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Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mercredi 6 septembre 2023

 

Nous avons lu

 

Le grand Satan, le shah et l’imam

Les relations Iran/Etats-Unis jusqu’à la révolution de 1979

 

C’est une redécouverte des ressorts des bouleversements qu’a connus l’Iran, et plus généralement l’ébranlement de tout le Moyen-Orient qui en a résulté, à laquelle nous convie l’auteur. En 1979, la « révolution islamique » n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein, ni un traumatisme étatsunien suite à l’occupation de l’ambassade US à Téhéran. En fait, l’ébranlement de la région provient de la modification du rapport de forces au sortir de la 2ème guerre mondiale. Les USA succèdent à la Grande Bretagne qui y assurait son hégémonie pétrolière, et ce, dans des conditions humiliantes pour le peuple iranien. L’impérialisme américain va se heurter au nationalisme iranien, susciter un coup d’Etat contre le gouvernement Mossadegh, qui avait eu l’outrecuidance de nationaliser le pétrole détenu par des sociétés anglaises. Ce coup d’Etat provoque le retour du Shah qui s’était enfui de son pays. C’était en 1953 et ce coup de force n’a pu s’accomplir (ce que l’on oublie) qu’avec le soutien des mollahs anticommunistes. Le parti communiste Tudeh fut décapité et avec l’aide de la CIA, fut mise en place une police politique redoutable (la Savak), pourchassant, emprisonnant, torturant les opposants. Le monarque était assuré du soutien occidental et conforté par la richesse des royalties qui lui étaient versés. Imbu de son rôle de garant de l’équilibre dans la région, fasciné par les livraisons d’armes que les USA consentaient à lui livrer, le shah devint un sujet de plus en plus indocile. En 1975, après son humiliante défaite au Vietnam, le tuteur US prit des allures démocratistes, sermonnant et incitant le prince iranien à entamer une « révolution blanche » de partage des terres. Le shah s’en prit, avec précaution mais c’était déjà trop, aux immenses propriétés foncières du « clergé » chiite. Et de quiétistes apolitiques, les mollahs devinrent nationalistes, anti-impérialistes et même prirent des apparences démocratiques. Ce fut d’autant plus facile que, la révolte grondant, le peuple sans autre perspective s’en remit aux mollahs dans les mosquées, seuls lieux où l’on pouvait se réunir. Et l’alliance des féodaux avec les nationalistes et gauchistes, provoqua l’embrasement populaire, la fuite du shah, à qui le gouvernement Carter refusa jusqu’à l’extrême limite l’asile politique dans un hôpital. Et depuis cette époque, les bouleversements traumatiques n’ont fait que rebondir : guerre Iran-Irak, invasion de l’Irak, émergence de l’Etat islamique, répression des printemps arabes… bouleversement des alliances…  mais c’est déjà une autre histoire que celle des origines, celle de la suprématie US confrontée au nationalisme iranien. GD

Yann Richard, CNRS édition, octobre 2022, 26€