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Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


dimanche 26 septembre 2021

 

IRAK.

Origine, indépendance et destruction ?

 

La rétrospective sur les guerres au Moyen-Orient conduisant à l’invasion de l’Irak qui est retracée dans l’article qui suit, tend à affirmer que la méconnaissance du passé ne permet pas de s’orienter dans le présent. La propagande occidentale a occulté nombre de faits qui demanderaient à être de nouveau explicités. C’est ce que tentent de réaliser, pour partie, le texte qui suit et les notes de fin d’article. GD

 

 

Situé dans la zone du Golfe persique, l’Irak est un pays géographiquement plutôt harmonieux. Une zone montagneuse au nord, une grande plaine alluviale entre le Tigre et l’Euphrate au Sud, et une partie désertique, certes moins accueillante à l’Ouest. Un peu plus petit que la France, peuplé de 38 millions d’habitants, il a des voisins plutôt « remuants », la Turquie, l’Iran, le Koweït, l’Arabie Saoudite, la Jordanie et la Syrie. C’est un pays qui offre, du fait de la plaine entre les deux principaux fleuves, toutes les possibilités d’y vivre sans problème alimentaire. De plus, il détient les 4èmes ressources pétrolières au monde.

 

Origines

 

L’Irak actuel est l’ancienne Mésopotamie, le Croissant Fertile, l’un des berceaux de la civilisation humaine. A cette époque, on y vivait plutôt mieux que dans le reste du monde. On y bâtissait les premières villes (dont Babylone) où la science, les arts, la vie sociale étaient très en avance. On utilisait l’écriture. Les Mésopotamiens connaissaient l’existence des principales planètes du système solaire, la vie était rythmée par une année de 12 mois, une semaine de 7 jours. On y résolvait déjà des équations du second degré. On maîtrisait la fabrication de la faïence, du verre, du fer…

On a retrouvé, datant de 1800 avant JC, le code HAMMURABI qui régissait les différents aspects de la vie sociale, l’ancêtre de notre code civil avec 3 600 ans d’avance. Cet empire n’était pas pour autant l’Eden sur terre, on y a retrouvé des actes de vente d’esclaves. La vie harmonieuse des uns se faisait au détriment de certains autres. Cette période durera de - 4000 à quelques centaines d’années après JC. Cette zone appartiendra ensuite à une succession d’empires étrangers : perse, grecque… Au 7e siècle, elle est conquise par les Arabes musulmans et devient le centre du Califat Abbasside de Bagdad, califat sunnite qui dirige le monde arabe jusqu’au 13e siècle. C’est l’apogée de la civilisation musulmane. Cette région, attaquée par les Mongols puis par les Turcs, devient un champ de bataille quasi permanent. De plus, les commerces avec la Chine empruntant la voie maritime, la région devient peu à peu une zone de pauvreté et de misère. Au 16e siècle elle fera partie de l'empire ottoman. Au début du 20e siècle, l'Angleterre s'intéresse à la partie sud de l'Irak, la région de Bassora, qui regorge de pétrole. Lors de la première guerre mondiale, l'Empire Ottoman se range aux côtés de l'Allemagne. Les troupes anglaises entrent dans Bassora dès 1914 puis à Bagdad en 1917. Dès la fin de la 1ère guerre mondiale, l’Irak passe sous mandat britannique en vertu des accords Sykes-Picot, sous couvert de la Société des Nations. Cette domination est mal acceptée par les Irakiens, peuple guerrier très indépendant et les premiers soulèvements éclatent dès 1920. La répression britannique est féroce et fera près de 10 000 victimes. En 1921, les Anglais installent un Roi, Fayçal 1er, confient le pouvoir aux sunnites minoritaires, et l’Irak devient un protectorat britannique. Pensant disposer d’un contrôle suffisant sur le pays, ils lui accordent une indépendance toute théorique le 30 juin 1930. Ils maintiendront d’ailleurs des troupes sur son sol.

