Etat
d’urgence et Etat de droit
Si,
pour d’incontestables et impératives raisons sanitaires, des mesures
restrictives aux libertés constitutionnelles ont été décrétées par le
gouvernement, englobées ensuite dans la loi d’urgence sanitaire, il ne pourrait
être question de museler la liberté d’expression, de s’interroger sur les
responsabilités politiques d’une situation, (certes inattendue) mais survenue
dans un contexte connu en matière de manques criants de matériels et de
personnels de santé. Cela fait tout de même plus de 6 semaines que Macron a
promis des masques, toujours insuffisants pour les professionnels (et pour
toute la population), barrière sanitaire indispensable pour tenir le virus à
distance. Quant à la reprise du boulot et des écoles, là encore Macron et son
gouvernement sont incapables de fournir des garanties techniques pour la
protection de la population : pas de tests sérologiques en suffisance,
dévoilant l’incapacité totale de ce gouvernement de prévoir… alors même que
l’Etat commande pour 3 642 864€ de gaz lacrymogène !!! Tout cela
a de quoi entamer la confiance (que certains auraient encore ?), dans la
capacité de ce gouvernement à gérer cette pandémie ! Pour nous, il n’y a jamais
eu de confiance en Macron, celui qui a poursuivi les politiques néolibérales, a
multiplié les mesures liberticides, les interventions musclées pour réprimer
les Gilets Jaunes, a répondu à coups de lacrymos et autres LBD aux
professionnels de santé et des EHPAD, mobilisés depuis plus d’un an pour exiger
des moyens en lits, en personnels, en matériels insuffisants en cas de
catastrophe sanitaire. Sourds, méprisants, Macron et Buzyn le furent
totalement.
Il
ne sert à rien, aujourd’hui, que Macron louange « ces héros », leur
promettant une prime, comme s’ils ne travaillaient qu’à la carotte ! Quelle
indécence ! Nous n’en pouvons plus de ce mépris ! Nous nous en
souviendrons et nous pointons déjà les responsabilités !
La
suspension d’une partie des libertés publiques, pour essentielle qu’elle soit,
doit rester provisoire. Déjà certains s’interrogent : « La macronie
saura-t-elle résister à la tentation ? » Car, si l’état d’urgence
sanitaire contraint certaines libertés, elle permet aussi de prendre des
dispositions économiques conduisant à des dérives par rapport au droit du
travail. Et, voilà que se pointe à l’horizon proche, l’introduction de la
surveillance électronique.
En matière
de libertés fondamentales
La
loi du 3 avril 1955 a institué l’état d’urgence, qui peut être déclaré sur tout
ou partie du territoire soit en cas de péril imminent résultant d’atteintes
graves à l’ordre public, soit en cas d’évènements présentant, par leur nature
et leur gravité, le caractère de calamité publique. Créé, à l’origine, pour
faire face aux « évènements » pendant la guerre d’Algérie, il a été
appliqué 3 fois pendant cette période, puis 3 fois en Outre- mer (notamment en
Nouvelle-Calédonie 1985-1987) puis en 2005 (révoltes dans les quartiers
populaires) et les 14.11.2015 et 01.11.2017 (menaces d’attentats).
Le
23 mars 2020, le Parlement a voté définitivement l’état d’urgence sanitaire, le
1er ministre étant chargé, par ordonnances, de préciser sa mise en
œuvre. Inédite cette situation en 5ème République. Certes, à
situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Il n’empêche qu’il convient
d’être vigilant sur sa portée au regard des libertés individuelles et
collectives et des risques de banalisation des dispositifs d’exception car
l’état d’urgence donne au 1er ministre des pouvoirs exorbitants. Sans
passer par les procédures habituelles, il renforce les prérogatives de
l’exécutif, minimisant le rôle du Parlement qui est, uniquement, « informé »
des mesures prises.
Personne
ne conteste la nécessité de l’état d’urgence sanitaire, mais les défenseurs des
libertés, et notamment la LDH et le syndicat de la magistrature, s’inquiètent
de l’installation dans la durée, de ce régime d’exception qui bouscule les
règles de l’Etat de droit.
