Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


dimanche 29 janvier 2017

Crise du lait.
Pour qui ? Pourquoi ?

Le 20 décembre dernier, nous étions à Ban-sur-Meurthe, à l’appel de la confédération paysanne pour soutenir le paysan de la ferme de Sainte Agathe dans les Vosges, producteur de lait bio, en trop petite quantité selon Lactalis, pour que ce  géant laitier daigne ramasser le lait de cette ferme et le menace d’arrêt de collecte ! Ce 12 janvier, à l’appel de la confédération paysanne et d’un large Collectif, nous soutenions Dominique Henry, institutrice et paysanne du Haut-Doubs en retraite (qui était, avec son mari, productrice de lait pour le comté), poursuivie au tribunal pour son action syndicale : elle a participé au printemps 2015 au démontage, sans violence, de la salle de traite de la ferme des Mille Vaches ; par ce geste symbolique, elle dénonçait avec 60 autres militants, l’agriculture industrielle qui ne respecte ni les femmes et les hommes (producteurs et consommateurs), ni les animaux et la nature. Dominique a refusé le prélèvement ADN, estimant que l’action syndicale ne le justifie pas et qu’elle n’est pas une criminelle : elle était convoquée au tribunal de Montbéliard (peine encourue : 1 an de prison et 15 000€ d’amende) (cf encart ADN). Ces deux exemples illustrent, par le concret, la guerre déclarée à l’agriculture paysanne face à la course folle de l’agriculture industrielle.

Les petits doivent disparaître…

et pourtant…Si l’on mesure les résultats des deux concepts d’agriculture, point n’est besoin de tergiverser. L’agriculture paysanne (et notamment les producteurs bio) s’en sortent. La SCEA de feu monsieur Ramery,  produit, sur sa ferme des 1000 vaches dans la Somme, du lait en quantité industrielle. Gérard, le paysan producteur de comté bio et sa femme vivent sur une ferme de 34 vaches (43 hectares), en coopérative. Il produit, il récolte et il vend (à la coopérative) ; ainsi « je pratique le socialisme autogestionnaire sans le savoir », souligne-t-il comme un clin d’œil aux LIP en lutte en 1973.
Il mesure les deux systèmes selon les critères : employer, produire, préserver l’environnement et le territoire.
La ferme des 1 000 Vaches emploie entre 18 et 20 salariés, précaires (en CDD), qui traient les vaches 8 heures par jour (pas plus enthousiasmant que la chaîne à PSA !). Les 21 petites fermes (dont la sienne), en coopérative, emploient environ 50 salariés : une quarantaine de paysans (2 par ferme) et les salariés de la coopérative. 
La ferme des 1000 vaches produit 8 millions de litres de lait par an, acheté (pas cher) à 250€ la tonne par Milcobel, une « coopérative » belge qui ramasse 2 800 producteurs. En fait, ce sont les aides publiques à la production du méthane, à partir des déjections des vaches et des boues, qui permettent sa compétitivité sur le marché ; ce soutien public à l’agro-industrie se fait au nom du développement durable ( !) et de la transition énergétique ! Le méthane est transformé en électricité, revendue à EDF à un tarif très préférentiel. Les paysans, quant à eux, vendent leur lait bio de qualité à 450/500€ la tonne. Une vache « conventionnelle » produit environ 7000 litres/an, une vache industrielle 8000 voire plus et une vache en bio 5000 litres, en moyenne.
Quant à la préservation de l’environnement et du territoire : la ferme des 1000 vaches a besoin, en plus de ses hangars à vaches, de 3 000 hectares autour de la ferme pour épandre les 40 000 tonnes par an des boues résiduelles ; les sols sont pollués par les épandages et les flux de camions pour livrer les aliments nourrissant les vaches, pour enlever les boues, collecter le lait, etc. sont incessants pour les villageois environnants. Aucune valeur ajoutée pour le territoire, bien au contraire. Le paysan, lui, entretient les prairies, préserve la faune, la flore et la nature : il vit, travaille au pays, c’est une valeur ajoutée au service du territoire.

Alors pourquoi la ferme paysanne n’est-elle pas promue par le ministère de l’agriculture et au-delà par l’Union européenne ? N’est-ce pas du développement durable ?