 

Vers l’indépendance nationale

 

 A cette époque, des courants socialisants et laïques se développent. Le parti communiste irakien est bien structuré et très actif. Il soutient les protestations populaires, en particulier celles des paysans face aux grands propriétaires. La monarchie est mal acceptée car le peuple considère ses dirigeants comme les gouverneurs d’une colonie britannique. En 1941, un coup d’Etat anti britannique échoue. En 1946 d’importantes grèves secouent Kirkuk, ville du Nord, contre les conditions de travail et la domination britannique. En 1948, des manifestations éclatent dans tout le pays. Les Britanniques et la monarchie prennent peur, l’État d’urgence est instauré, le secrétaire du parti communiste est pendu et les journaux censurés. Appartenir au parti communiste entraîne à cette époque la déchéance de nationalité. Cette répression ne fait qu’augmenter la haine envers les Britanniques et la monarchie, et Nasser, qui renverse la monarchie égyptienne en 1952, devient un exemple pour de nombreux Irakiens, en particulier chez les militaires.

 

Et c’est presque naturellement que le 14 juillet 1958, le général Abdel Karim Kassem renverse le Roi et prend le pouvoir. Le gouvernement prend rapidement de nombreuses mesures : réforme agraire, aide aux familles pauvres. Il nomme Naziha Al Dulaimi ministre : pour la première fois une femme est ministre dans un pays arabe. Elle participe à l’élaboration de la loi civile (1958) très en avance sur son temps : loi sur le mariage et l’héritage favorable aux femmes. La Constitution 1958 reconnait des droits nationaux aux peuples kurdes. Un système d’autonomie administrative se met en place et la république promet la construction de lycées et même d’une université kurde. L’Irak se rapproche alors de l’URSS.

 

Le parti BAAS

 

Ce tableau plutôt positif ne plaît pourtant pas à tout le monde. En particulier au parti BAAS (parti socialiste de la résurrection arabe), et aux Kurdes qui ne voient pas arriver les promesses faites en 1958. A tel point qu’en 1961 une rébellion kurde s’organise et les combats avec l’armée irakienne fragilisent le régime. En 1963, des militants du parti BAAS renversent le gouvernement de Kassem et un certain Saddam Hussein devient secrétaire général du parti. Il a 26 ans. Le parti BAAS ne restera que quelques mois aux affaires, renversé le 19 novembre par Abdullah Salam Arif. Saddam Hussein, prisonnier, sera torturé. Son aura grandit chez les Irakiens. Il gagnera même la sympathie de ses geôliers et fera évader des membres du parti. Finalement c’est le 17 juillet 1968 que le parti BAAS reprend le pouvoir après un nouveau coup d’Etat. Le général Hassan Al Bakre devient président de la République. Son neveu Saddam Hussein devient lui le vice-président. Les premières mesures ressemblent à celles prises par Kassem en 1958 : accords kurdo-irakiens sur l’autonomie du Kurdistan prévue dans un délai de 4 ans, nouvelle Constitution qui renforce entre autres les droits des femmes (droit de vote, d’éligibilité, accès à l’éducation et la propriété). Saddam Hussein est l’initiateur de nombreuses réformes économiques qui améliorent le niveau de vie des Irakiens, notamment en 1972, la nationalisation du pétrole et de diverses autres industries, l’étatisation de certaines banques. A cette époque, il est très populaire : c’est un héros de la résistance (quelque peu fabriqué), ses mesures sociales, économiques sont efficaces, et chacun sait que c’est lui qui dirige réellement le pays. Mais en 1974, l’histoire se répète. Comme en 1961, la loi sur l’autonomie du Kurdistan est très en retrait des accords passés en 70, et les Kurdes reprennent les armes contre le régime. Au niveau international, Saddam Hussein est plutôt habile. En 1972, il signe un traité de coopération avec l’URSS mais garde de bonnes relations avec les Occidentaux. Il sera reçu en visite officielle par Jacques Chirac en 1975.

 

La guerre contre l’Iran

 

Le 16 juillet 1979, Saddam Hussein « met son oncle à la retraite » et devient officiellement président de la république irakienne. Rapidement, son régime devient très personnel et très autoritaire. Il rompt avec le parti communiste et procède à des purges au sein même de son parti BAAS. Il se rapproche des monarchies du Golfe et des Occidentaux. Cette même année, la révolution islamique donne le pouvoir aux religieux en Iran. Ce sont deux frères ennemis qui se font face. Saddam Hussein le laïc sunnite, Khomeini l’ultra religieux chiite. Sadam Hussein pense que l’Iran est affaibli par le changement de régime. Il en profite donc pour revendiquer, auprès de l’Iran, le Chatt Al Arab et le Khouzistan iranien, deux zones géographiques qui lui donneraient un accès au Golfe Persique plus important. Face au refus de l’Iran, le 22 septembre 1980, Saddam Hussein attaque son voisin. Il pense pouvoir assez facilement réaliser une très bonne opération : détruire la révolution islamique (s’assurant ainsi le soutien occidental), récupérer des territoires et se donner un statut de leader incontestable dans la région. L’Irak se présentait alors comme un pays moderne, laïque (même si la religion officielle restait l’Islam), rempart à l’obscurantisme religieux de l’Iran. Saddam Hussein réussit le tour de force d’obtenir le soutien de l’URSS, des monarchies du Golfe et des Occidentaux (1).