La
première inquiétude tient dans la définition floue de l’état d’urgence
sanitaire : il peut être décrété « en cas de catastrophe sanitaire mettant en péril, par sa nature et sa
gravité, la santé de la population ». La CNDH avait proposé une
description plus restrictive, non retenue ; de même, le contrôle
scientifique n’a pas été adopté, seules les données scientifiques disponibles
qui ont motivé la décision seront rendues publiques
La
deuxième inquiétude concerne la durée. La loi du 23 mars a créé l’état
d’urgence sanitaire, inscrit dans le code de la Santé publique, créant un
régime juridique temporaire qui ne pourra s’appliquer que jusqu’au 1er
avril 2021. Décrété pour 2 mois (jusqu’au 24 mai 2020), il ne pourra être
prorogé que par la loi. C’est l’histoire récente qui doit nous rendre
vigilants : l’état d’urgence face aux menaces terroristes (2015) a été
prolongé à 6 reprises (pour plus d’un mois à chaque fois) jusqu’à ce que le
gouvernement le verse dans le droit commun (loi du 30.10.2017), ce qui permit,
au passage, de restreindre les libertés de manifester lors de la COP 21 à
Paris. Mme Belloubet a beau affirmer « qu’il n’est pas question que ces
dispositions entrent dans le droit commun… et qu’elles cesseront immédiatement
après la crise sanitaire... », qui croit encore, sur parole, le
gouvernement ?
Qui
contrôle l’action du gouvernement, dans cette situation ? Pas le Parlement
qui n’est qu’« informé » des décisions du 1er ministre,
sans pouvoir en débattre. Certes, elles peuvent être contestées devant le juge
des référés et le Conseil constitutionnel reste le garant des libertés
fondamentales, mais, là encore, M. Fabius, président du Conseil
constitutionnel, a justifié le non-respect de la loi, à savoir un délai de 15
jours prévu entre le dépôt d’une loi organique et son examen par le Parlement,
du fait des « circonstances exceptionnelles », présentée le 18 mars
en conseil des ministres, la loi a été adoptée le 23 mars et promulguée le 24
mars. Le Conseil constitutionnel n’a pas été saisi par le gouvernement ni le
Parlement pour analyser le projet et il a validé la loi organique du 30 mars
qui suspend les délais pour contester une loi devant cette instance.
Une
trentaine d’ordonnances du 1er ministre rendent possibles la
restriction des libertés, les réquisitions, mais aussi les sanctions et notamment :
suspension de la liberté d’aller et venir, restriction de circulation des
personnes et véhicules, interdiction aux personnes de sortir de leur domicile
sous réserve des déplacements strictement indispensables aux besoins familiaux
et de santé, mesures d’isolement, de mise en quarantaine des personnes
affectées par le virus.
La
liberté de réunion et de manifestation est suspendue : interdiction des
rassemblements sur la voie publique ainsi que de tout type de réunions.
La
fermeture des établissements recevant du public a été ordonnée, sauf les établissements
fournissant des biens ou des services de première nécessité.
Les
mesures de réquisitions des biens et services et des personnels
nécessaires à la lutte contre la catastrophe sanitaire, ont été élargies aux
personnels des collectivités territoriales (établissements médico-sociaux). A
noter que la réquisition est un statut quasi-militaire, auquel on ne peut
s’opposer en usant des outils de défense collectifs à disposition : droit
de grève, droit de retrait. Une personne qui refuse la réquisition est punie de
6 mois de prison et de 10 000 € d’amende, même si les réquisitions se font
dans un cadre qui ne respecte pas toujours la protection de la santé des
personnels !