Parce que nous sommes en système capitaliste financiarisé et que « nos » gouvernements ont fait le choix des multinationales du lait : produire plus pour exporter plus… et donc,  être compétitif. Jusqu’à quand ?

Jusqu’à la disparition des paysans remplacés par des usines à vaches parsemant le territoire européen ? Pour le moment, c’est ce qui se passe. En 1990, la France comptait 200 000 fermes, en 2010, il en reste 60 000. Chaque année, entre 2000 à 2500 élevages disparaissent mais le volume de lait produit ne baisse pas et pour cause : en 2015, il y avait 20  fermes de 200 vaches et plus, elles seraient 2000 en 2020. Si les prix du lait ne sont pas régulés, la disparition des exploitations correspondra à un vaste plan de licenciement d’environ 45 000 emplois, d’ici 10 ans. Grossir ou mourir : le taux de cessation d’activité en 2016 a atteint 9% (soit le double de 2015) ! Pour grossir, les exploitants s’endettent et n’en finissent pas de rembourser leurs prêts ; il suffit d’une mauvaise année en récolte, comme en 2016, pour anéantir les exploitations trop fragiles. Par ailleurs, la profession agricole est celle qui compte le plus de burn-out et de suicides : entre 400 et 800 paysans se suicident chaque année en France.

Sauf pour quelques irréductibles (encart Nous sommes des petits paysans), le mythe du paysan autonome qui fait lui-même ses choix de production, a vécu. Il ne décide pas, sur un territoire donné, de produire pour les besoins de la population locale. Il est un OS sur la chaîne du lait (ou sur la chaîne des céréales pour celui qui est céréalier ou sur la chaîne du porc pour celui qui est porcin…). Ce n’est pas lui qui discute le prix du lait, ce sont les multinationales de l’alimentation. Et même les producteurs bio en coopérative sont coincés dans le système de production actuel dépendant du marché mondial, néanmoins moins dépendants lorsqu’ils constituent de « vraies » coopératives, où les paysans ont leur place à égalité avec les acheteurs pour fixer le prix d’achat.

Le prix du lait

L’Union européenne (et donc la France) a fait le choix d’entrer dans le marché mondial, même si elle n’exporte qu’environ 10 à 12% de son lait, l’essentiel de sa production étant autoconsommée dans les pays. La production et la consommation mondiale de lait sont de l’ordre de 800 millions de tonnes par an, mais le marché mondial des produits laitiers ne porte que sur 8% de la production totale soit 65 millions de tonnes. Trois exportateurs fournissent plus de 70% du marché mondial : la Nouvelle-Zélande, l’UE et les Etats-Unis. Leurs modes de production différents, les aléas climatiques et les prix des céréales, font flamber ou chuter les prix mondiaux. La Nouvelle-Zélande est très « compétitive » : elle a en moyenne 400 vaches par ferme, chacune étant gérée par 2 personnes ; les vaches sont au pâturage toute l’année, ce qui évite les charges d’investissements, d’entretien  de bâtiments, etc. ; la distribution est assurée par une seule structure : la « coopérative » Fonterra (forte de 4 millions de litres fournis par 5 millions de vaches). La Nouvelle-Zélande est très présente à l’OMC et fournit principalement la Chine. Quant aux Etats-Unis, ils ont de gigantesques élevages de 1 000 à 30 000 vaches, prisonnières dans des fermes hors sol dont elles ne sortent jamais : ni frais d’investissement ni frais fonciers et, pour travailler dans ces fermes, des ouvriers mexicains mal payés.

