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Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


lundi 5 novembre 2018


Chine. Réveil de la classe ouvrière
‘Edito du PES n° 48 (octobre 2018)

La mondialisation, dont l’un des aspects consiste à rechercher, hors des pays centraux, de la main d’œuvre à bas coût, en particulier dans les zones où la classe ouvrière a acquis un certain savoir-faire, a dû composer avec le despotisme patronal. Outre les pays de l’Est, c’est le cas notamment de la Chine, convertie à une forme de capitalisme d’Etat. Le PCC est, de fait, devenu le Parti du Capitalisme Chinois. Les nouveaux mandarins à la tête de cette caste bureaucratique et, sous leur joug, de capitalistes privés, prétendent faire de l’Empire du Milieu la puissance rivalisant avec l’impérialisme étatsunien qui, après son apogée, amorce sa phase de déclin. Certes, rien n’est joué. A preuve, l’instabilité de la formation sociale aux Etats-Unis et le réveil de la classe ouvrière en Chine.

Contrairement à l’idée encore répandue, la Chine n’est plus l’atelier du monde. Outre ses industries traditionnelles, elle maîtrise désormais les technologies les plus avancées. Elle dispose de plus de 4 000 entreprises de robotique. La prolétarisation des campagnes et la concentration d’ouvriers dans d’immenses complexes oppressifs ont fait surgir une conscience collective s’opposant à l’arbitraire patronal et aux répressions étatiques. Ce que relate le journaliste Jack Qiu confirme le réveil de la classe ouvrière. Jasic dans le Shenzhen est une entreprise de construction de robots industriels de soudure. Cette immense usine s’est dotée d’un système hiérarchique de gardes-chiourmes. A toute infraction, même mineure, s’applique un barème d’amendes ; le refus d’obéissance est sanctionné par un licenciement sans indemnités. Face aux plaintes, concernant en particulier les heures supplémentaires non rémunérées et la réticence des patrons à autoriser le syndicat officiel, le 22 mai, l’agence d’Etat s’est fendue d’un rappel à l’ordre. Mais, lorsque 89 ouvriers ont tenté de créer un syndicat, les intimidations, les accusations mensongères se sont déversées sur eux. Battus, emprisonnés et licenciés. Dès le 20 juillet, des ouvriers de l’usine, ainsi que ceux des entreprises avoisinantes, se sont mobilisés via les réseaux sociaux, malgré la censure. Plus d’une cinquantaine d’universités se sont déclarées solidaires. Des étudiants se sont déplacés pour soutenir la lutte. Des groupes maoïstes, comptant nombre de retraités, ont ressorti les drapeaux rouges pour se joindre à la contestation. Autour de l’usine, étudiants, ouvriers, militants ont organisé « une campagne de sensibilisation la plus populaire que l’on ait vue en Chine depuis une décennie ». Des lettres ouvertes ont été envoyées aux plus hauts dignitaires. A la brutalité policière et aux  provocations de nervis infiltrés, ont répondu dénonciations et chants révolutionnaires… jusqu’au 24 août. A 5 heures du matin, des policiers en tenue de combat ont pris d’assaut une maison occupée par 45 étudiants. Au total, 80 arrestations. Si certains ont été relâchés, c’est pour mieux déverser une propagande de reprise en main. L’agence de presse officielle Xinhua affirmant que « les désordres sont fomentés par des forces étrangères ».

Il n’empêche, on assiste depuis quelques années à un réveil de la classe ouvrière et à sa tentative de s’instituer en classe pour soi, autonome vis-à-vis du Parti qui prétend la représenter. Ce que vivent en effet les travailleurs outre le despotisme, c’est le recul de leurs droits sociaux et de leur dignité. Cette bonne nouvelle, encore bien timide, est à rapporter au potentiel qui gît dans tous les pays du Sud. Les ouvriers dans le monde n’ont jamais été aussi nombreux. Dans certains pays, comme le Qatar ou l’Arabie Saoudite, ils forment une majorité de sans-droits. Le jour où ils s’éveilleront, comme ce fut le cas dans l’Angleterre du 19ème siècle, le monde en sera bouleversé.

GD, le 25.10.2018