L’État réprime la gauche kurde
Le
Conseil démocratique kurde en France (CDKF) tire la sonnette d’alarme :
l’État français opère un virage en direction de l’État turc, en donnant des
gages à Erdogan : gel des avoirs de militants du CDKF.
Communiqué du CDKF du 17 juin : Jeudi 13 juin, alors que le ministre français des
Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian rencontrait à Ankara son
homologue turc Mevlüt Çavuşoğlu, nous apprenions que plusieurs de nos membres
et dirigeants avaient fait l’objet de mesures de gel de fond édictées la veille
par des arrêtés conjoints des ministres de l’économie et de l’intérieur. Il n’y
a pas de doute qu’une fois de plus, Paris a négocié avec Ankara de gros
contrats sur le dos des militants kurdes réfugiés en France. Ce n’est pas un
hasard si deux de nos dirigeants font l’objet de ces mesures prises,
soi-disant, dans le cadre de la lutte contre le financement du terrorisme, par
des autorités françaises sous l’emprise du lobby turc fasciste. Des menaces
de mort émanant des services turcs. Depuis près d’un an, le coprésident et
le porte-parole de notre organisation sont menacés de mort par les services de
renseignements turcs (MIT). La tête du premier a été mise à prix pour 1,5
million de livres turques, tandis que le second est visé par des menaces de
mort provenant du MIT. La France n’a-t-elle donc pas tiré les leçons de sa
politique de répression à l’encontre des Kurdes entre 2006 et 2013 ? Cette
politique désastreuse dominée par une coopération judiciaire immonde avec les
autorités turques a conduit à l’assassinat, le 9 janvier 2013, de trois
militantes kurdes exécutées par le
MIT, en plein coeur de Paris. Tandis que le juge d’instruction antiterroriste de l’époque manifestait un zèle
particulier contre les milieux associatifs kurdes, envoyant en détention des
centaines de militants, il laissait courir des djihadistes comme Saïd Kouachi
et Amedy Coulibaly qui bénéficiaient en 2010 d’une remise en liberté.
Convaincus que ces mesures
prises par le gouvernement français à l’encontre de nos membres vont encourager
les escadrons de la mort du MIT implantés en France, nous alertons l’opinion
publique, les organisations politiques et de la société civile que nos
dirigeants sont en danger et qu’en cas d’atteinte à leur vie ou à leur
intégrité physique, le gouvernement français, et en particulier M. Jean-Yves Le
Drian, en seront tenus pour responsables. Nous tenons à dire au gouvernement
français que la politique antikurde dans laquelle il s’engage ne servira
nullement les intérêts de la France. Au contraire, elle affectera les relations
kurdo-françaises, notamment en Syrie. Par conséquent, nous appelons le
gouvernement français à revoir rapidement son approche vis-à-vis des Kurdes et à
abroger sans délai les mesures de gel de fond prises à l’encontre de nos
membres. JC