Révolte de « la tribu des cyclistes à glacières à bretelles »,
les exploités de l’ubérisation
Débarquée en France en 2012,la
plateforme californienne Uber,
vitrine de la nouvelle économie des
start-up, s’appuyant sur des autoentrepreneurs et non des salariés, évitant
ainsi les cotisations sociales, le code du travail… et autres
« lourdeurs », commence à être contestée. « Le mythe de l’ubérisation joyeuse a vécu ». Cette gig economy ou économie de partage a fleuri au Royaume-Uni, en France et
ailleurs : des entreprises sans actif ou très peu, fonctionnant sur
plateforme par téléphone portable, rémunérant à la prestation… Ce sont : Uber-VTC (Véhicule de transport avec
Chauffeur), Deliveroo (service de
livraison à domicile de plats de restaurant), les sociétés de coursiers (City
Sprint, Addison Lee…). Au Royaume-Uni, 4.9 millions de personnes
travailleraient pour une plate-forme internet de partage, un peu plus du tiers
à titre principal (soit 1.8 million) ! Mais l’exploitation a ses limites ! Voici que souffle le vent de
la révolte ! En aout 2016, les livreurs londoniens ont mené une
grève d’une semaine pour protester contre les conditions de travail, soutenus
par le syndicat IWGB qui dénonce le retour au travail journalier du 19ème
siècle. Le travailleur fournit son vélo, 150 livres en échange de l’uniforme,
est payé à la livraison, sans garantie minimum, sans assurance, sans
équipements de protection… Billy, livreur, a décidé de témoigner des conditions
de travail devant le Comité central d’arbitrage pour forcer la start up à
reconnaître un syndicat.
En octobre dernier, Uber a perdu un
procès-clé, le forçant à traiter ses 30 000 chauffeurs londoniens comme
des salariés. Les
plaignants réclamaient des vacances, des indemnités en cas de maladie et un
salaire minimum garanti. Le tribunal a estimé que les chauffeurs Uber étaient des salariés déguisés. La start up a fait appel. Un autre
tribunal a condamné la société de coursiers City Sprint à considérer une de ses
cyclistes comme salariée. D’autres procès similaires sont en attente. En France,
l’URSSAF a lancé deux procédures contre Uber au motif que ces indépendants sont
des salariés déguisés. Les chauffeurs VTC mi-décembre manifestaient à Paris,
dénonçant « l’humiliation », « l’exploitation » dont ils
sont victimes, soutenus par des organisations pour l’une d’entre elles, affiliée
à l’UNSA : UNSA-VTC. Il était temps de donner un coup d’arrêt à cette exploitation
d’un autre âge.