspirations de la place Tahrir furent trahies. On peut, peut-être, contester certaines thèses de l’auteur, en particulier sur la prétendue alternative tunisienne, il n’en reste pas moins que la richesse des analyses mérite d’être connue. GD

Jean-Piere Filiu, La Découverte, 2018, 22€

 

Une histoire de la Révolution française

L’auteur fait apparaître qu’au sein même de la Révolution française, deux voies s’opposèrent, au-delà des personnages célèbres ; c’est celle du peuple - les femmes, les paysans, les artisans - qui permit d’éviter l’instauration d’une monarchie constitutionnelle. Le roi n’avait convoqué les Etats Généraux que pour éviter la banqueroute et prétendait instaurer de nouveaux impôts. Les trois Ordres convoqués par les Etats Généraux furent très vite confrontés aux émeutes populaires, à la révolte des paysans qui s’en prirent aux châteaux et le Tiers Etat s’institua comme représentant du peuple. L’incandescence révolutionnaire fut à son comble lorsque le roi s’enfuit et fut arrêté à Varennes. Les Girondins, monarchistes, furent vaincus d’autant que le peuple se dressa pour combattre l’invasion étrangère et la réaction vendéenne. L’assemblée élue avec son système d’assemblées primaires avait déjà mis en œuvre, lors de la nuit du 4 août, l’abolition des privilèges et la Convention se radicalisa sous la pression populaire. Redécouvrir les années 1792 et 1793 est d’autant plus important que la bourgeoisie thermidorienne, qui finira par l’emporter, tenta de masquer les réformes démocratiques et populaires mises en œuvre, réduisant ce moment historique à la Terreur. Thermidor est en effet le moment où la bourgeoisie parvint à assurer son hégémonie après l’écrasement des complots, manigancés de l’étranger. GD

Eric Hazan, la fabrique, 2012, 22€

 

Paris, bivouac des révolutions. La Commune de 1871

L’histoire complète de cette insurrection souveraine qui nous est contée va bien au-delà des faits et interprétations, jusqu’ici admis. Après la défaite de Napoléon III à Sedan, le siège prussien de Paris, le peuple se souleva dans un élan patriotique et s’opposa progressivement aux Versaillais qui entendaient négocier avec Bismarck.  Les bourgeois, minoritaires, s’étant enfuis, ne restait à Paris que le peuple qui institua la Commune de mars à mai 1871. Les Communards de toutes tendances démocratiques (jacobins, internationalistes, anarchistes), après s’être appuyés sur la Garde nationale, instaurèrent un véritable pouvoir populaire. Les réformes qu’ils instituèrent, la place des femmes, l’éducation, sont autant de signes qui imprègnent toujours les aspirations populaires d’aujourd’hui. La Commune n’est pas morte. Si elle a subi nombre de déformations historiques, n’en reste pas moins, au regard du travail d’historien réalisé par l’auteur s’appuyant sur nombre d’écrits et de témoignages du moment, qu’elle nous parle encore. Son écrasement dans le sang prouve, si besoin en était, que la bourgeoisie réactionnaire est prête à user de tous les moyens pour conserver et asseoir son pouvoir. GD

Robert Tombs, ed. Libertalia, 2016, 20€

 

Champ d’horreur

Regarde comment il faut agir

accroche-toi au bon plaisir

car la paix ne veut pas nuire

elle ne demande qu’à mûrir

nous avons toujours payé les pots cassés

l’Etat nous a toujours pompés

cela va jusqu’aux portes de la dignité

tous inspirés dans l’expiré

ils nous coupent l’herbe sous les pieds

le bourgeois est toujours en train de chasser

la pauvreté même au-delà de nos contrées

ils ont vraiment des difficultés

mais ne veulent point changer

ce n’est pas faute de leur avoir demandé

nous leur avons envoyé par lettre recommandée

seul le peuple peut sauver l’humanité

le pouvoir ne fait que chanter

l’horreur de la pauvreté

certes à ce jeu ils sont doués

pour mettre le feu dans la maison de l’humanité

la guerre condamne femmes et enfants

à vivre dans des flaques ensanglantées

pendant qu’ils font les beaux dans leurs télés

 

