Amazon.
Une fissure dans le modèle du e-commerce ?
Les salariés de l’entrepôt Amazon de
Bessener, en Alabama, ont voté contre la syndicalisation de leur site. Aux
Etats-Unis (depuis la loi de 1935), les employés d’une même entreprise, pour
être autorisés à créer un syndicat, doivent obtenir (par référendum dans
l’entreprise) 30 % de votes favorables, leur donnant droit à solliciter une
élection au bureau fédéral. Le syndicat qui obtient 50 % + 1 des suffrages
exprimés devient le représentant légal des employés. Les salariés d’Amazon ont
passé le premier obstacle, plus de 30 % des 5 900 salariés ont signé une
pétition pour la syndicalisation, soutenus notamment par le mouvement
antiraciste Black Lives Matter, dans une usine où près de 80 % des salariés
sont afro-américains. Mais, lors du vote, le non à la syndicalisation l’a
emporté avec 1 798 voix contre 738 en faveur du RWDSU (syndicat national
de la distribution). Amazon a mené une campagne très agressive contre les
syndicats, les salariés ont craint la fermeture de l’usine dans un Etat très
pauvre et très conservateur. C’est une victoire pour Jeff Bezos, 2ème
employeur des USA (derrière Walmart) avec 950 000 salariés, sans syndicat.
Mais le géant n’en sort pas indemne. Ont été mises en lumière les cadences
infernales, rappelant l’affaire du « pause pipi gate » prouvant que
les employés sont obligés d’uriner dans une bouteille par manque de temps. Le
géant du e-commerce a beau mettre en avant sa politique salariale (15
dollars/h, le double du salaire minimum), c’est loin de compenser des
conditions de travail inacceptables : « la salle de pause est très loin et il faut manger comme un prisonnier
pour être revenu à temps car si vous avez une minute de retard, on vous compte
une heure non payée ». Le vote de Bessemer a dépassé les frontières de
l’Alabama, montrant que la mobilisation est possible pour mettre en place un
syndicat. Le mouvement résonne aussi avec d’autres actions syndicales dans le
monde, comme la grève, fin mars, en Italie pour dénoncer les conditions de
travail dans les entrepôts du pays, suivie par 75 % des salariés. Jeff, ton
modèle se fissure !