Pire c’est, mieux c’est ?
(édito du PES n° 28)
Les élections aux Etats-Unis et la
primaire de la droite en France laissent augurer des soubresauts sociaux et
répressifs dont on a du mal à appréhender l’ampleur. Trump, le « boni-menteur »,
est le produit du cauchemar étatsunien, celui de la désespérance sociale et des
inégalités inégalées, conjuguées avec la volonté d’une minorité d’escrocs,
prêts à tout pour accroître leurs privilèges. La désindustrialisation massive,
l’exploitation de milliers de sans-droits et sans-papiers sont le terreau
raciste sur lequel ont prospéré les propos d’un charlatan qui promet le retour
au rêve américain isolationniste. Sur fond de rejet de Clinton et de
l’impuissance d’Obama a surgi cette alliance improbable entre les rapaces et
ces « petits blancs » laissés-pour-compte du système auquel ils
croient. Au-delà des propos outranciers de l’énergumène, c’est son entourage
qu’il faut examiner(1) : des banquiers spéculatifs, des escrocs, des
affairistes, bref, des loups de Wall Street qui font bon ménage avec des
racistes jusqu’au-boutistes, des militaristes prêts, comme dit leur chef, à
« écraser sous les bombes les
terroristes ». Les ouvriers désenchantés et pauvres du Middle West,
les Afro-américains, les Hispaniques parviendront-ils à dépasser leurs rivalités
instrumentalisées ? Ce serait mieux !
En France, le social-libéralisme, les
coups de menton de Valls, ont réduit en miettes la soi-disant gauche de
gouvernement et, avec elle, l’espérance sociale malgré toutes les mobilisations
résistantes. A surgi, comme premier de la classe, Fillon, le collaborateur de Sarko, cet enfant
gâté du sérail, ce pur produit paroissial du système, qui prétend remplacer le
scooter par le bolide ultra-libéral, pour relancer un capitalisme à la traîne.
Ces 10% du corps électoral qui l’ont élu, rêvent comme lui, d’une punition
infligée aux démunis et exploités et d’un retour nostalgique à l’uniforme des
blouses grises dans les écoles. Pour la reconquête de la croissance en
berne : les 35 H liquidées, les aides sociales rabiotées, les retraites
allongées et réduites, l’Etat allégé de 500 000 fonctionnaires, les
allocations chômage réduites. « Salauds
de pauvres ! » faut payer : en TVA (+ 2%) 16 milliards d’€, 110
milliards pour des hôpitaux, des écoles, des services (au) public exsangues.
Faut ça pour accorder plus de 100 milliards de baisse des cotisations
patronales, sans compter la suppression de l’impôt sur la fortune. C’est Sarko
et Juppé réunis, en pire.
Bref, ça va déchanter sec ! Pas
sûr ? Va falloir choisir entre soumission et révolte !
Peuvent en effet prévaloir les
passions tristes sur fond d’aigreurs, d’angoisses, de résignations, de
rancoeurs, qui dressent chacun contre tous. Cette stérilité volontaire peut
prospérer sur fond de xénophobie raciste. Pour conjurer l’attraction du pire,
il faut tenter l’incandescence démocratique, celle de la communauté des égaux
dans la diversité. C’est mieux.
Dans cette attente, les élections qui
viennent, apparaissent comme le passage vers l’urne funéraire. La « gauche
de gauche » toujours divisée ne fait toujours pas rêver. Les mouvements
sociaux sont restés sur la défensive. Bref ! Il est (pour tous) « grand temps d’apprendre l’espérance »
(Ernst Bloch)
(1) Un
article dans le prochain numéro traitera de l’élection de Trump et des
conséquences que l’on peut en déduire