USA.
Bifurcation de Biden ?
Avec
les différents plans de relance annoncés, serait-ce la fin du néolibéralisme
débridé ? L’effet d’optique peut être trompeur. Reste que la volonté
proclamée est sans équivalent.
Premier
plan de relance de 1 900 milliards de dollars, voté mi-mars, pour contrer
les effets du Covid. Il comprend notamment une aide d’urgence de 1 400
dollars maxi, pour les Etats-uniens dont le salaire annuel est inférieur à
75 000 dollars. Puis, un deuxième et un troisième plans, respectivement de
2 250 milliards et de 1 000 milliards qui, eux, ne sont pas encore
votés. Cette injection massive dans l’économie est censée réparer les tissus
sociaux et industriels et créer des millions d’emplois. Les plus riches et les
sociétés seraient mis à contribution. Le marché libre et l’austérité budgétaire
ne seraient plus la panacée ? Imposer les bénéfices des entreprises
américaines à l’étranger serait à l’ordre du jour, comme l’harmonisation
fiscale mondiale ? Les multinationales, les 91 plus grosses qui ne paient
pas d’impôt fédéral, les paradis fiscaux, vont-ils s’y plier ? Le
néolibéralisme aurait-il vécu ? Rien n’est moins sûr. Ce qui est certain,
en revanche, c’est que le poids des inégalités, de la précarité, de
l’accumulation des richesses au profit du 1 % est devenu insupportable. Si l’aile
gauche du parti démocrate taraude les néolibéraux et les lobbys qui les
financent, leur percée n’est pas acquise. On apprendra demain comment les Etats
européens réagiront à la volte-face du géant US dont les pieds d’argile
s’effritent.
Biden
et son équipe semblent bien vouloir tout faire face aux difficultés, pour que
les Etats-Unis demeurent la première puissance mondiale, d’une part, en réparant
les dégâts intérieurs et, d’autre part, en se désengageant du bourbier du
Moyen-Orient : retrait d’Afghanistan, reprise des négociations avec l’Iran
et de l’aide américaine à l’Autorité palestinienne. Faire baisser les tensions
internationales ne serait-ce pas la marque de la volonté de se concentrer sur
l’Europe afin qu’elle demeure dans le giron états-unien ? Moscou et la Chine
sont en lignes de mire. Le soutien à l’Ukrainien Zelensky, affaibli, les
pressions pour que ce pays entre dans l’OTAN, la présence de navires US en mer
Noire, en attestent, tout comme l’obstination à l’obstruction du terminal de
gazoduc NordStream2. Poutine ne s’y est pas trompé en montrant ses
muscles ; il a concentré des troupes à la frontière ukrainienne.
L'intrusion du trublion Erdogan dans le jeu, en affirmant son soutien à la
clique mafieuse de l’Ukraine, pays à la dérive, tend à prouver que c’est bien
la logique des blocs qui prévaut. Par ailleurs, les pressions de Biden sur le
Portugal pour évincer la Chine de l’extension du site portuaire de Sines vont
dans le même sens. Pour Biden, l’UE, quitte à la diviser, doit rester sous
emprise états-unienne.
Bref,
la logique d’affrontement des blocs de puissance se déplacerait sur le terrain
européen avant qu’il ne soit possible d’envisager la reconfiguration de cette
stratégie contre la Chine, comme l’axe indo-pacifique le laisse supposer.
A
suivre
GD,
le 22.04.2021