Hassen

 

Sécurité globale mon amour


A son arrivée à l’Elysée en 2017, le Président Macron avait fait de la sécurité LA priorité de son mandat. Depuis, le budget de la « sécurité » aura gonflé de plus d’un milliard d’euros. Seront aussi gonflés les effectifs de la police et de la gendarmerie, faisant un bond de 10 000 embauches sur cinq ans. En fait, si les ministères régaliens sont gâtés par l’Elysée, a contrario, le « dégraissage » continu des ministères voisins, Santé compris, va bon train. C’est « sans précédent » précise le site du Parlement !

Mais pourquoi créer une nouvelle loi sécuritaire alors que l’Etat en est blindé ? Pas moins de 34 lois dites antiterroristes (sur 35 relatives à la sécurité) ont été promulguées depuis le 9 septembre 1986. Si tout le monde peut comprendre que la législation peut (et doit) servir à combattre des actes terroristes, comment comprendre qu’après chaque acte terroriste apparaît une nouvelle loi ? Comme si une profusion législative pouvait freiner l’ambition des djihadistes, prêts, pour certains, à y sacrifier leur vie, quel que soit leur mode opératoire.

En revanche, depuis 1986, quel que soit le gouvernement au pouvoir, l’opportunité de restreindre les libertés fondamentales et de criminaliser à tout va toute opposition politique, ou simplement citoyenne - pour peu qu’elle soit véhémente - est devenu la « coutume ». Même le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU s’en inquiète.

Le terrorisme a bon dos et le fanatisme en sort grandi. Peu à peu, n’est-ce pas le pouvoir qui en « plâtrant une jambe de bois », intimide et tourmente la population ?


L’arsenal projeté


Le nouveau projet liberticide que concocte Macron/LReM, même Sarkozy ne l’aurait pas osé. Le danger est réel ! Les dispositions principales de la loi Sécurité Globale, débattue ce 17 novembre à l’Assemblée Nationale accroissent les pouvoirs de police : le projet prévoit d’accorder de manière « expérimentale » (mon œil !) des pouvoirs de police judiciaire à la police municipale, pour les communes comptant a minima vingt agents. Cette disposition était réservée aux officiers de la police nationale et officiers gendarmes, aux maires et adjoints « pour les infractions causant un trouble grave à l’ordre public commises sur le territoire de la commune ». Elle s’ajoute à la panoplie guerrière dont sont déjà équipés les municipaux suite à une loi de mars 2000. Ainsi, ils seront également habilités à rechercher des auteurs d’infractions, à rassembler les preuves, à procéder à des arrestations, des perquisitions…

Les rapporteur-es, Alice Thourot et Jean-Michel Fauvergue (1) n’oublient pas lesdits agents de sécurité privée, qui auront eux aussi de nouvelles possibilités pour jouer à la  police « judicieuse », limitée pour l’instant (jusqu’à un ultérieur projet de loi ?) au CNAPS (Conseil National des Activités Privées de Sécurité), chargé par l’État de les contrôler. Officiellement, ils ne pourront exercer ce contrôle que dans le cadre de leur mission sur les 160 000 agents de sécurité privée : gardiens, vigiles, détectives privés, transporteurs de fond, gardes du corps et de leurs employeurs (mais officieusement ?), et ce, pour constater d’éventuelles infractions au code de la sécurité intérieure et pour sanctionner des entreprises non respectueuses du protocole.


Une loi de 2016 permet aux forces de l’ordre de filmer leurs interventions avec des caméras mobiles, à la condition que l’agent portant la caméra ne puisse pas accéder aux images, celles-ci ne pouvant être exploitées qu’a posteriori, si un événement survenu pendant l’intervention le justifiait. Cette condition, selon la CNIL, constitue une des « garanties essentielles » afin de rendre le dispositif tolérable. La législation proposée prévoit de supprimer cette garantie. Non seulement l’agent pourra accéder aux images qu’il a enregistrées, mais, plus grave, ces images ne seront plus uniquement exploitées a posteriori : elles pourront aussi être « transmises en temps réel au poste de commandement ». Eh oui, la police est autorisée à utiliser des logiciels de reconnaissance faciale pour identifier une des 8 millions de photos déjà enregistrées dans le fichier de Traitement des antécédents judiciaires (TAJ).

