COP 26.
Extinction ou rébellion ?
A
quoi a-t-on assisté à Glasgow ? Le dérèglement climatique fut l’occasion
de défilés de milliardaires, venus
en jets privés. Plus de 400 furent alignés sur le tarmac ! Il y eut
également des hélicoptères pour ces messieurs de haut rang. On assista, qui
plus est, à une véritable foire
commerciale où s’exposèrent les multinationales les plus polluantes, y
compris l’industrie digitale plus nocive que le transport aérien. 500
lobbyistes accrédités tenant stand à gogo à qui mieux mieux en dégagement de
CO2 : Shell, Total, les géants miniers comme Rio Tinto, Glencore, Gazprom,
Engie, EDF, sans compter les Hitachi, Microsoft, Sky, Bloomberg, Google, des
constructeurs automobiles, Unilever le roi du plastic… tous partenaires de la…
lutte contre le réchauffement climatique ( ?). En bonne place, de
surcroît, les pays tels le Brésil de Bolsonaro, promouvant l’agrobusiness et la
déforestation… durable, l’Arabie Saoudite au stand techno, le Qatar sous abri
climatisé vantant ses maquettes mégalomaniaques censées préserver l’écosystème.
Et, bien sûr, l’incontournable industrie nucléaire chère à Macron, bien qu’il ait
été condamné deux fois par le Tribunal administratif et le Conseil d’Etat pour
promesses non tenues… en matière de réduction des émissions de gaz à effet de
serre.
Les
climatologues et autres experts ont beau s’époumoner depuis des lustres,
prédire qu’au rythme actuel ce n’est pas une augmentation de température de
1.5° mais, pour le moins, de 2.7° que va connaître la planète et que, dans ces
conditions, c’est la catastrophe annoncée : les sourds n’entendent pas.
Plus
question de discuter de la réduction de l’extraction des énergies fossiles, des
transports aériens et maritimes : tout au plus concède-t-on dans ce
cénacle qu’il pourrait y avoir des accords non contraignants. Interdire les
subventions aux industries d’exploration, d’extraction, de raffinage : n’y
pensez pas ! Le business, c’est tout de suite, comme la financiarisation
de la nature. La solution résiderait dans le gigantesque marché du carbone sous
l’égide de… l’ONU. Cette instance surveillera le bon déroulement de la
pollution et de la compensation par l’achat de terres, la plantation d’arbres,
l’expropriation des paysans et leur indemnisation sans trop de contraintes
réglementaires. Tout cela n’a-t-il pas un parfum de multilatéralisme pour… les
multinationales ? Mais voyez-vous, ces gens-là, sont généreux. Même s’ils
n’ont pas atteint les 100 milliards d’aides par an aux pays du Sud et à ceux
qui sont les plus vulnérables, comme les îles dans le Pacifique, ils promettent
de s’y mettre en 2023, sous forme essentiellement de prêts ! Les dindons
de la farce seront les pays les plus pauvres déjà surendettés. Ce sera le fonds
vert(doyant) de la dépendance.
On
retiendra de ce grand raout, la déclaration de Jeff Bezos, le milliardaire, qui,
avec le tourisme spatial, envoie à qui mieux mieux du kérosène dans les cieux et
met en avant sa fulgurante générosité de charité business. Ce fut une démonstration de pouvoir. C’est nous,
les oligarques, qui décidons. Le GIEC, la rue, vous en avez assez dit, la santé
de la planète on s’en occupe.
Deux
belles annonces néanmoins : on va, paraît-il, s’en prendre au méthane dont
la capacité de nuisance dépasse de loin, celle du CO2. Beaucoup de paroles pour
réduire la taille des élevages… sans contrainte aucune.
Loin du grand bal des hypocrites, les rues de Glasgow résonnaient de protestations vigoureuses mais
inaudibles aux oreilles des maîtres du monde. Au bord du gouffre, on mesure sa
profondeur. Il n’est pas encore trop tard pour la rébellion.
GD,
le 14.12.21