Qu’est-ce
que l’Union Européenne ? Les co-auteurs de ce livre nous renvoient aux
années 1950, quand, sous la pression des Etats-Unis, l’idée de l’Europe est
née, comme un nouveau type d’empire sans conquêtes territoriales, faisant
émerger des rivaux industriels pour développer le libre-échange. Il s’agit à
cette époque d’étouffer le socialisme en Europe, de se protéger de la
souveraineté populaire en mettant en place des institutions limitant la
démocratie. Avant même le tournant global du néolibéralisme entamé dans les
années 1970, la libre concurrence est un principe fondateur du projet européen.
Cette conception ne fera que se renforcer, le traité de Maastricht (1992)
créant l’euro comme monnaie unique en constituera une avancée majeure. Les
socialistes au pouvoir en France choisissent de rester dans le système
monétaire européen, donnant priorité à la lutte contre l’inflation, par la
rigueur budgétaire et la hausse du chômage. Delors l’affirmera : « la flexibilité salariale et la mobilité du
travail sont nécessaires pour éliminer les différences de compétitivité entre
les pays et régions de la communauté ». La crise de 2007-2008 a
démontré le régime politique autoritaire de l’UE, disposée à suspendre les
procédures démocratiques et à remplacer des gouvernements élus par des
technocrates en donnant une place prépondérante à la BCE ou en annulant des
référendums. Cette réflexion sur les fondements de l’Europe explique que
« sortir de l’UE » est une rupture avec le néolibéralisme, avec l’euro, c’est-à-dire de lutter contre
l’UE telle qu’elle est.
Cinq co-auteurs sous la direction de Cédric Durand, La fabrique,
2013, 15€