En manifestation, la reconnaissance faciale en temps réel permettra de renseigner en direct les policiers de terrain sur l’identité des nombreux-ses militant-es qu’ils croiseront, déjà fiché-es à tort ou à raison dans le TAJ, fichier géré par la seule police sans contrôle indépendant. Les conséquences : accès au cortège empêché, interpellations suivies ou non de poursuite, fouilles au corps, confiscation de matériel, gardes à vue « préventives »…


Accentuation et légalisation de la surveillance de masse aérienne. C’est en violation de la loi que la surveillance aérienne est déjà pratiquée  et elle n’est pas là pour une approche non confrontationnelle du maintien de l’ordre. Ce qui est nouveau, c’est la transmission automatique des images et films enregistrés par les drones à la « salle de commandement » à la préfecture de police qui donne des ordres aux forces de police, sur place, pour organiser la confrontation, nassages… Cette politique de surveillance de masse aérienne s’inscrit dans une approche confrontationnelle. De deux manières.


Primo, tout comme pour les caméras mobiles, les images captées par drones peuvent être analysées par reconnaissance faciale en temps réel, facilitant les actions ciblées de la police contre des militant-es préalablement identifié-es. Ainsi, la surveillance aérienne permet de suivre à la trace n’importe quel-le individu-e repéré-e lors d’une manifestation, afin de diriger les forces aux sols pour le/la « rétamer ». Mediapart a récemment relaté un exemple de militantes qui, pour défendre l’hôpital public, ont lâché une banderole flottante durant un discours de Macron. La police les a interpellées dans un domicile privé après les avoir suivies par drone, puis les a relâchées quatre heures après, elles n’avaient rien à se reprocher.


Secundo, c’est la possibilité de contrôle des actions collectives. Le drone est l’outil idéal pour la gestion de « flux » déshumanisés, propre à l’approche confrontationnelle. La position aérienne donne à voir concrètement ces « flux » et « liquides » que sont les manifestant-es. Elle fait apparaître les « robinets » et les « écluses » que les « bleus » peuvent actionner pour retenir, dévier ou faire écouler un cortège : nasses, barricades, filtres, grenades, canon à eau… avant le matraquage, les LBD, les arrestations…

A partir d’une visualisation élevée et lointaine, les ordres du centre de commandement sont déconnectés des considérations humaines les plus élémentaires : les manifestant-es ne sont plus que des points vus du dessus, où l’appréhension, la crainte, la souffrance, sont imperceptibles. Condition idéale afin d’éviter que les donneurs d’ordre ne soient distraits par quelque empathie, considération morale et scrupules, et pour que les manifestant-es soient dissuadés de revenir lors d’un prochain appel à faire valoir leurs droits.


Police floutée, justice aveuglée !


On est en plein dans 1984 de George Orwell ou dans Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley (2). Ecrits il y a plus de 70 ans, les deux best-sellers intemporels trouvent aujourd'hui un écho considérable : fake news, ultra-surveillance, fichage, aseptisation sociale et sanitaireUn documentaire télescope l’actualité sur Arte (2).


L’article 24 du projet de loi stipule qu’il sera interdit au public de diffuser « l’image du visage ou tout autre élément d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale lorsqu’il agit dans le cadre d’une opération de police » et lorsque cette diffusion est faite « dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique ». Première contradiction : comment savoir en amont qu’un cliché pris d’un gendarme servira ultérieurement à des fins reprochables ?! Les vigiles sont-ils concernés ? Au cas contraire, le visage ou le matricule devront être floutés ! Mais la police n’empêche t-elle pas déjà des personnes de la filmer alors qu’elles en ont parfaitement le droit ?!