Telles
sont les mesures principales en matière de liberté contrôlées par les préfets
sur la base de sanctions punissant ceux qui ne les respecteraient pas : contravention
de 4ème classe (135€) et, en cas de récidive dans les 15 jours, une amende
de 5ème classe de 1 500€
Si
ce régime juridique ne disparaîtra du code de la santé publique qu’au 1er
avril 2021, les règles prévues ne s’appliqueront plus lorsque l’état d’urgence
aura pris fin, mais elles ne seront pas pour autant supprimées du code de la
santé et pourront être réutilisées à chaque fois que l’état d’urgence sanitaire
sera à nouveau déclaré par décret. Certes, la situation sanitaire contraint à
des mesures arbitraires ; pour autant, il ne saurait être question de
fermer les yeux sur des abus de mise en œuvre. Dans les quartiers populaires
d’Ile-de-France notamment, des contrôles se sont mal passés, les réseaux
sociaux ont relaté des dérapages évidents. Par ailleurs, certaines communes
s’équipent de drones de surveillance, qui risquent de ne pas être rangés au
placard après l’état d’urgence.
L’état
d’urgence que nous vivons révèle, encore plus, les inégalités entre les classes
sociales et certains médias mal-pensants n’ont pas manqué de pointer
l’incivisme des habitants de la Seine-St-Denis, par exemple, ils ont
malheureusement oublié de noter que les familles riches et bourgeoises de la
région parisienne sont parties se réfugier en province, dans leurs maisons de
vacances ou de campagne ! Sauve qui peut ! Mais, dans les quartiers populaires le
confinement ajoute de la tension aux conditions de vie déjà dégradées.
Enfin,
un grand nombre de personnes sont oubliées : SDF, personnes exilées vivant
dans la rue ou dans des bidonvilles, sans espaces individuels suffisants. Pas
question, pour le 1er ministre, de réquisitionner des biens, comme
les hôtels, pour héberger ces populations. Pas question de décider de la
régularisation des sans-papiers leur permettant l’accès aux droits à la santé,
au logement et au travail : 104 parlementaires viennent d’en faire la
demande, en évoquant l’exemple du Portugal. Celui-ci a prolongé les protections
des exilés sans-papiers ou en procédure de régularisation. Castaner affirme que
la France l’a déjà fait. Faux ! Si elle a prolongé l’hébergement et
l’attribution de l’aide financière (6.80€/jour) et par là-même la protection
minimale Santé, pour les demandeurs d’asile en procédure ou sous OQTF, c’est
que les institutions et associations chargées du traitement et du suivi des
demandeurs d’asile, ont fermé les guichets : toutes les procédures sont
bloquées pour plusieurs mois. Par contre, les sans-papiers, avant le
confinement, sont toujours sans papiers pendant le confinement ! On peut
aussi évoquer les malades en hôpitaux psychiatriques, services déjà totalement
démunis, ou encore des détenus dans les prisons surchargées.
Il
y a encore loin pour atteindre une société d’égalité et de justice sociale,
cette situation de crise nous le jette sous les yeux. Comment faire
aujourd’hui, et surtout demain ?
En matière
de droit des salariés
Les
ordonnances permettent au patronat de déroger au cadre des conventions
collectives et du code du travail.
D’emblée,
le gouvernement a imposé le télétravail, là où c’est possible, même dans la
fonction publique : dès le 16 mars, le secrétaire d’Etat Dussopt décidait
que tous les personnels de la fonction publique passaient en télétravail et, si
impossibilité, les fonctionnaires devraient être placés en autorisation
spéciale d’absence par l’employeur. Bien entendu, le télétravail ne peut s’appliquer
à tous les métiers.
C’est
pourquoi, la deuxième mesure, encouragée financée par l’Etat et l’Unedic, est le
recours à l’activité partielle (ou chômage technique) : le salarié en
chômage total ou partiel touche 84 % de son salaire net, l’employeur est
dédommagé à 100% (dans la limite de 4.5 smic soit environ 4 800 € net/mois).
Au 14 avril, 1 salarié sur 3 était en chômage partiel (soit 8 millions) + 1
million de parents en arrêt de travail indemnisé pour garder leurs enfants.
Ces
mesures, ainsi que celles de prêts garantis aux petites entreprises pour
alimenter leur trésorerie, du chômage partiel pour éviter les licenciements, un
fonds de solidarité pour les TPE et indépendants (pour lesquelles les
assurances refusent de couvrir ce risque !), font l’objet d’un plan
d’urgence de plus de 100 milliards d’euros. Reste à savoir comment elles vont
être appliquées de manière très concrète, par exemple pour les non-salariés,
les intérimaires, les intermittents, les contrats précaires, les sans droits au
chômage ?
