Nous avons lu
Sale guerre – l’invasion du Mexique par les
Etats-Unis (1846-1848)
C’est tout un
pan de l’histoire de la constitution des Etats-Unis que nous révèle ce livre.
Méconnues, largement occultées, l’invasion du Mexique et l’annexion de la
moitié de son territoire, donnent lieu à des atrocités et à un déferlement de
racisme. Si l’on connaît relativement mieux les refoulements, le parcage des
Indiens dans des réserves et le génocide qui ont accompagné les « guerres
indiennes », les guerres contre le Mexique sont également justifiées par
la bonne conscience protestante : la pureté de la citoyenneté américaine
s’oppose à la richesse choquante des églises catholiques ; la supériorité
de la race blanche s’impose aux espagnols, noirs, indiens, « inférieurs, lâches, traitres et paresseux » !
Les Nord-américains qui acquièrent leur indépendance contre l’Angleterre (1776)
achètent à la France la Louisiane en 1803. Ce territoire, on ne s’en souvient
guère dans les livres d’histoire, s’étend du sud (Saint Louis) à la frontière
du Canada, au centre des Etats-Unis actuels. C’est l’ouest de la Californie
jusqu’au nord de la côte Pacifique ainsi que la péninsule de la Floride qui vont
être conquis par les armes. Dans l’imaginaire diffusé par les Nord-américains,
l’on se souvient de l’épisode (guère glorieux) de Fort Alamo et de Davy Crockett.
De part et d’autre du Rio Grande, la guerre connaît de multiples péripéties
sanglantes, telles les prises et reprises de Los Angeles. Mais tout sera
justifié par la doctrine Monroe (1823) et la notion de « destin manifeste »
(1845). Reste pour les esprits lucides cette phrase du général US Winfield
Scott (1786-1866) : « Si le
1/10ème de ce que l’on raconte est exact, il a été commis au Mexique
des atrocités, des horreurs suffisantes pour faire pleurer le ciel et faire que
tout américain de morale chrétienne ait honte pour son pays »… Il
devait également parler pour lui-même. GD
Eric Taladoire, ed. du Cerf, 2021, 20€