Quand les Zapatistes débarquent…
Une montagne en haute mer
Il y a un quart de siècle, après dix ans de préparation, le soulèvement de l'EZLN émergeait des villages du Chiapas, au Mexique, un ya basta vibrant d'espoirs. Sur des terres « récupérées », les Zapatistes édifient des communautés autonomes, créent des écoles, des cliniques, des coopératives, apprennent à se gouverner collectivement, sachant que leur émancipation ne peut se réaliser que dans « un monde où il y a de la place pour plusieurs mondes ». Ils ont impulsé le Congrès National Indigène, organisé des rencontres autour des arts, des sciences, des luttes. Aujourd’hui les Zapatistes nous disent : « Dans les montagnes du sud et mexicain, tous les mondes du monde ont rencontré et rencontrent toujours une écoute dans nos cœurs. Leur parole et leur action ont alimenté notre résistance et notre rébellion… C’est le moment désormais pour que nous rendions la pareille à l'écoute, à la parole et à la présence de ces mondes proches ou lointains par la géographie ».
Ils, elles ont décidé de traverser l’océan Atlantique. Une délégation de près de 200 personnes, dont 3/4 de femmes, viendra rencontrer les luttes européennes sur leurs territoires afin de tisser des alliances et partager des convictions, des énergies communes : la défense de la vie, l’autonomie politique et le combat contre toutes les formes de domination. L’une des destinations est Madrid, 13 Août 2021, 500 ans jour pour jour après la chute de la capitale de l'Empire aztèque et le début officiel de la colonisation des terres mexicaines».
Pour leur voyage européen, ils ont publié des communiqués. Ci-dessous des extraits du premier, le 1er janvier 2021, signé par des centaines de personnes, collectifs et organisations : une Déclaration pour la vie.
Aux peuples du monde
POUR LA VIE
Aux personnes qui luttent sur les cinq continents, frères, sœurs, froeurs, compañer@s
Durant ces derniers mois, nous avons pris contact entre nous de différentes manières. Nous sommes des femmes, des lesbiennes, des gays, des bisexuels, des transgenres, des travestis, des transsexuels, des personnes inter-sexes, des queers et d’autres encore, hommes, groupes, collectifs, associations, organisations, mouvements sociaux, peuples originaires, associations de quartier, communautés et un long et cetera qui nous donne une identité… qui nous rend différents et bien des fois nous oppose… Il n’y a que très peu de choses qui nous unissent :
Faire nôtres les douleurs de la terre : la violence contre les femmes, la persécution et le mépris contre les différentEs dans leur identité affective, émotionnelle, sexuelle, l’anéantissement de l’enfance, le génocide contre les peuples originaires, le racisme, le militarisme, l’exploitation, la spoliation, la destruction de la nature.
Comprendre que le responsable de ces douleurs est un système. Le bourreau est un système exploiteur, patriarcal, pyramidal, raciste, voleur et criminel : le capitalisme.
Savoir qu’il n’est pas possible de réformer ce système, ni de l’éduquer, de l’atténuer, d’en limer les aspérités, de le domestiquer, de l’humaniser.
S’être engagé à lutter, partout et à toute heure – chacunE là où on se trouve – contre ce système jusqu’à le détruire complètement. La survie de l’humanité dépend de la destruction du capitalisme. Nous ne nous rendons pas, nous ne nous vendons pas, nous ne titubons pas.
Avoir la certitude que la lutte pour l’humanité est mondiale. De même que la destruction en cours ne reconnaît pas de frontières, de nationalités, de drapeaux, de langues, de cultures, de races, la lutte pour l’humanité et en tous lieux, tout le temps.
Avoir la conviction que nombreux sont les mondes qui vivent et qui luttent dans le monde. Et que toute prétention à l’homogénéité et à l’hégémonie attente à l’essence de l’être humain : la liberté. L’égalité de l’humanité se trouve dans le respect de la différence. C’est dans sa diversité que se trouve sa ressemblance.
Comprendre que ce n’est pas la prétention d’imposer notre regard, nos pas, nos compagnies, nos chemins et nos destins qui nous permettra d’avancer, mais la capacité à écouter et à regarder l’autre qui, distinct et différent, partage la même vocation de liberté et de justice.
De par ce qui nous unit, et sans abandonner nos convictions ni cesser d’être ce que nous sommes, nous nous sommes mis d’accord pour réaliser des rencontres, des dialogues, des échanges d’idées, d’expériences, d’analyses... sur les cinq continents. En ce qui concerne le continent européen, elles se concrétiseront durant les mois de juillet, août, septembre et octobre 2021, avec la participation directe d’une délégation mexicaine formée par le Congrès National Indigène-Conseil Indigène de Gouvernement, le Front des Villages en Défense de l’Eau et de la Terre des Etats de Morelos, Puebla et Tlaxcala et par l’Armée Zapatiste de Libération Nationale ...
Nous vous invitons à vous approprier cette déclaration POUR LA VIE :
Rien pour nous, tout pour tous !
Le 10 avril dernier – anniversaire de l’assassinat d’Emiliano Zapata – la première délégation zapatiste est partie, à bord d’un voilier, pour un voyage de 6 à 8 semaines de traversée, pour jeter l’ancre au pays basque.
PES, s’est associé avec d’autres, pour accueillir une délégation dans le Grand Est.
JC, le 13/5/21
Afin de faire connaissance avec ces Indigènes en lutte, et pour patienter instructivement:
http://cspcl.ouvaton.org/ https://zapatista2021.lebib.org/doku.php
https://www.revue-ballast.fr/nouvelles-zapatistes-un-voyage-aux-cinq-continents-3/
https://www.revue-ballast.fr/nouvelles-zapatistes-un-voyage-aux-cinq-continents-3/