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Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


lundi 28 janvier 2019


Contre la déforestation en Malaisie

Sur l’île de Bornéo, des nomades penan, derniers représentants des chasseurs-cueilleurs, au cœur de la jungle de l’Etat de Sarawak, forment le dernier carré de résistance contre les entreprises d’exploitation forestière qui, avec le soutien des gouvernements locaux, ont de longue date mis à sac la forêt primaire. En une trentaine d’années, 80 % des forêts pluviales des deux Etats malaisiens de Bornéo, Sabah et Sarawak, ont disparu, détruites par le commerce du bois ou remplacées par d’immenses champs de palmiers à huile. Cette industrie florissante ne cesse de prospérer en raison d’un appétit croissant pour l’huile de palme : rien que dans l’Union européenne, la croissance de la consommation de ce produit, pour confectionner notamment les biocarburants, a explosé : de 14,6 millions de tonnes dans le monde en 1995 à 61,1 millions en 2015. La Malaisie est, après l’Indonésie, le 2ème producteur mondial de ce « carburant ».  Les Penan, dont le chef Peng Mengut, au milieu d’une vaste zone de forêt vierge encore épargnée, mènent l’un des ultimes combats des peuples autochtones contre les bulldozers des compagnies d’abattage du bois. Depuis deux ans, ils ont bloqué la piste des bulldozers en érigeant des barrières en bambous. Ils ont écrit sur une pancarte : « Cette forêt est le territoire traditionnel des Penan » et demandent aux intrus de « ne pas empiéter sur leurs terres et leurs droits », cette forêt aux centaines d’espèces animales, dont plusieurs dizaines sont endémiques à Bornéo, comme celle d’un ours et du splendide oiseau « calao-rhinocéros ». Depuis le mois d’août, le chef Peng et ses compagnons ont fait monter la pression en construisant une maison de bois blanc qui barre l’accès à la jungle. Cette  ZAD du bout du monde a permis aux « rebelles » de remporter une bataille, en octobre : après d’âpres négociations, la société d’abattage a fait demi-tour.
Les indigènes osent désormais poursuivre leurs adversaires devant les tribunaux, même si la loi de 1957 ne les protège pas, décidant que les terres cultivées avant 1957 appartiennent au cultivateur, mais celles cultivées après 1957 nécessitent des autorisations. Les indigènes possèdent rarement les papiers prouvant que les terres sont bien les leurs. Ces conflits illustrent deux visions antagonistes du monde entre les destructeurs de forêts et les indigènes qui la peuplent et nul ne peut prédire, face à la globalisation implacable si le chef Peng Mengut et ses compagnons ne sont pas en train de livrer leur dernière bataille face aux bulldozers.
Extraits de l’article de Bruno Philip (le Monde 15.01.2019). Pour en savoir plus : ONG de défense des peuples premiers : Survival International    https://www.survivalinternational.fr/