Nous avons lu…
Le bateau
ivre
Toute
ressemblance avec des personnages existants serait purement fortuite. Il est
nécessaire de le rappeler tant nous aurions la fâcheuse tendance à identifier
tous les personnages surgis de « l’imagination de l’auteur ». Il
met en scène un président de la République, des ministres, des parlementaires,
des leaders d’opinion (universitaires, journalistes, essayistes…) face à des
attentats successifs revendiqués par des « islamistes ». Comment
faire pour contenir ces actes de « barbarie » qui ne peuvent que
nuire à la « carrière » d’un président qui pense déjà à sa réélection
face à un futur candidat de l’extrême droite ? Désigner
« l’ennemi », les islamistes, quitte à amalgamer islamisme et islam,
et à stigmatiser les musulmans. C’est la spirale de la manipulation, à
laquelle participent une grande partie de la « machine médiatique »,
mais aussi des associations comme SOS Laïcité… Comment réduire au silence les
quelques journaux comme Politique Hebdo
ou Medialibre ? En les interdisant
par décret du ministre de l’Intérieur. Le président, n’écoutant personne, sauf
celles et ceux qui le flattent, prend des décisions toujours plus
anti-démocratiques, liberticides, allant jusqu’à engager un référendum pour
supprimer le Conseil constitutionnel qui a annulé la loi sur le voile à
l’université… Cette fiction nous parle de l’histoire immédiate… L’auteur fait
vivre quelques personnages, deux députés et un universitaire notamment,
résistant aux pressions qu’ils subissent pour « rentrer dans le
rang ». Le bateau ivre vogue sur des flots nauséabonds… jusqu’aux
présidentielles en 2022… jusqu’à la victoire de… Vous le saurez en lisant ce
premier roman d’un auteur d’une soixantaine d’ouvrages sur les questions
internationales et stratégiques. OM
Pascal Boniface, ed Armand Colin, juin 2021, 17.90€
Manuel
indocile des sciences sociales.
Pour
des savoirs résistants
Ce
livre déconstruit les fausses évidences comme celles qui célèbrent le marché
libre, la méritocratie, le parlementarisme démocratique et de nombreux
« mécanismes » qui produisent l’exploitation des travailleurs, la
transmission des capitaux, les discriminations, la ruine des services publics.
Face aux désordres internationaux, aux guerres imposées, comme au dérèglement
climatique, les contributions de plus de 100 auteurs (sociologues
bourdieusiens, économistes atterrés, nouveaux historiens et acteurs du
mouvement social) aident à résister à l’infantilisation, à la distraction
permanente qui invitent à la résignation et à l’indifférence. Et, pour citer
l’intervention décalée de Bruno Gaccio, il faut se défaire de « l’idée que les crétins sont aux commandes
pour longtemps à cause d’autres crétins qui, en spectateurs résignés, laissent
faire ». « L’idiocratie n’a
besoin que de moutons votants pour choisir qui leur racontera des histoires à
dormir debout ». Comme avec Macron, les con-sacrés par la grâce
électorale, forment, pour la plupart, une cour béate, rassasiée par quelques
faveurs et un simulacre de Parlement qui vote comme une machine. Ce manuel à
absorber à petites doses, selon les thèmes proposés, devrait constituer la
livre de chevet des partisans de la transformation sociale. GD.
Plus de 100 auteurs, sous la direction
de la Fondation Copernic, ed. La Découverte, 2019, 25€