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Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


dimanche 29 août 2021

 

La Réunion. Déportation d’enfants


On n’en a pratiquement pas parlé et pourtant, nombre de petits-enfants des Réunionnais déportés, s’acharnent à retrouver leurs origines et celles de leurs grands-parents. C’était pendant les « Trente Glorieuses ».Cette histoire commence en 1963 pour se terminer en 1981. Elle avait commencé avec de grands trémolos. Il y avait à la fois un surplus de population à la Réunion, ces ex-colonisés « faisaient trop de mioches », tandis que les campagnes françaises se dépeuplaient. Au nom de la politique républicaine, le député Michel Debré (le rédacteur de la Constitution de 1958) organise une vaste tromperie. Le gouvernement crée le Bumidom (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’Outre-mer). La cible : les enfants. On promet aux parents qu’ils vont aller à l’école. En réalité, ils vont vivre de véritables cauchemars, eux, les victimes, traumatisées, d’un véritable trafic humain qui consiste à répartir ces déportés dans des fermes ou comme aide-ménagères  de familles « bien sous tous rapports ». Ils sont en fait traités comme des esclaves.

 Quant au gouvernement, il invoque la grandeur de la France et Debré se veut le sauveur de l’île. 60 départements furent concernés, en particulier, la Lozère, la Corrèze, la Creuse où il fallait des valets de ferme. Racisme et maltraitance se sont conjugués pour faire travailler ces petites esclaves de 5h du matin à 21h. Quant aux filles, elles furent d’abord placées chez des religieuses avant de devenir servantes à tout faire. Frères et sœurs furent séparés. Il leur fut interdit de parler créole. Beaucoup d’entre eux furent d’ailleurs placés en hôpital psychiatrique après avoir subi des violences et des viols.

 

L’accueil réservé fut à l’image de ce qui s’est passé à Guéret, où une association avait pour mission de les accueillir, en savates, en plein hiver ; entassés, ils dormaient par terre avant d’être placés en familles « d’accueil ». Bonne fille, la République, les déclara pupilles de la nation après avoir changé leurs prénoms, voire leurs noms. A la Réunion, où s’opérait un premier tri, l’Eglise miséricordieuse ne connaissait que la loi du secret.

 Cette politique fut suivie pendant 20 ans. Il fallut attendre 1968 et la dénonciation du Parti du Travail réunionnais pour que le programme républicain soit arrêté… en 1982.

 En 2014, « nos » « chers » députés de l’Assemblée nationale, reconnurent la responsabilité de la France mais il fallut néanmoins attendre 2016 pour qu’une commission soit créée afin d’examiner les conditions de l’exil forcé des enfants. Quant à l’accès aux dossiers administratifs, il est toujours quasiment impossible : égarés, ils sont même parfois inexistants. Qui plus est, la loi républicaine exige qu’un délai de 50 ans soit écoulé pour avoir accès aux dossiers et uniquement pour les intéressés, donc les mineurs transférés mais pas leurs enfants. Certains continuent de faire le siège du conseil départemental de la Réunion, sans guère de succès, et se heurtent à des démarches kafkaïennes.

 Bref, la République bourgeoise tant vantée a quelque chose de répugnant.

 Gérard Deneux, le 11.08.2021