 

Mais il a négligé quelques données. Certes l’Iran est moins moderne, moins bien équipé militairement que l’Irak, déstabilisé par la récente révolution, mais il est trois fois plus peuplé et quatre fois plus grand. Et les Gardiens de la révolution sont une troupe d’élite très efficace. L’Iran résiste beaucoup mieux que prévu et les deux pays s’installent dans une guerre des tranchées qui durera jusqu’en 1988. Aucun n’en sortira vainqueur. Au cours de cette guerre, des horreurs sont perpétrées dans chaque camp. L’Iran envoie des enfants soldats au front, l’Irak utilise des armes chimiques contre des civils. On assistera même à des combats à la baïonnette.  Le bilan de cette guerre pour rien sera de plus d’un million de morts et deux pays ruinés. Mais cette horreur absolue n’a pas fait que des malheureux puisque, pendant la durée du conflit, la France va vendre à l’Irak 121 mirages F1, 56 hélicoptères de combat, 300 véhicules blindés, des milliers de missiles et des millions d’obus. Des entreprises yougoslaves et britanniques construisent elles 5 grands aéroports militaires en Irak pour un montant de 4,3 milliards de dollars.

 

Saddam Hussein envahit le Koweït

 

En 1990, l’Irak est au bord de la banqueroute, et le Koweït lui réclame le remboursement immédiat de la dette contractée pour la guerre. L’Irak refuse, de toute façon elle est incapable de rembourser. Le Koweït va alors se rembourser en pompant depuis son territoire dans les nappes de pétrole irakiennes. Face à cette situation, Saddam Hussein voit le moyen de frapper un grand coup. En envahissant le Koweït, il récupère une manne pétrolière très importante, il donne enfin à l’Irak un véritable accès au Golfe persique et rassemble le peuple irakien derrière lui. La grande majorité de celui-ci considère en effet que le Koweït est une province irakienne, « subtilisée » par les Anglais à l’indépendance du pays. Toujours aussi impulsif et prompt, quasiment deux ans jour pour jour après la fin de la guerre avec l’Iran, le 2 août 1990 les troupes irakiennes envahissent le Koweït. Si Saddam Hussein, en attaquant l’Iran, avait légèrement sous-estimé les positions iraniennes, il va, en attaquant le Koweït, totalement se tromper sur celles des puissances occidentales. Il touchait là au sang du système capitaliste : le pétrole. La réaction fut à la hauteur du « sacrilège ». L’ONU vote immédiatement un embargo et trente pays se coalisent contre l’Irak, les USA et la France en tête. En janvier 1991, la coalition intervient militairement en Irak et au Koweït, dans le cadre de l’ONU, et ne fera pas dans la demi-mesure. Pendant 43 jours, 2 800 avions effectuent 11 000 sorties, larguant 250 000 bombes sur l’Irak, dont certaines à fragmentation, autant que l’Allemagne durant la 2ème guerre mondiale. Le chiffre des victimes irakiennes est inconnu, mais il est fort probable qu’il soit très élevé. Les médias occidentaux présentent alors cette intervention comme une guerre propre, grâce à des frappes chirurgicales (!). Le 26 février, Saddam Hussein retire les troupes irakiennes du Koweït. Face à cette tragédie, des soulèvements contre le régime BAAS éclatent dans les régions chiites du Sud et au Kurdistan. L’armée irakienne a gardé suffisamment de force pour réprimer rapidement ces rébellions et remettre la main sur ces territoires. Seule une partie du Kurdistan échappe à cette répression (2).

