IRAK.
Origine,
indépendance et destruction ?
La
rétrospective sur les guerres au Moyen-Orient conduisant à l’invasion de l’Irak
qui est retracée dans l’article qui suit, tend à affirmer que la méconnaissance
du passé ne permet pas de s’orienter dans le présent. La propagande occidentale
a occulté nombre de faits qui demanderaient à être de nouveau explicités. C’est
ce que tentent de réaliser, pour partie, le texte qui suit et les notes de fin
d’article. GD
Situé
dans la zone du Golfe persique, l’Irak est un pays géographiquement plutôt
harmonieux. Une zone montagneuse au nord, une grande plaine alluviale entre le
Tigre et l’Euphrate au Sud, et une partie désertique, certes moins accueillante
à l’Ouest. Un peu plus petit que la France, peuplé de 38 millions d’habitants,
il a des voisins plutôt « remuants », la Turquie, l’Iran, le Koweït,
l’Arabie Saoudite, la Jordanie et la Syrie. C’est un pays qui offre, du fait de
la plaine entre les deux principaux fleuves, toutes les possibilités d’y vivre
sans problème alimentaire. De plus, il détient les 4èmes ressources pétrolières
au monde.
Origines
L’Irak
actuel est l’ancienne Mésopotamie, le Croissant Fertile, l’un des berceaux de
la civilisation humaine. A cette époque, on y vivait plutôt mieux que dans le
reste du monde. On y bâtissait les premières villes (dont Babylone) où la
science, les arts, la vie sociale étaient très en avance. On utilisait
l’écriture. Les Mésopotamiens connaissaient l’existence des principales planètes
du système solaire, la vie était rythmée par une année de 12 mois, une semaine
de 7 jours. On y résolvait déjà des équations du second degré. On maîtrisait la
fabrication de la faïence, du verre, du fer…
On
a retrouvé, datant de 1800 avant JC, le code HAMMURABI qui régissait les
différents aspects de la vie sociale, l’ancêtre de notre code civil avec 3 600
ans d’avance. Cet empire n’était pas pour autant l’Eden sur terre, on y a
retrouvé des actes de vente d’esclaves. La vie harmonieuse des uns se faisait
au détriment de certains autres. Cette période durera de - 4000 à quelques
centaines d’années après JC. Cette zone appartiendra ensuite à une
succession d’empires étrangers : perse, grecque… Au 7e siècle, elle est conquise par les Arabes musulmans et devient le centre
du Califat Abbasside de Bagdad, califat sunnite qui dirige le monde
arabe jusqu’au 13e siècle. C’est l’apogée de la civilisation
musulmane. Cette région, attaquée par les Mongols puis par les Turcs, devient
un champ de bataille quasi permanent. De plus, les commerces avec la Chine empruntant
la voie maritime, la région devient peu à peu une zone de pauvreté et de
misère. Au 16e siècle elle fera partie de l'empire ottoman. Au début du 20e
siècle, l'Angleterre s'intéresse à la partie sud de l'Irak, la région de Bassora,
qui regorge de pétrole. Lors de la première guerre mondiale, l'Empire Ottoman
se range aux côtés de l'Allemagne. Les troupes anglaises entrent dans Bassora
dès 1914 puis à Bagdad en 1917. Dès la fin de la 1ère guerre
mondiale, l’Irak passe sous mandat britannique en vertu des accords Sykes-Picot,
sous couvert de la Société des Nations. Cette domination est mal acceptée par
les Irakiens, peuple guerrier très indépendant et les premiers soulèvements
éclatent dès 1920. La répression britannique est féroce et fera près de
10 000 victimes. En 1921, les Anglais
installent un Roi, Fayçal 1er,
confient le pouvoir aux sunnites minoritaires, et l’Irak devient un protectorat britannique. Pensant disposer d’un
contrôle suffisant sur le pays, ils lui accordent une indépendance toute
théorique le 30 juin 1930. Ils maintiendront d’ailleurs des troupes sur son
sol.