L’UE, face à ces deux colosses, doit produire de la poudre de lait (le marché du lait c’est essentiellement la poudre de lait, la part du beurre et des fromages est très restreinte) moins chère pour être concurrentielle. En 2014, l’UE a trop produit ; parallèlement, l’embargo russe et le coup de frein des importations chinoises ont entraîné une surproduction européenne. En 2015, cela s’est poursuivi ; de plus, la PAC (Politique Agricole Commune) a mis fin, le 1er avril, aux quotas laitiers. La demande interne n’ayant pas augmenté, en 2016, le prix du lait s’est effondré à 257€ la tonne (305€ en 2015, 365€ en 2014). Le prix du lait 2016 est équivalent à celui de 1986 ! La « crise » du lait n’est pas un accident imprévisible mais le révélateur des effets de la dérégulation programmée par la Commission sans nouvelles mesures de sécurisation des revenus. Manifestations importantes, pressions sur le ministre Le Foll ont abouti fin août à un accord à 290€ la tonne alors que la production d’une tonne de lait est estimée à 374€. Le prix de production comprend 50€ de charges de culture (semences, engrais pour cultiver les céréales qui nourrissent les vaches, 133€ (aliments, vaccins, antibiotiques, insémination), 42€ en frais de fonctionnement (essence/réparations…), 51€ en amortissement, 98€ en charges diverses (emprunts, assurance…) et ce, sans compter la rémunération du paysan.

Mais la concurrence n’est pas que mondiale, elle est intra-européenne. La France a un prix du lait supérieur à celui de l’Allemagne ou de l’Irlande ; pour cette dernière, maintenant ses troupeaux dans les prés, il est à 250€ la tonne. Le Danemark, champion de la productivité grâce à une robotisation extrême et aux vachers ukrainiens mal payés, inonde le marché européen, même si ses paysans sont très endettés. Pour répondre à ces réalités, Le Foll n’a pas d’autre proposition que : « il faut être compétitif », cela signifie être plus gros pour être ramassé par les collecteurs, être dans la course sans fin sur le volume et les produits à vendre. Mais la marge financière dégagée depuis les années 2000 bénéficie exclusivement à l’industrie qui transforme le lait et à celle qui le distribue. Le ½ litre de lait écrémé est vendu 78 centimes d’euros alors qu’il est acheté à moins de 30 centimes. Si le prix à la tonne ne remonte pas au-dessus de 300€, c’est la mort des producteurs. S’il passe à 350€, cela entraînera du réinvestissement pour produire plus... qui engendrera une crise de surproduction… et la chute du prix d’achat…spirale sans fin. Sans régulation des volumes, il n’y a pas d’avenir. Si on laisse faire sans réguler, le prix du lait va chuter et les fermes disparaître.

Les quotas laitiers, mis en place par l’UE en 1984, ont permis de freiner la production pour éviter que les prix ne chutent. Les prix garantis permettaient de freiner la concurrence sauvage. En 2003, l’UE a décidé de supprimer les quotas laitiers au 1er avril 2015, estimant ce système trop coûteux et contraire à la concurrence pure et parfaite. Le prix du lait est désormais déterminé par la loi de l’offre et la demande, sur le marché mondial, sujet aux bulles et crashs déjà connus sur les marchés des matières premières.

Pour sortir du conflit de l’été 2016, l’UE a décidé d’injecter 500 millions d’euros pour, d’une part, aider les producteurs à réduire la production (150 millions), les agriculteurs sont rémunérés au prorata des litres non produits ; d’autre, part, elle a versé 350 millions aux 28 Etats membres selon le nombre de petites exploitations (la France à ce titre touchera 50 millions)

Mais, la crise réapparaîtra. Ce sont les industriels de la filière du lait (collecteurs, transformateurs et vendeurs) (encart Lactalis) qui font la pluie et le beau temps. Ce sont eux qui font la politique du lait et qui font baisser les prix d’achat, augmenter la production, agrandir les troupeaux, quitte à endetter le paysan.     

Quelles solutions ?

