Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


dimanche 30 septembre 2018


à lire

Pourquoi les riches votent à gauche ?

Cet ouvrage du journaliste et essayiste Thomas Frank, qui écrit régulièrement dans Le Monde Diplomatique, est préfacé par Serge Halimi, directeur de ce mensuel dont l’on ne peut que recommander l’instructive lecture. Contrairement à ce que pourrait laisser entendre le titre de ce livre il ne concerne pas (directement) la France mais les Etats-Unis dont il nous livre une pertinente analyse. Depuis l’ère Clinton puis celle d’Obama et la prétention d’Hillary de lui succéder, c’est une « classe de professionnels bien diplômés » qui exerce le pouvoir au profit de l’oligarchie. Bill Clinton a réussi à transformer le parti démocrate en parti de l’entreprise et de la finance, annulant le clivage gauche-droite. Occultant l’exploitation, et toute possibilité de répartition des richesses, ces nouveaux évangélistes du marché ne jurent que par la méritocratie dont ils prétendent être les représentants. Prétendus experts, infatués d’eux-mêmes, ils n’ont que mépris pour les perdants, ces travailleurs ordinaires. Pour ces champions des réformes sociétales du féminisme, chantres de l’antiracisme bienveillant, peu importe l’abandon des classes populaires au profit de l’électorat aisé et cultivé, tout comme les écarts de revenus qui explosent. Il suffirait que « les derniers de cordée », responsables d’eux-mêmes, s’éduquent ou « traversent la rue » pour être sauvés, devenir « créatifs ». Ce « racisme de l’intelligence » prend la forme condescendante du mariage de l’argent ostentatoire et du marché de la compassion mondialisée. Cette caste a de fait préparé la victoire de Trump. Ces démocrates US ne s’en remettent pas : ils dénoncent les mauvaises pensées de ce monde ouvrier qu’ils ignorent, les Afro-américains et latinos qui seraient misogynes et les blanches racistes… Il faut dire que la crise dont ils ont été les acteurs inconscients a tout gâché, y compris leur rêve impérial. En partant des ressorts de la politique états-unienne, l’auteur nous invite à de nombreuses comparaisons avec Blair au Royaume désormais désuni, à feu DSK et Hollande, à la grande et désormais piteuse coalition Outre-Rhin… A lire pour s’enrichir de pensées subversives pour contrer tous les démagogues xénophobes qui ne sont que les bâtards du néo-libéralisme. GD
Thomas Frank, ed. Agone, 2018, 25€