Marx écologiste
De John Bellamy
Foster
Editions Amsterdam - 12€ - 133 p. septembre 2011
Marx
écologiste ? L’opinion courante est que Marx et le marxisme se situent du
côté d’une modernité prométhéenne, anthropocentrée, qui ne considère la nature
que pour mieux la dominer et l’exploiter, selon une logique productiviste qui
fut celle tant du capitalisme que du socialisme historiques. L’écologie, comme
discipline scientifique et comme politique, aurait ainsi à se construire en
rupture avec l’héritage marxiste ou, du moins, au mieux, en amendant
considérablement celui-ci pour qu’il soit possible de lui adjoindre des
préoccupations qui lui étaient fondamentalement étrangères.
Qu’en
est-il vraiment ? Dans Marx
écologiste, John Bellamy Foster, textes à l’appui, montre que ces
représentations constituent une radicale distorsion de la réalité : des
textes de jeunesse aux écrits de la maturité, inspirés par les travaux de
Charles Darwin et de Justus von Liebig, le grand chimiste allemand, fondateur
de l’agriculture industrielle. Marx n’a jamais cessé de penser ensemble
l’histoire naturelle et l’histoire humaine, dans une perspective qui préfigure
les théories les plus contemporaines de la « coévolution », et il a
offert à la postérité une des critiques les plus vigoureuses de la rupture par
le capitalisme de « l’interaction métabolique » entre la nature et
les sociétés humaine.
L’enjeu
de ce retour à Marx dans une perspective écologique n’est pas de pure
érudition ; il ne s’agit pas non plus de sauver une « idole ».
S’il faut aujourd’hui tirer de l’oubli la tradition marxiste et socialiste de
l’écologie politique, c’est que la perspective marxienne en la matière a une
actualité brûlante : une des questions les plus urgentes de l’heure
n’est-elle pas de savoir si la crise écologique est soluble dans le
capitalisme ?