Vers
l’indépendance nationale
A cette époque, des courants socialisants et
laïques se développent. Le parti
communiste irakien est bien structuré et très actif. Il soutient les
protestations populaires, en particulier celles des paysans face aux grands
propriétaires. La monarchie est mal acceptée car le peuple considère ses
dirigeants comme les gouverneurs d’une colonie britannique. En 1941, un coup d’Etat
anti britannique échoue. En 1946 d’importantes grèves secouent Kirkuk, ville du
Nord, contre les conditions de travail et la domination britannique. En 1948,
des manifestations éclatent dans tout le pays. Les Britanniques et la monarchie
prennent peur, l’État d’urgence est instauré, le secrétaire du parti communiste
est pendu et les journaux censurés. Appartenir au parti communiste entraîne à
cette époque la déchéance de nationalité. Cette répression ne fait qu’augmenter
la haine envers les Britanniques et la monarchie, et Nasser, qui renverse la monarchie égyptienne en 1952, devient un
exemple pour de nombreux Irakiens, en particulier chez les militaires.
Et
c’est presque naturellement que le 14 juillet 1958, le général Abdel Karim Kassem renverse le Roi et prend le pouvoir. Le gouvernement prend
rapidement de nombreuses mesures : réforme agraire, aide aux familles
pauvres. Il nomme Naziha Al Dulaimi ministre : pour la première
fois une femme est ministre dans un pays arabe. Elle
participe à l’élaboration de la loi civile (1958) très en avance sur son
temps : loi sur le mariage et l’héritage favorable aux femmes. La Constitution
1958 reconnait des droits nationaux aux peuples kurdes. Un système d’autonomie
administrative se met en place et la république promet la construction de
lycées et même d’une université kurde. L’Irak se rapproche alors de l’URSS.
Le parti
BAAS
Ce
tableau plutôt positif ne plaît pourtant pas à tout le monde. En particulier au
parti BAAS (parti socialiste de la résurrection
arabe), et aux Kurdes qui ne voient
pas arriver les promesses faites en 1958. A tel point qu’en 1961 une rébellion kurde
s’organise et les combats avec l’armée irakienne fragilisent le régime. En
1963, des militants du parti BAAS renversent le gouvernement de Kassem et un
certain Saddam Hussein devient
secrétaire général du parti. Il a 26 ans. Le parti BAAS ne restera que quelques
mois aux affaires, renversé le 19 novembre par Abdullah Salam Arif. Saddam
Hussein, prisonnier, sera torturé. Son aura grandit chez les Irakiens. Il gagnera
même la sympathie de ses geôliers et fera évader des membres du parti.
Finalement c’est le 17 juillet 1968
que le parti BAAS reprend le pouvoir
après un nouveau coup d’Etat. Le général Hassan Al Bakre devient
président de la République. Son neveu Saddam Hussein devient lui le vice-président.
Les premières mesures ressemblent à celles prises par Kassem en
1958 : accords kurdo-irakiens sur l’autonomie du Kurdistan prévue dans un
délai de 4 ans, nouvelle Constitution qui renforce entre autres les droits des
femmes (droit de vote, d’éligibilité, accès à l’éducation et la propriété). Saddam
Hussein est l’initiateur de nombreuses réformes économiques qui améliorent
le niveau de vie des Irakiens, notamment en 1972, la nationalisation du pétrole et de diverses autres industries,
l’étatisation de certaines banques. A cette époque, il est très
populaire : c’est un héros de la résistance (quelque peu fabriqué), ses
mesures sociales, économiques sont efficaces, et chacun sait que c’est lui qui
dirige réellement le pays. Mais en 1974, l’histoire se répète. Comme en 1961,
la loi sur l’autonomie du Kurdistan est très en retrait des accords passés en
70, et les Kurdes reprennent les armes contre le régime. Au niveau
international, Saddam Hussein est plutôt habile. En 1972, il signe un
traité de coopération avec l’URSS mais garde de bonnes relations avec les Occidentaux.
Il sera reçu en visite officielle par Jacques Chirac en 1975.
La guerre
contre l’Iran
Le
16 juillet 1979, Saddam Hussein « met
son oncle à la retraite » et devient officiellement président de la république irakienne. Rapidement,
son régime devient très personnel et très autoritaire. Il rompt avec le parti communiste
et procède à des purges au sein même de son parti BAAS. Il se rapproche des
monarchies du Golfe et des Occidentaux. Cette même année, la révolution
islamique donne le pouvoir aux religieux en Iran. Ce sont deux frères ennemis
qui se font face. Saddam Hussein le laïc sunnite, Khomeini
l’ultra religieux chiite. Sadam Hussein pense que l’Iran est affaibli
par le changement de régime. Il en profite donc pour revendiquer, auprès de
l’Iran, le Chatt Al Arab et le Khouzistan iranien, deux zones
géographiques qui lui donneraient un accès au Golfe Persique plus important.
