Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


dimanche 29 août 2021

 

Le bateau ivre

 Editorial de PES n°75 (juillet/août 2021). pour s’abonner, voir ci-dessous

 

Après la déroute en Afghanistan de l’impérialisme US et de son bras armé, l’OTAN, une métaphore analogique s’impose : celle du navire dans lequel est embarquée l’humanité. Dirigé par des castes ivres de puissance qui se disputent le gouvernail, il semble en perdition. Jusqu’il y a peu, l’hyperpuissance prétendait imposer la route de son « destin manifeste ». Noam Chomsky désignait les dirigeants des USA qui ont succédé à Eisenhower comme des criminels de guerre qui, tous, auraient été condamnés si le Tribunal de Nuremberg avait continué à siéger.

 

Après l’effondrement de l’URSS, les « stratèges » US ont connu l’échec de la suprématie totale sur le « grand Moyen-Orient » qu’ils entendaient remodeler à l’aide de supplétifs fantoches et de guerres interminables. Après ces reculs successifs, les apprentis successeurs se disputent la prééminence sur le pont du navire. Et ils sont légions, les milliardaires et leurs suppôts dictateurs, autocrates et autres despotes en herbe. Il suffit de citer Trump le fougueux, son successeur Biden s’accrochant à la barre qui lui échappe, les Bolsonaro, Orban, Poutine, Erdogan, l’arrogant Macron et la « rassurante » Mutter Merkel. On a même vu apparaître sur la scène ukrainienne un magnat du chocolat puis un clown.  

 

Le cap vers les eaux glacées de la mondialisation financière s’est accompagné, à bord, de la goinfrerie des potentats de toute nature, contraignant les galériens dans les soutes à plus maigre pitance. Et nombre d’entre eux se révoltèrent, les mutineries se multiplièrent dans toutes les cales. Mater, réprimer, corrompre, furent la ligne de conduite des gouvernants. Acheter la paix sociale rencontre désormais de plus en plus de difficultés : l’embarcation dérive et affronte l’océan démonté de l’écosystème dérégulé où l’on ne compte plus les incendies ravageurs, la fonte des glaces, les cyclones et les inondations destructrices… Sur la route de l’histoire, il y a, en outre, des icebergs : des virus inconnus et l’horizon d’une nouvelle crise financière. Les explosions sociales risquent de faire chavirer le navire, le sauvetage demeure périlleux.

 

La solution, pour les rapaces du capital, consiste-t-elle à aborder le rivage d’un capitalisme d’Etat à la chinoise ? Ne s’y résignant pas, ils agitent la trouille du péril jaune. Eux qui ont inauguré les méthodes de manipulation et de surveillance technologiques, utilisées désormais à grande échelle dans l’Empire du milieu, poussent des cris d’orfraie humanitaires, tentant de faire oublier que Snowden avait révélé l’espionnage mondial permettant à la NSA de se livrer à toute les manigances, y compris contre la « bienveillante » Merkel. Ils omettent également la marchandisation de l’espionnage par la société israélienne Pegasus aux Etats autoritaires ou dictatoriaux, comme le Maroc.

 

Pour l’heure, Maître Xi, plus confucéen que marxiste ou maoïste, évite d’agacer le vieux tigre blessé. Chez lui, patelin, le maître du ciel et de la terre, prône « l’harmonie », la « société de moyenne aisance », enserrant dans sa main de fer gantée de velours, les magnats capitalistes qui doivent s’intégrer dans le cercle dirigeant. Toute dissidence et lutte des classes sont étouffées par la surveillance généralisée et le conformisme imposé. A l’extérieur, il prône la non-ingérence, le respect des Etats, quels qu’ils soient, et le libre-échange mondialisé. Les nouvelles routes de la soie lui ouvrent le chemin d’une influence commerciale pour saisir, peut-être, le gouvernail du bateau ivre.

 

Gérard Deneux, le 24.08.2021 

 

 

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