L’Espagne :
un pays qui sait garder ses traditions !
Si
vous cherchez un lieu de villégiature dans un pays qui sait entretenir le
souvenir de son glorieux passé, qui sait ne pas oublier le souvenir des hommes qui
l’ont fait, un pays en Europe s’impose à vous sans hésiter : l’Espagne.
Vous pourrez, par exemple, chaque 14 octobre participer à la fête
nationale, la fête de l’hispanisation, et festoyer ainsi en souvenir de la
« grandiose œuvre humaniste
d’évangélisation des civilisations » de libération, bref de « bonheurisation »
des peuples autochtones d’Amérique du Sud … ! Les conquistadors ont même,
dans leur immense sagesse et bonté, introduit par exemple au Mexique l’ancêtre
du planning familial et le contrôle de l’évolution démographique. En effet, en
1500, ce pays comptait près de 20 millions d’Indiens alors qu’en 1600, après
100 ans de colonisation espagnole, il n’en comptait plus que 2 millions.
Vous auriez pu, ce 25 octobre, participer avec la fondation
Francisco Franco à la manifestation visant à empêcher le déplacement de la
dépouille de ce « brave » Francisco, du monument dédié aux victimes
de la guerre civile : Valle de los Caïdos (monument construit par
20 000 prisonniers politiques) vers le cimetière familial de ce personnage
illustre. Vous auriez pu à cette occasion interpréter des chants, exécuter des
saluts fascistes dans un esprit de fraternité avec les membres de cette
fondation.
Car
en Espagne, la Fondation Francisco Franco existe toujours. Ses objectifs
sont de « diffuser et promouvoir l’étude et les connaissances sur la vie, la
pensée, l’héritage et le travail de F. Franco Bahamonde dans sa dimension
humaine, militaire, politique ainsi que sur les accomplissements de son mandat
de chef d’Etat espagnol ». Cette
fondation est toujours reconnue d’intérêt général et vous y
serez en excellente compagnie puisque le Président d’honneur en est Louis
Alphonse de Bourbon, cousin germain de Felipe VI. Les socialistes du PSOE
promettent régulièrement de l’interdire mais ne l’ont toujours pas fait. Certes
en 2007, le gouvernement de Zapatero promulgua la loi de mémoire historique
visant à retirer les vestiges de la dictature, identifier les milliers de corps
jetés dans les fosses communes, réhabiliter la mémoire des Républicains vaincus
et condamnés…. Mais, fort heureusement le Parti Populaire est revenu au pouvoir
et Mariano Rajoy, son chef, pouvait se vanter publiquement en 2017 de ne pas
avoir dépensé un euro pour appliquer cette loi.
De plus, l’Espagne, ces derniers temps, a fait un effort
notoire pour renouer avec son célèbre passé en remettant au goût du jour les
procès politiques. En effet ont été jugés des hommes et des femmes politiques
ainsi que des responsables d’associations pour avoir organisé, le 1° octobre
2017, une consultation populaire en Catalogne portant sur l’accession à
l’indépendance de cette région. Aux dires de l’Etat espagnol, ce procès fut
parfaitement équitable, ce qui n’est pas tout à fait l’avis d’Alexandre Faro observateur de la
Ligue Internationale des Droits de l’Homme : « La séparation des
pouvoirs ne saute pas aux yeux dans cette juridiction. Les juges du Conseil
Général du pouvoir judiciaire sont nommés par les partis au pouvoir. Le juge
qui préside cette instance est un proche affiché du Parti Populaire. De plus au
cours des auditions, les policiers ont témoigné en présence de leurs supérieurs
hiérarchiques ». Donc, pour avoir mis en œuvre le programme avec
lequel ils avaient été élus, ces hommes et ces femmes ont été condamnés à des
peines allant de 9 ans et demi à 13 ans de prison.
Je
ne comprends vraiment pas pourquoi certains Catalans veulent se séparer de
cette Espagne au si glorieux passé et au si noble présent !
Jean-Louis
Lamboley (et son humour grinçant)
25
octobre 2019. En plus des nombreuses
mobilisations et manifestations en Catalogne, des centaines et des centaines de
citoyens basques ont revendiqué leur solidarité avec les prisonniers politiques
condamnés. Ils ont illuminé plusieurs cimes basques et lieux naturels emblématiques
signifiant clairement aux Catalans et au monde entier leur soutien, leur
solidarité infaillible. Un message fort de solidarité et de résistance face à
l’oppression du pouvoir espagnol exprimé par une citoyenne : « Célébrer
un référendum n’est pas un délit !! ». Lucette.
En Catalogne, chaque jour, il y a des actions pour dénoncer la non-démocratie du pouvoir espagnol. Le
mouvement pacifiste continue à revendiquer le droit à l’autodétermination et
surtout la liberté des prisonniers politiques en organisant des actions
spectaculaires non violentes comme la longue « marche de la liberté »
à l’image de celle de Gandhi ou de Mandela. Les jeunes se sont maintenant unis
derrière le mot d’ordre : « Ja no pot ser…el nostre futuro està en
perill… la llibertad d’expressio ha desaparegut….». La police
suréquipée et surarmée (la Guardia Civil de Madrid a pris le contrôle des
Mossos catalans…) lance des offensives avec des armes interdites (selon une amie militante du mouvement Assemblea Catalana) contre les jeunes, faisant de nombreux
blessés. Les interpellations et incarcérations sont journalières. Lucette.