Face au refus de l’Iran, le 22 septembre 1980,
Saddam Hussein attaque son voisin. Il pense pouvoir assez facilement
réaliser une très bonne opération : détruire la révolution islamique
(s’assurant ainsi le soutien occidental), récupérer des territoires et se
donner un statut de leader incontestable dans la région. L’Irak se présentait
alors comme un pays moderne, laïque (même si la religion officielle restait
l’Islam), rempart à l’obscurantisme religieux de l’Iran. Saddam Hussein
réussit le tour de force d’obtenir le soutien de l’URSS, des monarchies du
Golfe et des Occidentaux (1).
Mais
il a négligé quelques données. Certes l’Iran est moins moderne, moins bien
équipé militairement que l’Irak, déstabilisé par la récente révolution, mais il
est trois fois plus peuplé et quatre fois plus grand. Et les Gardiens de la révolution sont une
troupe d’élite très efficace. L’Iran résiste beaucoup mieux que prévu et les
deux pays s’installent dans une guerre
des tranchées qui durera jusqu’en
1988. Aucun n’en sortira vainqueur. Au cours de cette guerre, des horreurs
sont perpétrées dans chaque camp. L’Iran envoie des enfants soldats au front,
l’Irak utilise des armes chimiques contre des civils. On assistera même à des
combats à la baïonnette. Le bilan de
cette guerre pour rien sera de plus d’un million de morts et deux pays ruinés.
Mais cette horreur absolue n’a pas fait que des malheureux puisque, pendant la
durée du conflit, la France va vendre à l’Irak 121 mirages F1, 56 hélicoptères
de combat, 300 véhicules blindés, des milliers de missiles et des millions
d’obus. Des entreprises yougoslaves et britanniques construisent elles 5 grands
aéroports militaires en Irak pour un montant de 4,3 milliards de dollars.
Saddam
Hussein envahit le Koweït
En 1990, l’Irak est
au bord de la banqueroute, et le Koweït lui réclame le remboursement immédiat de la dette contractée pour la guerre. L’Irak
refuse, de toute façon elle est incapable de rembourser. Le Koweït va alors se
rembourser en pompant depuis son territoire dans les nappes de pétrole
irakiennes. Face à cette situation, Saddam Hussein voit le moyen de
frapper un grand coup. En envahissant le Koweït, il récupère une manne
pétrolière très importante, il donne enfin à l’Irak un véritable accès au Golfe
persique et rassemble le peuple irakien derrière lui. La grande majorité de celui-ci
considère en effet que le Koweït est une province irakienne, « subtilisée »
par les Anglais à l’indépendance du pays. Toujours aussi impulsif et prompt,
quasiment deux ans jour pour jour après la fin de la guerre avec l’Iran, le 2 août 1990 les troupes irakiennes
envahissent le Koweït. Si Saddam Hussein, en attaquant l’Iran, avait
légèrement sous-estimé les positions iraniennes, il va, en attaquant le Koweït,
totalement se tromper sur celles des puissances occidentales. Il touchait là au
sang du système capitaliste : le pétrole. La réaction fut à la hauteur du
« sacrilège ». L’ONU
vote immédiatement un embargo et
trente pays se coalisent contre l’Irak, les USA et la France en tête. En janvier 1991, la coalition intervient
militairement en Irak et au Koweït,
dans le cadre de l’ONU, et ne fera pas dans la demi-mesure. Pendant 43 jours, 2
800 avions effectuent 11 000 sorties, larguant 250 000 bombes sur
l’Irak, dont certaines à fragmentation, autant que l’Allemagne durant la 2ème
guerre mondiale. Le chiffre des victimes irakiennes est inconnu, mais il est
fort probable qu’il soit très élevé. Les médias occidentaux présentent alors
cette intervention comme une guerre
propre, grâce à des frappes chirurgicales (!). Le 26 février, Saddam
Hussein retire les troupes irakiennes du Koweït. Face à cette tragédie, des
soulèvements contre le régime BAAS éclatent dans les régions chiites du Sud et
au Kurdistan. L’armée irakienne a gardé suffisamment de force pour réprimer
rapidement ces rébellions et remettre la main sur ces territoires. Seule une
partie du Kurdistan échappe à cette répression (2).