Cette police va (enfin!) pouvoir « bavurer » en toute quiétude, ne plus être prise en flagrant délire de tabassage, ou de flashball tiré à bout portant. De plus, cette disposition exigera que les réseaux sociaux censurent toute image de policier en action. Ce qui est vrai, c’est que le pouvoir, qui a besoin de la police, est sous pression sur le thème « Laissez-nous réprimer comme on veut ».


Si le maintien de l’ordre était assumé dans un cadre de protection et d’apaisement, cette loi serait inutile. La population ne dénoncerait pas un policier et n’en diffuserait pas l’image si la stratégie de maintien de l’ordre ne reposait pas sur la violence. L’objectif de cette proposition est donc, in fine, d’autoriser implicitement la violence, de la légitimer puisqu’elle devient incontestable. L’article 25 a aussi son « charme » : le fait qu’un policier ou un gendarme porte son arme hors service (dans des conditions définies par arrêté ministériel) ne peut lui être opposé lorsqu’il se promène, fait ses courses… Ça promet…


Par et pour la police


Le droit de manifester est une liberté fondamentale, la renier par des procédés opportunistes et déviants est anti-démocratique, ils sont de plusieurs ordres : loi dite anti terroriste, manifestation autorisée sous conditions intimidantes, tou-te citoyen-ne tenu-e pour suspect-e, caresser les « bleus » dans le sens du poil alors que 55 % d’entre eux/elles votent facho, et moins de 10 % à « gauche » (prévoir les futures échéances électorales…).

Dans ce contexte où, de plus, le contre pouvoir politique est en chute inexorable, où la contestation contre les violences policières s’amplifie, la seule  motivation qui semble illuminer les députés LReM est de pratiquer une politique réactionnaire à faire pâlir Bolsonaro, Erdogan, Netanyahou, Trump…

Macron, le ministre Gérald Le Pen – pardon, Darmanin - le gouvernement et ses député-es (de gôche, du centre, de la « société civile ») ont donc choisi de prendre un virage à l’extrême droite.

Les rapporteur-es - qui étaient les mêmes pour le projet d’armement de la police municipale – ont remis leur rapport à Castex le 20 octobre ; Darmanin, pour escamoter le contrôle obligatoire du Conseil d’État sur la constitutionnalité de « son » projet de loi, l’a transformé en proposition de loi, portée par quelques députés LreM.

Au bout du compte, de rétropédalages en rétropédalages, l’article 24 a été voté le 17 novembre par l’Assemblée nationale par 146 voix pour et 24 voix contre (sur 577). Il ajouterait à la loi de 1881 (sur la liberté de la presse) un article, qui punit d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende la diffusion, « dans le but manifeste qu’il soit porté à son atteinte à son intégrité physique ou psychique », de l’image d’un policier ou d’un gendarme.

Pathétique, même le RN a suivi la proposition, tout embarrassé d’être dépassé sur sa droite par la majorité sur une thématique sécuritaire. Faire de la liberté d’expression un « drapeau national » comme l’exprime Macron et consorts, ne peut qu’encourager le nationalisme et ses dérives…


Vous avez dit globale


Sous prétexte de sécurité globale, différentes mesures liberticides ont été décidées, ou vont l’être, en parallèle de la loi « Sécurité », le chef de l’État rappelant la nécessité du « renforcement de la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme ».


La loi du 30 octobre 2017 a établi une amende pour délit d’usage de stupéfiant, occupation illicite des halls d’immeubles.


La loi de programmation de la recherche a introduit une peine en cas d’occupation d’un campus universitaire : Le fait de pénétrer ou de se maintenir dans l’enceinte d’un établissement d’enseignement supérieur sans y être habilité... dans le but de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l’établissement, est passible des sanctions ». Les sanctions en question vont jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende si les faits sont perpétrés « en réunion ».


