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L’illusion financière
Cet essai pédagogique permet de comprendre la crise de
2008. Derrière la formation de la bulle financière de l’immobilier aux
Etats-Unis et la diffusion des subprimes dans le monde entier, c’est la
rapacité des banques et institutions de crédits qui en est la cause. Ces
« pousse au crime » de l’endettement des ménages et de la spéculation
immobilière imposant des intérêts d’emprunt exorbitants (jusqu’à 30 % par an),
ont poussé à la catastrophe. Quoique ? Pour sauver les banques, les Etats
les renflouant ont transformé la crise financière en crise des dettes publiques
et en politiques d’austérité pour rembourser la bancocratie. Pour l’auteur,
rien n’est résolu, « le pire est
devant nous » : non seulement sous la forme du précariat et du
chômage de masse mais également par l’apparition d’une nouvelle crise bien plus
profonde. Comment donc se libérer du « veau d’or » ? Séparer les
banques spéculatives dites d’investissement des banques de dépôts, retrouver la
souveraineté monétaire alors même que loin d’être indépendante la BCE est
soumise aux impératifs de la finance, éviter la titrisation, les dérives des
crédits spéculatifs, la folle création monétaire ex nihilo, pouvoirs que
détiennent les banques privées… Si tous ces « travers » de l’économie
capitaliste dérégulée sont bien relevés et expliqués, les solutions
préconisées, sans pour autant être négligeables, sont marquées par la croyance
(d’un bon sens chrétien) dans la possibilité de l’Europe telle qu’elle est, de
se réformer. Il n’empêche, l’appel à une société des biens communs, au
financement de la transition écologique, à une réindustrialisation verte,
à contrecarrer la logique marchande,
voire la propriété privée, situe cet économiste dans le camp de
l’antilibéralisme. GD
Gaël Giraud, ed. de l’atelier, 2016, 10€
Résister aux grands projets
inutiles et imposés
Ce livre est issu du croisement de réflexions
collectives, d’expériences de terrain, avec celles de géographes,
d’économistes, d’urbanistes et de sociologues. Non seulement, il retrace
l’histoire de luttes qui, du Larzac à Plogoff et Creys-Malville, ont acquis une
nouvelle vivacité à Notre-Dame-des-Landes, Bure, Sivens et ailleurs ;
surtout, il en fait ressortir les enjeux, ceux de la repolitisation non
politicienne de l’écologie sociale. Les résistances actuelles font surgir,
outre des sociabilités nouvelles, une praxis qui accumule des connaissances et
tisse des alliances jusque-là improbables : citoyens, paysans,
syndicalistes, savants, écolos «marginaux »… La volonté qui s’y
manifeste, consiste, par des propositions politiques, à se réapproprier le
pouvoir décisionnel, de passer d’un combat local à une lutte globale. C’est du
moins l’espoir que diffuse cet essai. En négatif : « A quoi bon
détruire des dizaines d’hectares de terres agricoles (comme) dans le Val
d’Oise, pour y construire Europa City alors que la région parisienne est déjà
saturée de centres commerciaux ? ». En positif : Il s’agit, face
à la concurrence mondialisée de territoires visant à gagner des parts de marché
transnationaux, de porter le projet de relocalisations d’activités pour le
développement équilibré de l’économie locale… Soit bien vivre démocratiquement
sur une planète vivable. GD
Collectif Des plumes et du goudron avec Julien Milanesi, ed. Textuel, 2018, 15.90€