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Trop tard pour être pessimistes
Eco-socialisme ou effondrement
L’auteur,
internationalement connu depuis la parution de son livre L’impossible capitalisme vert, traduit dans de nombreuses langues,
récidive. Non seulement pour souligner la catastrophe climatique débutée avec
ses désastres récurrents : mégafeux, sécheresses, inondations, réduction
drastique de la biodiversité, processus d’extinction des espèces, stérilisation
des sols par l’extension des monocultures et le recours aux engrais azotés et
autres pesticides, pollution des rivières et de la mer, acidification des
océans, déforestation et création de zoonoses favorisant, comme l’élevage
concentrationnaire, l’apparition de nouveaux virus et leur transmission à
l’homme. Mais à l’inverse de ceux qu’il désigne comme coupables, l’homme
consommateur (anthropocène) il démontre que tout provient de la logique
écocidaire de l’accumulation du capital. Elle correspond dans son ascension au
recours au charbon puis au pétrole et à ses dérivés. Les avertissements n’ont
pas manqué depuis 50 ans. Malgré les déplorations, les émissions de CO2 de 2019
ont dépassé de 60 % celles de 1992. Entretemps la couche de glace fond en
Groenland et au pôle nord, ce qui n’empêche guère le Canada de relancer la
production gazière et pétrolière. Quant aux pétroliers, ils prospectent sur la
calotte glacière qui rétrécit. Le capitalisme vert au gré des COP a vu dans le
dérèglement annoncé des opportunités de marché à saisir pour imposer de fausses
solutions technologiques et marchandes. La création d’un marché carbone
n’est, en effet, qu’un droit à polluer assorti de compensations pour le moins
discutables. On peut compter également sur la vision libérale partagée par
nombre d’écologistes qui se font « les porteurs d’eau » du
capitalisme vert. L’auteur prône pour éviter l’effondrement, un projet de
société autogérée, anti-productiviste, afin de « produire moins mais
mieux, transporter moins et partager plus ». Pour lui, c’est le combat du
21ème siècle qui n’aboutira pas sans le démantèlement des oligopoles
dans les secteurs énergétiques, de l’agrobusiness, de la finance.
L’éco-socialisme signifie, pour lui, planification démocratique des besoins,
société égalitaire dépourvue de discriminations, extension de la gratuité dans
les domaines du soin, de l’éducation, de l’accès à l’eau, du logement, de la
mobilité… « Une course de vitesse
est engagée entre le désastre et la conscience du désastre ». Il y a
urgence à le lire. GD
Daniel Tanuro, ed. Textuel, 19.90€, 2020