 

Les mensonges de Bush

 

En avril 1991, l’ONU impose à l’Irak un cessez le feu définitif, la destruction de toute ses « armes chimiques de destruction massive » et prolonge l’embargo. En avril 1995, l’ONU autorise l’Irak à vendre du pétrole contre de la nourriture pour limiter les effets de l’embargo auprès des civils. Ne voyant aucun espoir de lever les sanctions internationales, en 1998, l’Irak décide de rompre toute coopération avec l’UNSCOM (Organisme chargé par l’ONU de superviser la destruction des armes irakiennes, suspecté certainement à juste titre par Bagdad d’espionner le pays). Face à cette situation, et bien sûr dans l’unique but d’apporter le « bonheur et la prospérité » (!) aux populations locales qui souffrent énormément des conséquences qu’elle leur impose… une nouvelle coalition internationale (USA et Grande Bretagne en tête mais sans la France) attaque l’Irak sans mandat de l’ONU. C’est à cette occasion que l’on a vu Colin Powell brandir une fiole d’arme bactériologique présente d’après lui en grande quantité en Irak. On sait aujourd’hui que c’était un mensonge (3), une justification pour, en dehors de l’ONU, en finir avec le régime de Saddam Hussein. Certes était un dictateur sanguinaire maniant le mensonge sans vergogne, mais en utilisant les mêmes moyens que lui, les Etats membres de cette coalition ne se sont pas grandis. En trois semaines le régime est renversé et le 28 juin 2004 les Irakiens sortent enfin d’un régime dictatorial, d’une situation économique épouvantable, conséquence en bonne part de l’embargo onusien poursombrer dans un chaos indescriptible. Le régime de Saddam Hussein était certes injuste, dictatorial, liberticide mais l’Etat était organisé et efficace. La coalition internationale a tellement mal préparé l’après Saddam Hussein qu’elle va réussir à le faire regretter auprès de bon nombre d’Irakiens.

 

Vers la destruction de l’Etat irakien ?

 

En 2004, la coalition remet le pouvoir à un gouvernement de transition, sans aucun moyen de gouverner, l’armée et l’administration étant exsangues (4). En 2005, les élections se déroulent dans un climat de terreur. En 2006, un attentat contre un sanctuaire chiite à Samara entraîne des représailles et provoque une guerre civile entre chiites et sunnites. En 2006, après sa capture et un procès « supervisé » par les Américains, Saddam Hussein sera pendu un jour de fête religieuse musulmane. Cette « finesse » et cette « subtilité » étatsuniennes feront de lui un martyr auprès de nombre d’Irakiens. A cette époque, les violences sont quotidiennes entre les chiites et les sunnites, entre les groupes d’insurgés et les soldats américains, entre les forces gouvernementales et des groupes islamiques radicaux qui commencent à s’organiser, dont Al Qaida en Irak. Le 13 octobre 2006, l’État Islamique d’Irak est proclamé comme seul gouvernement légitime du pays. Sentant sans doute la situation qu’ils ont créée leur échapper, les Américains « courageusement » commencent à se retirer d’Irak. La version officielle est que ce pays est pacifié puisqu’en 2010 il n’y a eu « que » 4 000 civils tués. Les derniers soldats US quittent le pays en 2011. Le pays est toujours en situation de guerre civile et l’Etat Islamique jusque-là entité théorique, contrôle une partie du territoire irakien et syrien où il rétablit le Califat et applique la charia. En Irak, c’est dans la ville de Falloujah que la « résistance » à l’occupation américaine sera durement réprimée, provoquant des métastases dans l’ouest irakien, renforçant les djihadistes et permettant, après la débandade de l’armée irakienne, l’avènement de l’EI jà Mossoul et dans la région. Heureusement pour les populations civiles, le Kurdistan résiste et elles peuvent s’y réfugier et fuir le régime de terreur mis en place par l’Etat Islamique.

 

L’intervention occidentale de 2003 a certes mis fin à un régime dictatorial injuste, mais la situation qui en a résulté est sans doute bien pire pour les populations civiles. Face aux victoires et aux exactions de l’Etat Islamique, les Occidentaux, USA et France en tête, vont aider militairement, surtout grâce à l’aviation, tous ceux qui luttent contre les islamistes : l’armée irakienne, les peshmerga, les Kurdes de Syrie. A partir de 2015, l’Etat Islamique recule : en juillet 2017 Mossoul est libéré et en novembre Rawa est la dernière ville de laquelle sont chassés les islamistes. On découvre alors l’étendue des exactions commises : plus de 200 fosses communes sont mises à jour. A Sinjar, près de 5 000 Yezidis ont été tués, 6 000 femmes et enfants enlevés. Amnesty International estime à plus de 2 millions le nombre de déplacés. Aujourd’hui, même si l’Etat Islamique a été officiellement vaincu, des « cellules dormantes » subsistent en particulier dans les zones rurales et organisent régulièrement des attentats à Bagdad.