L’UE est une faible exportatrice en matière de lait. Elle pourrait décider d’une autre politique, sans révolutionner le système actuel, en sécurisant son marché interne et en déconnectant le prix européen du prix mondial. Cela signifierait : dire Non aux TAFTA, CETA et autres APE (accords de partenariat économiques avec les pays émergents) en instituant de vrais accords de coopération avec les pays du sud de la Méditerranée. Au sein du territoire européen, elle pourrait modifier la PAC actuelle et décider de ne plus distribuer une aide à l’hectare, ce qui favorise les grosses exploitations ; elle a bien aboli, récemment, le système de 1992 qui soutenait uniquement les fermes nourrissant leurs bêtes au maïs ensilage et pas celles qui pratiquaient l’herbage.
Mais, il ne suffit pas de réguler les prix, il faut aussi une régulation sociale en refusant de favoriser les fermes usines par rapport aux petites qui subissent la politique du  « dégagez les petits, vous êtes inadaptés pour la concurrence ! ». Il sera difficile de convaincre l’actuelle commission européenne et le conseil européen quand on connaît leurs orientations ultralibérales. Seules les différentes luttes et la défense commune d’un autre modèle permettraient d’envisager une agriculture respectueuse des humains, des animaux et de la nature. C’est le projet de la Confédération paysanne qu’il faut soutenir, celle qui refuse les « fermes-usines » produisant à outrance et concurrençant les petits éleveurs au mépris de la qualité de l’alimentation. Il faut refuser dans l’agriculture, tout comme dans l’industrie, la logique de la productivité, de soumission à la loi du profit maximum et aux intérêts financiers. Là encore, la bataille est rude, face au syndicat majoritaire, la FNSEA. La filière bio, en coopératives autogérées, est un autre moyen mais elle ne représentait en 2015 que 2 400 fermes (+ 330 en cours de conversion) et se convertir est un investissement lourd et parfois impossible pour le paysan endetté.

Les puissances industrielles et financières ne lâcheront pas le modèle d’agriculture industrielle qui les sert en dividendes toujours plus importants. Ils ne laisseront pas filer cette manne sans la défendre avec la complicité des gouvernements. En l’occurrence, ils ont un allié en France, avec un gouvernement « socialiste » qui n’hésite pas à criminaliser les paysans en lutte, tout comme il le fait avec les salariés de Goodyear, d’Air France… ou avec les militants ou citoyens solidaires des exilés sans refuge. Par ailleurs, les agriculteurs ne représentent plus que 3% de la population française, de quoi à être ignorés par les politiques même à fins électoralistes. D’ailleurs, allons voir dans les futurs programmes des présidentiables ce qu’ils en disent…

C’est donc un chantier colossal que les paysans rebelles ont entrepris. Il peut s’élargir aux consommateurs, salariés d’industries, commerçants : une cause commune nous réunit, celle d’une alimentation saine sans produits chimiques substitutifs. Cela passera par une réappropriation de la décision de production et de distribution de ce que l’on produit pour réussir à imposer largement, ce que les salariés des LIP en lutte, avaient réussi à mettre en place : on produit, on vend, on se paie.   

Odile Mangeot, le 19.01.2017

Sources :
- interventions de deux paysans en comté-bio et d’André Pfimlin (recherche/développement sur la filière lait)  dans le cadre de la journée de soutien à Dominique Henry le 12 janvier
- sites de la Confédération paysanne, bastamag, Reporterre


Pendant ce temps là… les industriels du lait s’enrichissent

Lactalis : n° 1 mondial dans le secteur, bien connu avec les marques Lactel, Bridel, Président. Le plus mauvais payeur en France (257€ la tonne en 2016), il collecte plus de 20% du lait français soit plus de 20 000 paysans, 1 producteur sur 4 environ. Ses concurrents sont Bongrain, Sodiaal, Bel et Danone. Si ces multinationales tirent leur épingle du jeu, leurs propriétaires aussi. La famille Besnier (Lactalis) trône en 13ème position du palmarès des fortunes françaises avec 6.8 milliards d’euros. La famille Fiévet (Bel) est en 25ème place avec 2.68 milliards…

