Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


samedi 25 août 2012

Nouméa. La France coloniale conforme à ses traditions.


Nouméa. La France coloniale conforme à ses traditions.

Dans cette France «une et indivisible», à 18 368 kms de Paris, à 1 900 à l’Est de Sydney (Australie), en plein Pacifique, dans cette grande île, pour les colons, la fraude fiscale n’est pas un délit. Le pouvoir «blanc», malgré les révoltes et résistances des Kanaks, est maintenu. Pour les petits délinquants et autres révoltés, la justice et la pénitentiaire ont de solides traditions depuis 1853. Pour 156 000 habitants, on dénombre 5 000 policiers et militaires, venus de la France métropolitaine et les prisons sont pleines à craquer, comme celle de Nouméa, un ancien bagne «reconverti» où sont entassés 480 détenus pour 226 places. Des cellules de 12 m2 pour 6 détenus, 3 lits (2 superposés et un matelas par terre), pour toute aération, un maigre soupirail. Enfermés 23 heures sur 24, ces modernes bagnards ne sont pas seuls, ils cohabitent avec les rats et les cafards. Dans ce lieu de bannissement dénommé «camp Est», chaleur et odeurs sont insupportables et la crasse est le lot commun des pestiférés. 80 % d’entre eux sont des jeunes Kanaks condamnés pour de menus larcins : vols, violence, vente de cannabis. Faut-il s’étonner que la révolte du 14 juillet pour discriminations raciales, ou le début de mutinerie le 4 août avec incendie des matelas et cartons avec refus de réintégrer leurs cellules, n’aient trouvé que peu d’écho dans les médias ? Cette France-là est encore plus éloignée de la préoccupation des journalistes que celle de nos banlieues. De fait, l’affaire fut vite étouffée. L’intervention des policiers et des pompiers y mit bon ordre «républicain».

Certes l’Etat français a été récemment condamné à indemniser 30 détenus qui avaient osé porter plainte pour mauvais traitements : 167 € chacun… le pactole ! Certes, 11,5 millions d’euros sont affectés à des travaux de réhabilitation et d’agrandissement de cette prison. Mais, force doit rester aux intérêts des colons. La Mairie de Nouméa s’y oppose. Elle lorgne sur la belle plage en lisière du «camp Est» qui promet de juteuses opérations immobilières. Le projet est donc bloqué dans l’attente éventuelle de la construction d’une nouvelle prison et la destruction du «camp Est».

Taubira, informée, a nommé une mission d’inspection. Pourvu qu’elle ne rejoigne pas ce coin perdu de la République en pédalo ! A moins qu’il faille attendre l’hypothétique référendum d’autodétermination qui aurait lieu en 2014 ou … 2018, pour satisfaire aux exigences de l’ONU proclamant en décembre 1986 le droit à l’autodétermination de ce territoire colonisé. Faut-il, dans l’intervalle, d’autres barrages routiers, séquestrations de sous-préfet (1984), révoltes, état d’urgence, attaques de la grotte de Gossanah sur l’île d’Ouvéa (1988) ? On imagine mal Rocard reprendre du service pour faire œuvre de pacification ou Hollande renouveler la promesse de Jospin (1998) : «la possibilité (pour la Nouvelle Calédonie) d’accéder à l’indépendance dans 15 ou 20 ans»…

Les confettis de l’Empire ont la vie dure. Nickel surtout, mais aussi manganèse, gaz, cobalt… et intérêts bien compris des colons obligent ! Et puis, c’est aussi 100 000 touristes par an sur les belles plages dont près de 30 % de métropolitains à égalité avec les Japonais, devançant les Australiens…

Gérard Deneux le 24.08.2012