 

Un pays en lambeaux

 

Depuis la chute de Saddam Hussein, l’Irak connaît une situation quasi- permanente de guerre civile, le développement du terrorisme, de la corruption et une très forte détérioration économique. 60 % de la population a moins de 25 ans, dont 40 % sont au chômage. Le système éducatif est totalement délabré, il manquerait 20 000 écoles. Il n’y a quasiment plus de services publics, les réseaux d’eau et d’électricité ne sont pas entretenus. De plus, l’Irak doit faire face actuellement à l’ingérence iranienne. En effet, pour lutter contre l’EI et soutenir les milices chiites irakiennes, les Gardiens de la révolution islamique iraniens sont intervenus en Irak et, bien sûr, y sont restés. C’est dans ce cadre que le général iranien Kassem Soleimani, une figure populaire de l’armée iranienne, a été assassiné à Bagdad par l’armée américaine. Pour  en rajouter aux problèmes, l’eau qui fut sa richesse dans l’Antiquité, est devenue un problème. Le pays en manque parfois car ses « chers » voisins turques et iraniens ont construit des barrages sur la partie du Tigre et de l’Euphrate, située sur leurs territoires. D’autre part, l’Irak dont le nom signifie « terre basse » commence à subir les premiers effets de la montée des océans, les zones humides propices à l’agriculture deviennent de plus en plus salées.

 

Certes, l’Irak a, désormais, des allures de démocratie. Il y a un président, Barhan Sali, mais son rôle est largement honorifique. Il y a un parlement bicaméral, des élections, mais celles-ci se déroulent dans un tel climat de violences et d’intimidations que les résultats ne sont guère crédibles. En 2018, 36 listes se présentaient au suffrage des Irakiens, on pouvait penser que c’était le signe d’une vitalité démocratique, en fait, c’était plutôt le signe d’une décomposition totale du système politique. Quelques exemples de listes aux dénominations fantaisistes : Saladin et notre identité (0.31% des voix), Ninive et notre identité (0.80%), Bannière de la bienveillance (0.49%), Mountazer Al-Zaïdi, le sympathique journaliste qui lança sa chaussure à la tête de G. Bush, se présentait, lui, sur la liste de l’Alliance des révolutionnaires réformistes... Les résultats ont été immédiatement contestés, un recomptage était prévu mais… un incendie s’est déclaré dans le local où étaient déposés certains bulletins. Le système électoral est une mascarade, les gouvernements installés sont sans réel pouvoir. Après 5 mois de vacance, un gouvernement a prêté serment le 7 mai 2021, il doit gérer une situation économique catastrophique, amplifiée par la chute de la production et du prix du pétrole. L’axe principal de son programme est d’appliquer une politique d’austérité à un pays ruiné.

Bon courage… au peuple irakien.    

 

Jean-Louis Lamboley, le 22.09.2021

 

(1)            les Occidentaux ont poussé Saddam Hussein à provoquer la guerre contre l’Iran, les stratèges américains supposant que les deux régimes Iran/Irak, hostiles à l’influence US, finiraient par s’écrouler

(2)            lors de la 1ère guerre du Golfe, les Etats-Unis, pensant avoir suffisamment affaibli Saddam Hussein, imposeront des sanctions par l’ONU pour soi-disant protéger les Kurdes, et interdiront à Saddam Hussein tout survol aérien du Kurdistan irakien.

(3)            dans toutes ces opérations de déstabilisation l’on assiste à nombre de Fake News : armée irakienne, 3ème armée du monde – armes de destruction massives – alliance supposée d’Al Qaida avec Saddam Hussein – couveuses débranchées au Koweït…

(4)            La victoire de l’armée US contre le régime de Saddam Hussein se traduira par l’imposition d’un gouverneur américain, Paul Bremer, qui démobilisera l’ensemble de l’armée irakienne et les fonctionnaires de l’administration,  provoquant les premières résistances et l’alliance des officiers sunnites avec les djihadistes, entamant, par la suite, la naissance de l’Etat Islamique.