Les
mensonges de Bush
En
avril 1991, l’ONU impose à l’Irak un cessez le feu définitif, la destruction de
toute ses « armes chimiques de destruction massive » et prolonge
l’embargo. En avril 1995, l’ONU autorise l’Irak à vendre du pétrole contre de
la nourriture pour limiter les effets de l’embargo auprès des civils. Ne voyant
aucun espoir de lever les sanctions internationales, en 1998, l’Irak décide de rompre toute coopération avec l’UNSCOM
(Organisme chargé par l’ONU de superviser la destruction des armes irakiennes,
suspecté certainement à juste titre par Bagdad d’espionner le pays). Face à
cette situation, et bien sûr dans l’unique but d’apporter le « bonheur et
la prospérité » (!) aux populations locales qui souffrent énormément des
conséquences qu’elle leur impose… une
nouvelle coalition internationale (USA et Grande Bretagne en tête mais sans la France) attaque l’Irak sans
mandat de l’ONU. C’est à cette occasion que l’on a vu Colin Powell
brandir une fiole d’arme bactériologique
présente d’après lui en grande quantité en Irak. On sait aujourd’hui que
c’était un mensonge (3), une
justification pour, en dehors de l’ONU, en finir avec le régime de Saddam
Hussein. Certes était un dictateur sanguinaire maniant le mensonge sans
vergogne, mais en utilisant les mêmes moyens que lui, les Etats membres de
cette coalition ne se sont pas grandis. En trois semaines le régime est
renversé et le 28 juin 2004 les Irakiens sortent enfin d’un régime dictatorial, d’une situation
économique épouvantable, conséquence en bonne part de l’embargo onusien pour… sombrer dans un chaos indescriptible. Le régime de Saddam
Hussein était certes injuste, dictatorial, liberticide mais l’Etat était
organisé et efficace. La coalition internationale a tellement mal préparé l’après
Saddam Hussein qu’elle va réussir à le faire regretter auprès de bon
nombre d’Irakiens.
Vers la
destruction de l’Etat irakien ?
En
2004, la coalition remet le pouvoir à un gouvernement
de transition, sans aucun moyen de gouverner, l’armée et l’administration
étant exsangues (4). En 2005, les élections se déroulent dans un climat de
terreur. En 2006, un attentat contre un sanctuaire chiite à Samara entraîne des
représailles et provoque une guerre civile entre chiites et sunnites. En 2006,
après sa capture et un procès « supervisé » par les Américains, Saddam
Hussein sera pendu un jour de fête religieuse musulmane. Cette « finesse »
et cette « subtilité » étatsuniennes feront de lui un martyr auprès
de nombre d’Irakiens. A cette époque, les violences sont quotidiennes entre les
chiites et les sunnites, entre les groupes d’insurgés et les soldats
américains, entre les forces gouvernementales et des groupes islamiques
radicaux qui commencent à s’organiser, dont Al Qaida en Irak. Le 13 octobre 2006, l’État Islamique d’Irak est proclamé comme seul gouvernement légitime
du pays. Sentant sans doute la situation qu’ils ont créée leur échapper, les Américains
« courageusement » commencent à se retirer d’Irak. La version
officielle est que ce pays est pacifié puisqu’en 2010 il n’y a eu « que »
4 000 civils tués. Les derniers soldats
US quittent le pays en 2011. Le pays est toujours en situation de guerre
civile et l’Etat Islamique jusque-là entité théorique, contrôle une partie du
territoire irakien et syrien où il rétablit le Califat et applique la charia.
En Irak, c’est dans la ville de Falloujah que la « résistance » à
l’occupation américaine sera durement réprimée, provoquant des métastases dans
l’ouest irakien, renforçant les djihadistes et permettant, après la débandade
de l’armée irakienne, l’avènement de l’EI jà Mossoul et dans la région.
Heureusement pour les populations civiles, le Kurdistan résiste et elles peuvent
s’y réfugier et fuir le régime de terreur mis en place par l’Etat Islamique.
L’intervention
occidentale de 2003 a certes mis fin à un régime dictatorial injuste, mais la
situation qui en a résulté est sans doute bien pire pour les populations civiles.
Face aux victoires et aux exactions de l’Etat Islamique, les Occidentaux, USA
et France en tête, vont aider militairement, surtout grâce à l’aviation, tous
ceux qui luttent contre les islamistes : l’armée irakienne, les peshmerga,
les Kurdes de Syrie. A partir de 2015, l’Etat Islamique recule : en
juillet 2017 Mossoul est libéré et
en novembre Rawa est la dernière ville de laquelle sont chassés les islamistes.
