Inde.
La révolte des paysans
Voilà plus de 3 mois que les agriculteurs campent aux portes
de New Dehli pour protester contre la libéralisation du secteur agricole. Le
nationaliste Modi remet en cause la politique du prix minimum garanti sur 23
produits de base, dont le blé ou le riz, menaçant la survie des petits paysans.
Les paysans sont 650 millions (50 % de la population), souvent pauvres et
endettés : 86 % des exploitants agricoles possèdent moins de 2 ha. Pour
exiger l’abrogation des 3 lois votées en septembre dernier, des dizaines de
milliers d’agriculteurs du nord de l’Inde menés par 40 organisations syndicales
campent sur trois autoroutes et périphériques aux portes de la capitale, aux
frontières de l’Haryana et de l’Uttar Pradesh. Depuis plus de 83 jours ils
vivent sur le bitume, dorment sous des tentes ou dans des remorques, mangent
dans les cantines improvisées : une véritable « république
autonome ». Modi a beau fustiger « ces activistes »,
« ces parasites », ils ne reculent pas
malgré la répression, notamment lors de la grande parade du 26 janvier (1 mort,
400 blessés, 115 fermiers emprisonnés), malgré la mort de plus de 170
agriculteurs lors des manifestations, malgré l’état de siège décrété par Modi
aux frontières de l’Haryana. Les comptes
Twitter de centaines d’activistes sont gelés et les barrières en métal séparant la foule de la capitale sont
remplacées par des blocs de béton, barbelés et pics, afin de crever les pneus
des tracteurs. Malgré tout, le front syndical, et son leader Rakesh Tikait,
déplacent chaque jour des foules immenses, aux 4 coins de l’Uttar Pradesh, de
l’Haryana, du Rajasthan, du Maharashtra et rassemblent tous ceux qui savent que
« quand nous
serons ruinés, les industriels, amis de Modi, rachèteront nos terres et feront de nous des ouvriers ». alencontre.org