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lundi 28 juin 2021

 

Grèce. Retour au 19ème siècle (1)

 

Le Parlement vient d’adopter la monstrueuse loi contre les travailleurs, proposée par le gouvernement libéral de Mitsotakis. Elle abolit la journée de travail de 8 heures et la semaine de 5 jours, supprime l’obligation pour les employeurs de fournir un salaire supplémentaire lorsqu’ils demandent un travail supplémentaire, qui sera compensé par des jours de congé. Cet « aménagement » du temps de travail flexible a été introduit pour la première fois par les sociaux-démocrates, début des années 1990, dans des secteurs marginaux. Aujourd’hui, le gouvernement généralise cet « arrangement » et l’étend à l’ensemble de la classe ouvrière. Il est désormais légal pour les ouvriers d’industrie de travailler 150 H de plus par an, sans aucune rémunération supplémentaire ! Par ailleurs, cette loi détruit tout droit de regard collectif sur les questions du temps de travail. Elles seraient résolues dans des « contrats individuels » en contournant les syndicats ! C’est le coup final porté à la légitimité des conventions collectives déjà sérieusement dévalorisées pendant les mémorandums d’austérité imposés par la Troïka européenne.

 

Afin de mettre en œuvre cette politique, qui se heurtera à la résistance des travailleurs, une série de dispositions draconiennes affectent le fonctionnement légal des syndicats. Désormais, ils sont obligés de tenir un « registre des membres » sous forme numérique qui sera à la disposition du ministère du travail et des organisations d’employeurs. Pour pouvoir déclarer une grève, la décision devra d’abord être approuvée (par vote électronique) par 50 % + 1 de l’ensemble du personnel.

 

Même l’association des juges et des avocats et le « comité d’experts » du Parlement ont jugé que la loi était en violation des articles de la Constitution : malgré ça, le projet a été voté par la majorité parlementaire de Nouvelle Démocratie. Ce qui est tragique, c’est que Syriza a voté en faveur d’une série d’articles de la loi « distinguant les bonnes et les mauvaises parties » plutôt que de rejeter cette loi  réactionnaire (comme l’a fait le parti communiste). Tsipras lance un message à la classe dirigeante : malgré les volontés de sa base, Syriza restera un parti « responsable » qui ne « brûlera pas les ponts » des relations, même face à des défis extrêmes !

 

Dans les rues, la réaction a été importante, même si la bureaucratie syndicale a tout fait pour saper la grève générale. Les manifestations ont été nombreuses et la colère s’est exprimée ; le « peuple de gauche » a constitué le gros des troupes (parti communiste, gauche anticapitaliste et un secteur de Syriza). Une partie importante du mouvement refuse de se soumettre à cette nouvelle loi. Elle n’est pas isolée, les sondages révèlent une majorité sociale qui estime que les manifestants « ont raison ». Ce « bras de fer » sera déterminant pour une grande partie de l’évolution sociale de la Grèce d’autant que cette contre-réforme brutale ne sera pas la seule : des plans sont élaborés pour la privatisation du système public de retraite et de sécurité sociale ainsi que des privatisations massives de ce qui reste encore de bien public.  

 

(1)   Extraits de l’article « Les attaques de la droite contre la classe ouvrière en Grèce. Retour au 19ème siècle » de Antonis Ntavanellos (DEA – Gauche ouvrière internationaliste) le 20 juin 2021, paru sur alencontre.org