On découvre alors l’étendue des exactions commises : plus de 200 fosses
communes sont mises à jour. A Sinjar, près de 5 000 Yezidis ont été tués, 6 000
femmes et enfants enlevés. Amnesty International estime à plus de 2 millions le
nombre de déplacés. Aujourd’hui, même si l’Etat Islamique a été officiellement
vaincu, des « cellules dormantes » subsistent en particulier dans les
zones rurales et organisent régulièrement des attentats à Bagdad.
Un pays en
lambeaux
Depuis
la chute de Saddam Hussein, l’Irak connaît une situation quasi- permanente de
guerre civile, le développement du terrorisme, de la corruption et une très
forte détérioration économique. 60 % de la population a moins de 25 ans, dont 40
% sont au chômage. Le système éducatif est totalement délabré, il manquerait
20 000 écoles. Il n’y a quasiment plus de services publics, les réseaux d’eau
et d’électricité ne sont pas entretenus. De plus, l’Irak doit faire face
actuellement à l’ingérence iranienne. En effet, pour lutter contre l’EI et
soutenir les milices chiites irakiennes, les Gardiens de la révolution islamique iraniens sont intervenus en
Irak et, bien sûr, y sont restés. C’est dans ce cadre que le général iranien Kassem
Soleimani, une figure populaire de l’armée iranienne, a été assassiné à Bagdad
par l’armée américaine. Pour en rajouter
aux problèmes, l’eau qui fut sa richesse dans l’Antiquité, est devenue un
problème. Le pays en manque parfois car ses « chers » voisins turques
et iraniens ont construit des barrages sur la partie du Tigre et de l’Euphrate,
située sur leurs territoires. D’autre part, l’Irak dont le nom signifie
« terre basse » commence à subir les premiers effets de la montée des
océans, les zones humides propices à l’agriculture deviennent de plus en plus
salées.
Certes,
l’Irak a, désormais, des allures de
démocratie. Il y a un président, Barhan Sali, mais son rôle est largement
honorifique. Il y a un parlement bicaméral, des élections, mais celles-ci se
déroulent dans un tel climat de violences et d’intimidations que les résultats
ne sont guère crédibles. En 2018, 36 listes se présentaient au suffrage des
Irakiens, on pouvait penser que c’était le signe d’une vitalité démocratique,
en fait, c’était plutôt le signe d’une décomposition totale du système
politique. Quelques exemples de listes aux dénominations fantaisistes : Saladin et notre identité (0.31% des
voix), Ninive et notre identité
(0.80%), Bannière de la bienveillance
(0.49%), Mountazer Al-Zaïdi, le sympathique journaliste qui lança sa chaussure
à la tête de G. Bush, se présentait, lui, sur la liste de l’Alliance des révolutionnaires réformistes... Les résultats ont
été immédiatement contestés, un recomptage était prévu mais… un incendie s’est
déclaré dans le local où étaient déposés certains bulletins. Le système
électoral est une mascarade, les gouvernements installés sont sans réel
pouvoir. Après 5 mois de vacance, un gouvernement a prêté serment le 7 mai
2021, il doit gérer une situation économique catastrophique, amplifiée par la
chute de la production et du prix du pétrole. L’axe principal de son programme
est d’appliquer une politique d’austérité à un pays ruiné.
Bon
courage… au peuple irakien.
Jean-Louis
Lamboley, le 22.09.2021
(1)
les Occidentaux
ont poussé Saddam Hussein à provoquer la guerre contre l’Iran, les stratèges
américains supposant que les deux régimes Iran/Irak, hostiles à l’influence US,
finiraient par s’écrouler
(2)
lors de la 1ère
guerre du Golfe, les Etats-Unis, pensant avoir suffisamment affaibli Saddam
Hussein, imposeront des sanctions par l’ONU pour soi-disant protéger les
Kurdes, et interdiront à Saddam Hussein tout survol aérien du Kurdistan
irakien.
(3)
dans toutes ces
opérations de déstabilisation l’on assiste à nombre de Fake News : armée
irakienne, 3ème armée du monde – armes de destruction massives –
alliance supposée d’Al Qaida avec Saddam Hussein – couveuses débranchées au
Koweït…
(4)
La victoire de
l’armée US contre le régime de Saddam Hussein se traduira par l’imposition d’un
gouverneur américain, Paul Bremer, qui démobilisera l’ensemble de l’armée
irakienne et les fonctionnaires de l’administration, provoquant les premières résistances et
l’alliance des officiers sunnites avec les djihadistes, entamant, par la suite,
la naissance de l’Etat Islamique.