Un décret du 14 août dernier a formellement changé la façon d’administrer le pays. Jusqu’en 2009, les ministères disposaient de services déconcentrés dans les départements. Les questions d’écologie étaient traitées par des personnels qualifiés du ministère de l’Écologie, les questions d’emploi et sociales par le ministère du Travail et des Affaires sociales, etc. En 2009, les services départementaux des différents ministères sont regroupés dans des directions communes : la Direction départementale des territoires regroupe à la fois des missions liées aux ministères des Transports, du Logement et de la Transition écologique, etc. Dépendant auparavant de plusieurs ministères à la fois, elles ont logiquement été placées sous l’autorité du Premier ministre, les préfets de départements en assuraient la coordination. Dorénavant, ces services seront « des services déconcentrés de l’État relevant du ministre de l’Intérieur, sous l’autorité du préfet ». Ainsi, le 1er flic de France a autant de pouvoir que le chef du gouvernement, le social, l’écologie, le transport… sont désormais subordonnés au maintien de l’ordre (sic).


La loi ASAP (Accélération et de simplification de l'action publique), loi fourre-tout permettant : d’alléger les contraintes administratives pour des projets industriels (et notamment le régime des enquêtes publiques), de créer de nouvelles règles relatives aux marchés publics, d’expulser en toute facilité les « squatteurs » , d’habiliter le gouvernement à légiférer par ordonnances, etc. Ce sont quelques unes des mesures phares de la loi. Il sera par exemple plus compliqué de dénoncer un projet industriel ou commercial contraire à l’intérêt commun.


En 2018, toujours pour notre « sécurité » (!), suite à la loi relative aux modifications de la demande d’asile, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, estimait que « le demandeur d’asile [était] mal traité » par la loi Asile et immigration de Gérard Collomb, « rendant les procédures encore plus difficiles pour les plus vulnérables » ; la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, exprimait, quant à elle « ses vives inquiétudes pour les droits fondamentaux des personnes étrangères ».


En 2018, encore, Macron songeait placer la presse sous tutelle grâce à des « structures » qui auraient la charge de « s’assurer de sa neutralité ». En parallèle, ses député-es adoptaient la loi « anticasseurs », restreignant le droit de manifester, qui découle de l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme sur la liberté d’opinion.


Le PPA (3) vent debout


Depuis ce 17 novembre, les journalistes d’abord, rejoints plus tard par leurs directions du Parti de la Presse et de l’Argent, fustigent l’article 24 du projet « global » et réclament son annulation. Aurait-on entendu quelques un-es de ses rédacteur-trices et autres pisses-copie dénoncer le projet de loi dans son intégralité ? (A ma connaissance) que nenni, ces « bobardiers » ne revendiquent que pour leur « paroisse », pour pouvoir à leur convenance filmer et photographier les policiers à la manœuvre ! Mais, ce corporatisme est scandaleux, il est volontaire - voire calculé. Seules des tribunes, et au sein de médias indépendants, explicitent l’entièreté du projet, sur la base souvent d’analyses pertinentes.

Que la liberté d’expression soit à géométrie variable, le pouvoir politique n’en n’est pas le seul responsable : nous relations récemment, le silence assourdissant du PPA concernant la 3° marche des sans-papiers le 17 octobre (4). S’il paraît essentiel que Charlie Hebdo puisse caricaturer, la reconnaissance médiatique pour toute action publique l’est également, sinon davantage lorsqu’il s’agit de question sociale


Ajoutons, que les journalistes n’ont pas l’exclusivité pour prendre la police en image, des associations pour les droits humains ont aussi des « observatoires » afin de rendre compte lorsque la police agresse…


Police privée


Enfin, la globalité du projet n’est-elle pas rivée aussi sur l’économie ? La gestion de la « sécurité » évolue dans le sillage des contre-réformes : permettre à la police municipale de faire dans le judiciaire, et autoriser des sociétés de gardiennage à faire la police par ce premier jalon législatif pose aussi question et notamment celle de la sous-traitance ou de la privatisation de ce pouvoir régalien.


Manu, banquier d’abord, « fanatique » du néolibéralisme multilatéral, ne manquera pas, à un moment ou à un autre, de restreindre, encore, les moyens budgétaires des collectivités locales. Si, par ailleurs, les communes voient leurs compétences judiciaires élargies pour leur police, elles seront responsables des bavures possibles des municipaux et subiront directement le courroux des défenseurs de la démocratie. De plus, on assistera à la mise en place d’un Etat policier à deux vitesses, en fonction des moyens financiers de la collectivité.


