Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


lundi 3 octobre 2022

 

Expulser le locataire de l’Elysée ?

(éditorial de PES n° 86)

 

C’est la seule question qui vaille d’être posée à moins d’accepter qu’il reste aux commandes de l’Etat jusqu’en 2027. D’ores et déjà, il est possible de le neutraliser, de l’empêcher de mettre en œuvre ses funestes « réformes » de l’assurance chômage et du recul de l’âge de la retraite à 65 ans. Ce qui compte pour lui, ce Président des ultra-riches, c’est d’honorer sa signature à la Commission Européenne, consistant à promettre des mesures de réduction de la dette. Peu lui importe le sondage indiquant que plus de 70 % des Français sont opposés à la contre-réforme des retraites ! S’il a déclaré être prêt à passer en force en court-circuitant tout débat, en recourant à l’article 49-3 de la Constitution, dans son propre camp, on s’exclame  « Casse-cou, le peuple va s’insurger ! » Bayrou et consorts lui suggèrent la multiplication des concertations-bidons, de faire preuve de pédagogie vis-à-vis de ces Gaulois réfractaires qui ne comprennent rien, de susciter le ralliement de la droite et de l’extrême droite et de syndicats en quête d’être les interlocuteurs privilégiés de l’Etat afin de l’accompagner dans sa politique néolibérale... 

 

Si le mouvement social ne se contente pas de déambulations rituelles qui sont autant de dérisoires suppliques au monarque antirépublicain, l’expulsion du locataire de l’Elysée deviendrait possible. Car antirépublicain, il l’est. La privatisation des services publics, l’état lamentable des hôpitaux et de l’Education nationale, sont autant de preuves que lui et ses prédécesseurs sont étrangers à la chose publique. Et plus qu’hier, il y a urgence à renouer avec l’esprit de Commercy, avec ses débats démocratiques en assemblées générales, avec l’éclosion de ces comités des ronds-points et de la gilet-jaunisation de la rue, pour qu’ils prennent droit de cité dans les quartiers, les usines et les bureaux. C’est là, la seule perspective de conscientisation politique capable de déjouer la lepénisation des esprits.

 

Il s’agit, en effet, de transformer les revendications à caractère économique en aspirations politiques et ce, dans la pratique active d’un mouvement de masse. L’insoumission doit se généraliser sinon la désespérance prévaudra et elle se réfugiera dans l’abstention ou dans le dévoiement vers l’extrême-droite néofasciste qui, tout en agitant les drapeaux-boucs émissaires de la xénophobie, prône le social-national. L’exemple de l’Italie est probant à cet égard : les politiques néolibérales conduites par une gauche de droite puis par la droite extrême, laissent se développer la peste brune. En fin de compte que ce soit Orban le hongrois ou Meloni l’italienne, ils finissent tous, pour les intérêts du capital, par adopter, au sein de leur pays, des politiques austéritaires et autoritaires tout en tentant de rester au sein de l’Union européenne et dans le bloc atlantiste.

 

Dans l’immédiat, si un tel mouvement voyait le jour, cette insurrection des consciences devrait exiger, obtenir le blocage des prix de produits de première nécessité, le retour pour tous au tarif réglementé de l’électricité, la fin du marché de l’énergie, la restauration des prérogatives des entreprises publiques, l’imposition des superprofits des actionnaires, la pénalisation des spéculateurs… Plus généralement, il faut répandre l’idée que la justice sociale, fiscale et environnementale, passe par la revendication de l’égalité réelle, la prévalence des biens communs (eau, éducation, santé…). En d’autres termes, un nouvel imaginaire construit par en bas, doit s’imposer. A l’opposé de la concurrence et de l’individualisme égoïste, l’entraide et la coopération doivent l’emporter. Cette nouvelle hégémonie à construire passe par le changement du mode de production et de consommation, la relocalisation des productions industrielles et agricoles, la construction d’une société de sobriété, l’extinction de la propriété lucrative. 

 

Mais, encore une fois, dans l’immédiat, face aux dangers qui menacent, la solidarité active avec les peuples en lutte contre les dictatures et la guerre devraient se traduire par l’organisation d’un mouvement anti-impérialiste. Il est grand temps que cela change avant qu’il ne soit trop tard.

 

GD, le 28.09.2022