De
son côté, le patronat prône le retour au boulot (pour les autres). L’ordonnance
spécifique concernant la possibilité d’augmenter le temps de travail
hebdomadaire (pouvant aller jusqu’à 60 h par semaine et 12h/jour) ou d’imposer
aux salariés des jours de congé et RTT (dans la limite de 6 jours), en
dérogeant aux délais de prévenance, est valable jusqu’au 31.12.2020 !
« La
reprise, c’est maintenant » affirme la patronat, mais à quelles conditions ?
Geoffroy Roux de Bézieux prépare le terrain d’un « après » où il
faudra « travailler plus »,
« faire un effort considérable »
« mettre les bouchées doubles »
car « remettre la machine économique
en marche, c’est reproduire de la richesse… ». « Il faudra bien se poser la question du temps
de travail, des congés payés et jours fériés ». Ben voyons ! Après…
ce sera comme avant… voire pire ! Le Medef a la solution : baisser
les « charges » d’un côté et « travailler davantage » de
l’autre pour « reconstruire le pays » !
C’est
donc dès maintenant qu’il faut se préparer pour organiser un front du refus de
l’exploitation des travailleurs, pointer les régressions sociales qui sont déjà
là, pour exemple : malgré les amendements parlementaires, la ministre
Pénicaud a refusé de préciser le temps de validité des mesures relatives au
droit du travail ! Le risque de
pérennisation des mesures antisociales est bel et bien là.
Et
pourtant, quand on veut, on peut : ainsi, dès le 24 mars, ont été
supprimés les jours de carence pour tous les arrêts maladie (3 jours dans le
privé, 1 jour dans le public) mais… dans ce cas de figure, la limite a été
posée « jusqu’à la fin de l’état d’urgence ». De la même manière, les
indemnités journalières de la Sécurité Sociale seront rémunérées à hauteur de
90% du brut, dès le 12 mars, même s’il reste beaucoup de questions : pour
tous ? Ceux qui ont un an d’ancienneté et les autres ? Et ceux qui
n’y ont pas droit : intérimaires, saisonniers, travailleurs à domicile,
intermittents, comment vont-ils survivre ?
Nous
avons à nous préparer pour affronter la crise économique et sociale qui va
suivre pour ne pas être entraînés dans un cycle de régressions sociales. Le
risque est grand.
En matière
de surveillance généralisée
Dès
le 24 mars, le gouvernement a sollicité un comité pour examiner
« l’opportunité » d’une identification numérique des personnes ayant
été mises en contact avec les malades. Même si le ministre Véran se défendait,
fin mars, de vouloir utiliser la géolocalisation des téléphones portables,
qu’est-ce qui se mijote ? StopCovid, un prototype d’outil de traçage
numérique destiné à « limiter la
diffusion du virus en identifiant les chaînes de transmission ». Une
application « installée
volontairement, protectrice de la vie privée et respectueuse du règlement général
sur la protection des données » Juré, craché ! C’est le ministre
de la Santé et le secrétaire d’Etat au numérique Cédric O qui l’affirment.
Alors, pourquoi s’alarmer ? Et bien parce qu’après les séquences
précédentes (gel, masques, tests…), la politique en zigzag du gouvernement est
toujours aussi illisible et le verbiage des ministres aussi peu fiable. Car, il
faut le rappeler, le 1er avril, le 1er ministre affirmait
« Nous n’avons pas aujourd’hui
d’instrument qui rendrait légal ce traçage et nous ne travaillons pas sur un
tel instrument ». Soit il comprend rien, soit il ment ! Une
semaine plus tard, le ministre de la Santé annonçait une solution retenue qui
ne sera acceptée qu’après un large débat ! Et le 13 avril, lors de son
allocution, Macron évoquait le débat sur le tracking (comme avéré) « qui
pisterait sur la base du volontariat, les Français lors de la fin du
confinement ». Voilà comment Macron et ses ministres pataugent dans le
mensonge tous les jours !