En guise de conclusion


Le président des français-es, qui n’a que mépris pour les classes populaires exploite le sentiment d’insécurité provoqué par la psychose entretenue du Covid, le terrorisme, le chômage, la délinquance, la peur de l’étranger… pour faire passer une loi liberticide.


L’article 24 ne serait-il l’arbre qui cache la forêt d’un projet plus global ? Tout cet arsenal législatif permettra de réprimer les « sauvageons » des cités, harceler les sans papiers dans les camps « sauvages », matraquer les étudiant-es, prévoir les prochaines explosions de colère qui ne vont pas manquer d’émerger, du fait de millions de précaires supplémentaires suite à la crise sanitaire. Ne s’agit-il pas de surveiller la population des quartiers populaires, « les plus pauvres sont considérés comme classe dangereuse ».

Covid ou pas, la route tracée par le chef de l’État ne changera pas d’un iota, favorisant les profiteurs du CAC 40 notamment alors que que les licenciements économiques vont provoquer une explosion du chômage et de la précarité dans les prochains mois.


La colère populaire, voire la rébellion, est crainte pas les dirigeant-es/possédant-es. Elle sera alors ingérable par les corps intermédiaires comme prouvé lors de l’épisode des gilets jaunes. L’état d’urgence sera permanent (en place depuis 2015 sans que le terrorisme soit stoppé), voire le couvre feu, en cas de lutte populaire est quasi certain.


En parallèle, voilà déjà quelques années que nous constatons avec amertume un délitement de l’organisation collective sociale : désyndicalisation, associations culturelles, sportives, écologiques, etc. en perdition, l’individualisme et le consumérisme prenant le pas sur le collectif. Avec les conséquences de la crise sanitaire, couplée avec l’accentuation de la crise économique, le risque d’une désagrégation du tissus social guette la société contemporaine. Il paraît évident, que le pouvoir craint le risque de rébellion et s’empresse de légiférer. Et ses projets ne sont pas au bout : détricotage des lois de 1901 sur les associations et de 1905 sur la laïcité, et bien d’autres surprises…


Jano Celle, le 23/11/20


(1) ex chef du RAID – Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion - Unité d’élite de la police

(2) La chaîne de télé Arté présente jusqu’au 18 février prochain, le documentaire George Orwell et Aldous Huxley : 1984 ou Le meilleur des mondes ? (https://www.arte.tv/fr/videos/074580-000-A/george-orwell-aldous-huxley-1984-ou-le-meilleur-des-mondes/

(3) le PPA – Parti de la Presse et de l’Argent – Cette dénomination de la presse au service du pouvoir et de l’argent, a été inventée par PLPL – Pour Lire Pas Lu – un bimestriel fondé en juin 2000, par le journaliste Pierre Carles et animé par Serge Halimi (Monde Diplomatique), membre de l’observatoire français des médias (ACRIMED). PLPL (publié jusque fin 2003) dénonçait régulièrement tous les organes de presse et journalistes soumis au Pouvoir et à l’Argent (acrimed.org/)

(4) Le 17/10, Samuel Paty était lâchement exécuté. Sujet, malheureusement ô combien racoleur pour le PPA, qui ne s’en est pas privé.


Sources : sites gouvernementaux, médias en ligne…


encart

Les Brav-M prennent racine

Créées en mars 2019 sous l'égide du préfet de Paris, Didier Lallement, les brigades de répression des actions violentes motorisées (Brav-M) (non, ce n'était pas les Braves Mecs ! ndlr), résurrection des sinistres "voltigeurs" deviennent permanentes. Initialement vouées à l'arsenal répressif déployé contre les Gilets Jaunes, les Brav-M sont, depuis, largement utilisées contre toutes les mobilisations. Une nouvelle addiction de l'Etat...

dans Politis du 26.11.2020