Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


dimanche 26 septembre 2021

 

Le mouvement anti-pass. Qu’en penser ?

 

Pour caractériser ce mouvement, il convient de le comparer avec ce qu’il n’est pas, tout particulièrement avec les Gilets Jaunes qui ont vu se dresser salariés, retraités, « petites gens », à la périphérie des grandes villes, refusant l’augmentation du prix de l’essence. Au-delà de cette revendication sociale et de la volonté de s’en prendre à Macron, les débats qui ont animé ce mouvement et sa détermination ont permis une politisation des participants et leur organisation dans l’Assemblée des Assemblées.

 

Les mots d’ordre principaux, lors de l’apogée de ce mouvement, réclamaient la justice sociale, fiscale et environnementale.  Manifester sans autorisation dans les « beaux » quartiers, faire la jonction avec ceux qui demandaient l’abolition de la loi Travail puis avec ceux qui dénonçaient le racisme, tendent à prouver que ce mouvement avait un caractère antisystème prononcé.

 

Si le mouvement anti-passe est également spontané, il se caractérise, surtout, par le rejet des mesures autoritaristes du gouvernement. C’est le pass de trop après la gestion catastrophique de la pandémie, les mensonges et contradictions des gouvernants.

 

Cette mobilisation, en plein été, dotée d’une dynamique inédite, est le signe de l’entrée en mouvement de nouvelles couches sociales, de primo-manifestants. Il reste toutefois très hétérogène : on trouve parmi eux des salariés du secteur hospitalier, des pompiers, des commerçants, des Gilets Jaunes, des membres de la Gauche radicale et surtout une infiltration de groupes d’extrême-droite. Elle est rendue possible par le mot d’ordre dominant : « liberté, liberté » et la quasi-absence d’autres revendications, Pour l’essentiel, ce mouvement reste indifférent aux lois liberticides à caractère collectif, mise à part la suspension des contrats de travail pour cause de non vaccination.

 

La petite classe moyenne qui s’est mis en mouvement refuse des contraintes qui restreignent sa liberté, c’est : « je fais ce que je veux, quand je veux, où je veux » et ce, indépendamment de la gravité de la pandémie qu’ils tendent à nier.

 

C’est donc la liberté individualiste qu’ils réclament, effarouchés de ne plus pouvoir aller au cinéma, au restaurant. La colère anti-Macron est dévoyée. Une vision négationniste semble l’emporter : le Covid 19, une « grippette » comme le disait Bolsonaro, les vaccins seraient pires dans leurs effets supposés à venir…

 

D’autres caractéristiques sont inquiétantes : les agressions contre les militants de la Gauche radicale, l’appel à fraterniser avec la police. Il n’est pas étonnant que les Patriotes de Philippot, les Civitas, l’Action française, les nationalistes xénophobes, la Ligue du Midi, Egalité et Réconciliation, Bon Sens, trouvent matière à se déployer au sein du mouvement.

 

Les manifestations qui ont lieu en Europe sont encore plus nettement caractérisées par le poids de l’extrême-droite. En Italie, c’est No Vax et Forza Nuova qui sont à la manœuvre. En Allemagne, les libres penseurs fascisants brandissent des références positives au nazisme et l’AFD relaie leurs appels. Au Royaume Uni, c’est « un rassemblement mondial pour la liberté » qui alimente des thèses complotistes et traite le système de santé publique de bastion nazi…

 

La crise organique du système provoque et provoquera encore, des révoltes, mais il apparaît sans conteste que « tout ce qui bouge n’est pas rouge » et que « l’ennemi de mon ennemi n’est pas forcément mon ami ».  La confusion risque de durer comme une répétition de l’histoire la plus noire. Il suffit d’évoquer 1934 où les ligues factieuses s’en sont pris à l’assemblée nationale, la « gueuse ». Revisiter le passé n’est pas anodin. Le fascisme s’est toujours présenté comme un mouvement national et social, cherchant des boucs émissaires, suscitant la chasse aux « rouges » et le complot des étrangers. L’histoire balbutie. Le combat idéologique est d’autant plus important dans la période et l’on peut regretter l’isolement de la Gauche radicale et l’absence de volonté des confédérations syndicales après bien des tergiversations, d’appeler à rejoindre le mouvement, pour faire prévaloir les libertés collectives qui sont bafouées.

 

Gérard Deneux, le 22.09.2021   

 

SUD Solidaires 54, dans un communiqué, a dénoncé la censure dont il a été l’objet, lors de la manifestation du 11 septembre à Nancy. Ce syndicat s’en prenait aux restrictions des libertés, à la réforme de l’assurance chômage et des retraites. Sa liberté d’opinion a été bafouée, catalogués qu’ils furent d’être favorables à la vaccination. Néanmoins, autorisés à prendre la parole, ils furent interrompus par des huées dès la première phrase : « Nous faisons face à une épidémie mondiale » et ne purent poursuivre. Drôle de conception de la liberté !

 

Nous faisons nôtre le contenu de la prise de paroles qu’ils ont diffusée dans leurs réseaux.

 

Nous faisons face à une épidémie mondiale avec les différents variants du coronavirus. La vaccination est un élément clé pour stopper ou limiter les dégâts de l’épidémie à l’échelle de la planète, pas d’un Etat. A l’heure où les pays riches ont un taux de vaccination majoritaire dans la population et où l’on parle d’une troisième dose, les trois quart de l’humanité restent démunis pour lutter contre l‘épidémie et certains pays n’ont vacciné que moins de 10 % de leur population.

 

C’est pourquoi les brevets doivent être levés sur les vaccins et les futurs traitements : assurer l’accès universel au vaccin et aux soins devient un enjeu mondial.

 

Pourtant, après sa gestion calamiteuse et désordonnée de la pandémie, après avoir poursuivi le démantèlement de notre système de soin, après avoir refusé de donner des moyens supplémentaires aux services publics et à la protection sociale, le gouvernement s’enferme dans un débat franco-français et impose par la contrainte et de manière déguisée l’obligation vaccinale. Parce qu’il n’a pas su convaincre et qu’il n’est plus crédible, le gouvernement suscite la méfiance là où il aurait dû entraîner l’adhésion.

Avec le pass sanitaire, l’Etat :

-        recrute des vigiles plutôt que des soignants,

-        restreint les libertés d’une partie de la population, la plus jeune et la plus précaire ; l’empêche d’accéder à des services publics essentiels, comme se faire soigner,

-        menace des milliers de travailleurs-euses d’être privé-es de salaire,

-        étend le contrôle et le fichage de la population, au mépris du secret médical,

-        ouvre un boulevard à l’extrême droite, aux thèses complotistes, racistes et antisémites, dans un mesquin calcul électoraliste.

 

Pendant ce temps, le capitalisme continue sa course folle : les profits du CAC40 explosent sur le dos des salariés et de l’environnement, le gouvernement s’apprête à faire appliquer la réforme de l’assurance chômage qui fera basculer dans la précarité des milliers de travailleurs-euses privé-es d’emploi, ainsi qu’à remettre sur la table l’injuste réforme des retraites voulant nous faire travailler jusqu’à 64 ans voire plus, quand les entreprises ne recrutent plus où se débarrassent des salariés de plus de 50 ans.

 

En conséquence, SUD-Solidaires 54 appelle à la construction d’une mobilisation sociale d’ampleur, pour le progrès social, contre toutes les régressions. Nous appelons à participer massivement à la mobilisation nationale et intersyndicale du 5 octobre et à construire ses suites. le 11.09.2021