Criminalisation des militants

Dominique Henry a été placée en garde à vue le 28 mai 2015 (avec 4 autres militants). Elle y restera 3 jours. Le 30 mai, elle est transférée au tribunal d’Amiens « menottée, encadrée de 3 gendarmes armés jusqu’aux dents avec des gilets pare-balles, sirènes hurlantes avec 2 motards qui ouvrent la route…Verdict : placée sous contrôle judiciaire jusqu’au procès avec interdiction de rencontrer mes « complices » sinon c’est la prison immédiate… Ainsi l’objectif est clair : faire passer individuellement les 5 personnes interpellées pour de dangereux illuminés, éviter tout débat démocratique et museler les opposants au projet, orienter l’agriculture vers une industrialisation avec des coûts les plus bas possible… ». Le 1er juillet, elle est condamnée à des peines d’amende avec sursis. (Témoignage de D. Henry sur http://www.confederationpaysanne.fr/mobilisations.php?imp). Et comme elle a refusé de donner son ADN, elle est convoquée au tribunal de Montbéliard le 12 janvier. Le 19 janvier, le tribunal la condamne à 750€ d’amende… mais l’histoire n’est pas finie puisqu’elle déclare « Mon ADN ils ne l’auront pas »… elle sera à nouveau convoquée au Tribunal…. Elle mène cette lutte contre la criminalisation des militants. Dominique n’est pas une criminelle et la contraindre à donner son ADN est aussi une atteinte à sa vie privée. Si le prélèvement ADN est logique en cas de délinquance sexuelle, il ne peut servir à ficher des militants. Le fichier génétique a été créé en 1998 pour les délinquants sexuels, élargi en 2003 à tous les gardés à vue… sauf… les délinquants financiers : en clair, M. Cahuzac n’a pas été contraint de donner son ADN !  

Nous sommes des petits paysans de montagne.

Les conditions climatiques et géographiques ne nous permettent pas d’envisager un avenir de paysans de plaine. Nous resterons des petits paysans. Nous n’avons pas, et ne pouvons pas fournir, une production intensive. Nous sommes, par définition, extensifs et de production locale. Nous maintenons en place ce qui reste de l’agriculture de montagne qui a été abandonnée, désertée, délaissée à la suite des deux derniers conflits du 20ème siècle.

Depuis, peu de jeunes s’intéressent à ce que nous avons maintenu et veulent continuer cette façon de vivre paysanne. C’est un avenir qui peut entretenir une ambiance de montagne vivante. De par nos activités, nous gardons en place des paysages, des images bucoliques que les citadins aiment à retrouver. L’agriculture de montagne crée ou maintient l’ouverture des paysages en concurrence avec la forêt initiale et dense. Ces paysages, l’homme du Moyen-Age les a façonnés pour vivre, pour y vivre avec des animaux domestiques. Depuis, le progrès a rendu le travail moins pénible, jusqu’à éliminer progressivement les petits paysans, pour ne prendre en compte que les exploitants agricoles qui intéressent la filière agro-alimentaire mondiale.

C’est aux petits paysans à s’affirmer en produisant différemment, localement, sainement, en prenant soin de ne pas tomber dans le désespoir et le pessimisme, mais en résistant dans leur paysage, leurs productions, leurs élevages, en ne « lâchant rien » de leurs convictions qui visent le respect de la Terre, des Hommes, des Animaux et des Plantes.

Chez nous, dans les Vosges, la renommée fromagère est une identité, initialement, très simple de fabrication : faire cailler le lait et l’égoutter en le moulant. Le lait et ses dérivés ont une place importante dans notre alimentation. La prairie naturelle donne à ce lait une saveur particulière : un terroir.

Nos vaches sont et seront de vraies vaches de race locale avec une identité régionale reconnue. Elles auront des cornes, et l’hiver, pourront être maintenues à l’attache dans l’étable ; comme nos aïeuls, nous prendrons soin d’elles et assureront leur bien-être. Elles seront brossées à main d’homme pour établir le contact homme-animal d’où dépendra la confiance mutuelle et nécessaire au fil des jours.

Nos vaches seront donc domestiquées et non robotisées. La robotisation peut être intéressante pour l’industrie ou autre technologie mais ne semble pas être à sa place pour le VIVANT, animal ou végétal. Nos vaches auront des veaux dont elles s’occuperont en les allaitant sans restriction, sans limites de temps, à l’étable et dans les prés. Nos vaches seront respectées et non transformées en vaches à lait, synonyme de rentabilité financière jusqu’à épuisement.

Celles et ceux qui s’en occuperont seront de vraies fermières, de vrais fermiers qui ne confondront pas domestication et exploitation du végétal et de l’animal, ayant pour unique objectif la rentabilité.

Ayons le courage de résister.
Selon Aristote, le courage est la première des qualités humaines car elle garantit toutes les autres.

Jean-Marie Ihry, le 19.12.2016