Ils,
elles luttent
Grève
des Sans-papiers de la Poste
Le 15 novembre, près de 70 entrent en
grève illimitée. Travailleurs sans-papiers de l’entrepôt DPD de l’Essonne,
filiale de la Poste pour la livraison de colis y travaillent, environ 180 sans-papiers
sur 400 salariés : 20 000 colis/heure sous la surveillance de 495
caméras. Les sans-papiers sont affectés à des tâches plus dures que les autres
salariés et disent : « Ici, c’est
l’esclavage », « des gens
avec leurs papiers ne feraient jamais ce travail ». Cadences infernales,
horaires de travail « élastiques », heures supplémentaires pas
rémunérées. « Ce soir on a terminé à
23h au lieu de 19h, il n’y avait plus de bus, on a marché plus d’une heure pour
trouver des transports, certains sont rentrés chez eux à 4h du matin ! ».
A la moindre protestation, c’est fin de mission, par un texto. « Nous on ne peut pas partir c’est notre
gagne-pain ». C’est bien pourquoi DPD et Derichebourg intérim
recrutent (en toute connaissance de cause) des sans-papiers, embauchés sous
alias avec une pièce d’identité empruntée. Pour l’heure, DPD déclare
qu’aucun manifestant présent dans l’enceinte du site n’est ou n’a été son salarié
et accuse les sans-papiers de fraudes pour tromper les contrôles ! « Ils mentent en connaissance de cause »
affirme SUD PTT, ce type d’organisation, dans le secteur des colis, « c’est partout ». Certains
travaillent depuis des années et tous demandent leur régularisation. Il y a 2
ans, pendant 7 mois, une lutte devant l’agence Chronopost d’Alfortville avait
imposé la régularisation de 27 travailleurs. Cela avait permis la
régularisation de 46 travailleurs d’autres sociétés, mais à la faveur de la
crise sanitaire, la préfecture du Val-de-Marne n’a pas tenu ses engagements,
annulant le suivi des dossiers des travailleurs ayant mené la lutte : 83
ne sont toujours pas régularisés. Les sans-papiers de DPD sont déterminés pour
obtenir leur régularisation. Ils sont soutenus par le Collectif des
Travailleurs Sans Papiers de Vitry-sur-Seine (CTSPV 94), des syndicats (Sud PTT, Solidaires, CNT…), de
certaines organisations politiques (NPA, LFI, PCF, LO…) et d’associations
(Cimade, LDH, RESF 91…). www.sudptt.org/
Acharnement antisyndical à People & Baby : ça
suffit !
En 2010, la ville de Paris privatisait la gestion
de plusieurs crèches et la confiait à la société People & Baby. Les
conséquences furent immédiates pour les salariées de la halte-garderie Giono
reprises avec les murs : détérioration des conditions de travail, rentabilité
au détriment de la qualité d’accueil des enfants et de leurs familles. Cinq
d’entre elles décidèrent de monter une section syndicale CNT. Elles subirent
immédiatement la répression avec une mise à pied, puis quatre furent
licenciées. Malgré leur victoire aux Prud’hommes en 2017, reconnaissant la discrimination syndicale et
la préméditation des licenciements, People & Baby a continué son
acharnement et a fait appel. Contre toute attente, la justice lui donna raison
le 1er juillet dernier, remettant en cause la décision prudhommale et les
constats de discrimination syndicale de l’inspection du travail. Elles sont
tenues aujourd’hui, sous la menace des huissiers, de rendre les indemnités
perçues, qui ont servi à payer les frais de
10 ans de procédure et à éponger leurs
dettes. Au préjudice familial et psychologique subi, à ce remboursement d'un
montant total de 145 000 €, viennent s'ajouter chaque jour les intérêts de
retard de paiement tant qu'elles n'auront pas tout rendu. Militant-es
syndicaux, politiques, associatifs, actrices et acteurs du monde culturel ont
lancé un appel à soutien, y compris financier, d’Assia, Cindy, Marion, Sophie
et Virginie. Un coup porté contre
l’une ou l’un d’entre nous est un coup porté contre toutes et tous !
Parmi les nombreux soutiens : CNT,
Sud/Solidaires, CGT, des militant-es, notamment le Collectif Pas de Bébés à la
Consigne, le Syndicat national des professionnel·le·s de la petite enfance et
nombre de personnalités. Pour les soutenir :
https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/061121/acharnement-antisyndical-people-baby-ca-suffitutm_source=20211106&utm_medium=email&utm_campaign=QUOTIDIENNE&utm_content=&utm_term=&xtor=EREC-83-[QUOTIDIENNE]-20211106&M_BT=90660697759 ou, par chèque (indiquez au dos du chèque Soutien people and baby) à l’ordre de : CNT SSCT-RP, 33 rue des
Vignoles 75020 Paris.
Justice. Refusons la pseudo-concertation citoyenne
La France compte 10.9 juges pour 100 000
habitants, la moyenne européenne est à 21.4 juges. Comme dans d’autres services
publics, les magistrats sont épuisés psychiquement, physiquement. Depuis une
vingtaine d’années et l’émergence du « nouveau management public »,
les tribunaux sont gérés comme une entreprise, soumis à des rendements
antinomiques d’une approche humaine du justiciable ; le quinquennat Macron
a aggravé cette vison comptable du service public et de la justice. Ainsi, dans
le cadre de la loi pour la confiance dans l’institution judiciaire, la limitation
des enquêtes préliminaires à 2 ans concerne les affaires économiques et financières
et non le contentieux de masse. C’est une disposition pour les riches. La généralisation
des cours d’assises départementales, siégeant sans jury populaire, signe la
mort de la justice criminelle. La réforme de l’irresponsabilité pénale va
encore davantage sanctionner les « fous ». Le syndicat de la
Magistrature s’est opposé à toutes les lois sécuritaires qui octroient des
pouvoirs exorbitants à la police, à la sécurité privée. La France est devenue
un Etat policier avec une militarisation phénoménale de l’espace public et un
surarmement de la police. Sarah Massoud, Syndicat de la magistrature paru dans CGT ensemble (12.2021). 3 000
magistrats et une centaine de greffiers ont lancé un appel le 23 novembre
« Nous ne voulons plus d’une justice
qui n’écoute pas et qui chronomètre tout ».