Cédric
O nous explique StopCovid. Lorsque deux personnes se croisent pendant un
certaine durée (5 minutes, 15 minutes ?), et à distance rapprochée (1m,
2m ?), le téléphone portable de l’un enregistre les références de l’autre
dans son historique via bluetooth, sans recueil de géolocalisation, et les
données sont stockées localement (où ?) dans les terminaux. Lorsqu’un
utilisateur est testé positif (encore faut-il qu’il y ait des tests !) il
le signale dans l’application pour que les personnes qui ont été à son contact
soient notifiées, sans que son anonymat soit levé… Magnifique ! Et, en
plus, on arrête l’application quand on veut !
Dans
la majorité LRM, ça grince ! C’est la première fois, en trois ans,
qu’autant d’élus de la majorité s’opposent aussi fermement aux propositions du
gouvernement. Un certain nombre sont opposés à cette technique au nom des
libertés publiques, doutant de son efficacité (notamment pour les personnes
âgées et ceux qui ne sont pas équipés), s’interrogeant sur le retour en arrière
impossible, cette brèche pouvant conduire à une accoutumance de nos sociétés à
des régimes illibéraux, ouvrant la voie à la ségrégation, à l’exclusion des
personnes contaminées….
Quant
à l’opposition, elle s’étrangle : « On n’est pas foutu de produire du gel et des masques en quantité
suffisante et on travaille sur des solutions technologiques de pointe »
ironise un député PS Hervé Saulignac ; André Chasaigne (PC) accuse le gouvernement « de chercher des artifices » pour
masquer « son incompétence ».
Pour Mélenchon « le déconfinement
est une opération très compliquée à mettre en place. Le tracking n’est pas la
solution pour faire face. Il faut organiser la production de masques, de tests
et préparer des solutions d’hébergement pour isoler ceux qui sont contaminés »…
Big
Brother peut nous sauver ? Cela reviendrait-il à penser que les régimes
autoritaires sont mieux armés que les démocraties pour répondre à une crise
sanitaire ?
La
Corée du Sud collecte non seulement les données personnelles de localisations
cellulaires et GPS, mais aussi les données de transports publics, de cartes de
crédit, les dossiers d’immigration… En Chine, les citoyens doivent télécharger
une application agglomérant les données de leur téléphone avec leurs données de
santé et attribuant à chaque personne un code de couleur reflétant leur état.
Pour entrer dans un centre commercial, prendre un train, il faut scanner un
code généré par le téléphone. Un algorithme détermine si la personne peut
entrer ou non, le logiciel envoie alors les informations à la police locale… En
Israël, les moyens de l’antiterrorisme sont mis à profit pour identifier les
malades potentiels en se fondant sur
leur proximité, déduite de leurs données téléphoniques avec des personnes
infectées. A Taïwan, le respect du confinement par les personnes malades est
vérifié par le biais des données mobiles… Effrayant !
<<<>>>
« Notre
démocratie » est vraiment mal en point si elle doit se fier aux
algorithmes et aux technologies pour décider de la politique de santé publique
la plus juste, la plus efficace. Reconstituer un service public de santé, égal
pour tous, avec des moyens techniques, matériels et en personnels qualifiés
n’est pas évoqué, Macron promet un plan massif pour la Santé (2 «pauvres »
milliards). Pour quoi faire ? Pour doter tout le monde de
smartphone ? Il faut arrêter le financement à l’activité des hôpitaux, qui
les mettent en concurrence perpétuelle pour « gagner de l’argent »
sur les actes rentables, ouvrir des lits, remettre en place la prévention,
socialiser l’industrie pharmaceutique, redonner le pouvoir et la souveraineté
sanitaire aux populations. Et enfin, remettre en cause le système
d’exploitation sans fin de la nature. Ces pistes, nous devons nous en emparer,
les faire partager par le plus grand nombre possible de personnes,
d’organisations, de syndicats et autres institutions politiques, déterminés à
renverser le système qui nous réduit à la fonction de consommateur, juste bon
pour « augmenter la croissance » de ceux qui détiennent le
capital.
La
colère doit être contagieuse pour qu’elle s’amplifie jusqu’à renverser ce
système et tous ceux qui le maintiennent pour leur seuls profits.
Odile Mangeot, le 14 avril
2020