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lundi 1 avril 2019


Aéroports de Paris… toujours plus de privatisations

Le roitelet de l’Elysée souhaite être le bon élève des puissants qui l’ont aidé à se hisser sur le trône, à savoir Henry Hermand, le millionnaire qui s’est chargé de financer sa vie privée, Xavier Niel, cet ancien proxénète devenu milliardaire (7ème fortune française) détenteur de nombreux médias et Bernard Arnault, 1ère fortune de France, propriétaire du groupe de luxe LVMH, doté d’un patrimoine de 70 milliards d’euros (1).

Il y a, en même temps, des poules aux œufs d’or publiques à brader et des satisfecit à recevoir de la part des eurocrates qui veillent à la réduction des déficits publics au moyen de privatisations et d’austérité budgétaire. Dès lors, faire rentrer dans les caisses de l’Etat, 19 milliards d’euros en vendant les participations de l’Etat d’Aéroports de Paris, de la Française des jeux et d’Engie, serait un coup de maître qui satisferait à la fois Bruxelles et, par des arrangements particuliers, ses « amis » les plus cupides.

Au demeurant, ce n’est pas simple… de vendre notamment Aéroports de Paris (ADP), cette infrastructure stratégique qui gère 22 aéroports dans le monde, même pour une concession… de 70 ans. Il s’agirait de vendre la part de l’Etat, 50.6 % du capital, et de récupérer ainsi 8 à 10 milliards estimés. Seraient à la manœuvre les conseillers des banques Rothschild et Lazard. Reste que cette infrastructure a rapporté à l’Etat 173 millions en 2018 en dividendes, ce qui, à l’horizon des 70 ans, correspondrait, toutes choses étant égales par ailleurs, à plus de 12 milliards. Non seulement, le Sénat s’y oppose mais les cupides rechignent : il y a cette limitation réglementaire de 250 000 vols par an à Orly, contrainte insupportable ! alors même que les investissements déjà financés par l’Etat permettent une extension de Roissy et d’Orly. Et puis, si l’Etat s’avisait de taxer le kérosène… l’affaire serait moins rentable, à moins d’augmenter les tarifs voyageurs. VINCI, ce monstre du BTP, principal bénéficiaire de la privatisation des autoroutes, est intéressé mais, il y met des conditions : non seulement, le cahier des charges doit comporter des allégements de contraintes, mais surtout, pas question de saucissonner les parts de l’Etat. Xavier Huillard, PDG de Vinci, l’a dit  « Je veux tout » ou rien. D’où le montage hasardeux proposé par Patrick Devedjian (ancien homme politique de droite extrême). En patron de ces départements franciliens, il préconise de mettre au pot 1 milliard, plus 5 milliards du fonds spéculatif Adrian et 2 à 3 milliards d’emprunts souscrits par lesdites collectivités…

On sait comment a fini, dans l’imbroglio, la privatisation de l’aéroport Toulouse-Blagnac. Le partage de ce fleuron s’est réalisé entre le groupe chinois Casil Europe, associé au fonds spéculatif SNC Lavalin (Canadien) pour 49.9 % des parts, la Région, le département de Haute-Garonne, la métropole de Toulouse, la Chambre de commerce et d’industrie, détenant des parts correspondant au total à 40 %, l’Etat n’en possédant plus que 10.1 %. Le recours juridique contre les nuisances sonores a rebattu les cartes. On découvrit que, non seulement, la procédure dans le choix de l’actionnaire n’avait pas été respectée mais, qui plus est, le fonds spéculatif aurait dû être exclu pour corruption… Sur ce, la holding chinoise veut vendre ses parts et voler vers d’autres cieux plus lucratifs et moins procéduriers… Les syndicats s’y opposent en exigeant la mise sous séquestre des actions chinoises ; ils sont déboutés par le Tribunal de commerce de Paris qui prétend que seul l’Etat peut bloquer la vente. Sur ce, les syndicats font appel et l’Etat reste aux abonnés absents. Quant au groupe chinois, il estime avoir fait sa part de développement. Le résultat d’exploitation a augmenté de 30 % ainsi que les profits qui y étaient attachés. Reste comme futur acquéreur le fonds dit d’investissement EDEIS, créé en 2017, qui a racheté le fonds spéculatif SNC-Lavalin… Suite au prochain épisode.

On se  souvient également de la privatisation des autoroutes qui rapportaient en 2006 15 milliards à l’Etat et qui, désormais, profitent bien plus à Vinci et compagnies, avec la hausse des péages qui s’en sont suivi.

Mais l’Etat au service des intérêts de la finance persiste : « il faut laisser la place aux actionnaires » (Bruno Lemaire), « l’Etat gère mal » (Edouard Philippe). Bref, autant d’arguties, de bradages pour se décerner un brevet d’incompétence ! Et quand on sait que la plupart des PDG des privatisations sont issus de l’ENA, après un bref passage dans les ministères, on y perd son latin car la langue du profit et de l’enrichissement éhonté n’est pas la nôtre.

Serge Victor, le 27.03.2019   

(1)    Dans Crépuscule. Macron et les oligarques. L’enquête vérité de Juan Branco, ed. Au diable Vauvert