Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mercredi 14 août 2019


Edito du PES n° 55

Macron peut-il durer ?

Si la fraction  la plus néolibérale de la classe dominante a cru trouver, face à la décrépitude des leaders de droite et de « gauche », son Rastignac, elle doute. Celui qu’elle a couvé dans les bureaux de la banque Rothschild, lui qui, sans vergogne, a évincé le « mollasson » Hollande, lui se présentant comme le « maître des horloges » imposant les régressions sociales jugées indispensables aux flibustiers de la finance, dut, précipitamment descendre des cieux jupitériens pour mater la révolte d’en bas des Gilets Jaunes.

Il faut considérer qu’il a, momentanément, gagné la bataille de la rue et des ronds-points : la furie de la caste régnante, déployant sa horde policière, a démontré, à ceux qui n’osent y croire, de quoi elle est capable lorsque l’on se dresse contre ses intérêts et ses privilèges.

Cette campagne d’annihilation de la mobilisation populaire a pris la forme d’un déchaînement disproportionné de violences policières. Partout, l’ordre doit régner, y compris pour faire cesser la musique à coups de gaz lacrymogènes et de bastons, et ce, dans un lieu dépourvu de riverains et au bord de la Loire. Steeve en est mort, noyé. De même, les 45 décrocheurs de portrait du président (ce cadre à 8€ pièce) sont effarés. Eux qui entendaient protester contre l’imposture écologique de Macron, eux perquisitionnés, poursuivis, sont sidérés d’être traduits devant la 16ème chambre du TGI de Paris, chargée des affaires de terrorisme (1). Tout comme Marion Esnault, ils risquent jusqu’à 5 ans de prison et 75 000 € d’amende. Les sbires de Macron, ces parquetiers, disposent d’un arsenal juridique à la hauteur de leurs propres fantasmes répressifs. De cette violence policière et institutionnelle, les fêtards, tout comme les vaillants écolos, s’en souviendront.

Macron sait que s’il veut durer, il lui faut non seulement garder son frêle électorat mais également neutraliser, voire gagner les cœurs révulsés. Les hypocrites homélies, les effets de manches du grand débat vont se répéter pour tenter de prouver qu’il agit contre le peuple pour son bien (CETA, casse du droit du travail, privatisations, RUA, restriction des droits des chômeurs…). Tous les « éléments de langage », les arguties seront fournis à ses serviteurs à gages. Il pourra compter sur les éditocrates, ces bonimenteurs du néolibéralisme. Toutes ces mises en scène démagogiques ne sont pas suffisantes pour assurer une assise territoriale au macronisme hors-sol. Dans la perspective des élections municipales de mars 2020, les débauchages, les fripouilleries politiciennes à l’aide de stratagèmes et d’intrigues mesquines, prennent déjà un tour croquignolesque de lutte des places.

Macron, son fossile ministériel extrait des rangs juppéistes, E. Philippe, son spadassin sans épaulettes qui hystérise le pays, Castaner, savent qu’il leur faut traquer l’opinion capable de coups de sang impromptus. D’où la mission de recruter une armée de mouchards (11 000) pour suppléer les Renseignements Territoriaux jugés défaillants. A ce prix, il espère durer en agitant le spectre du lepénisme, en comptant sur l’abstention réprobatrice ou résignée, sur le désaveu persistant des appareils de « gauche » et de droite. Il compte sur le sacre électoral de nombre de ses godillots pour légitimement pouvoir, demain, opposer le pays légal au pays réel et soumettre les mécontents, désobéissants, révoltés, insoumis…

Pour qu’il n’en soit pas ainsi, les travailleurs, les retraités, les Gilets jaunes… doivent prouver par leur organisation méthodique à la base, leurs explications sur la nature des régressions imposées, leurs actions, que le macronisme n’est qu’une chimère des plus illusoires. Les syndicalistes, les associations ne doivent plus se prêter à la comédie de la conciliation des classes, aux pseudo-concertations. Ces méthodes deviennent, à force de se répéter, soit répugnantes, soit désespérantes.

Ce dont le pays a besoin, c’est de démocratie surgie d’en bas, et non de trompeuses compétitions électoralistes de gens bien en cour, démontrant ainsi que la forme parlementaire du régime capitaliste n’est que l’appendice de l’exécutif, ce sacro-saint pouvoir d’Etat aux mains des classes dominantes.

A l’heure où la guerre commerciale s’envenime entre les Etats-Unis et la Chine, au moment même où le néolibéralisme fait faillite ouvrant la voie, dans cette Europe fracturée, à la récession économique, dans cette conjoncture où se produisent les révoltes des peuples, à l’époque du système capitaliste prédateur et productiviste mettant en péril l’avenir des hommes sur la planète, il est urgent d’agir, d’ouvrir d’autres perspectives que celles de la lutte de tous contre tous, de la haine entre les peuples. Faire démissionner Macron, comme le proclamaient les Gilets Jaunes, ouvrirait une première brèche salutaire permettant de faire advenir d’autres possibles démocratiques, égalitaires et écologiques.

GD le 11.08.2019

(1)   Denis Robert, le Media